Arrestations arbitraires, tortures... Au Salvador, l'éternel règne sécuritaire de Nayib Bukele
REPORTAGE - En mettant fin à la violence des gangs, celui qui se qualifie de « dictateur le plus cool du monde » a porté sa popularité au plus haut. Mais cette réussite repose sur un « régime d'exception » dont personne ne voit la fin.
Tous les mois, Miguel (le nom a été modifié) se rend au siège d'une association, dans un quartier populaire de San Salvador, pour recevoir un bon alimentaire. Jamais auparavant il n'avait eu besoin d'aide pour nourrir sa famille, mais depuis qu'il a perdu son travail dans la sécurité les fins de mois sont difficiles. « Je n'ai plus de droit de porter une arme depuis que j'ai été arrêté, explique-t-il, et sans ça, impossible de retrouver un travail dans le secteur, où j'ai fait toute ma carrière. » Alors qu'il était chez lui avec sa femme, ses deux filles et ses deux petits-enfants, le quadragénaire a été arrêté et incarcéré sans explication - il apprendra plus tard être soupçonné d'appartenir à un gang. S'il a finalement été libéré six mois plus tard, il n'a jamais été blanchi, et tous les quinze jours il doit se rendre au tribunal pour son contrôle judiciaire, sous peine d'être renvoyé en prison.
Miguel ne veut jamais y remettre les pieds. « J'ai assisté à des scènes de torture, où…
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