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« Nous sommes à un point de rupture » : les Urgences du CHU de Caen dans un état de tension critique

« Nous sommes à un point de rupture » : les Urgences du CHU de Caen dans un état de tension critique

Le Parisien3 days ago
La fête de la musique du 21 juin n'a eu de festive que le nom aux Urgences du CHU de Caen (Calvados). « La fête, avec la chaleur, des services d'Urgences fermés dans un autre établissement caennais et des équipes insuffisantes chez nous au CHU, ça a conduit à un débrayage », raconte un soignant de l'hôpital public. « Nous arriverons à saturation de travailler dans ces conditions », dénonçait, la veille, le 20 juin, un autre soignant sur une conversation entre collègues que « Le Parisien » - « Aujourd'hui en France » a pu consulter. Et c'est effectivement ce qui s'est produit. « Nous sommes allés à la médecine du travail après notre nuit. Le médecin a noté sept feuilles avec tout ce que nous avons pu lui relater (…). Il a évoqué avoir un dossier long comme le bras sur les Urgences. » Plusieurs soignants avaient donc été en arrêt de travail, remplacés par d'autres, non familiers du service, ce fameux 21 juin.
La situation aux Urgences du CHU de Caen est tendue. « Ce n'est pas seulement lié au contexte estival, précise un professionnel. Le
mode dégradé
devient une tendance. » En cause, un manque d'effectif récurrent : « Il manque toujours une à deux personnes par secteur
(les zones de prise en charge en fonction des cas, NDLR)
. Il y a des trous dans la raquette tous les jours, alors qu'on ne sait pas si on va accueillir 50 ou 80 patients. Ça crée de l'épuisement. »
Ce ras-le-bol n'est pas sans rappeler
le mouvement de grève − symbolique puisque les soignants sont réquisitionnés pour la continuité des soins − de l'été dernier
. Dans nos colonnes, un médecin décrivait un quotidien « avec 8 médecins équivalents temps au lieu de 23 pour un fonctionnement optimal ».
Cette année encore, la pression s'accroît sur le CHU de Caen du fait de la fermeture nocturne des Urgences de l'hôpital privé Saint-Martin de 20 heures à 8 heures. Les cadres des deux établissements privés caennais faisaient état, l'an passé, de difficultés de personnel également. L'histoire se répète, même si, cette année, la Polyclinique du Parc a pu maintenir son service ouvert.
« Cela fait plusieurs mois qu'on travaille sur les Urgences, assure François Mengin-Lecreulx, directeur général de l'Agence régionale de santé (ARS) de Normandie. Les Urgences, c'est un sujet national et complexe. Le pire, c'est l'imprévisibilité. Il y en a moins cet été car on a pu anticiper ». Quant au CHU de Caen, « il y a une situation managériale interne particulière depuis quelque temps, concède-t-il. Le service est en reconstruction et ça ne se fait pas du jour au lendemain. »
Une nouvelle cheffe de service est arrivée au printemps et plusieurs temps d'échanges ont eu lieu avec le personnel. Après la crise lors du week-end de la fête de la musique, les professionnels avaient vu des plannings renforcés dans les jours suivants. « Ça n'a tenu qu'une semaine », grince un(e) urgentiste, qui déplore les réponses de la direction aux problématiques, à l'image de la sécurité. « On nous a annoncé un agent de sécurité présent de 21 heures à minuit, comme si les patients agressifs devenaient calmes dès minuit passé. »
Dans une lettre collective à l'établissement, les équipes des Urgences évoquent « une charge de travail insoutenable » et « des dysfonctionnements graves dans la coordination et la compétence médicale ». Avec à la clé, en plus, une prise en charge plus lente de patients qui, parfois, quittent les Urgences en cours de route, « une frustration pour les soignants », nous confie-t-on.
L'ARS a relancé la procédure de régulation par le 15 avant toute venue aux Urgences, même si, au CHU de Caen, on relativise l'efficacité de la mesure. « À l'automne, on lancera un projet pour les Urgences, pour aller vers des choses plus pérennes. Si un hôpital doit passer en ouverture réduite, on le saura, on pourra mieux anticiper », avance François Mengin-Lecreulx. Le responsable de l'ARS salue aussi la contribution de la médecine de ville ou encore la formation d'infirmiers pour répondre, avec le SMUR, à des pathologies courantes. Le tout pour « donner de la flexibilité en attendant les effets des mesures gouvernementales sur la hausse du nombre de jeunes médecins sortant de leur cursus de formation ».
La lettre des urgentistes de Caen parle toutefois « d'un point de rupture. Chaque jour, nous frôlons des catastrophes ». Les professionnels guettent « des prises de décision extrêmement fortes ». Contactée à plusieurs reprises par « Le Parisien » - « Aujourd'hui en France », la direction du CHU, malgré sa place incontournable dans la prise en charge de santé, n'a jamais répondu à nos sollicitations ni à nos relances, se murant encore une fois dans le silence.
Le SOS géant dessiné par l'équipe soignante sur la façade du site fin novembre 2019
reste tristement d'actualité.
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