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4 hours ago
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Le PQ remporte Arthabaska
Le Parti québécois (PQ) s'empare d'un autre bastion caquiste et empêche le chef conservateur Éric Duhaime de faire son entrée à l'Assemblée nationale. (Victoriaville) Le Parti québécois (PQ) s'empare d'un autre bastion caquiste et empêche le chef conservateur Éric Duhaime de faire son entrée à l'Assemblée nationale. Pour la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault, c'est toute une raclée. Le candidat du PQ Alex Boissonneault a remporté Arthabaska lundi avec 46,3 % des votes. L'ex-animateur de radio à Québec devient le sixième député péquiste. « Nous sommes approximativement à un an des prochaines élections générales au Québec et [les électeurs d'Arthabaska] ont envoyé un message clair qui fait écho dans tout le Québec : le Québec réclame un changement profond », a lancé le chef Paul St-Pierre Plamondon devant la foule conquise. L'annonce de la victoire dans Arthabaska a provoqué une explosion de joie dans la microbrasserie L'Hermite, où s'entassaient plus de 200 militants dans une chaleur quasi suffocante. « Le Québec, un pays ! Le Québec, un pays ! », ont scandé les péquistes en liesse. PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE Le rassemblement du Parti québécois « Il faut demeurer modeste. Ç'a été une lutte serrée, et pour la suite des choses, rien n'est gagné d'avance, mais notre objectif, c'est de former le prochain gouvernement », a soutenu le chef péquiste. Éric Duhaime a perdu son pari de porter la voix du Parti conservateur du Québec (PCQ) au Parlement, terminant deuxième avec un score de 35,1 %. « Je le sais que vous êtes déçus, je le suis aussi énormément. Mais on savait que le pari était difficile depuis le départ », a déclaré M. Duhaime devant environ 200 militants conservateurs qui l'ont applaudi chaleureusement malgré la défaite. Son résultat représente un gain de 10 points par rapport au score du PCQ dans cette circonscription en 2022. « Je sais que c'est difficile pour tout le monde ce soir, mais la progression, elle est là, a-t-il insisté. Aujourd'hui, on a perdu une bataille, mais il y a une guerre qui s'en vient en octobre 2026 », les prochaines élections générales. PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE Éric Duhaime La débâcle de la CAQ est spectaculaire. Son candidat Keven Brasseur se contente de miettes : 7,2 % des votes. Le Parti libéral du Québec (PLQ) fait un peu mieux : 9,3 %. Québec solidaire (QS) tombe au cinquième rang avec un famélique 1,5 %. La CAQ avait remporté près de 52 % des suffrages dans Arthabaska lors des élections générales de 2022. Le PCQ suivait à 25 %, puis le PQ à 10 %. Le premier ministre François Legault a concédé la victoire avant même que le nom du vainqueur ne soit connu lundi soir. Il a dit prendre l'« entière responsabilité » de la défaite. PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE Francois Legault et le candidat défait Keven Brasseur « L'excuse facile, ce serait de dire que ce n'est qu'une élection partielle, mais il ne faut pas se mettre la tête dans le sable. Les gens d'Arthabaska-L'Érable ont été les porte-parole de l'ensemble des Québécois, et les Québécois sont déçus de notre gouvernement », a poursuivi M. Legault. Parmi les raisons de cette déception : les pertes dans le projet Northvolt, le scandale SAAQclic, mais aussi le fait que le gouvernement n'a « pas fait assez pour améliorer l'efficacité des services publics ». « Au cours des prochaines semaines, on va se regarder dans le miroir et on va prendre toute la responsabilité de la déception des Québécois. Puis on va faire des changements, on s'y met dès maintenant », a lancé M. Legault. Le premier ministre a convoqué son caucus à une réunion spéciale ce jeudi à Québec pour écouter leurs préoccupations et préparer une relance. Le Conseil des ministres se réunira la veille, une première rencontre depuis les vacances estivales. François Legault a déjà promis un remaniement ministériel, qui sera annoncé bientôt. Pour le PQ, c'est un retour dans cette circonscription du Centre-du-Québec, où il a régné de 1989 à 2003. Surtout, la formation poursuit son élan amorcé il y a deux ans. Premier dans les sondages au Québec depuis novembre 2023, la formation de Paul St-Pierre Plamondon a remporté les deux précédentes élections partielles : Jean-Talon à Québec en octobre 2023 et Terrebonne en mars dernier, deux circonscriptions qui étaient détenues par la CAQ. PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE Pour le PQ, c'est un retour dans cette circonscription du Centre-du-Québec, où il a régné de 1989 à 2003. Surtout, la formation poursuit son élan amorcé il y a deux ans. La victoire dans Arthabaska renforce son statut de principal aspirant au pouvoir. Elle tombe à point nommé pour Paul St-Pierre Plamondon, qui cherche à gagner des points dans l'opinion publique, alors que le Parti libéral du Québec (PLQ) vient d'apparaître dans son rétroviseur à la faveur de l'élection de son nouveau chef Pablo Rodriguez le 14 juin. Pour Alex Boissonneault, l'élection partielle a été « à saveur d'une élection générale » alors qu'il amorce un mandat « court et chargé » d'une durée d'un an. « Une élection déclenchée en plein été dans le but manifeste de profiter de l'inattention des citoyens », a déploré le nouveau député. « Les gens ont plutôt choisi de se présenter en nombre record pour exprimer leur voix. Il faut saluer ce geste retentissant ! » Le taux de participation a atteint 61,7 %, 20 points de pourcentage de plus que la moyenne des élections partielles depuis 1998. Le leader du Parti québécois a choisi d'attendre à la toute fin de son discours pour parler de la souveraineté, alors que ses adversaires lui reprochaient d'avoir esquivé le sujet pendant la campagne. « C'est une défaite aussi pour les partis qui n'avaient que pour seul argument la peur du référendum », a-t-il affirmé, admettant néanmoins que l'appétit des citoyens d'Arthabaska pour l'indépendance n'était pas au rendez-vous. « Je ne vous cacherai pas que cette partielle-là portait davantage sur le choix d'un député et la qualité de la représentation », a expliqué M. St-Pierre Plamondon en mêlée de presse. Il a reconnu que les électeurs, « dans Arthabaska plus qu'ailleurs », ne partageaient pas son sentiment d'urgence de tenir un référendum. Il maintient malgré tout son engagement de lancer un tel exercice dans un premier mandat. PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE Paul St-Pierre Plamondon De son côté, Éric Duhaime espérait faire son entrée au Parlement en se portant candidat dans Arthabaska, alors qu'il s'était présenté dans Chauveau, dans la région de Québec en 2022. Lors de ces élections générales, le PCQ n'a fait élire aucun député même s'il a récolté 12,9 % des suffrages – un score proche de ceux du PLQ, du PQ et de Québec solidaire. Les portes du Parlement lui demeurent aujourd'hui fermées. « Ce soir, on a manqué une occasion historique de corriger la pire distorsion démocratique de l'histoire du Québec. Il y a encore plus d'un Québécois sur huit qui va avoir 0 représentant sur 125 à l'Assemblée nationale. C'est pas juste le Parti conservateur du Québec qui a perdu, c'est la démocratie québécoise », a déclaré Éric Duhaime. Il s'est félicité d'avoir fait de son parti « une opposition au Parti québécois dans le Québec francophone ».


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3 days ago
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« Les jeunes nous parlent », répond Paul St-Pierre Plamondon
Paul St-Pierre Plamondon a pris la parole, vendredi en avant-midi, lors d'une conférence de presse bilan pour l'élection partielle d'Arthabaska. Vendredi matin, un sondage CROP obtenu par La Presse révélait que 56 % des personnes de 18 à 34 ans étaient en faveur de l'indépendance du Québec, des chiffres historiques. Paul St-Pierre Plamondon accueille la nouvelle à bras ouverts. « Les jeunes nous parlent. Et ils demandent juste de l'écoute. Les jeunes se préoccupent de l'avenir du français, de l'immigration, du gaspillage de milliards », a répondu le chef du Parti québécois aux résultats du sondage. Globalement, ce sont 44 % des répondants, tous âges confondus, qui sont soient « favorables » ou « très favorables » à l'idée d'un Québec indépendant. 41 % des répondants voteraient oui « si le référendum avait lieu aujourd'hui ». M. St-Pierre Plamondon affirme vouloir mettre de l'avant une mentalité de dialogue social. « Quand les jeunes nous parlent, ce n'est pas anodin. » Lors du débat télévisé de l'élection partielle la circonscription d'Arthabaska-L'Érable, le candidat Alex Boissonneault a glissé qu'il y avait « une discussion à avoir sur le référendum et sur la souveraineté ». Cette déclaration lui a valu des flèches de ses adversaires, qui y voyaient une incohérence avec le plan d'un référendum dans le cas d'un éventuel premier mandat du PQ. « Ce que M. Boissonneault a dit […], c'est qu'il y aura des discussions sur le moment de consulter les Québécois dans une fenêtre de quatre ans. Là, on parle de 2027 à 2030 », a voulu clarifier PSPP. Il ne s'agit pas de savoir « si » le référendum aura lieu, mais de « quand ». Pour Duhaime, la jeunesse conservatrice PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, LA PRESSE Le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime En entrevue avec La Presse, vendredi à Victoriaville en marge du bilan de sa campagne, Éric Duhaime a émis de nombreuses réserves quant aux résultats du sondage. Ce que je retiens du sondage, c'est d'abord et avant tout que si le référendum avait lieu aujourd'hui, le camp du oui perdrait. C'est ça la réalité. Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec Pour le chef conservateur, il n'est pas « le temps de se diviser et d'affaiblir le Québec » avec la question de la souveraineté, lui qui dénonce l'« obsession référendaire » de PSPP. M. Duhaime voit plutôt dans les chiffres une autre tendance chez les jeunes : « c'est le fait qu'ils sont conservateurs. Si c'était juste les gens de 50 ans et moins qui votaient dans la circonscription, on serait 23 % en avance. Ça a été la même chose avec Pierre Poilievre au fédéral : s'ils avaient décidé, on aurait eu un gouvernement majoritaire conservateur à Ottawa », résume-t-il. Ghazal « agréablement surprise » PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, ARCHIVES LA PRESSE La porte-parole de Québec solidaire, Ruba Ghazal « Ça fait longtemps que je rêvais ardemment de voir les jeunes appuyer l'indépendance du Québec », s'est réjoui Ruba Ghazal, co-porte-parole de Québec solidaire, sur son compte Instagram vendredi. « Honnêtement, je suis agréablement surprise de voir une telle montée chez les 18-34 ans, alors qu'il était le plus bas il n'y a pas si longtemps », a-t-elle poursuivi. Pour la députée de Mercier, l'indépendance est « plus qu'un changement de passeport », mais aussi le fait de « porter un projet de société ambitieux, beaucoup plus grand que nous, pour transformer le Québec ». C'est justement pour convaincre les jeunes n'adhérant pas nécessairement au projet d'indépendant que QS a lancé la campagne Nouveau Québec, en janvier 2024, et qu'elle y travaille depuis. « Lors de la tournée que j'ai faite, entre autres, dans les cégeps et universités, il y avait un intérêt marqué quand je faisais le lien entre l'indépendance et l'environnement et le nationalisme inclusif. Sortir de l'état pétrolier canadien et inclure les gens qui choisissent le Québec dans le nouveau pays, voilà des raisons fortes de devenir indépendants », pense la solidaire.


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6 days ago
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Mélissa Généreux en discussion avec le Parti québécois en vue d'une potentielle candidature
(Québec) L'ex-candidate vedette de Québec solidaire (QS) la Dre Mélissa Généreux est en discussion avec le Parti québécois (PQ) en vue d'une potentielle candidature pour les élections de 2026, a appris La Presse Canadienne. La principale intéressée assure toutefois qu'aucune décision n'a été prise pour l'instant. Thomas Laberge La Presse Canadienne « Oui, il y a eu des échanges, des discussions qui ont repris. Mais c'est sûr qu'il n'y a rien de confirmé à ce stade-ci », a indiqué Mme Généreux à La Presse Canadienne lors d'un appel téléphonique mardi. « Il y a des personnes au PQ avec qui j'ai de super belles discussions. Je trouve qu'au niveau de la plateforme, il y a plein d'éléments qui me rejoignent beaucoup […]. Honnêtement, je suis pas mal certaine qu'il pourrait se développer quelque chose d'intéressant ensemble », ajoute l'ancienne directrice de santé publique de l'Estrie. Mélissa Généreux a été candidate pour QS lors des élections générales de 2022. Elle s'est présentée dans la circonscription de Saint-François, en Estrie. Elle a finalement mordu la poussière face à la candidate caquiste Geneviève Hébert. En novembre 2024, elle participe au Conseil national du PQ à titre d'experte en santé publique. En entrevue avec La Presse quelques jours avant sa participation, elle dit s'entendre « super bien » avec le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon, mais qu'il est trop tôt pour penser à l'élection de 2026. Mardi, elle a indiqué qu'à l'époque, il y avait des enjeux de santé dans sa famille qui l'empêchaient de réfléchir à une telle avenue, mais que maintenant les choses se rétablissent. « Depuis la fin du printemps, début de l'été, je me suis mise un peu plus à me dire : 'Bon Dieu, c'est vrai que les élections, ça s'en vient bientôt, il faudrait que je me fasse une tête' », lance la médecin spécialiste en santé publique. Questionnée à savoir ce qui l'avait incité à ne pas retourner vers QS, elle évoque les « difficultés internes » du parti. Mélissa Généreux veut avant tout poursuivre sa réflexion avant de prendre une décision. « Pendant ce temps-là, je lis, je me documente, je m'approprie un peu plus leur plateforme. Comprendre un peu plus les idées, juste pour être certaine que je connais encore mieux ce que le parti a à proposer », explique-t-elle. « C'est sûr que tout ce qui touche au service public, la santé, l'éducation, c'est toujours ce qui m'a particulièrement intéressé et où je pense que je pourrais avoir une contribution », ajoute Mme Généreux. Appelée à commenter, la porte-parole du PQ Laura Chouinard-Thuly a indiqué : « Nous avons des discussions avec des intervenants sur une foule de sujets. Plusieurs personnes lèvent la main et plusieurs personnes tâtent le terrain. Mais nous ne sommes pas encore rendus à confirmer des candidatures pour 2026. » L'agrégateur de sondages Qc125 place le parti de Paul St-Pierre Plamondon en première place avec 31 % des intentions de vote au niveau national, alors que QS doit se contenter de la cinquième place avec 10 %. Les prochaines élections générales auront lieu en octobre 2026.


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03-08-2025
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Élection partielle dans Arthabaska
À l'heure actuelle, la lutte dans Arthabaska semble surtout opposer le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, au candidat du Parti québécois, Alex Boissonneault. Les candidats choisis par les autres partis représentés à l'Assemblée nationale sont Chantale Marchand, pour le Parti libéral du Québec, et Pascale Fortin pour Québec solidaire. (Montréal) Le vote par anticipation dans la circonscription d'Arthabaska, dans le Centre-du-Québec, se déroule samedi et dimanche en vue du scrutin du 11 août. Pas moins de 10 candidats se font la lutte. La Presse Canadienne À l'heure actuelle, la lutte semble surtout opposer le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), Éric Duhaime, au candidat du Parti québécois (PQ), Alex Boissonneault. La Coalition avenir Québec (CAQ), le parti du gouvernement Legault, y présente le candidat Keven Brasseur. Les candidats choisis par les autres partis représentés à l'Assemblée nationale sont Chantale Marchand, pour le Parti libéral du Québec (PLQ), et Pascale Fortin pour Québec solidaire (QS). Les autres candidats qui ont reçu l'autorisation d'Élections Québec de se présenter sont Louis Chandonnet (Équipe autonomiste), Denis Gagné (indépendant), Trystan Martel (Climat Québec), Arpad Nagy (indépendant) et Éric Simard (Union nationale). Cette élection partielle est devenue nécessaire à la suite du départ du député caquiste Éric Lefebvre, en cours de mandat, qui a tenté sa chance sur la scène fédérale. M. Lefevre, qui porte les couleurs du Parti conservateur du Canada, a été élu le 28 avril dans la circonscription fédérale de Richmond-Arthabaska. Lors des dernières élections générales au Québec, en octobre 2022, Éric Lefebvre avait facilement été élu en obtenant 51,75 % des suffrages, devançant son plus proche rival, le candidat conservateur Tarek Henoud par plus de 12 200 voix.


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03-08-2025
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Véronique Hivon : « il faut se réapproprier sa vie »
Cet été, nos chroniqueurs tendent la main à des artistes, à des politiciens et à des gens d'affaires qui se trouvent à un tournant de leur carrière. Patrick Lagacé s'est entretenu avec Véronique Hivon, l'ancienne députée péquiste qui a quitté la politique il y a bientôt trois ans… et qui a enfin l'impression d'avoir trouvé un nouveau moyen d'avoir de l'impact. Une croisée des chemins peut durer le temps d'un éclair. Ou alors, prendre des années. Dans le cas de Véronique Hivon, c'est un peu des deux. Elle a dit adieu à la politique en 2022. Elle estime être encore un peu dans cette croisée des chemins qui est celle de tant d'ex-élus : la vie après la politique. Quand La Presse a lancé l'idée de cette série d'été sur la croisée des chemins, j'ai pensé à l'ancienne députée péquiste. Je savais qu'elle avait trippé sur la politique, qu'elle avait longuement mûri son départ… Et que l'après-politique, pour beaucoup d'anciens élus – que l'après soit choisi ou imposé –, est une phase difficile. À quelques mois des élections municipales, à un an et des poussières des élections québécoises, Véronique Hivon a partagé avec moi, le temps d'un café, quelques miettes de sagesse sur la croisée des chemins quand on laisse la politique… ou que la politique nous laisse. PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE Véronique Hivon Elle commence par parler longuement de ce que fut la politique, pour elle. De sa première tentative pour se faire élire, en 2007. De son élection dans son patelin d'origine, Joliette, en 2008. La politique, c'est un vortex, illustre-t-elle. Les allers-retours sur la 40, dans la neige. La politique est une aventure humaine, politique, parlementaire qui a donné un sens à ma vie. Celle de faire une différence dans le combat, d'apporter des changements. Mais tu es toujours dans un vortex, dans une succession d'évènements. Action, réaction… Véronique Hivon Un vortex, c'est un tourbillon, qui peut vous aspirer, qui est plus puissant que vous. Une nouvelle sort à 6 h 45, dit l'ancienne députée, « et à 7 h, il faut avoir une position, une réaction claire, nuancée, informée », penser à court terme en essayant de ne jamais perdre de vue le moyen et le long terme. Un vortex permanent. Dans le cas de Véronique Hivon, en 2008, elle apprivoisait simultanément deux tourbillons : celui de la politique et celui de la maternité. « J'ai eu mon investiture en juin 2008. Le gouvernement de Jean Charest était minoritaire, le Parti voulait être prêt. J'ai été élue le 8 décembre 2008… Et quelques jours avant le déclenchement, nous avons eu la réponse du Viêtnam : une petite fille nous attendait… » Véronique Hivon et son conjoint étaient en processus d'adoption depuis quelques années. Et là, à quelques jours des élections, le signal arrivait du bout du monde : votre petite fille vous attend ! « J'étais en campagne et mon chum m'envoyait des photos de sièges d'auto pour enfant, dit-elle… — Donc : double vortex ? — Double vortex ! » Elle est tombée dans la politique et dans la maternité en même temps, ratant sa prestation de serment avec tous les députés pour cause de voyage d'adoption au Viêtnam. Elle ne regrette rien, la politique et la parentalité ont été des aventures pleines de sens. La politique, la maternité : ça a commencé de façon intense. Et j'ai eu le sentiment pendant 14 ans que ça ne s'est jamais arrêté. Véronique Hivon Rien n'est parfait, mais quand même, le parcours de Mme Hivon comme députée est quelque chose comme un sans-faute : députée pendant 14 ans, ministre péquiste dans le court gouvernement minoritaire, admirée dans toutes les familles politiques pour son approche humaine et consensuelle, marraine (dans l'opposition) d'une loi qui a consacré une grande liberté, celle de choisir le moment de sa mort quand on est condamné par la maladie. Nous arrivons, justement, à la croisée des chemins : elle annonce en 2022 qu'elle ne se représentera pas dans Joliette. Après le vortex, le vertige ? « Tu peux pas t'ancrer en quelques semaines. J'ai pris une année de transition. Juste pour… vivre. Faire des lunchs à ma fille, la déposer à l'école, aller la voir en compétition. Mon Dieu que j'avais du bonheur et de l'émerveillement ! Je me suis remise en forme. J'ai fait quelques conférences. Mais je n'ai pris aucun engagement. » PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE Véronique Hivon Au gré de la conversation, ses souvenirs prennent la forme d'une sorte de mode d'emploi pour l'après-politique. « C'est beaucoup plus facile quand c'est ton choix. Quand tu décides de ne pas solliciter un autre mandat, comme je l'ai fait. Parce que tu as fait la démarche, la réflexion. C'est plus facile que quand les électeurs te disent 'au revoir'… Ce qui, des fois, peut être violent. » À ceux qui vont subir la défaite électorale, elle dit : « Il ne faut pas le prendre personnel, même si tu t'es donné. C'est généralement pas toi qui es rejeté. On vit des campagnes électorales basées sur les chefs, il y a des désirs de changement dans la population… Et je le dis : il peut y avoir du beau dans la vie après la politique ! » Après la politique, observe Véronique Hivon, il ne faut pas être dans l'insécurité de la suite : « Il faut se réapproprier sa vie. Tu trippes. C'est une passion. Et ça devient une partie de ton identité, d'être député. » Et c'est ça qui est dur : quand tu pars, tu délaisses une partie de ton identité. Alors tu fais face à des questions : qui es-tu, hors de la politique ? De quoi tu as envie ? Moi, j'ai apprécié comme ça se peut pas ces 14 années. Mais je me suis dit : tu verras ce qui s'en vient. Véronique Hivon Règle d'or, pour elle : ne rien forcer, ne rien choisir. S'accorder une véritable période de décompression. Je devine en écoutant Véronique Hivon que cet espace entre la fin de la politique et la suite de la vie est plein de brouillard. « J'ai eu des mains tendues, des offres. C'est un luxe et j'en suis consciente. Mais j'ai résisté. Je ne voulais pas m'engager trop vite. Donc, mon conseil aux élus qui doivent penser à l'après-politique est le suivant : donnez-vous du temps. Surtout quand vous perdez votre élection. À ceux qui vont perdre, il y a un deuil à faire. Votre GPS va inévitablement vous dire : 'Recalcul en cours'… Même quand tu y as réfléchi avant. » Pour Véronique Hivon, cette période tampon a été « payante », ça lui a permis de rester plusieurs mois à la croisée des chemins, à vivre et à penser à l'après. Avec le recul, elle estime avoir fait les bons choix : « Je me suis construit une après-vie politique avec différents morceaux… » PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE Véronique Hivon Dans la première année, rythme mollo : ici, des présences dans des conseils d'administration. Là, des conférences. Réapprivoiser sa vie, la vie. Et la suite. Réfléchir à la meilleure façon d'être utile et d'avoir de l'impact, deux étoiles polaires qui étaient claires pour elle en politique. Comment avoir de l'impact, être utile, après la politique ? Est arrivée cette offre de l'Université de Montréal : « Avez-vous envie d'enseigner, madame Hivon ? » Le choix universitaire revenait toujours en haut de ma liste quand je pensais à l'après-politique. Parce qu'il y a plein de possibilités à l'intérieur de cette possibilité. Recherche, conférences, enseignement. Et, aussi, la possibilité de toucher à plein de sujets : c'est plus horizontal que vertical. Véronique Hivon Un an après avoir quitté la politique, Véronique Hivon est donc devenue professeure invitée à la maîtrise en sciences politiques de l'Université de Montréal, où elle est aussi chercheuse-praticienne à la Maison des affaires publiques et internationales. En politique, elle se sentait utile et elle avait un impact, dit-elle. Dans la vie universitaire, elle se sent utile à enseigner la pratique du politique, à expliquer comment on passe d'une idée à une politique publique : « J'ai un sentiment d'utilité dans la transmission. » Et à la Maison des affaires publiques et internationales, Véronique Hivon essaie de corriger une lacune dont elle a souffert en politique : le manque de liens entre la recherche universitaire et la prise de décisions publiques. « Je trouvais que les universitaires n'avaient pas assez le réflexe d'aller vers le politique, vers les décideurs. Alors j'organise des rencontres entre décideurs et chercheurs, c'est un incubateur de politiques publiques… » Elle se sent utile, dans cette nouvelle vie. Pour l'impact, la politique en offre immédiatement, bien souvent. À l'université, dit Véronique Hivon, il faut intégrer qu'on travaille à moyen et à long terme. Ce qui ne la dérange pas, parce qu'en politique, elle était de celles qui prenaient justement leur temps : « On peut dire que ma croisée des chemins dure longtemps. À l'Université de Montréal, je peux essayer plein de choses. C'est un contrat annuel, renouvelable. C'est comme renouveler ses vœux, chaque année. Et je vis bien avec ça. » Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue