
Corée du Sud : mandat d'arrêt demandé contre l'ancien président Yoon, accusé d'insurrection et d'abus de pouvoir
Des procureurs spéciaux sud-coréens ont déposé dimanche 6 juillet auprès du tribunal central de Séoul une demande de mandat d'arrêt à l'encontre de l'ancien président Yoon Suk Yeol, démis de ses fonctions début avril par la Cour constitutionnelle pour avoir déclenché à tort la loi martiale.
«La demande de détention est liée à des allégations d'abus de pouvoir et d'obstruction à la justice», a déclaré dans un communiqué cité par l'agence Reuters le conseil spécial chargé de l'enquête sur la déclaration de la loi martiale. En Corée du Sud, un conseil spécial est une autorité judiciaire indépendante et temporaire mise en place pour enquêter sur des affaires sensibles. Selon des médias locaux, la demande de mandat d'arrêt est motivée par le risque de fuite de l'accusé et la crainte qu'il n'interfère avec des témoins liés à son affaire.
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Pire crise politique de la démocratie sud-coréenne
Yoon Suk Yeol est accusé d'avoir mobilisé la garde présidentielle pour empêcher la police de l'arrêter début janvier 2025, après l'adoption d'une motion de destitution par le Parlement le 14 décembre 2024. Il doit aussi répondre aux allégations selon lesquelles il aurait autorisé des drones à voler vers Pyongyang, la capitale de la Corée du Nord voisine avec laquelle la Corée du Sud n'a jamais signé de traité de paix depuis 1953, pour légitimer sa déclaration de la loi martiale.
Frustré par la défaite de son parti conservateur Pouvoir au peuple aux élections législatives d'avril 2024 et par l'obstruction de son programme par le Parti démocrate (de centre gauche) au Parlement, Yoon Suk Yeol avait déclenché l'instauration de la loi martiale le 3 décembre 2024, en invoquant «les forces antiétatiques pro-Corée du Nord qui menacent la liberté et l'ordre constitutionnel». Il avait ainsi provoqué la crise politique la plus grave connue par la Corée du Sud depuis sa transition vers la démocratie en 1987.
Dans la nuit du 3 au 4 décembre 2024, 190 députés, soutenus par des milliers de manifestants, étaient parvenus à rentrer dans le Parlement malgré son encerclement par des forces spéciales pour adopter une résolution exigeant l'abrogation de la loi martiale. Cela avait contraint Yoon Suk Yeol à lever cette mesure six heures seulement après l'avoir décrétée, et à annoncer le retrait des troupes déployées dans Séoul.
Procès pénal pour insurrection
Yoon Suk Yeol fait déjà l'objet d'un procès pénal pour insurrection devant le tribunal central de Séoul depuis le 14 avril. En vertu de l'article 87 du Code pénal sud-coréen portant sur «une personne qui provoque des violences dans le but d'usurper le territoire national ou de renverser la Constitution», le crime d'insurrection pour lequel l'ex-président est poursuivi est passible de la réclusion à perpétuité voire de la peine de mort, bien qu'en pratique l'usage de cette dernière soit suspendu depuis 1997.
Les avocats de Yoon Suk Yeol ont déclaré dans un communiqué que les procureurs spéciaux n'avaient pas fourni de preuves crédibles des charges qu'ils réclamaient, et que son équipe juridique «expliquerait devant le tribunal que la demande de mandat d'arrêt est déraisonnable».
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Le procureur spécial en chef, qui dirige une équipe de plus de 200 avocats et enquêteurs, a été nommé quelques jours seulement après l'entrée en fonction le 4 juin 2025 du président libéral Lee Jae-myung, vainqueur de l'élection présidentielle anticipée organisée à l'issue de l'éviction de Yoon Suk Yeol.
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