
Loi Duplomb, énergies renouvelables, ZFE... Pourquoi l'écologie est toujours la victime idéale
La loi Duplomb, votée à l'Assemblée nationale le 8 juillet, est même accusée d'aller à contre-sens. Contestée par de nombreuses ONG, scientifiques et militants écologistes, elle prévoit la réintroduction de pesticides dangereux dans l'agriculture (dont l'acétamipride), participant à la fragilisation des sols et nuisant à la santé humaine.
« Le vote de cette loi confirme ce que je dis depuis un an : un backlash écologique a lieu aujourd'hui en France, et il prend de l'ampleur mois après mois », constate auprès du HuffPost le doctorant et enseignant à Sciences Po Théodore Tallent. Le terme de « backlash » (« retour en bâton » en français) a été popularisé dans le monde anglosaxon pour caractériser une régression sur des droits précédemment acquis. Née dans les milieux féministes, l'expression s'est étendue bien au-delà.
Selon le chercheur, ce phénomène a commencé « il y a quelques années avec des réglementations qui ont été arrêtées, repoussées ou affaiblies ». Mais la loi Duplomb franchit, à ses yeux, « une nouvelle étape ». « On voit un alignement du bloc central sur la droite et sur l'extrême droite pour revenir en arrière sur la protection de l'environnement », développe-t-il.
« Chemin inverse»
Dans leur grande majorité, les députés Renaissance, Horizons et MoDem n'ont pas hésité à voter en commun avec ceux siégeant sur les bancs LR ou RN. Un nouvel axe centre-droite-extrême droite qui met en danger l'écologie ? La ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher reconnaît que le texte de départ « n'allait pas du tout » mais se félicite qu'il ait été « réécrit entièrement » durant l'examen. « J'ai perdu sur l'acétamipride, mais les conditions de sa réintroduction sont extrêmement encadrées », défend-elle dans une interview au Monde. Ce n'est pas l'avis de Marine Tondelier, patronne du parti écolo, qui accuse le texte d'accéler « l'empoisonnement des enfants et la destruction de la biodiversité ».
Le chercheur Théodore Tallent met, lui, l'accent sur le changement de braquet opéré par le camp présidentiel en quelques années. « Des pesticides interdits en 2018 sont réintroduits aujourd'hui par la même famille politique. Ce sont les mêmes qui font et qui défont », pointe-t-il, conscient, « malgré les alertes de beaucoup de scientifiques et d'activistes », qu'on est « en train de faire marche arrière ». Il détaille : « Si on commence à réintroduire des pesticides reconnus comme dangereux et cancérigènes supprimés sous le même Président de la République, on ne s'en sort plus. On devrait prendre le chemin inverse : il y a tant de nouveaux pesticides à interdire ».
Une écologie reléguée ?
En règle générale, quand un arbitrage politique doit être rendu, il y a très peu de chance pour que l'écologie soit gagnante. Le média Reporterre a signalé que le dernier budget, présenté à l'hiver par François Bayrou, affectait « durement » les politiques écologiques, « avec des crédits en baisse de 2,1 milliards d'euros entre 2024 et 2025 ». Face à la Défense, la Justice ou l'Intérieur, dont les budgets sont en hausse, c'est la transition écologique qui trinque.
Et pas seulement à cause de l'arrivée de ministres LR dans le gouvernement, dont le très droitier Bruno Retailleau, qui plaidait dans une tribune au Figaro le 2 juillet pour l'arrêt des subventions publiques aux énergies renouvelables. Selon Théodore Tallent, une part de la réponse est à chercher du côté de la société. « En 2019, on parlait beaucoup d'environnement. C'était un sujet important qui était présent dans la tête des électeurs. Aujourd'hui, il a un peu disparu du débat, ce qui permet aux lobbys et aux acteurs économiques d'être davantage écoutés », explique le chercheur.
De fait, le coût politique des députés à voter pour la loi Duplomb a été extrêmement faible. Combien d'électeurs auront ce vote en tête au moment de glisser un bulletin dans l'urne la prochaine fois ? L'enseignant à Sciences Po reconnaît un paradoxe : « La très grande majorité des gens n'est pas contente de la loi Duplomb, mais les députés pensent que ça ne va pas leur coûter très cher parce que ce n'est pas la priorité de leurs électeurs ».
Reste une question : quel intérêt pour le camp présidentiel à s'être allié à la droite et à l'extrême droite, sur ce sujet, pour détricoter des avancées écologiques ? Le patron de Renaissance Gabriel Attal avait pourtant tapé du poing sur la table mi-juin, dénonçant « un axe anti-écologie » qui se formait selon lui à l'Assemblée. « Mon groupe parlementaire, EPR, est celui de l'écologie, et il le restera », fanfaronnait-il, alors que LR et RN venait de voter l'arrêt de tous les projets d'énergie renouvelable en France. Mais la loi Duplomb est passée par là, votée... par le même Gabriel Attal.
« Rien ne validerait l'idée d'une stratégie électorale payante lorsque des centristes, censés être des libéraux, suivent le mouvement de la droite et de l'extrême droite », analyse Théodore Tallent, qui observe « un abandon de la question écologique » par la macronie ces derniers mois. Dans l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron promettait néanmoins que le second mandat « serait écologique ou ne serait pas ». C'était il y a trois ans. Une éternité.
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Le Figaro
25 minutes ago
- Le Figaro
Classement Sigem 2025: zéro admis pour l'une des écoles de commerce
Les écoles de commerce françaises font l'objet d'un classement chaque année. Pour autant, les étudiants des classes préparatoires peuvent avoir leur préférence pour telle ou telle école, indépendamment de son rang. Ce vendredi 18 juillet, le Sigem donne à voir ces préférences en publiant ses résultats 2025. En d'autres termes, les choix d'écoles effectués par les élèves des classes préparatoires économique voie générale (ECG), technologique (ECT) et littéraires (lettres ou B/L) à l'issue des concours des écoles de commerce. Le Sigem est la procédure par laquelle les candidats sont affectés dans les grandes écoles de management à l'issue des concours. Le classement éponyme s'appuie donc sur le nombre de «duels» remporté par chaque établissement. En clair, lorsqu'un candidat choisit une école plutôt qu'une autre, celle-ci descend dans le classement quand celle-là grimpe. Un palmarès qui ne saurait se substituer au classement annuel des écoles de commerce du Figaro, mais se révèle très instructif et s'illustre généralement par sa grande constance. Comment le classement SIGEM a-t-il évolué cette année ? Cette année encore, l'immuable podium est dominé par les trois Parisiennes (HEC, Essec et ESCP). Les élèves admis partout choisissent en priorité HEC, puis l'Essec et enfin l'ESCP. Dans le détail par exemple, sur 373 candidats reçus à HEC et à l'Essec, 372 ont choisi la première école de management française. Le top 5 reste lui aussi inchangé, avec l'Edhec qui continue de devancer l'EM Lyon : sur les 339 admis aux deux écoles, 90,9% ont choisi l'Edhec. Autrement dit, l'Edhec a encore la préférence des candidats, quand bien même l'école lyonnaise est passée devant son éternelle rivale lilloise dans notre dernier palmarès. Cette avance se renforce même : en 2023 et 2024, la part des admis communs qui optaient pour l'école lilloise était de 86% et 87%. Autre changement notable dans le top 10, Neoma prend la 7e place au détriment d'Audencia qui passe 8e. Neoma gagne l'emporte de peu, avec 51% de ses duels gagnés face à sa concurrente nantaise. Skema conserve sans mal sa 6e position. Le match, en revanche, est plus serré entre l'EM Grenoble (9e) et Kedge (10e) : la Grenobloise remporte 68,5% de ses duels contre la Bordello-Marseillaise. La suite du classement évolue elle aussi légèrement. L'EM Normandie disparaît en 2025 puisque l'école a quitté la BCE et ne recrute désormais plus via la voie post-prépa. En revanche, l'IMT BS (13e), seule école publique du tableau, qui s'était hissée au niveau de Rennes SB l'an dernier, retombe une place en dessous. ICN perd également une place. En revanche, l'EM Strasbourg et l'ISC enregistrent une belle progression : en gagnant chacune deux places, elles pointent respectivement au 18e et 20e rang. La réalité, de fait, est moins rose pour les écoles hors top 10. Cette année, 9 écoles du milieu et du bas du tableau n'ont pas réussi à recruter suffisamment d'étudiants. «Le paysage est un peu meilleur si on s'arrête seulement sur le nombre d'écoles», note positivement la présidente du Sigem Anne Rivière, qui précise que c'est quatre écoles de moins que l'an passé. Il n'en reste pas moins que ces écoles peinent à attirer des étudiants issus des classes préparatoires. Mieux informer les littéraires Clermont School of business, par exemple, ne remplit que 20% de ses places disponibles en 2025. Moins dramatiques, les chiffres d'autres écoles comme Excelia (38,9%) ou BSB (47,7%) restent inquiétants. Fait inédit de la mémoire des observateurs du Sigem, South Champagne BS n'a réussi à faire venir aucun étudiant en 2025 : zéro élèves intégrés ! «Rennes School remplit ses effectifs, IMT BS également», souligne cependant Anne Rivière, qui cite volontairement deux écoles aux prises avec des difficultés de recrutement les années précédentes. Mais ces écoles, précise-t-elle font aussi partie de celles qui ont réduit le nombre de places disponibles année après année pour parvenir, de nouveau, à faire le plein. Les effectifs prévisionnels de l'IMT BS par exemple, sont passés de 95 en 2023 à 60 en 2024 et 50 en 2025. De son côté, Rennes school of business ne proposait plus que 300 places en 2025, contre 335 en l'année précédente via ECRICOME. Elles ne sont pas les seules. BSB est passée de 250 en 2024 à 220 en 2025, ICN de 225 en 2024 à 175 en 2025 et l'Inseec de 110 en 2023 à 70 en 2024 et 60 en 2025. Pour autant, leurs taux de remplissage ne sont pas totalement rassurants. «Concernant le recrutement d'élèves issus de classes préparatoires littéraires, il y a un peu plus d'écoles, 10 au total, qui ne remplissent pas», signale par ailleurs Anne Rivière. À noter que certaines écoles réservent des places spécifiques à ces élèves. «Il y a encore un enjeu de communication pour informer ces élèves des possibilités de recrutement qui leur sont offertes», insiste Anne Rivière. Comment expliquer ces places non pourvues ? Principalement en raison du fait que beaucoup d'élèves préfèrent «khûber» - redoubler leur deuxième année dans le jargon prépa - que d'intégrer une école moins reconnue. Le nombre de ces élèves démissionnaires a en plus augmenté en 2025 : ils étaient 455 cette année (5% des inscrits), contre 384 l'année dernière (4,7% des inscrits). Bonne nouvelle cependant, le nombre d'élèves affectés dans les écoles de commerces post-prépa est en légère hausse (+ 0,8% : 7127 affectés, contre 7067 en 2024). En revanche, la part de boursiers, elle, a légèrement baissé : de 26% en 2024, elle est passée à 24,8% cette année. Méthodologie du classement Les écoles de commerce accessibles via le concours BCE ou Ecricome sont classées en fonction du nombre de duels (directs et indirects) gagnés. Le duel entre deux écoles A et B est « gagné directement » par A lorsque davantage de candidats admis simultanément aux deux écoles ont choisi A plutôt que B, avec toutefois un seuil minimal de 3 étudiants admis en commun. Si les écoles n'ont pas attiré au moins 3 admis communs ou s'il y a égalité entre les deux écoles, A peut encore gagner « indirectement » contre B. Le duel est « gagné indirectement » par A si elle bat directement au moins une école battant B, mais qu'il n'existe pas d'école gagnant directement contre A et perdant directement contre B.


Le Parisien
25 minutes ago
- Le Parisien
« Grosse vache ! » : une jeune mariée accusée d'avoir insulté le maire et sa secrétaire finit en garde à vue
Une fin de mariage mémorable, mais pas pour les bonnes raisons. Une jeune femme de 25 ans a terminé en garde à vue ce mardi 15 juillet à Bart (Doubs) après une plainte du maire et de sa secrétaire pour insultes, rapporte l' Est républicain . Selon le quotidien, la mariée avait rendez-vous à 11 heures ce mardi pour rendre les clés de la salle municipale qu'elle avait loué avec son époux. Mais la secrétaire de mairie n'a trouvé personne sur place et est repartie après 20 minutes d'attente selon ses déclarations. C'est après que les choses auraient dégénéré : la jeune mariée aurait débarqué à la mairie à 11h30, avec sa sœur, pour s'insurger de l'absence de la secrétaire sur les lieux. Le ton serait rapidement monté au point que la jeune femme aurait insulté son interlocutrice : « Ferme ta g*****, grosse vache ! » Alerté, le maire de la commune de 2000 habitants est intervenu, avant d'écoper d'un « bouffon » à son encontre. Le premier édile et l'employée de mairie ont déposé plainte, et la mariée, domiciliée dans le Territoire de Belfort, a été placée en garde à vue pendant 24 heures au sein de la gendarmerie de Bavans. Auprès de nos confrères , elle a cependant réagi et nie une partie des faits : « J'admets avoir été trop loin envers elle, mais je conteste avoir insulté le maire », a-t-elle précisé ce jeudi. Enceinte, elle affirme que sa grossesse à risque n'était pas compatible avec une garde à vue , ce que conteste l'examen médical effectué en marge de sa courte détention. Le procureur Paul-Édouard Lallois a balayé ces accusations et indique qu'elle a reçu à boire, à manger et a été accompagnée en extérieur pour fumer à plusieurs reprises. La jeune épouse et future maman a été renvoyée devant un délégué du procureur de la République de Montbéliard en septembre pour « outrage envers une personne dépositaire de l'autorité publique » et « outrage envers une personne chargée d'une mission de service public ». Elle encourt 300 euros d'amende et un stage de citoyenneté, sans compter d'éventuels dommages et intérêts envers les victimes.


Le Parisien
25 minutes ago
- Le Parisien
Délaissés par leur mère, deux lionceaux euthanasiés au zoo de Cologne
Ils étaient nés au début du mois de juillet. Deux petits lionceaux asiatiques ont été euthanasiés le 14 juillet par le zoo de Cologne, « après une évaluation minutieuse menée par tous les biologistes concernés ». Cette décision qui avait pour but « d'épargner » aux deux lionceaux « des souffrances inutiles », précise le zoo Kölner. « Cette décision a été émotionnellement très difficile pour nous tous », s'émeut le zoo. Les deux lionceaux avaient été délaissés par leur mère appelée Gina. La lionne « ne s'occupait pas des petits (un mâle et une femelle), même après plusieurs jours. Les chances de survie de la portée, née très prématurément étaient remarquablement faibles dès le départ », souligne le zoo. Face au délaissement de leur mère, le zoo , critiqué sur les réseaux sociaux pour cette décision, a assuré avoir exploré d'autres alternatives toutes écartées. Parmi elles, on pourrait citer celles d'élever les lionceaux à la main jusqu'à leur indépendance. Impossible pour le parc zoologique, cette pratique aurait conduit selon eux à « une imprégnation inappropriée ». Autres hypothèses avancées par les défenseurs des animaux, confier les lionceaux à d'autres couples de lions dans des zoos voisins . Mais pour l'établissement colognais, ils « ne sont pas viables sans leur mère biologique, et un système de nourrice n'est pas possible ». Critiqué pour ne pas avoir mis fin à la grossesse en lui donnant un contraceptif, le zoo a tenu à répondre affirmant avoir tout prévu pour que la mère Gina assure pleinement son rôle. La lionne a déjà eu une première portée en janvier 2024, déplacée depuis pour une question de place. L'espace de vie accordé à la petite famille semblait également adéquat selon les vétérinaires avec une « paix absolue observée ». Malgré ces efforts de la part de l'établissement zoologique, Gina a montré qu'elle ne se souciait aucunement des deux petits préférant se consacrer à sa première portée. « Gina voulait sans cesse retrouver ses petits plus âgés. Elle agissait de manière parfaitement rationnelle », explique le zoo . Malgré cette mort, une nouvelle reproduction est attendue par le zoo entre Gina et le mâle lion Navin. Cette dernière devrait intervenir à l'automne, lorsque deux de leurs trois premiers lionceaux quitteront le zoo pour d'autres parcs. Cette euthanasie a révolté l'association de défense des droits des animaux Peta. L'organisation a réclamé la fin de l'exposition de lions dans les zoos : « Cette politique d'élevage est irresponsable et doit être abolie. Des études montrent que les lions d'Asie du programme d'élevage européen sont gravement touchés par la consanguinité et ne contribuent pas à une véritable conservation de l'espèce ».