
Pourquoi la bataille s'annonce inégale autour de la valeur locative
Pirmin Bischof (Le Centre) et Gregor Rutz (UDC) affichent leur accord.
Keystone
En bref:
Pour l'Association des propriétaires immobiliers (APF), la votation du 28 septembre sera sans doute la plus importante depuis des décennies. Elle porte sur l'abolition de la valeur locative , une revendication centrale. En 1999, 2004 et 2012, des projets visant à supprimer ou réduire cet impôt avaient échoué lors des votations. Cette fois, les propriétaires espèrent réussir.
La campagne bénéficie d'un budget record de 7 millions de francs, déclaré auprès du Contrôle fédéral des finances (CDF) . Sur ce montant, environ 5,8 millions proviennent de l'organe national, le reste de ses sections cantonales. Comme «20 minutes» le relève, il s'agit du budget de campagne le plus élevé jamais annoncé depuis l'introduction, en 2024, des règles de transparence. Il figure aussi parmi les plus importants jamais consacrés à une votation. Des fonds massifs pour affiches et publicités
Selon la vice‑présidente de l'APF Suisse, Brigitte Häberli‑Koller, le budget de la campagne équivaut à peu près à la cotisation annuelle des 350'000 membres de l'association. Ces 7 millions représentent le montant maximal disponible, incluant les contributions internes de l'APF, comme la rédaction d'articles ou de dossiers d'argumentation.
La majeure partie du montant déclaré est destinée aux campagnes d'affichage et aux annonces. L'APF compte adapter sa stratégie en fonction de l'évolution de la campagne de votation. «Il se peut qu'au final, tout le budget ne soit pas utilisé», précise Brigitte Häberli-Koller.
Selon un premier sondage de Tamedia , les partisans disposent actuellement d'une avance confortable avec une majorité des deux tiers. Il est donc possible qu'ils n'aient pas à déployer autant d'efforts. Mais Brigitte Häberli-Koller, également conseillère aux États pour Le Centre, met en garde contre tout excès de confiance. Lors des manifestations publiques, elle observe encore une forte méfiance de la population à l'égard du projet. Selon elle, beaucoup d'aspects restent à clarifier, d'autant que la votation porte uniquement sur le cadre constitutionnel du nouvel impôt sur les résidences secondaires. Un budget opposant limité à 350'000 francs
Les opposants disposent d'un budget très modeste de 350'000 francs. Environ 190'000 francs proviennent du PS, tandis que l'Association faîtière de l'économie des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique y contribue à hauteur d'environ 166'000 francs.
En revanche, l'Association suisse des locataires (Asloca) n'apporte aucune contribution financière. Bien qu'elle ait décidé de voter non, elle ne dispose que d'un budget très restreint. «Nous interviendrons sur le projet via les réseaux sociaux», indique le vice‑président Michael Töngi.
La suppression de la valeur locative profite surtout aux propriétaires qui ont remboursé une grande partie de leur hypothèque.
Beat Mathys/Tamedia
L'Asloca doit concentrer ses moyens financiers limités sur l'initiative en cours concernant les loyers, pour laquelle des signatures sont encore collectées. Elle doit aussi mettre de côté des fonds en vue d'un éventuel référendum contre un assouplissement des règles d'augmentation des loyers basé sur la localisation et le quartier.
Selon Michael Töngi, ce sont surtout les responsables cantonaux des finances qui sont sollicités du côté des opposants. Les cantons rejettent la suppression de l'impôt sur la valeur locative ainsi que la taxe sur les résidences secondaires, qu'ils pourraient instaurer pour compenser les pertes fiscales, souligne Michael Töngi. «Voir un directeur des finances de droite contredire des représentants de droite de l'APF Suisse sur un plateau profite davantage au camp des opposants qu'un affrontement classique gauche-droite», explique-t-il. Un budget important, mais relatif
Pour l'expert en questions politiques Michael Hermann, le budget important de l'APF reste relatif. «Comparé aux milliards de francs que la suppression de la valeur locative rapporte aux propriétaires, c'est en réalité peu d'argent», estime-t-il. Cependant, ce budget élevé de campagne confère tout de même un avantage aux partisans. «D'autant plus qu'il existe dans la population une sympathie générale pour la suppression de la valeur locative, qu'il suffit simplement de renforcer.»
En revanche, expliquer les effets secondaires problématiques de la suppression est beaucoup plus complexe, explique Michael Hermann. Dans ce contexte, il serait d'autant plus important pour les opposants de disposer d'un budget considérable. Pourtant, l'Asloca est longtemps restée en retrait. Elle a montré une certaine sympathie pour la suppression de la valeur locative et a manqué l'occasion de lancer une campagne financièrement solide.
Traduit de l'allemand par Elisa Andrade.
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Markus Brotschi est rédacteur au Palais fédéral pour Tamedia. Ses reportages portent principalement sur la politique sociale et la santé. Il travaille comme journaliste et rédacteur depuis 1994. Plus d'infos
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