
Mort en direct du streamer «Jean Pormanove» : une enquête ouverte, la ministre du Numérique saisit l'Arcom
Qui est responsable du décès du streamer français «Jean Pormanove» ? De son vrai nom Raphaël Graven, cet homme de 46 ans est décédé dans la nuit du dimanche 17 août au lundi 18 août, à Contes, près de Nice, alors qu'il était filmé et diffusé en direct sur la plateforme Kick. Une affaire dont les autorités se sont d'ores et déjà emparées.
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Dans un communiqué transmis au Figaro, le parquet de Nice confirme le décès du quadragénaire et indique avoir «ouvert une enquête en recherche des causes de la mort. Une autopsie a été requise». Les recherches seront menées par la police judiciaire de Nice, qui travaille déjà «depuis décembre 2024» sur une autre enquête, «notamment pour 'violences volontaires en réunion sur personnes vulnérables (...) et diffusion d'enregistrement d'images relatives à la commission d'infractions d'atteintes volontaires à l'intégrité de la personne'», précisent les autorités. Un dossier ouvert après la publication d'un article de Médiapart, dans lequel nos confrères dénonçaient l'existence de vidéos diffusées en direct où Jean Pormanove et une autre personne handicapée subissaient des humiliations.
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L'affaire ne s'arrête pas là. De son côté, le gouvernement a indiqué avoir saisi l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), dont le rôle est notamment d'«intervenir sur des problématiques liées à l'activité des plateformes en ligne en matière notamment de lutte contre la manipulation de l'information ou contre la haine en ligne». Sur X, la ministre déléguée à l'IA et au Numérique a précisé avoir signalé sur Pharos ces images et avoir demandé à Kick «des explications». «Jean Pormanove a été humilié et maltraité pendant des mois en direct sur la plateforme Kick. [...] La responsabilité des plateformes en ligne sur la diffusion de contenus illicites n'est pas une option : c'est la loi. Ce type de défaillances peut conduire au pire et n'a pas sa place en France, en Europe ni ailleurs», a écrit Clara Chappaz.
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«Vous n'avez rien fait»
Sur les réseaux sociaux, cette annonce a été accueillie froidement par nombre d'internautes, qui rappellent que la situation du créateur de contenus était connue de longue date. Il s'était de plus en plus tourné vers des défis dangereux et venait de terminer «10 jours et nuits de torture», avec des violences physiques extrêmes et l'ingestion de produits supposément toxiques. Dans ses contenus, le quadragénaire apparaissait régulièrement aux côtés d'autres streamers, «Naruto» et «Safine». Les deux hommes avaient été placés en garde à vue en janvier dernier, dans le cadre d'une enquête préliminaire pour des soupçons de violence sur personnes vulnérables, après la publication d'un article de Mediapart l'an dernier.
«Vous avez été contactée. Vous n'avez rien fait selon Mediapart», accuse ainsi un internaute, sur X. «Comment une telle chose peut se produire alors que Mediapart en avait fait un article il y a 9 mois... ? 9 mois d'inaction !», dénonce un deuxième. «Vous avez attendu qu'il meurt pour vous en indigner», s'offusque un troisième.

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Cette année encore, des bébés chiens issus d'élevages sont accueillis à l'hippodrome de Nantes. Comme souvent, les associations de protection animale prévoient de manifester. Un salon du chiot est attendu ce week-end à Nantes. Depuis quelques années, un peu partout en France, ces rendez-vous sont devenus le lieu de ralliement des défenseurs de la cause animale. La Cité des Ducs ne va pas y échapper. Des opposants politiques et militants associatifs ont décidé de se relayer tout le week-end, indignés par cet événement prévu à l'hippodrome du Petit Port. «Nous ne pouvons plus ignorer les conséquences dramatiques de la commercialisation des êtres vivants», tance Karine Letellier, correspondante du parti animaliste en Loire-Atlantique. «Ce salon, comme tant d'autres, encourage l'achat impulsif, favorise des élevages dont les conditions sont souvent opaques et contribue à la surpopulation de nos refuges. Il est temps que les animaux ne soient plus traités comme de simples marchandises», attaque-t-elle, alors que son parti souhaite l'interdiction nationale de ces salons. Publicité Un «business sur l'élevage des chiens» pour les opposants Parmi les autres protestataires, la très active association de protection animale PAZ, dénonce aussi dans un communiqué des salons qui «font du business sur l'élevage de chiens». «Provoquer des envies d'acheter des animaux de compagnie alors que la France est le premier pays en termes d'abandon est choquant !», écrit-elle, demandant aux maires de refuser ces salons. PAZ assure même avoir convaincu la mairie de Nogent-sur-Oise de ne plus en accueillir. À Nantes, d'autres structures locales se sont associées à ces revendications. Ces messages ne semblent pas faire trembler pas les organisateurs du salon (Passion Chiots Organisation), qui prévoient de maintenir l'événement. Déjà l'an dernier, quelques perturbateurs s'y étaient pressés. Sollicité par Le Figaro, son président, Bernard Moreau, répond à ses détracteurs. «C'est un combat d'extrémistes. On ne peut pas tirer à boulets rouges sans savoir de quoi on parle en face», commence-t-il, rappelant qu'un vétérinaire habilité par la Direction des services vétérinaires va contrôler la santé et l'origine des animaux. Défendant un salon très réglementé rassemblant des éleveurs naisseurs producteurs des quatre coins de France, l'organisation précise sur son site qu'il n'y aura «pas d'animaux issus d'importation ou de négoce». Habituellement, seuls «2 à 3% des visiteurs achètent un chien», reprend Bernard Moreau, alors qu'un peu moins de 2000 personnes sont attendues. «La plupart sont des grands-parents qui viennent avec leurs petits-enfants. Il y a un côté ludique». Certificat d'engagement et de connaissance à signer «Nous allons refaire un comptage ce week-end pour voir le nombre de chiots qui sortent», rétorque Karine Letellier, la correspondante du parti animaliste. Lors d'un précédent salon à Saint-Herblain, en périphérie nantaise, elle avait déjà procédé de la sorte. «Nous allons interroger les acheteurs pour savoir comment ils en sont arrivés à acheter un chien et s'ils ont bien pris connaissance du certificat d'engagement et de connaissance qui doit être signé sept jours avant. Sur place, les éleveurs peuvent l'antidater. Bien souvent, les familles viennent avec des enfants, ont un coup de cœur, et ressortent avec un chiot comme si c'était un jouet», déplore-t-elle, se référant aux images d'une caméra cachée tournées lors d'un salon à Perpignan en 2023 montrant que le document demandé, inscrit dans la récente la loi de 2021 contre la maltraitance animale, n'était pas toujours établi dans les règles. Ce n'est pas pour autant que tout le monde contourne cette réglementation. L'organisateur du salon nantais assure qu'il propose aux participants de le signer avant. En effet, les acheteurs potentiels sont invités à le télécharger en amont. «C'est aussi dans cette optique que nous faisons un salon à Rennes huit jours après celui de Nantes. Pour que les gens viennent chercher leur chien», assure le responsable. Publicité Il suggère aux associations de s'en prendre davantage aux particuliers qui achètent par exemple sur internet leur animal. «Sur Leboncoin par exemple, personne ne va demander des informations pour savoir si tout se passe bien. Les éleveurs, eux, reçoivent des photos des chiens. Le but est que tout se passe pour le mieux. Vous pouvez retourner chez l'éleveur». L'expert en événements canins assure que «le pourcentage d'abandon de chiens vendus dans les salons et chez les éleveurs est très faible». Face à la montée des critiques, il prévoit de mettre prochainement des affiches pédagogiques à l'entrée pour expliquer la provenance et rassurer le public.


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POLITIQUE - Elle ne répond pas à Mediapart, mais donne sa version sur le réseau social X. Ministre chargée de l'Intelligence artificielle et du Numérique, Clara Chappaz tente de répondre aux accusations en inaction qui fleurissent après la mort du streamer Jean Pormanove (Raphaël Graven de son vrai nom), et la question automatique que ce drame inconcevable engendre: comment les autorités ont-elles pu laisser faire ? Fin 2024, Mediapart avait levé le voile sur les pratiques en vogue sur la plateforme Kick, connue pour sa permissivité en termes de modération, permettant à deux vidéastes de violenter quotidiennement celui qui est mort en direct, au cours d'un livestream diffusé sur le site. Ce mardi 19 août dans la soirée, le site d'investigation rappelle que la ministre en charge du Numérique, Clara Chappaz, avait alors été sollicitée par leurs soins. Sans réponse. Au-delà du taux d'implication, réel ou supposé, de la ministre sur ce dossier, la question des responsabilités des pouvoirs publics est posée par de nombreux politiques. D'autant qu'il est désormais établi que la Ligue des droits de l'Homme avait saisi l'Arcom sur le sujet dès le mois de février. « Des failles dans l'action publique » « Comment a-t-on pu accepter pareille irresponsabilité de la part de cette plateforme ? Comment les autorités publiques ont pu ignorer cette humiliation barbare en direct sous le regard quotidien de milliers de hyènes et ce durant des mois ? », s'interroge sur X le porte-parole du PS Rémi Branco. « Il y a eu des failles dans l'action publique », a renchéri ce mercredi 20 août le député socialiste Arthur Delaporte sur BFMTV, regrettant au passage le manque de moyen dont souffre selon lui l'Arcom. Également connu pour son expertise sur les sujets liés au numérique, le député Renaissance Éric Bothorel juge sur le même réseau social que les « responsabilités doivent être établies » après ce drame. « Dans une démocratie réelle, face à un tel 'raté', la ministre démissionne », tacle de son côté le député insoumis Aymeric Caron. Alors que le procès en inaction commence à monter, Clara Chappaz a tenu à refaire le fil des événements sur son compte X. La ministre rappelle qu'une enquête sur les agissements déplorés sur la chaîne « Jeanpormanove » est en cours « depuis les signalements de Mediapart », soit depuis la fin 2024. Celle-ci est menée par « le service de police judiciaire de Nice sous différents chefs d'accusation », affirme encore Clara Chappaz, conformément aux informations publiées… par le journal en ligne. « La justice mènera son travail pour faire aboutir cette enquête et pour éclaircir les circonstances tragiques du décès de Jean Pormanove, sur lequel une deuxième enquête est ouverte », poursuit-elle, avant de rappeler les obligations légales qui s'appliquent aux plateformes. Une manière pour la ministre d'affirmer qu'il est faux de prétendre que rien n'a été fait depuis l'hiver dernier. Sauf que cette défense ne répond pas vraiment à la question posée. Car si une enquête a bien été ouverte il y a neuf mois, pourquoi les sévices subis par Raphaël Graven ont pu continuer à être diffusés en direct devant pléthore d'adeptes de ces contenus abjects ? Une question qui, pour l'heure, reste sans réponse du côté du gouvernement.