
Extase wagnérienne en clôture du Festival de Lanaudière
L'Aida de Verdi qui avait conclu le festival l'an dernier avait été un vrai moment de grâce. Les chanteurs de stature internationale choisis par Yannick Nézet-Séguin et le directeur artistique Renaud Loranger nous avaient laissés bouche bée. La barre était donc à un niveau stratosphérique cette année, d'autant plus que Tristan et Isolde de Wagner figure au sommet de l'Olympe lyrique.
Malgré la longueur du spectacle (cinq heures en incluant les deux entractes), le parterre était assez rempli et la pelouse à moitié occupée, affluence aidée par la température à peu près idéale.
Originaire de l'Arizona, Tamara Wilson fut la reine de la soirée en Isolde, même si elle était davantage accrochée à sa partition que les autres dans un rôle qu'elle a chanté à Santa Fe il y a trois ans. Mais quelle voix ! Puissante, mais fine aussi, capable d'une quantité impressionnante de couleurs.
Stuart Skelton présentait davantage de faiblesses dans le rôle-titre masculin, malgré sa présence attachante. Le ténor australien de 57 ans, qui a manié l'épée de Tristan sur la scène du Metropolitan Opera de New York il y a une dizaine d'années, possède un beau médium cuivré, mais les aigus sont souvent laborieux. Il a d'ailleurs terminé le troisième acte en difficulté avec craquages et serrements. En même temps, comment ne pas mettre en parallèle la déchéance de l'organe vocal et l'agonie du héros dans ce rôle notoirement exigeant ?
PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE
Le baryton Christopher Maltman et le ténor Stuart Skelton
En Brangäne, la mezzo-soprano Karen Cargill, souvent entendue à l'Orchestre symphonique de Montréal, fait entendre un chant intelligent et sensible, malgré des voyelles parfois étranges (le « o » d'« homme » par exemple confondu avec le « e » de « petit »). Christopher Maltman atteint le même niveau de perfection en Kurwenal que Tamara Wilson. Même s'il chante nettement moins que cette dernière, sa solide voix de baryton fait un tabac.
Et quel bonheur d'entendre Franz-Josef Selig en Marke ! Même si les mi aigus du sexagénaire ne sont plus tout à fait là, l'émotion et le timbre du chanteur nous ramènent à la tradition des grandes basses allemandes à la Kurt Moll et Hans Sotin.
Les trois petits rôles masculins font tous un sans-faute, que ce soit la présence magnétique du baryton Sean Michael Plumb (Melot), l'impressionnante voix de ténor de Matthew Cairns (Berger et Matelot), qu'on verrait bien dans des emplois wagnériens plus consistants, et le très bref mais efficace Timonier du baryton Geoffrey Schellenberg.
PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE
Le chef d'orchestre Yannick Nézet-Séguin
Yannick Nézet-Séguin est toutefois le plus grand chanteur de la soirée à la tête de son Orchestre Métropolitain (et des hommes du Chœur Métropolitain dans le premier acte).
Le chef, qui émeut dès un Prélude amoureux et respirant à pleins poumons, ne lâche pas un instant ses musiciens durant ces quelque quatre heures de musique, guidant chaque motif au bercail et ne faisant qu'un avec ses chanteurs.
On rêvera longtemps de cette soirée bénie.
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