« Mon style de pilotage ne convient pas à cette moto » : Francesco Bagnaia, un abandon en Autriche et un champion en perdition
À la fin du neuvième tour, Francesco Bagnaia venait de plonger à la dernière place quand il s'est rendu à l'évidence : il ne servait à rien de continuer. L'Italien est donc rentré aux stands, pendant que les autres essayaient autant que possible de s'amuser dans un sprint dominé, comme douze fois sur treize cette saison, par l'insatiable Marc Marquez.
Les deux pilotes partagent le garage Ducati mais un monde les sépare, malgré le même rouge vif qui teinte leur combinaison. Marquez a l'allure d'un roi, omniscient, omnipotent. Il comprend toutes les pistes et gagne tout le temps ou presque, en tout cas le samedi. Au Championnat, ses 123 points d'avance en tête dessinent un futur empire.
« J'attends que les ingénieurs m'expliquent ce qui s'est passé. C'est assez étrange. »
Francesco Bagnaia après son abandon samedi à Spielberg
Bagnaia, lui, a perdu sa noblesse. Il reste double champion du monde (2022, 2023) mais ses titres n'ont jamais paru aussi loin. Il n'a remporté qu'un Grand Prix cette saison, à Austin, un jour où Marquez s'est envoyé tout seul dans le décor. Le reste du temps, il n'y a pas match. Son équipier roule loin devant, et même le frère du coéquipier. Avec sa vieille Ducati de 2024, Alex Marquez collectionne les deuxièmes places qui sont autant de couteaux remués dans la plaie.
Qu'arrive-t-il à Bagnaia, lointain troisième d'un Championnat qu'il était censé animer ? Pour samedi, c'est un mystère. « J'attends que les ingénieurs m'expliquent ce qui s'est passé, déclarait-il après le sprint. C'est assez étrange. » Troisième sur la grille, l'Italien de 28 ans a raté son départ, patinant dès l'extinction des feux, ce qui constitue déjà une faute de sa part. Ensuite, la moto a donné des signes d'instabilité : « Après trois tours, j'ai eu beaucoup de vibrations dans la ligne droite. Plus tard, au virage 1, je n'arrivais plus à freiner à cause de ça, donc j'ai décidé d'arrêter parce que c'était trop. »
Machine bizarre, feeling disparu et circonspection du paddock
Pour les fois d'avant, le Turinois avait donné un peu le même genre d'explications : machine bizarre, feeling disparu. Au fil des courses, il a parlé de réservoir d'essence mal placé, de largeur de disques de frein perturbante. Des pistes que le paddock a du mal à prendre au sérieux. « Jamais je n'ai entendu ça », confie le responsable d'une équipe concurrente.
12e victoire de la saison en sprint pour Marc Marquez au GP d'Autriche
Ce qui semble entendu, c'est que Bagnaia a perdu quelque chose en passant de la Ducati de 2024, avec laquelle il a raflé onze Grands Prix l'année dernière, à celle de 2025. Le nouveau modèle n'a pas grand-chose de différent par rapport à l'ancien, mais ses petites évolutions suffiraient à rendre le guidon moins stable. Fabio Di Giannantonio, qui le pilote aussi chez VR46, peut en témoigner, lui qui ne parvient pas à confirmer l'élan de la saison précédente. Alors bien sûr, Marquez y arrive. Mais il est justement Marquez. Et Bagnaia se dit convaincu qu'il y parvient mieux parce qu'il n'a pas connu de transition entre les deux machines, tout droit descendu de la Ducati 2023 de Gresini.
Tout cela fait partie des noeuds que l'Italien se tisse sans arrêt dans la tête. Pour retrouver son fluide, il a passé l'été à regarder des vidéos de l'ancien temps. « Des courses du passé, de 2021 à 2024, a-t-il raconté en arrivant en Autriche, après trois semaines de vacances. J'ai pu constater à quel point j'étais fort pour freiner, pour dépasser et pour suivre les autres. Et puis j'ai revu des courses de cette saison et on dirait deux pilotes complètement différents. Donc je ne comprends pas. Je comprends juste que mon style de pilotage ne convient pas à cette moto. »
Performant aux essais et en qualification au Red Bull Ring, Bagnaia pensait peut-être avoir trouvé une clé, sur un circuit où il était invaincu depuis trois ans. Son équipe aussi, et Davide Tardozzi, le team manager de Ducati, avait parlé avant le sprint de « quelque chose qui a donné à Pecco de la confiance ». Mais l'essentiel reste bien à reconstruire.
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