« L'objectif, c'est de stabiliser le club et le remettre à sa place » : Nîmes veut tourner la page Rani Assaf et rallumer la flamme
Autour de la Bastide, c'est le calme plat. Le centre d'entraînement des Crocos s'apprête à accueillir la reprise de l'équipe première et, alors qu'on aurait pu s'attendre à une certaine effervescence, sur place, seul le lointain bruit d'une tondeuse et les injonctions étouffées d'un animateur du camping voisin viennent troubler le concert assourdissant des cigales. Sur le parking, derrière les grilles closes, seuls quelques pancartes griffées du logo d'anciens équipementiers et quelques minibus aux couleurs du club rappellent qu'ici, on joue au foot.
En ce vendredi midi, rien ne témoigne, à première vue, de la ferveur qui renaît, en ville, après des semaines d'incertitudes et des années d'errance. « Depuis un mois, un mois et demi, c'est redevenu le sujet du moment ici », confirme Patrick Fustier, coprésident du collectif Sauvons le Nîmes Olympique, installé sur la terrasse du Victor Hugo, le bar où est née l'association en septembre 2023 dans un mouvement de protestation contre le président Rani Assaf, en poste depuis 2016.
Le Nîmes Olympique fait peau neuve et mise sur le local
Le verdict de la commission d'appel de la DNCG, tombé trois jours plus tôt - engagement de Nîmes en N2 après une exclusion des Championnats nationaux prononcée en première instance -, a été vécu comme un soulagement par les supporters. Parce que la convention qui liait la SASP, présidée par Assaf, et l'association a été résiliée fin juin, actant le départ de celui que tout le monde, ou presque, sur place, tenait pour responsable des maux des Crocos (contacté par SMS, Rani Assaf n'a pas donné suite à nos sollicitations). « Malheureusement, au Nîmes Olympique, quand on se coupe des supporters, qui sont l'ADN du club... Ça a fait de la peine à tout le monde de voir le club descendre en N2 quasiment dans l'anonymat, regrette l'idole locale Renaud Ripart. Ça a été des années très difficiles. »
« On repart sur un vrai projet, séduisant. Alors oui, c'est en N2, mais ça aurait pu être bien pire »
Dimitri Pialat, vice-président du collectif Sauvons le Nîmes Olympique
Qu'importe, alors, dans le coeur des passionnés, que Nîmes ait connu, sportivement, sa troisième relégation depuis le printemps 2021 et les dernières heures en Ligue 1. « On repart sur un vrai projet, séduisant. Alors oui, c'est en N2, mais ça aurait pu être bien pire », balaie Dimitri Pialat, vice-président du collectif, loin de verser des larmes de crocodile après le départ d'Assaf.
Dans le sillage de l'entrepreneur local et nouveau président Thierry Cenatiempo, association, collectivités, anciens joueurs, entrepreneurs et supporters ont fait front pour sauver ce qui pouvait l'être. Jusqu'à présenter un budget légèrement supérieur à 3 M€, adossé à plus de 2000 promesses d'abonnements, pour finir de convaincre la DNCG.
Une nouvelle page s'ouvre, donc, dans la préfecture du Gard, où tout est plus ou moins à reconstruire. « On arrive sur un projet de renaissance, après trois descentes en quatre ans : l'objectif, c'est de stabiliser le club et, dans un futur proche, de le redorer un petit peu, le remettre à sa place », confirme le nouveau directeur sportif Anthony Dupré, 30 ans, à peine plus jeune que l'entraîneur Mickaël Gas (32), qui passe du banc de la réserve à celui de la première. Un pur produit de la formation locale, qui sait plus que quiconque que « Nîmes est une ville de foot : il va falloir qu'on se mette vite au diapason ».
Dans un groupe C de N2 particulièrement relevé, avec une quinzaine de jours de retard dans la préparation et un effectif rebâti du sol au plafond, la réception de Limonest, le 16 août, en ouverture du Championnat, ressemble quand même à un lointain horizon. Encore que, pas pour tout le monde. « Il y a eu un rejet total, ces dernières années, qui s'est traduit par les affluences (environ 1 500 spectateurs en moyenne la saison dernière, la plus faible de l'histoire du club). Pour le premier match, maintenant qu'il n'y a plus Assaf, les gens reviendront au stade, soutenir leur équipe, notre équipe », affirme Pialat, ancien président des Gladiators, groupe de supporters en sommeil depuis le début d'année.
« C'est une prise de risques de ma part, mais ce club m'a tellement donné... C'est peut-être le moment de lui rendre »
Clément Depres, attaquant de retour à Nîmes
Une équipe à laquelle le public pourra, au moins un peu, s'identifier : si la candidature spontanée de Nicolas Benezet, 34 ans et onze saisons au club, a été classée sans suite - « pas dans le projet », dixit Dupré -, et qu'un retour de Ripart apparaît comme illusoire - « Tout le monde m'en parle beaucoup, mais je pense que pour moi, c'est encore un peu tôt », confirme le couteau suisse de 32 ans, en fin de contrat à Troyes (L2) et qui se remet d'une rupture du ligament croisé d'un genou survenue en janvier -, Clément Depres, lui, a été convaincu par le projet.
L'attaquant de 30 ans, 61 matches chez les pros avec Nîmes dont 18 de L1, évoque un « choix du coeur ». Membre, lui aussi, de la « Génération Costières », il a redécouvert la Bastide en fin de semaine. Accueilli, comme ses coéquipiers, dans le vestiaire de la réserve, faute de pouvoir, encore, accéder à celui des pros (*). Après trois saisons à Rodez et une en Thaïlande, il estime que son heure était venue : « C'est une prise de risques de ma part, mais ce club m'a tellement donné... C'est peut-être le moment de lui rendre. On s'est croisés avec Mika (Gas) au baptême du fils de Renaud Ripart, au printemps. Il m'a dit : "Imagine je prends la N2, tu viens ?" Je noie le poisson en disant qu'il faut qu'Assaf parte, que je ne peux pas revenir s'il reste là. J'étais tellement loin d'imaginer tout ce qui pourrait se passer que pour moi, c'était non. Il aurait fallu, à ce moment-là, qu'énormément de choses s'alignent. Et tout s'est aligné... »
Ambassadeur de luxe, sur le terrain, de ce nouveau projet, Depres le Gardois arrive toutefois « sans pression et avec beaucoup d'humilité ». En quittant le restaurant de la Bastide, en face du centre d'entraînement, le revenant est apostrophé par un supporter : « Dites, vous, c'est bien Dupres ? C'est vous qui revenez ? Je me souviens du but que vous aviez marqué à Montpellier ! » Si la rivalité avec le voisin est tenace, la mémoire l'est moins : ce jour d'octobre 2020, en pleine Ligue 1 époque Covid, c'est Ripart qui avait marqué l'unique but du match à la Mosson. Là-bas, de l'autre côté du Vidourle. Les Crocos, eux, jouaient encore aux Costières, désormais à l'abandon mais ô combien emblématiques et que supporters et joueurs rêvent de retrouver, un jour. C'était avant le déménagement aux Antonins, deux ans plus tard. « Les générations évoluent, le Nîmes Olympique reste. Mais bien sûr que la question du stade, la question du centre d'entraînement, il faudra se les poser », philosophe Ripart. Preuve qu'à Nîmes, désormais, c'est vers l'avenir que les regards sont tournés.
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