
Organisme de surveillance de la GRC
Jim Bronskill
La Presse Canadienne
L'enquête avait été déclenchée après l'envoi de courriels anonymes provenant d'employés.
Le rapport lance « un appel pour du changement et des actions à l'échelle de la direction afin de restaurer la crédibilité et la confiance au sein de l'organisation ».
La Presse Canadienne a récemment obtenu une copie du rapport datant de mai 2024, près de six mois après en avoir une demande auprès du ministère fédéral de la Sécurité publique.
La commission est un organisme indépendant fondé par le Parlement afin d'examiner de façon impartiale et équitable les plaintes de la population contre la GRC.
Le ministère de la Sécurité publique a embauché Robert Néron, un enquêteur indépendant, pour examiner la situation au CCETP après avoir reçu en octobre 2023 des courriels signés par des employés préoccupés.
Dans un résumé de son examen en juin 2024, M. Néron mentionnait que les courriels affirmaient que la CCETP était en plein désarroi à cause d'un manque de direction de celle qui était alors la présidente de l'organisme, Michelaine Lahaie.
Le résumé de M. Néron, fort caviardé, a rejeté les allégations contre Mme Lahaie. Il a tiré cette conclusion après avoir mené des entrevues avec plusieurs employés et Mme Lahaie. Un questionnaire détaillé avait été remis au personnel.
Selon M. Néron, les employés se sentent habituellement engagés dans leur travail. La majorité des employés croient que la direction les traitait de manière impartiale et leur adressait des remarques constructives.
Certains ont toutefois exprimé de sérieuses inquiétudes.
Le rapport révèle qu'un nombre important d'employés se sentent submergés par leur charge de travail qui est une source de stress. Ils tirent de moins en moins de satisfaction de leur travail.
Il cite un « manque notable de communication » entre la direction et le personnel. Plusieurs employés ont dit recevoir trop peu de messages de la direction. Trop souvent, ceux-ci manquaient de clarté et de cohérence.
Les commentaires des employés sur la résolution de conflits étaient mitigés. « Une bonne partie du personnel ne se sent pas appuyé », peut-on lire.
Plusieurs plaintes ont été formulées sur un « environnement toxique au travail », en raison du comportement de certains cadres.
« Le personnel a exprimé un désir profond de s'occuper et d'éliminer cet environnement toxique. Il demande un système permettant de rapporter de façon anonyme des cas d'inconduite, particulièrement lorsque cela implique des cadres importants. »
Le questionnaire avait aussi été envoyé à d'anciens employés. Il révèle un consensus sur l'absence de vision, de stratégie et d'un plan cohérent pour l'avenir, ajoute le rapport. « Les répondants jugent qu'il n'existe aucune occasion pour discuter d'une mission plus large ou pour innover. »
Le rapport formule plusieurs recommandations pour améliorer le bien-être des employés et promouvoir un plus grand leadership au sein de l'organisme.
« Selon nous, s'occuper de ces inquiétudes serait crucial afin d'encourager une culture organisationnelle plus inclusive, plus équitable et plus productive, a écrit M. Néron au ministère de la Sécurité publique, l'an dernier. L'expérience des employés démontre la nécessité urgente de réformer la gestion organisationnelle pour régler ces problèmes. »
Tim Warmington, un porte-parole du ministère, dit que la CCETP a mis en place plusieurs mesures afin d'améliorer le mieux-être des employés depuis la rédaction du rapport.
Parmi celles-ci : une plus grande disponibilité des renseignements sur le bien-être des employés sur le site intranet de l'organisme, des exposés sur la résilience au stress, une gestion des conflits et de plus grande aide au personnel.
Mme Lahaie, une ancienne militaire, avait été nommée à la tête du CCETP en 2019. Son mandat de cinq ans avait été prolongé jusqu'au début de cette année.
Le poste est vacant depuis janvier. Mme Lahaie est maintenant vice-présidente des Tribunaux décisionnels Ontario, une agence provinciale.
Elle a refusé de commenter l'examen de M. Néron, citant des restrictions liées à son nouvel emploi.
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


La Presse
37 minutes ago
- La Presse
Les mineurs piégés ont de l'air, de la nourriture et de l'eau
Les travailleurs se sont retrouvés piégés après que deux éboulements ont bloqué l'accès. Les mineurs piégés ont de l'air, de la nourriture et de l'eau Trois travailleurs coincés sous terre dans une zone de refuge à la mine Red Chris, dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique, disposent de suffisamment d'air, d'eau et de nourriture pour un « séjour prolongé », a affirmé mercredi l'actionnaire majoritaire de la mine. Brenna Owen et Ashley Joannou La Presse Canadienne Newmont Corp. a indiqué dans un communiqué qu'elle s'efforçait de réunir des équipes spécialisées de sites miniers voisins pour intervenir à la suite de l'accident survenu mardi. Une porte-parole de l'entreprise a expliqué que les « zones de refuge confinées » sont équipées pour accueillir environ 16 personnes pendant trois jours, et que les trois travailleurs ont accès à plusieurs de ces zones dans le secteur où ils sont bloqués. Les travailleurs se sont retrouvés piégés après que deux éboulements ont bloqué l'accès, selon le communiqué de Newmont. Ils travaillaient à plus de 500 mètres au-delà de la zone touchée par le premier éboulement et s'étaient réinstallés dans la salle de refuge avant que le deuxième effondrement ne bloque leur évacuation, a précisé la porte-parole. Le communiqué indique que des contacts ont été établis avec les travailleurs après le premier éboulement et qu'ils ont confirmé qu'ils s'étaient réinstallés en toute sécurité dans la salle. Cependant, le deuxième éboulement a « restreint » la communication avec les travailleurs. « Tous les protocoles d'intervention d'urgence appropriés ont été activés immédiatement, précise le communiqué. Newmont évalue activement toutes les méthodes et technologies disponibles pour rétablir la communication et ramener les membres de notre équipe à la surface en toute sécurité. » Les activités à la mine de cuivre et d'or ont été interrompues, peut-on aussi lire dans le document. Le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, a annoncé la nouvelle à la fin de la réunion des premiers ministres en Ontario mercredi, déclarant aux médias qu'à sa connaissance, les travailleurs n'étaient pas blessés. Il a précisé que deux des travailleurs venaient de la Colombie-Britannique et un autre de l'Ontario. PHOTO NATHAN DENETTE, LA PRESSE CANADIENNE David Eby Les mineurs de la Colombie-Britannique sont les meilleurs au monde. Nos équipes de sauvetage sont exceptionnelles et elles travailleront sans relâche pour ramener ces travailleurs sains et saufs auprès de leurs familles. David Eby, premier ministre de la Colombie-Britannique M. Eby a mentionné plus tard sur X que le gouvernement avait envoyé un « inspecteur géotechnique principal » pour soutenir les efforts de l'entreprise. WorkSafeBC, l'agence provinciale de sécurité des travailleurs, a déclaré dans un communiqué que la sécurité minière relève de la compétence du ministère des Mines et des Minéraux critiques. Le ministre des Mines de Colombie-Britannique, Jagrup Brar, a publié une déclaration indiquant que son ministère avait dépêché un inspecteur géotechnique des mines sur place pour collaborer avec Newmont et soutenir les opérations de sauvetage. Le ministère des Transports a accéléré la délivrance d'un permis permettant le déplacement d'équipement lourd de la mine Brucejack, située à proximité, vers Red Chris pour apporter son aide, a-t-il ajouté. « Je suis encouragé par le soutien immédiat apporté par d'autres acteurs de l'industrie minière, sous forme de fournitures, d'équipement et d'expertise, pour faire face à cette situation, a dit le ministre. Les exploitants miniers de la Colombie-Britannique, dont Newmont, disposent d'équipes de sauvetage minier hautement qualifiées, prêtes à intervenir en cas d'urgence. » Nolan Paquette, agent commercial de la section locale 1-1937 des Métallos, a déclaré que les travailleurs coincés sont des entrepreneurs. Ils sont piégés de l'autre côté de l'effondrement, mais ils sont en sécurité dans le poste de refuge souterrain, a-t-il confirmé lors d'une entrevue. Le premier ministre Eby a indiqué que la province était en contact avec le propriétaire de la mine. Il a assuré avoir discuté de la situation avec le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, et tenir son gouvernement informé. « C'est évidemment très inquiétant pour les familles, pour les travailleurs du secteur, pour les Britanno-Colombiens et pour les Canadiens. Nos pensées vont aux familles et nous exprimons notre reconnaissance aux équipes de secours incroyablement courageuses qui travaillent actuellement », a-t-il déclaré. M. Eby a indiqué aux journalistes plus tard mercredi qu'il ne disposait pas de détails sur la durée prévue des opérations de sauvetage. Le service ambulancier de la province a quant à lui indiqué surveiller la situation. La mine Red Chris est détenue conjointement par Newmont, qui détient une participation de 70 % dans le projet, et Imperial Metals Corp. La mine est principalement exploitée à ciel ouvert, mais Newmont a indiqué dans un communiqué antérieur que le développement de l'exploitation minière par sous-cavage avait commencé en 2019, quatre ans après sa première production. Le « Canadian Mining Journal » a indiqué que le sous-cavage peut prolonger la durée de vie d'une exploitation à ciel ouvert, et que la méthode d'extraction souterraine massive permet l'extraction en vrac de gisements de minerai à faible teneur.


La Presse
an hour ago
- La Presse
Un baume pour les familles des disparus
Le véhicule de Robert St-Louis a été retrouvé dimanche dernier dans la rivière des Mille Îles par Exploring With a Mission. PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE EXPLORING WITH A MISSION Après deux semaines de plongées dans les lacs et rivières du Québec, le groupe Exploring With a Mission rentre aux États-Unis en ayant résolu pas une, mais deux disparitions qui n'avaient pas été élucidées depuis des années. Leur travail est salué par toutes les parties concernées. « Quand on fait cela, les remerciements et les accolades qu'on reçoit veulent tout dire. On est juste deux pères qui veulent voir le monde tout en aidant les gens. La vie est un cadeau et on fait tout notre possible pour réaliser quelque chose qui a de l'importance. » Bill McIntosh, ex-militaire originaire de Boston, est propriétaire et entraîneur d'un programme de hockey mineur où jouent 210 jeunes, au Rhode Island. Mais dès qu'il en a l'occasion, Bill prend le large pour se consacrer à une passion atypique en compagnie de son collègue Dan Pritchard, ex-policier australien. Sous la bannière d'Exploring With a Mission, les deux hommes ont identifié 200 véhicules au fond de différents lacs et rivières. Ils ont résolu 17 disparitions en Australie, aux États-Unis et au Canada, grâce à des techniques modestes, mais précises. Bill et Dan ne sont équipés que de deux petits bateaux, deux sonars et une roulotte. « On a appris qu'en se déplaçant sur l'eau à une vitesse de 4 à 8 km/h, contre le courant et en plaçant dans l'eau un bâton du sonar, on était en mesure d'identifier sur nos images les cubes qui sont en fait des voitures. À force de le faire, on voit l'eau différemment. C'est ce qui fait notre réussite », explique Bill McIntosh. À partir des indications des familles qui font appel à eux, ils créent une carte des habitudes de la personne disparue en traçant deux cercles : celui des lieux qu'elle fréquentait et celui du lieu où elle a été vue pour la dernière fois. Le secteur où les cercles se chevauchent est presque toujours l'endroit où le corps se trouve. C'est là qu'il faut chercher. Donner des réponses Dimanche dernier, Exploring With a Mission a retrouvé dans la rivière des Mille Îles le Jeep Cherokee Chief de Robert St-Louis, un homme de Laval disparu en 1988. Ses ossements s'y trouvaient aussi. Une semaine plus tôt, l'organisme avait découvert le véhicule et le corps d'Yvon Guévin, disparu depuis 2014. La dépouille de l'ancien conseiller municipal se trouvait dans les eaux de la rivière Saint-François, près de l'endroit où il habitait, à Pierreville, dans la région du Centre-du-Québec. Il y a tellement de gens qui n'ont pas de réponses. Ces découvertes leur donnent de l'espoir. Bill McIntosh, fondateur d'Exploring With a Mission « En retrouvant une personne, on disait aux familles [de disparus] qu'elles avaient une chance. Avec cette deuxième découverte, leurs chances étaient doublées. Tout ce qu'on peut faire pour aider les gens du Québec et du Canada à retrouver leurs êtres chers, on le fera », lance M. McIntosh avec conviction, signifiant son intention de revenir dans la province. « Quand on a trouvé Robert St-Louis, j'ai eu des frissons. Dan est allé sur le quai et il a dit à sa fille, qui n'avait jamais cessé d'espérer : 'Je viens de trouver ton père.' » PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE Quatre véhicules ont été retrouvés dans la rivière des Mille Îles à Deux-Montagnes. À Deux-Montagnes, les recherches se sont terminées mardi en soirée, après une trentaine d'heures de plongées réparties sur trois jours, indique Jean-Philippe Labbé, porte-parole de la Régie de police du Lac de Deux-Montagnes. Bilan : en plus du Jeep de Robert St-Louis, les autorités ont repêché un Nissan Pulsar des années 1990, un Ford Escort 1995 volé en 2003 et une camionnette GMC Sierra dont le numéro de série reste à trouver. « Il n'y a plus de raison de croire qu'il reste d'autres véhicules dans l'eau. Les estimations initiales d'une dizaine de véhicules étaient trop élevées. Ce qu'on a constaté, c'est un amas de pièces d'auto détachées », explique Jean-Philippe Labbé. Comment y sont-ils arrivés ? Un groupe américain, de passage au Québec pendant deux semaines, résout des affaires vieilles respectivement de 11 et 37 ans. Que faisait la police, depuis tout ce temps ? « C'est une question que les gens se posent avec raison. Mais la réponse n'est pas nécessairement très complexe », avance Arold Bernatchez, enquêteur de la Sûreté du Québec (SQ) à la retraite. « On part d'un principe de base : le mandat de la police, c'est la protection de la vie, l'application et le respect des lois et règlements, l'enquête criminelle. Une fois que des gens à la direction se disent qu'éthiquement, logiquement et moralement, on a tout fait… ils arrêtent les recherches. » Au Québec, le territoire est immense, on a énormément de plans d'eau. Si les policiers n'ont pas d'indication ou d'information, au prix que ça coûte, ils ne peuvent pas chercher au hasard. Arold Bernatchez, enquêteur de la Sûreté du Québec à la retraite Comment se fait-il que plusieurs véhicules se soient retrouvés au même endroit ? Stéphane Luce, président fondateur de Meurtres et disparitions irrésolus du Québec (MDIQ), estime que l'endroit était « connu » comme une zone où l'on peut faire disparaître des véhicules. « Un trou de 70 pieds, c'est profond. J'imagine que ceux qui voulaient faire des coups [d'argent en fraudant les] assurances ou se débarrasser de voitures volées pouvaient le faire ici », évoque-t-il. PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE Stéphane Luce, président fondateur de Meurtres et disparitions irrésolus du Québec « J'ai parlé à des gens de la SQ ce matin, ils admettent qu'ils ont quelque chose à apprendre. Je les ai sentis sincères, ils disaient : 'Exploring With a Mission, ils ont scoré. Ils sont bons dans leur domaine' », dit Stéphane Luce. Dans le cas de Robert St-Louis, des enquêteurs et des techniciens en scène de crime du Service de police de Laval poursuivent l'enquête. Les trois autres véhicules relèvent des policiers de Deux-Montagnes. « Nous sommes en contact avec le module des disparitions et enlèvements de la Sûreté du Québec. Mais pour l'instant, on n'a pas de raison de croire que les véhicules sont liés à de tels cas », affirme Jean-Philippe Labbé.


La Presse
2 hours ago
- La Presse
Québec demande au tribunal de ne pas s'en mêler
Beginning of dialog window. Escape will cancel and close the window. Québec demande au tribunal de ne pas s'en mêler Le gouvernement du Québec demande à la Cour supérieure de ne pas entendre une requête visant à suspendre les travaux de prolongement de la route 138 aux abords de la rivière du Gros Mécatina, en Basse-Côte-Nord, l'une des dernières rivières à saumons du Québec encore complètement intacte. Cette demande « est abusive en ce qu'elle est manifestement mal fondée, frivole ou dilatoire », affirme la requête en irrecevabilité déposée par le Procureur général du Québec (PGQ), qui représente le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) dans cette affaire. La Pourvoirie Mécatina et sa propriétaire, Nancy Bobbitt, tentent de forcer l'arrêt du dynamitage à proximité du cours d'eau et d'empêcher toute intervention dans le lit de la rivière pendant la période critique de montaison du saumon. Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos Video Player is loading. 0:11 Lecture Skip Backward Skip Forward Désactiver le son Current Time 0:00 / Duration 0:00 Loaded : 0% 0:00 Stream Type LIVE Seek to live, currently behind live LIVE Remaining Time - 0:00 Picture-in-Picture Plein écran This is a modal window. Beginning of dialog window. Escape will cancel and close the window. Text Color White Black Red Green Blue Yellow Magenta Cyan Opacity Opaque Semi-Transparent Text Background Color Black White Red Green Blue Yellow Magenta Cyan Opacity Opaque Semi-Transparent Transparent Caption Area Background Color Black White Red Green Blue Yellow Magenta Cyan Opacity Transparent Semi-Transparent Opaque Font Size 50% 75% 100% 125% 150% 175% 200% 300% 400% Text Edge Style None Raised Depressed Uniform Drop shadow Font Family Proportional Sans-Serif Monospace Sans-Serif Proportional Serif Monospace Serif Casual Script Small Caps Reset Done Close Modal Dialog End of dialog window. Le juge Daniel Dumais a rejeté dans un premier temps la demande d'injonction « interlocutoire provisoire » de la pourvoirie, dans un jugement rendu le 11 juillet, mais les demandes d'injonction « interlocutoire » et d'injonction « permanente » n'ont pas encore été tranchées. « Le recours des Demanderesses est voué à l'échec » et ne doit donc pas être entendu par le tribunal, estime le PGQ. Mauvaise cour, dit Québec Les autorisations provinciale et fédérale encadrant les travaux sont présumées valides, et aucune preuve ne démontre qu'elles ne sont pas respectées, affirme la requête gouvernementale. Ordonner la suspension des travaux équivaudrait notamment à surseoir à l'autorisation délivrée par le ministère fédéral des Pêches et des Océans, ce qui « est de compétence de la Cour fédérale et ne peut être entendu par la Cour supérieure », argue le PGQ. Ce genre de requête en irrecevabilité « est assez fréquent », observe la professeure Paule Halley, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en droit de l'environnement de l'Université Laval, qui n'y voit pas une tentative de museler la pourvoirie et sa propriétaire. « C'est le procès avant le procès » illustre-t-elle, expliquant qu'une telle requête doit invoquer qu'une loi ou une autorisation n'a pas été respectée pour pouvoir être entendue. Il faut qu'il y ait une chance qu'un juge puisse dire quelque chose, mais qu'est-ce qu'un juge peut dire si la personne n'invoque aucune illégalité ? Paule Halley, Université Laval La pourvoirie et sa propriétaire doivent donc contester la validité des autorisations pour obtenir que le tribunal entende leur requête, explique la professeure Halley, qui précise ne pas avoir étudié le cas en profondeur et s'exprime de manière générale. Québec a manqué d'écoute, dit la pourvoirie Ce dossier « n'aurait jamais dû se rendre devant les tribunaux », se désole Nancy Bobbitt, qui reproche au gouvernement Legault d'avoir ignoré ses démarches depuis un an. Je ne comprends vraiment pas pourquoi ils ne pourraient pas suspendre les travaux pour un moment. C'est ridicule. Nancy Bobbitt, propriétaire de la Pourvoirie Mécatina Sa pourvoirie, qui est favorable au prolongement de la route 138, mais avec un tracé ayant moins d'impact sur le saumon, a notamment proposé une « solution élégante » en appelant le ministère de l'Environnement à revoir l'autorisation du projet à la lumière de données scientifiques plus récentes, une démarche soutenue par la Fédération du saumon atlantique du Canada (FSA). Mais Québec a mis des mois à répondre à cette proposition, pour la décliner sans en discuter, déplore la pourvoirie, qui s'offusque aussi de l'obstruction du ministère des Transports, qui lui a envoyé des documents lourdement caviardés quand elle cherchait de l'information. « Ils s'en foutent, tant qu'ils ont ce qu'ils veulent », dit Mme Bobbitt. « Je ne comprends pas pourquoi ils ne veulent pas que le tribunal nous entende, dit-elle. Le message qu'ils envoient est que l'environnement ne compte pas, que le saumon ne compte pas. » La Cour supérieure doit entendre la requête du gouvernement jeudi au palais de justice de Québec.