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Minuit moins une pour le Canada

Minuit moins une pour le Canada

La Presse7 days ago
(Washington) Contrairement au Mexique, le Canada n'avait pas été en mesure d'obtenir un autre sursis tarifaire auprès de la Maison-Blanche alors que le tour de vis doit entrer en vigueur ce vendredi. Le prix de consolation pour les entreprises canadiennes : la plupart devraient pouvoir s'y soustraire.
Même si les négociations entre Ottawa et Washington se poursuivaient, jeudi, dans l'espoir de trouver un terrain d'entente avant l'échéance fixée au 1er août par nos voisins du sud, le président américain Donald Trump n'a pas semblé enthousiaste, dans le bureau Ovale.
Pour le 47e locataire de la Maison-Blanche, le plus récent irritant émanant du Canada était l'intention du premier ministre Mark Carney de reconnaître un État palestinien en septembre prochain – à l'instar de la France et du Royaume-Uni.
PHOTO PATRICK DOYLE, REUTERS
Mark Carney
« Je n'ai pas aimé ce qu'ils [le Canada] ont dit, a affirmé M. Trump, en point de presse, jeudi, en fin d'après-midi. Ce n'est pas un brise-négociation [dealbreaker]. Nous n'avons pas parlé au Canada aujourd'hui. Nous verrons bien. »
Le président américain avait envoyé une lettre au premier ministre canadien le 10 juillet dernier dans laquelle il menaçait de faire passer à 35 %, comparativement à 25 % actuellement, les droits de douane sur les exportations canadiennes faute d'un accord commercial d'ici vendredi.
Jusqu'ici, Washington a annoncé des accords avec le Royaume-Uni, l'Union européenne, les Philippines, l'Indonésie, le Vietnam, le Japon et, in extremis dans la nuit, avec la Corée du Sud.
Les produits coréens, japonais et européens seront ainsi désormais taxés à hauteur de 15 %. Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, a aussi affirmé, jeudi, que des accords avaient aussi été trouvés avec le Cambodge et la Thaïlande, sans donner plus de précisions.
Un bouclier
En principe, les exportateurs canadiens devraient pouvoir encaisser le coup.
La raison ? Des responsables de la Maison-Blanche avaient indiqué à différents médias que les produits conformes à l'Accord de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) resteraient exemptés de droits de douane, comme c'est actuellement le cas.
Même si des secteurs comme l'aluminium et l'acier, du bois d'œuvre ainsi que de l'automobile font l'objet de droits de douane sectoriels, la plupart des exportations canadiennes ont échappé, jusqu'à présent, aux taxes douanières.
Selon une étude publiée en juillet par la Banque Royale, qui citait des données du Bureau du recensement des États-Unis, 91 % des exportations canadiennes à destination des États-Unis avaient franchi la frontière sans droit de douane.
Le directeur général chez Courtage BGL, Nicolas Dolbec, l'a remarqué.
« On pourrait dire que le dernier mois a été l'un des moins occupés en ce qui a trait aux demandes de nos clients sur la question des droits de douane, illustre-t-il. La notion [des exemptions prévues à l'ACEUM] semble avoir été bien assimilée. »
N'empêche, l'incertitude qui découle des tensions commerciales laisse des traces, selon la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ).
Selon l'organisation, les investissements ont par exemple fléchi de 318 millions dans le créneau manufacturier parce que les entreprises préféraient demeurer sur les lignes de côté dans le contexte actuel. À cela s'ajoute une diminution des exportations au sud de la frontière et une baisse du niveau d'emploi dans plusieurs secteurs.
Et jeudi, le Canada n'avait toujours pas été en mesure d'imiter le Mexique, qui, in extremis, a été en mesure d'obtenir un sursis de 90 jours avec son Washington pour poursuivre les négociations.
M. Trump avait préalablement menacé le Mexique de rehausser à 30 % les droits de douane sur les exportations en provenance de ce pays. Malgré le report, les droits sectoriels sur l'acier et l'aluminium, le cuivre et le secteur automobile restent en place.
« En outre, le Mexique a accepté de mettre fin immédiatement à ses barrières commerciales non tarifaires, qui étaient nombreuses, a souligné le président américain, sur sa plateforme Thruth Social. Nous nous entretiendrons avec le Mexique au cours des 90 prochains jours dans le but de signer un accord commercial au cours de cette période, ou plus tard. »
Légitimes, les droits de douane ?
À quelques heures de l'entrée de ce qui avait les allures d'une suite au « Jour de la libération » du 9 avril dernier, où des droits de douane avaient été annoncés à l'endroit de 180 pays, une Cour d'appel fédérale américaine commençait à se pencher sur la légitimité de ces barrières tarifaires.
L'administration Trump conteste une décision rendue en mai dernier par un tribunal commercial américain, qui avait tranché que le président américain ne pouvait imposer des droits de douane quand bon lui semble.
Ce jugement bloquait une des principales stratégies de la Maison-Blanche, qui s'appuie sur une loi de 1977 (International Emergency Economic Powers Act), qui permet au président d'imposer les sanctions économiques nécessaires en cas d'urgence.
Jusqu'au retour de Donald Trump dans le bureau Ovale, cette loi n'avait jamais été utilisée par un président pour imposer des droits de douane.
Aucune décision n'avait été rendue, jeudi. Cela pourrait prendre plusieurs semaines, voir des mois.
–Avec La Presse Canadienne et l'Agence France-Presse
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35 % de droits de douane, 100 % d'indifférence
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La Presse

time24 minutes ago

  • La Presse

35 % de droits de douane, 100 % d'indifférence

Tant que nos accords commerciaux resteront théoriques pour nos PME, ce ne sont pas les droits de douane de Donald Trump qui nous affaiblissent, mais notre propre indifférence. Depuis le 1er août, beaucoup d'exportateurs canadiens doivent s'adapter à un contexte commercial nettement plus hostile. Des droits de douane de 35 % imposés par Washington frappent désormais plusieurs produits canadiens ne faisant pas partie de l'Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM). Contrairement à ce qu'avancent certains observateurs, le nombre d'entreprises concernées est bien plus élevé qu'on pourrait le croire. Depuis quelques jours, les médias et certains milieux politiques déclarent que 90 % des exportations canadiennes vers les États-Unis seraient exemptées de droits de douane grâce à l'ACEUM. Ce pourcentage donne une fausse impression de sécurité, car il ne reflète pas les conditions opérationnelles vécues sur le terrain. Il est basé sur la part des exportations potentiellement admissibles à l'exemption tarifaire si, et seulement si, elles respectent strictement les règles d'origine de l'accord et sont accompagnées de la documentation douanière appropriée. Ce qui n'est pas toujours le cas. Dans le secteur agroalimentaire, le taux réel d'exemption serait bien plus bas. Selon nos estimations, entre 30 et 40 % des produits seulement profitent pleinement des dispositions de l'accord. De nombreux transformateurs, principalement des PME, renoncent à réclamer l'exemption, car le processus s'avère trop lourd, coûteux ou risqué. Souvent, les produits ne satisfont pas aux exigences techniques sur les intrants, la transformation ou la traçabilité. Si les règles deviennent floues ou sujettes à interprétation, le choix par défaut est souvent de payer les droits pour éviter les retards, les saisies ou les litiges. Dans cette conjoncture émerge le cas exemplaire de Nature Nux, une PME québécoise établie à Terrebonne, spécialisée dans la fabrication d'un beurre d'arachide naturel. Depuis février, l'entreprise a dû revoir entièrement sa stratégie commerciale, craignant que son principal produit soit frappé d'un droit de douane de 35 % à l'entrée du marché américain. PHOTO FOURNIE PAR NATURE NUX « Nous avons perdu plusieurs clients américains de longue date, simplement parce qu'ils ont eu peur… et ont préféré changer de fournisseur », raconte Carl Maillette, copropriétaire de Nature Nux. Bien que son produit ait finalement été épargné, le mal était déjà fait. « Nous avons perdu plusieurs clients américains de longue date, simplement parce qu'ils ont eu peur… et ont préféré changer de fournisseur, raconte Carl Maillette, copropriétaire de Nature Nux. Trump a donc réussi à nous affaiblir, avant même que ses tarifs soient officiellement en vigueur. Je suis convaincu que nous ne sommes pas les seuls dans cette position. » La situation a été aggravée parce que certaines matières premières, comme les arachides et les amandes en provenance des États-Unis, étaient elles aussi visées par de potentielles contre-mesures canadiennes. Cette incertitude nous a forcés à augmenter nos prix de vente pour nos clients américains, mais aussi pour nos partenaires au Canada, en Europe et en Amérique centrale. Carl Maillette, copropriétaire de Nature Nux Depuis sa création en 2017, Nature Nux a affronté de nombreux défis que peu de jeunes entreprises ont réussi à surmonter. Elle s'est adaptée, a réinvesti, a réinventé son offre, et a élargi progressivement sa gamme de produits tout en améliorant sa capacité de production. Elle a renforcé ses liens avec des partenaires locaux et des distributeurs alimentaires, y compris des OBNL et des agences gouvernementales cherchant à approvisionner des clientèles plus vulnérables avec des produits sains, locaux et naturels. PHOTO FOURNIE PAR NATURE NUX Arachides entreposées chez Nature Nux L'entreprise a donc fait le choix stratégique de s'éloigner des ingrédients et emballages d'origine américaine devenus trop coûteux et trop risqués à utiliser. Ce repositionnement vient avec des coûts d'ajustement importants et illustre bien l'inégalité structurelle entre les multinationales comme Kraft-Heinz, qui peuvent aisément contourner ou absorber ces obstacles, et les PME, qui doivent redoubler d'agilité et d'ingéniosité pour survivre. Nature Nux se heurte aussi à une autre barrière systémique : l'inertie des grandes enseignes canadiennes. Même si l'achat local est largement valorisé dans l'espace public, la réalité diffère. Pour des entreprises comme Nature Nux, accéder aux rayons des grandes chaînes demeure un défi immense. Les catégories de produits sont souvent verrouillées par des ententes exclusives et des critères d'entrée taillés sur mesure pour les fournisseurs internationaux déjà bien établis. En pratique, l'ouverture aux produits locaux, naturels et novateurs demeure l'exception plutôt que la norme. Pourtant, les consommateurs deviennent très sensibles à l'origine des produits, à leur composition, à leur impact environnemental et à la transparence des marques. Nature Nux incarne ces valeurs. Mais sans une volonté claire de repenser les structures d'approvisionnement au pays, pour les marques privées comme les marques nationales, ces entreprises continueront à évoluer en marge du système. Le parcours de Nature Nux illustre bien qu'au-delà des slogans politiques, soutenir l'économie locale demande des gestes concrets : un meilleur accès aux programmes d'aide à l'exportation, une simplification des démarches de conformité à l'ACEUM, une ouverture réelle des chaînes de distribution aux produits québécois et canadiens, ainsi qu'une reconnaissance des contraintes disproportionnées qui se dressent devant les PME dans un environnement toujours plus protectionniste. Si le Canada veut vraiment soutenir ses entreprises face aux caprices de la diplomatie américaine, il faudra aller bien au-delà des mots et agir.

Les ventes de commerçants québécois baissent, les prix aussi
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time41 minutes ago

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Les ventes de commerçants québécois baissent, les prix aussi

Shein et Temu soufflent dans le cou des commerçants québécois. Plus de la moitié d'entre eux ont observé une baisse de leurs ventes depuis l'arrivée de ces géants chinois de vente en ligne, si bien que 67,6 % des détaillants d'ici se sont résignés à réduire leurs prix pour tenter de rester dans la course. C'est du moins ce qui ressort d'un sondage mené en juin par le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) auprès de 37 enseignes d'ici représentant 1500 magasins. Ces résultats qualifiés d'inquiétants ne surprennent toutefois pas les détaillants interrogés par La Presse, au moment même où Shein occupe pour quelques jours une boutique éphémère (pop-up) au centre-ville de Montréal. PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, ARCHIVES LA PRESSE Vitrine du magasin éphémère de Shein La popularité grandissante de ces sites à bas prix, que bon nombre de commerçants accusent de concurrence déloyale parce qu'ils vendent des articles (vêtements, jouets, chaussures, bijoux) de piètre qualité à des prix dérisoires et en plagiant certains articles, nuit aussi aux friperies Renaissance qui peinent à revendre les articles usagés de Shein ou de Temu en raison de leur mauvaise qualité. « Avez-vous déjà tricoté un foulard, madame ? Savez-vous combien de temps ça prend ? Combien coûte la laine ? », demande systématiquement Marilyne Baril, propriétaire de l'atelier boutique Marigold à Montréal, lorsque des clientes lui disent que ses prix sont trop élevés en comparaison de ce que l'on retrouve sur certaines plateformes d'importations chinoises. Sur le site de Shein, les consommateurs peuvent aisément se procurer une robe à 14 $ et des chaussures pour enfants à 11 $, par exemple. « Je leur explique combien ça coûte de fabriquer localement, quel est le salaire minimum », ajoute celle qui enseigne également en design et en marketing de mode au Collège LaSalle. PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE La propriétaire de l'atelier boutique Marigold, Marilyne Baril Ça n'a pas de sens qu'on puisse acheter des vêtements à ce prix-là. Donc, clairement, il y a des humains qui sont maltraités quelque part. Marilyne Baril, propriétaire de l'atelier boutique Marigold et enseignante en design et marketing de mode au Collège LaSalle Jessika Roussy, copropriétaire des 11 magasins Mode Choc, spécialisés dans les vêtements pour toute la famille, entend régulièrement elle aussi des commentaires de la part de clients qui comparent ses prix à ceux de Shein, par exemple. Si 58 % des détaillants québécois interrogés dans le sondage calculent que l'apparition de Shein et Temu a affecté leurs ventes, 17 % affirment avoir observé une « baisse marquée ». « Pour les stratégies de vente, ça met une pression énorme sur les prix », reconnaît Mme Roussy, qui a participé au sondage et qui fait également partie des signataires de deux lettres envoyées depuis l'an dernier à des députés fédéraux et provinciaux pour demander à Ottawa d'imiter la France en agissant pour mieux encadrer et pénaliser les fabricants de mode éphémère. PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE Atelier boutique Marigold Si des détaillants comme Mode Choc ne peuvent pas toujours égaler les prix des plateformes chinoises, ils tentent de s'en rapprocher au moment des soldes. « On s'assure dans nos promotions d'offrir des prix équivalents. Beaucoup de détaillants comme nous sont très agressifs dans leurs soldes en ce moment. Encore plus cette année. Les soldes commencent plus tôt et ils s'étirent plus longtemps dans le temps. » Elle croit que la présence de Shein et Temu n'est pas étrangère à ce phénomène. Visibilité en ligne Par ailleurs, selon une enquête de NETendances 2024, ce sont 74 % des Québécois adultes qui ont fait des achats en ligne. Parmi eux, 40 % ont fait au moins une commande sur des sites d'importations chinoises comme Shein et Temu. De son côté, l'enquête du CQCD révèle que 40,5 % des répondants ont signalé une baisse de visibilité en ligne. « Pour le référencement, ces sites sont extrêmement agressifs, soutient Jessika Roussy. Ils ont plusieurs multicampagnes numériques qui effectivement vont venir gruger de la visibilité. » Des dons… irrécupérables L'ampleur du phénomène inquiète également chez Renaissance. « Si nous on reçoit de plus en plus d'articles provenant de Shein et Temu, on ne pourra pas les revendre à cause de la qualité. Ce n'est presque pas réutilisable », explique son directeur général, Éric St-Arnaud. « J'ai fait le test. J'ai acheté certains vêtements, je les ai mis dans la laveuse et les coutures ont commencé à se défaire. » S'il est incapable de la chiffrer, M. St-Arnaud a noté une augmentation des dons de vêtements et autres articles provenant de ces sites au cours de la dernière année. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE Allées d'un magasin Renaissance Et comme les détaillants, les friperies Renaissance peinent également à offrir des prix aussi alléchants. « Ces plateformes vendent des articles qui sont souvent moins chers que nous dans l'usagé. » Au moment d'écrire ces lignes, Shein et Temu n'avaient pas encore fourni de réponses à nos questions. À la suite d'une demande d'entrevue de La Presse la semaine dernière, à l'occasion de l'ouverture de sa boutique éphémère, Shein a répondu par courriel que le Canada était « un marché important et en pleine croissance » pour l'entreprise. 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Les droits de douane américains entrent en vigueur pour des dizaines de pays
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La Presse

timean hour ago

  • La Presse

Les droits de douane américains entrent en vigueur pour des dizaines de pays

Les nouveaux droits de douane, entrés en vigueur à 0 h 01 (heure de l'Est), une semaine après la signature du décret par le président américain, viennent remplacer, pour les économies concernées, ceux de 10 % appliqués depuis avril sur quasiment tous les produits entrant aux États-Unis. Les droits de douane américains entrent en vigueur pour des dizaines de pays (Washington) Les nouveaux droits de douane américains sur les produits en provenance de dizaines d'économies sont devenus effectifs jeudi, esquissant le nouvel ordre commercial mondial voulu par Donald Trump. Erwan LUCAS Agence France-Presse Ces surtaxes, entrées en vigueur à 0 h 01 (heure de l'Est), une semaine après la signature du décret par le président américain, viennent remplacer, pour les économies concernées, celle de 10 % appliquée depuis avril sur quasiment tous les produits entrant aux États-Unis. Il s'agit, selon le président américain, de rééquilibrer les échanges entre les États-Unis et ses partenaires, qui « profitent » d'après lui de la première puissance économique. « Il est minuit ! ! ! Des milliards de dollars de droits de douane affluent maintenant vers les États-Unis d'Amérique », a-t-il claironné sur son réseau Truth Social quelques minutes après l'échéance. CAPTURE D'ÉCRAN TRUTH SOCIAL Ces surtaxes se situent dans une large fourchette, comprise entre 15 % et 41 %. L'Union européenne (UE), le Japon ou la Corée du Sud, qui comptent parmi les principaux partenaires commerciaux des États-Unis, sont désormais concernés par un taux d'au moins 15 %. Avant l'entrée en vigueur de ces nouvelles taxes, le taux effectif moyen appliqué aux produits entrant dans le pays était de 18,4 %, le plus élevé depuis 1933, selon le centre de recherche Budget Lab de l'Université Yale. PHOTO JONATHAN ERNST, ARCHIVES REUTERS Le président américain, Donald Trump Cette hausse devrait porter ce taux à près de 20 %, selon les analystes de Pantheon Macroeconomics. Cela en ferait le plus élevé depuis le début des années 1930, selon le Budget Lab. Et de nouvelles annonces devraient suivre, puisque le locataire de la Maison-Blanche souhaite également taxer les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs importés. Ces derniers, ainsi que les puces, devraient se voir appliquer une taxe de 100 %, a-t-il précisé mercredi. Sept accords Certains pays ont tenté jusqu'au dernier moment de faire revenir les Américains sur leur décision, à l'image de la Suisse, frappée par un taux punitif de 39 %. La présidente helvète Karin Keller-Sutter et son ministre de l'Économie, Guy Parmelin, sont rentrés jeudi matin après d'ultimes négociations à Washington. Le gouvernement suisse a annoncé jeudi la tenue d'une « séance extraordinaire en début d'après-midi » de son Conseil fédéral. Pour l'heure, alors que le gouvernement américain assurait que « des dizaines d'accords » seraient signés ces derniers mois, tout juste sept se sont matérialisés, notamment avec l'Union européenne, le Japon ou le Royaume-Uni. Il s'agit le plus souvent de pré-accords, devant être formalisés, accompagnés de promesses d'investissements massifs aux États-Unis. Rare exception, le Mexique a échappé aux nouvelles hausses. Le président Trump a prolongé de 90 jours les conditions douanières dont il bénéficie actuellement, à savoir 25 % sur les produits entrant aux États-Unis en dehors de l'accord de libre-échange nord-américain. La trêve dans la guerre commerciale avec la Chine reste également en vigueur, les deux premières économies mondiales s'étant accordées le mois dernier sur le maintien d'une pause tarifaire afin de poursuivre leurs négociations : les droits de douane supplémentaires américains sur les produits chinois sont fixés temporairement à 30 %, tandis que les taxes chinoises sur les importations américaines restent à 10 %. En revanche, l'heure n'est pas à la détente avec le Canada, qui a vu le 1er août augmenter la surtaxe appliquée sur ses produits, à 35 %. Le premier ministre canadien, Mark Carney, en a cependant relativisé l'impact, estimant que plus de 85 % des exportations vers son voisin n'étaient pas concernées. Recomposition L'administration Trump se montre particulièrement ferme avec certains pays. Donald Trump a ainsi signé la semaine dernière un décret imposant 50 % de surtaxe douanière au Brésil, entré en vigueur mercredi. Là encore, les nombreuses exceptions font que moins de 35 % des produits sont concernés, selon Brasilia. Cette surtaxe fait office pour Donald Trump de représailles contre les poursuites visant l'ex-président Jair Bolsonaro, son allié d'extrême droite, accusé d'avoir tenté un coup d'État après sa défaite à l'élection de 2022. L'Inde doit composer avec des droits de douane de 25 %, qui passeront dans trois semaines à 50 % sur certains produits, Donald Trump lui reprochant le manque d'ouverture de son économie et ses achats de pétrole russe sous sanction. Le premier ministre Narendra Modi s'est dit prêt jeudi à payer « personnellement le prix » de la défense de l'Inde : « Nous ne compromettrons pas les intérêts de nos agriculteurs, de notre secteur laitier, de nos pêcheurs », a-t-il déclaré à New Delhi. Les pays commencent à s'adapter à l'offensive douanière : le Brésil, qui a déposé plainte devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC), veut aider ses entreprises à diversifier leurs débouchés. Le président Trump a vanté les mérites des accords déjà conclus, qui gonflent les recettes publiques d'une économie largement endettée. L'impact des droits de douane continue cependant d'inquiéter les économistes, qui les voient nourrir l'inflation (+2,6 % en juin), avec le risque de ralentir la croissance, qui ne devrait pas dépasser 1 % en rythme annualisé au second semestre, selon les prévisions.

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