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3 days ago
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Le message à retenir de l'élan souverainiste des jeunes
Grand spectacle de la fête nationale au parc Maisonneuve, à Montréal Le message à retenir de l'élan souverainiste des jeunes Qui l'eût cru ? Alors que Donald Trump menace d'annexer le Canada, la souveraineté du Québec redevient à la mode chez les jeunes. Selon des sondages CROP et Léger, presque la moitié (47 % pour CROP, 48 % pour Léger) des jeunes de 18-34 ans voteraient Oui à un référendum sur l'indépendance du Québec, 20 points de plus qu'il y a un an. Ces chiffres doivent être pris avec un grain de sel, car l'échantillon est faible et la marge d'erreur élevée. Mais on ne peut pas ignorer la tendance qui se dessine, d'autant que les jeunes sont souvent des précurseurs en politique. Ce sont eux qui ont amorcé la vague orange de Jack Layton, eux qui ont appuyé Justin Trudeau les premiers. Il faut donc porter attention au message des jeunes, qui ont un poids démographique et électoral appréciable. La cohorte des 18-34 ans représente 21 % de la population du Québec, presque autant que les baby-boomers qui ont largement dominé la pyramide des âges pendant des décennies. Mais il reste difficile d'expliquer le regain de popularité de la souveraineté chez les jeunes, dans un contexte où les anciens moteurs qui propulsaient le souverainisme manquent de carburant. La défense du français et de la culture québécoise ? Ce n'est pas ce qui galvanise les jeunes, si l'on se fie à une enquête diffusée par l'Institut de la statistique du Québec, cette semaine. Cinéma, télévision, radio, livres… de toutes les cohortes, ce sont les jeunes qui s'intéressent le moins au contenu québécois. Et de loin. Chez les jeunes, le contenu anglophone a la cote. L'idéal de la social-démocratie ? Aujourd'hui, les contribuables ont l'impression de ne pas en avoir pour leur argent, alors les services publics craquent de partout. Le désir de prendre le contrôle de sa destinée ? On n'est plus à l'époque où les anglophones contrôlaient le Québec. Alors, qu'est-ce qui a fait bouger l'aiguille ? Peut-être le dépit des jeunes face à leur avenir… Les jeunes sont les principales victimes de la détérioration récente du marché du travail. Chez les 15-24 ans, le taux de chômage atteint presque 15 % au Canada, un sommet depuis 2010. Et ça pourrait se corser avec l'intelligence artificielle qui menace les postes des premiers échelons. Déjà que les jeunes n'arrivent plus à acheter une maison à cause de l'explosion des prix de l'immobilier qui a permis à leurs aînés de s'enrichir. Déjà qu'ils subissent de plein fouet la hausse des loyers qui touche moins ceux qui ont un logement depuis longtemps. Financièrement coincés, les jeunes peuvent avoir l'impression que les partis fédéralistes, au pouvoir depuis des années à Ottawa comme à Québec, n'ont pas pris leurs problèmes assez au sérieux. Même si Mark Carney promet de doubler la construction d'habitations, la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) prévoit plutôt que les mises en chantier vont fondre jusqu'en 2027 et se retrouver 13 % en dessous du niveau de 2024. Par ailleurs, le premier ministre s'est empressé d'éliminer la taxe carbone fédérale dès son arrivée au pouvoir. Il parle de faire du Canada une puissance énergétique, ce qui plaît à l'Alberta, mais cadre mal avec les valeurs des jeunes, pour qui la protection de l'environnement est un enjeu existentiel. Cela peut expliquer leur désillusion face au système en place. Reste que la souveraineté du Québec est une avenue bien périlleuse face aux menaces de Donald Trump. Il vaut mieux se serrer les coudes que de se déchirer, et faire le jeu du président des États-Unis. Justement, l'appui à l'indépendance a chuté chez les Québécois plus âgés, depuis le début de la guerre tarifaire. Mais les jeunes hommes – plus antisystèmes – peuvent avoir l'impression qu'un Québec indépendant défendrait mieux leurs intérêts spécifiques, comme la gestion de l'offre. Au-delà de ces considérations, les jeunes peuvent être inspirés par la victoire du Parti québécois (PQ) aux trois dernières élections complémentaires. Le chef Paul St-Pierre Plamondon suscite un enthousiasme qu'on ne retrouve pas dans les autres partis. Il a le flair de parler de sujets qui touchent les gens, comme le temps d'écran chez les jeunes. Et en promettant un référendum dès son premier mandat, il a eu le courage de remettre à l'agenda une option qui sentait la nostalgie. L'idée peut être attirante pour les jeunes qui n'ont pas vécu les tensions politiques et les chicanes familiales des référendums – 1995… ça fait 30 ans. Brandir l'épouvantail de la souveraineté ne sera donc pas suffisant pour faire peur aux électeurs tentés de voter péquiste. D'ailleurs, 30 % de ceux qui appuient le PQ voteraient Non en cas de référendum, ce qui est inhabituel. Mais brandir la souveraineté ne sera pas suffisant non plus pour répondre aux aspirations des jeunes qui ne sont pas assez naïfs pour croire que l'indépendance résoudra tous les enjeux auxquels ils sont confrontés au quotidien. Le « livre bleu » que le PQ doit présenter d'ici le début de 2026 sera donc un test important. Mais tous les partis – souverainistes ou pas – devraient réfléchir sérieusement à ce qu'ils proposent aux jeunes. Pour se renouveler, il faut plus qu'un remaniement ministériel à la Coalition avenir Québec ou qu'un changement de chef au Parti libéral et à Québec solidaire. Il faut du contenu. L'heure est venue de redéfinir un État providence où les promesses de la Révolution tranquille ne deviendront pas un fardeau insoutenable pour les générations futures. Il faut rendre le Québec plus productif, inclusif, équitable et vert. Il faut un nouveau contrat social où les jeunes trouvent leur compte.


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5 days ago
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L'alarme devrait sonner chez les fédéralistes
L'ex-journaliste et sénateur André Pratte soupèse les causes et conséquences de la montée de l'appui au souverainisme chez les jeunes de 18 à 34 ans ANDRÉ PRATTE Ancien journaliste et ex-sénateur, l'auteur est consultant en communications et étudiant au doctorat en histoire à l'UQAM « Favorables à 56 % : 'Montée spectaculaire' du souverainisme chez les jeunes1 », titrait La Presse+ le 8 août. Le texte faisait état d'un récent sondage de la firme CROP confirmant un puissant sursaut de l'appui à l'indépendance chez les Québécois âgés de 18 à 34 ans, sursaut d'abord mesuré par Léger en juin. Deux sondages de deux firmes respectées ayant décelé cette tendance, celle-ci est indéniable. Toutefois, avant de tenter d'en comprendre les causes et les conséquences, il faut mettre les choses en perspective. CROP a posé deux questions à l'échantillon de 1000 personnes interrogées cet été. D'abord, on a demandé aux gens s'ils étaient très favorables, plutôt favorables, plutôt défavorables ou très défavorables à la souveraineté du Québec. À cette première question, 56 % des personnes interrogées ont dit qu'elles étaient défavorables à la souveraineté, tandis que 44 % ont dit qu'elles étaient favorables. C'est ici qu'une majorité, soit 56 %, des jeunes ont répondu qu'ils étaient, eux, favorables à la souveraineté, composant ainsi la seule tranche d'âge adhérant au projet indépendantiste. Dans un deuxième temps, CROP a demandé aux répondants s'ils voteraient Oui ou Non s'il y avait un référendum sur la souveraineté du Québec. Une majorité de 59 % des personnes interrogées, soit en gros le même pourcentage que lors du référendum de 1980, ont dit qu'elles voteraient Non, contre 41 % qui voteraient Oui. Le score de l'indépendance est donc un peu plus faible lorsque les Québécois sont confrontés au choix entre Oui et Non dans une consultation populaire que lorsqu'on leur demande s'ils sont favorables ou défavorables à la souveraineté de manière générale. À la question référendaire, les jeunes de 18 à 34 ans répondent Non en majorité (53 %), contre 47 % qui répondent Oui. En juin, Léger mesurait le Oui chez les jeunes au même niveau (48 %). Facteurs divers Ces précisions apportées, il reste évident que l'option souverainiste enregistre un fort regain d'appuis auprès des jeunes. Pourquoi ? Ce n'est pas clair. Aucun évènement précis (par exemple, l'échec du lac Meech en 1990) ne peut expliquer ce sursaut. D'autant que, selon tous les observateurs, les menaces de Donald Trump devaient provoquer au contraire un ralliement autour du Canada. De toute évidence, ce n'est pas ce qui est en train de se produire parmi les Québécois de 18 à 34 ans. Divers facteurs peuvent jouer en faveur de l'option indépendantiste chez les jeunes : l'omniprésence des souverainistes (intellectuels, politiciens, artistes) sur les réseaux sociaux, les difficultés économiques des moins de 35 ans (qui verraient dans l'indépendance une solution possible), la perception qu'un Québec indépendant serait mieux à même de défendre ses intérêts face aux États-Unis de Donald Trump, la jeunesse et le style de leadership du chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, qui a pu célébrer une nouvelle victoire dans une élection partielle lundi dans Arthabaska. Le déclin de Québec solidaire (QS), parti dans lequel beaucoup de jeunes avaient mis leurs espoirs, peut aussi jouer ; les 18 à 34 ans ont le goût que la société change, et comme QS ne semble plus en mesure de livrer ce changement en profondeur, ils se tournent vers le PQ et son option. Même si une majorité de 60 % des Québécois continuent de préférer l'option canadienne à la séparation, l'appui d'une proportion croissante de jeunes est une excellente nouvelle pour le mouvement souverainiste. Cet appui insufflera énergie et enthousiasme dans la campagne électorale – et peut-être la campagne référendaire – à venir. À l'inverse, ces données sont – ou à tout le moins, devraient être – un signal d'alarme pour les Québécois qui croient que les intérêts du Québec sont mieux servis au sein de la fédération canadienne. Parmi les politiciens qui prônent cette option, plusieurs avaient l'impression que le débat constitutionnel était mort et enterré, surtout depuis l'élection de M. Trump. Il s'en trouvait aussi un bon nombre pour penser qu'il suffirait, lors des prochaines élections provinciales, d'agiter le spectre du référendum pour repousser la menace péquiste. La montée souverainiste chez les jeunes indique que ni l'une ni l'autre de ces hypothèses n'est vraie. Au cours des prochains mois, le Parti québécois publiera un « livre bleu » détaillant son argumentaire en faveur de l'indépendance. Le camp du Non – puisqu'il faut se résoudre à revenir à cette appellation – doit fourbir ses armes pour répondre point par point, de manière posée et rigoureuse. Surtout, il lui faut mobiliser cette moitié des jeunes, dont on ne parle jamais, qui s'opposent à la séparation. Ce ne sont pas des sexagénaires comme l'auteur de ces lignes qui convaincront les Québécois de 20 à 30 ans de la valeur du projet canadien. Le débat doit se faire entre jeunes. 1. Lisez « Favorables à 56 % : 'Montée spectaculaire' du souverainisme chez les jeunes » Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue


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08-08-2025
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« Montée spectaculaire » du souverainisme chez les jeunes
La foule lors du Grand spectacle de la fête nationale à Montréal au parc Maisonneuve Les chiffres rappellent ceux de l'époque du deuxième référendum. Dans une « montée spectaculaire » du souverainisme qui se poursuit chez la jeune génération, 56 % des 18 à 34 ans sont maintenant favorables à l'indépendance du Québec. Ces données proviennent d'un sondage CROP obtenu par La Presse, mené en juillet et août auprès de 1000 répondants. Elles confirment du même coup le récent enthousiasme pour la souveraineté chez les jeunes, relevé dans un premier temps par un sondage Léger en juin dernier. Pour Alain Giguère, président de la firme CROP, ce « renouveau » chez les 18-34 ans est attribuable à une « désillusion envers la capacité d'Ottawa à faire quelque chose pour leur vie ». « On a l'impression que de moins en moins, Ottawa peut faire des choses ou organiser des services pour nous », affirme-t-il. On a donc un mouvement chez les jeunes, qui sont convaincus que leurs conditions de vie s'amélioreraient si on devenait souverains. Alain Giguère, président de la firme CROP Chez les francophones, 50 % sont favorables à la souveraineté. En comparaison, seuls 22 % des non-francophones y adhèrent. C'est le critère démographique qui crée la plus grande dissonance parmi les répondants. Par ailleurs, les répondants habitant en région métropolitaine de Montréal appuient la souveraineté à 38 %, contre 45 % dans la région métropolitaine de Québec et 49 % dans le reste de la province. Dans l'ensemble, 44 % des répondants au sondage soutiennent l'idée de l'indépendance du Québec, alors que 56 % d'entre eux sont contre. On observait des statistiques comparables durant la période précédant la campagne référendaire de 1995. Remontée considérable « Dans l'ensemble, on peut dire que ce sont des chiffres très encourageants pour les souverainistes. C'est une remontée assez considérable du côté du Oui », observe Jacques Beauchemin, professeur associé au département de sociologie de l'UQAM et ancien conseiller politique de Pauline Marois. PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE Jacques Beauchemin, professeur associé au département de sociologie de l'UQAM C'est un renversement de tendance total. Ça fait des années que les jeunes n'étaient plus au rendez-vous, qu'ils [s'en désintéressaient]. J'y vois une remontée saisissante. Jacques Beauchemin, professeur associé au département de sociologie de l'UQAM « J'ai l'impression que les jeunes, avec le conflit tarifaire, ont redécouvert les vertus des frontières de la nation, comme base à promouvoir et à défendre. Ils se disent : peut-être qu'avec la représentation, qu'avec le Québec comme pays souverain, on pourrait organiser notre lutte à partir des intérêts québécois, qui ne sont pas nécessairement les intérêts canadiens. » Guillaume Rousseau, directeur des programmes de droit et politique appliqués de l'État à l'Université de Sherbrooke, se dit frappé « par la force du Oui chez les jeunes ». Il ne se souvient pas d'une telle « configuration » depuis le scandale des commandites en 2002, voire depuis la période du deuxième référendum. « Visiblement, le discours identitaire du Parti québécois et des souverainistes ne rebute pas les jeunes, comme on pouvait le penser », déclare M. Rousseau. PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE Guillaume Rousseau, directeur des programmes de droit et politique appliqués de l'État à l'Université de Sherbrooke « Il y a un mouvement de fond qui se trame chez les jeunes. C'est une ébullition par rapport à il y a deux ou trois ans, on le voit sur les réseaux sociaux et dans les spectacles », affirme Marc-Antoine Lemay, animateur du balado Génération OUI, réagissant au sondage. Lors des Francos, en juin dernier, la chanteuse Lou-Adriane Cassidy a tendu le micro à une foule de jeunes qui scandaient « Le Québec, un pays ! ». Les chansons à forte saveur souverainiste du jeune rappeur kinji00 ont la cote. Sur les réseaux sociaux, les pages produisant des vidéos de discours référendaires accompagnés de morceaux des Cowboys Fringants se multiplient. « C'est la question fondamentale : qui va décider pour nous ? Le Canada ou le Québec ? Pourquoi le Québec ne serait-il pas capable de faire comme les autres ? Pourquoi on n'a pas encore choisi de se doter d'un pays et de s'appartenir clairement ? », plaide le jeune homme de 26 ans. Diminution chez les 55 ans et plus Auprès des 35-54 ans, l'appui au Québec indépendant est de 44 %. Il diminue cependant jusqu'à 37 % chez les 55 ans et plus, indique le sondage. C'est la tranche d'âge qui est le moins enthousiaste devant cette idée. « C'est la recherche de sécurité ou la prudence économique qui fait que, dans le contexte actuel, pour eux, ce n'est pas le temps de parler de souveraineté », analyse Alain Giguère. Évidemment, on dit parfois que les aînés votent plus que les jeunes. Les taux de participation sont donc à surveiller. Guillaume Rousseau, directeur des programmes de droit et politique appliqués de l'État à l'Université de Sherbrooke « Certains vont dire que 44 %, c'est comme si la victoire était à portée de main… Moi, ça m'apparaît un peu optimiste. En 1980, il n'y avait pas eu une montée du Oui durant la campagne comme en 1995. On ne peut pas assumer que ça va se reproduire. Mais en même temps, c'est rare que les appuis s'effondrent », poursuit-il. Plus généralement, Jacques Beauchemin tient à nuancer la hausse des appuis, qu'il attribue en partie à la conjoncture des tarifs américains. « C'est trop rapide de dire que l'indépendance est faite. C'est ce que les politiciens vont dire, mais ce n'est pas aussi simple », pense-t-il. L'épreuve de la réalité Si la proportion de répondants « favorables » à la souveraineté est de 44 %, ce sont en réalité 41 % des répondants, soit un peu moins, qui voteraient ou seraient tentés de voter « oui si le référendum avait lieu aujourd'hui ». « C'est la différence entre le rêve et la réalité, évalue Alain Giguère. Passer du fantasme à l'action, il y a une petite réserve. » Cette tendance s'observe pour toutes les catégories démographiques du sondage.