« Le parfait contre-exemple pour LFP Media » : Eredivisie Live, l'éphémère chaîne TV lancée en 2008 par le Championnat néerlandais
Créer sa propre chaîne de télévision se révèle être un défi particulièrement périlleux et peu tenté en Europe. Après l'éphémère CFoot (juillet 2011-mai 2012), la Ligue de football professionnelle (LFP) est en passe de le faire après les échecs successifs de Mediapro, Amazon et DAZN. Une initiative similaire avait été prise il y a dix-sept ans par le Championnat néerlandais, avec la création d'« Eredivisie Live », chaîne lancée en août 2008.
Un précurseur cité par Nicolas de Tavernost, qui a assuré dans les colonnes de L'Équipe début juillet que l'imiter « n'est pas un saut dans le vide ». Le nouveau directeur général de LFP Media a également parlé d'une « solution adoptée avec efficacité aux Pays-Bas », et qui a « considérablement valorisé les droits du Championnat néerlandais » par la suite, puisqu'ils sont passés d'une fourchette de 35-40 millions environ en 2008, à près de 140 millions durant la saison 2024-2025. « Nous avons notre propre modèle à développer, et nous n'avons cité ce précédent projet que pour rappeler qu'il a existé, de manière factuelle », tient-t-on à préciser au sein de LFP Media, quelques heures après le choix de Mediawan comme société de production pour la chaîne de la Ligue 1.
Le bilan d'Eredivisie Live est d'ailleurs très largement nuancé par deux experts en droits TV que nous avons consultés. Au contraire de représenter un potentiel modèle à suivre, l'audace du championnat néerlandais a constitué un « parfait contre-exemple », selon Pierre Maes, consultant international en droits télévisés du sport. « La chaîne avait été lancée dans un contexte similaire à celui de la Ligue 1, avec un diffuseur (Sport 7) qui avait fait banqueroute et l'impossibilité de négocier un nouveau deal, pose Rein Van den Berg, spécialiste néerlandais des droits de diffusion du sport. Cependant, la chaîne n'a jamais dépassé les 350 000 abonnés (pour environ 16,5 millions d'habitants en 2010) sur le million souhaité et a cumulé de 200 à 300 millions de dettes en cinq ans. »
Malgré quelques vedettes, dont le consultant anglais Gary Lineker, chargé de résumer l'actualité du week-end, Eredivisie Live « a tourné à la catastrophe très rapidement », corrobore Pierre Maes, auteur de La Ruine du foot français (juin 2022). « Le projet avait été scruté avec curiosité par le reste de l'Europe, ajoute-t-il. On était alors en pleine fête des droits télévisés, qui ont continué de grimper partout jusqu'à 2018 et offraient un immense confort aux ligues. »
Un abonnement à 10 euros n'avait pas suffi en 2008
Le projet néerlandais présentait pourtant un prix abordable, aux alentours des 10 euros par mois, et un catalogue à même de plaire aux suiveurs du football néerlandais. En plus de la totalité des rencontres d'Eredivisie, la chaîne - qui proposait également un très précurseur modèle pay-per-view au match - diffusait la Coupe des Pays-Bas et les rencontres de Ligue Europa les jeudis jusqu'au terme de la saison 2012-2013. « Le contexte est bien différent : Internet est beaucoup plus présent et les plateformes digitales ont pris place dans notre vie, avance-t-on au sein de LFP Media. De plus, les Pays-Bas n'étaient pas un marché très habitué à la télévision payante à l'époque. »
Face à l'échec d'une chaîne mal-distribuée, les dix-huit clubs de Première Division néerlandaise s'étaient accordés à céder le canal au terme de cinq saisons de diffusion. « Fox Sports, chaîne du groupe de Rupert Murdoch aujourd'hui devenue ESPN (*), avait racheté le concept et les moyens techniques d'Eredivisie Live pour un milliard de dollars lissés jusqu'en 2025 et en s'engageant à éponger les dettes. » Un contrat signé faute de mieux, et qui a été prolongé de cinq ans alors qu'il se concluait mi-2025 par une saison à 120 millions d'euros.
La LFP espère logiquement faire mieux, dans un contexte qui a amplement évolué. « S'il est beaucoup plus facile de créer et de diffuser une chaîne qu'en 2008 avec la technologie et les TV connectés notamment, le piratage n'existait presque pas, rappelle Pierre Maes. C'est devenu un gigantesque problème dont s'est plaint DAZN et qui va persister sans réponse institutionnelle. » La plateforme qui diffusait huit des neuf matches du Championnat de France durant la saison écoulée avait en effet estimé que plus d'un million de personnes regardaient certaines affiches par le biais de relais pirates. « On travaille déjà sur cette question pour le lancement de notre plateforme, glisse-t-on du côté de LFP Media. Avec le rôle joué par les autorités, l'État, et l'ARCOM, on va y arriver. »
Autre souci rencontré par Eredivisie Live et dont l'importance s'est peut-être amplifiée depuis 2008 : une offre trop mono thématique. « Très rapidement après avoir acheté les droits d'Eredivisie Live, Fox Sports s'en était rendu compte et avait récupéré les droits de la Premier League et de la Serie A aux Pays-Bas. » « Nous sommes dans un mode de distribution multiplateformes et pas exclusive, rassure toutefois Nicolas de Tavernost. Nous avons des négociations avec l'ensemble des distributeurs, à l'exception de Canal+ qui n'a pas souhaité continuer les discussions avec nous. »
Face aux géants du streaming, « tout dépendra de la capacité de cette chaîne à être diffusée par les acteurs traditionnels du marché et les organes de télécommunications », conclut Rein van den Berg. Le défi est lancé par la LFP.
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