
Gestion de l'ex-ZAD, extravagances administratives : le maire de Notre-Dame-des-Landes démissionne
Élu depuis 2008, le maire de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) avait annoncé lors de ses vœux qu'il passerait son tour aux prochaines élections municipales. Mais Jean-Paul Naud n'avait pas forcément prévu de plier bagage avec huit mois d'avance. C'est pourtant ce qu'il vient de faire. Les difficultés administratives liées à l'ancienne zone à défendre (ZAD) ont eu raison de lui. Dans un communiqué de presse, il évoque une décision «motivée par plusieurs sujets qui rendent difficiles la mise en place de projets pour faire avancer la commune».
En premier lieu, il impute sa démission, entérinée fin juillet, à «l'acharnement du département de Loire-Atlantique à vouloir construire des logements sociaux agricoles sur le territoire de l'ex-ZAD aéroportuaire après avoir loué les habitations existantes à des non-agriculteurs». «Ces habitations existantes auraient dû être louées en priorité aux agriculteurs présents sur cette zone», regrette-t-il. L'an dernier, aux côtés d'autres élus, Jean-Paul Naud avait déjà dénoncé la régularisation d'habitats , occupés de manière illicite, par la collectivité socialiste. Et s'était aussi inquiété de l'arrivée d'une «nouvelle génération» de militants sur le site.
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Logements non décents
L'ex-édile soulève un autre problème majeur. Certains logements ont fait l'objet de baux emphytéotiques pour 25 ans alors qu'ils ont été décrits comme non décents selon un diagnostic. «Alertée, l'ARS Pays de la Loire a conclu, à ma grande surprise, qu'elle ne proposerait pas à la préfecture d'engager une procédure d'insalubrité au titre du code de la santé publique», s'étonne l'édile démissionnaire.
Ce dernier dénonce aussi les «exigences écologiques» du Département, majoritairement propriétaire des terres de l'ancien bastion zadiste. Pour lui, celles-ci bloquent les aménagements fonciers visant à améliorer les conditions d'exploitation des agriculteurs. Plus généralement, il souligne aussi la difficulté des promoteurs à mener des opérations immobilières dans des secteurs urbains déjà artificialisés, sans aide financière de la collectivité.
Extravagances administratives
Dans une seconde partie, Jean-Paul Naud lie aussi son
abdication à des extravagances administratives non immobilières. Il parle de la loi du 6 janvier 1999 «qui confère au maire la responsabilité de mettre fin aux nuisances causées par les animaux errants ou en divagation». Il maintient que «le maire ne peut être tenu responsable de ces errements et divagations et [que] la responsabilité doit être recherchée auprès des seuls propriétaires.»
Il cite encore le comportement de certains agents communaux, bien que minoritaires, qui ont pu lui donner du fil à retordre. Après avoir exclu temporairement l'un d'entre eux qui quittait régulièrement son poste avant l'heure, le tribunal administratif a suspendu la sanction. La commune a été priée de lui verser 1000 euros de frais de justice. «Dès la réception de l'ordonnance de référé, j'avais indiqué à son avocat que la commune n'entendait pas verser cette somme et que ma démission serait actée si cette somme était réclamée».
Il ne s'est pas senti en danger
Désormais, la mairie est gérée par le premier adjoint, en attendant qu'une nouvelle configuration du bureau municipal soit adoptée le 25 août lors du prochain conseil. Alors qu'une vague de démissions de maires secoue le pays, Jean-Paul Naud rappelle que les causes en sont variées. «Personnellement, je n'ai jamais considéré que mes mandats avaient été dangereux. C'est vraiment lié à une situation bien spécifique de Notre-Dame-des-Landes, avec ce projet d'aéroport et la gestion de l'ex-ZAD», précise au Figaro celui qui n'était pas favorable au transfert de la plateforme sur son territoire. Lui s'y est toujours opposé dans le respect du cadre législatif.
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«Quel gâchis», a réagi sur les réseaux le maire de Saint-Viaud, Roch Chéraud, à l'annonce de ce départ anticipé. «Notre-Dame-des-Landes perd un maire exemplaire. Il n'y a pas beaucoup de personnes qui auraient pu subir ce que Jean-Paul (Naud) a subi avec la pression médiatique du dossier de l'aéroport et de la ZAD. Il a toujours été droit dans ses convictions pour défendre sa commune», a commenté le coprésident des maires ruraux de Loire-Atlantique. Jean-Paul Naud en avait été nommé trésorier adjoint lors de sa création en 2021.
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