
Wall Street : jusqu'où ira la flambée ?
Morgan Stanley, en particulier, prévoit un repli de 10 % de l'indice élargi S&P 500 au troisième trimestre. Mais Oppenheimer AM, Deutsche Bank et Evercore s'inquiètent aussi de l'envolée ébouriffante des actions américaines. « Avec le S&P 500 en progression de 28 % depuis mi-avril, la trajectoire de l'indice risque de s'inverser », résume Andrew Slimmon, responsable du conseil en actions chez Morgan Stanley IM.
Des investisseurs nerveux
« Après un tel rallye, les actions ont tendance à demeurer sur un plateau ou à consolider », ajoute le stratège. « Et la période entre août et septembre est la pire période de l'année pour les actions. » En moyenne depuis 1957, le S&P 500 recule d'un peu moins de 1 % sur chacun de ces deux mois, contre une hausse mensuelle de 1,1 % le reste de l'année, selon des données Bloomberg.
La nervosité des investisseurs devient sensible. Si l'appétit pour le risque demeure au plus haut, selon Goldman Sachs, les données de la banque montrent aussi que la demande de protections contre une baisse des actions américaines est plus importante que les assurances contre une nouvelle forte hausse.
Une correction apparaît d'autant plus probable que les fractures au sein des marchés américains vont s'élargissant. Les derniers chiffres publiés au cours de la saison des résultats ont ainsi été plutôt médiocres.
Certes, les bénéfices par action ont progressé de 10 %, contre 3 % attendus par le consensus, selon des chiffres de JP Morgan. Mais cette bonne surprise est artificielle, explique Goldman Sachs. Les projections des analystes avaient été revues en forte baisse ces derniers mois, au point d'atteindre des niveaux excessivement pessimistes.
Les chiffres ont par ailleurs été une nouvelle fois déformés par les grandes entreprises de la technologie. Une fois ces dernières exclues, la surprise à la hausse n'atteint plus que 3 points de pourcentage. Et pour les secteurs de la consommation discrétionnaire (luxe, automobile…), des matériaux et de la santé, les bénéfices par action (BPA) stagnent, voire se contractent, sur un an.
Les marchés n'en ont cure. A l'exception de la santé, qui stagne, et de la consommation de base qui n'a pris que de 5 %, tous les secteurs du S&P 500 affichent des rendements bien supérieurs à 10 % depuis le 8 avril, date à laquelle Donald Trump avait suspendu les droits de douane du « jour de la libération ».
En attendant la Fed
Résultat, les actions américaines demeurent onéreuses. « A un prix supérieur à 25 fois leurs résultats, les entreprises américaines intègrent trop de bonnes nouvelles, sur les résultats ou le front commercial », prévient Julian Emanuel, directeur de la stratégie action chez Evercore.
Or, les groupes américains demeurent prudents sur les conséquences de la politique commerciale de la Maison-Blanche. Les enquêtes d'opinion ISM, qui s'adressent plutôt aux grandes entreprises dont elles mesurent l'optimisme, sont moins bien orientées que les enquêtes PMI. Ces indicateurs reflètent, eux, les perspectives pour de plus petits acteurs. « Cet écart reflète les inquiétudes liées aux droits de douane, qui pèsent davantage sur les grands groupes multinationaux », souligne Jim Reid, stratège chez Deutsche Bank.
Des inquiétudes qui se traduisent en Bourse. Au cours du semestre écoulé, les entreprises jugées les plus à risque des droits de douane, comme HP (-22 %) ou Merck (-17 %) ont ainsi nettement sous-performé le S&P 500, qui a avancé de 6 % sur la période.
Mais les investisseurs se raccrochent désormais aux perspectives d'un assouplissement des taux américains, même s'il est contingent à un affaiblissement de l'activité aux Etats-Unis. Deux baisses de 25 points de base sont attendues cette année dont la première en septembre, ce qui fournirait un support bienvenu en plein milieu de ce mois habituellement compliqué pour les actions.
Et si les analystes préviennent des risques à court terme d'un retournement, ils estiment toujours la trajectoire des actions américaines encourageante. D'ici la fin de l'année, le consensus attend un S&P 500 à 6.490 points en moyenne, une progression de presque 5 % par rapport à son niveau actuel.
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