Dernières actualités avec #biodiversité


La Presse
20 minutes ago
- Science
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« Il faut repenser la place de l'enfant »
Avec son essai Pour une biodiversité de l'enfance – De la fabrique à la forêt, la pédopsychiatre Céline Lamy souhaite que la société porte un regard différent sur l'enfant. Selon elle, les principes de l'agriculture intensive sont souvent appliqués à l'enfant. On en fait des êtres normés, alors qu'ils devraient s'épanouir selon leur propre nature. Entrevue. Notre société réserve-t-elle un traitement inadéquat à l'enfant ? On est aveuglés, on est des pantins du système. Très tôt, l'enfant est précipité dans une course performative visant à le rendre très rapidement autonome et adapté aux exigences de la société. Il faut que nos enfants se développent au bon rythme, aient de bonnes notes à l'école. On est finalement dans une culture du rendement et de la statistique. Ce qui fait que lorsque notre enfant a un 90 %, on se dit que tout va bien, mais on ne se questionne pas sur ce qu'il y a derrière ce 90 %. Je vois beaucoup d'enfants qui sont d'excellents élèves à l'école, mais qui sont dans une souffrance énorme, car leurs parents ne voient que leur rendement scolaire et se disent que si ça se passe bien à l'école, c'est que tout va bien. Alors que les enfants sont anxieux, fatigués, déprimés. De l'extérieur, l'enfant a un bon rendement et ça n'inquiète personne. Pourquoi sommes-nous dans une crise de l'enfance ? On applique aux enfants les principes de l'agriculture intensive. Alors qu'il y a cette possibilité d'être dans la permaculture. La permaculture, c'est le bon sens du jardinier. Le jardinier ne se précipite pas pour asperger son jardin de pesticides. Il regarde ce qui pousse, ce qu'on peut mettre comme plantes les unes à côté des autres. Quand on étend ce principe à la vie et à l'enfant, ça change le paradigme, on pose notre regard sur l'enfant, on l'observe dans tous ces écosystèmes, à l'école, avec ses amis, avec sa famille. On a ainsi une vision à 360 degrés. En tant que médecin, on ne peut pas prendre des décisions en le voyant pendant une heure dans un bureau. On doit l'observer comme une petite pousse dans un jardin, écouter les rétroactions, s'ajuster et élaborer des solutions adaptées. Il y a aussi cette notion importante de biodiversité qu'il faudrait appliquer. C'est lorsque différentes espèces se côtoient qu'il y a une force et une résilience ensemble, et non une monoculture. Dans la vie et dans les écoles, c'est la même chose, pourquoi met-on ensemble les enfants qui ont le même trouble ? Il faut prôner la diversité, que les enfants soient mélangés avec des enfants différents, ne serait-ce que pour développer leur empathie. Mais les enfants ne sont-ils pas une priorité ? On ne peut pas supprimer des millions en éducation en se disant que les enfants, c'est la priorité. Il faut une réforme de l'éducation en profondeur, inspirée de la Finlande qui a tout mis à plat pour se recentrer sur les enfants. La permaculture, on peut la pratiquer à petits pas. Par exemple, envisager de travailler sur le potentiel de l'enfant en dehors de son potentiel scolaire. Qu'est-ce que cet enfant peut apporter à la classe ? Dans les premiers jours d'école, les professeurs peuvent découvrir les talents des enfants, au-delà des capacités scolaires. C'est important pour le groupe et pour les enfants. Savoir qu'un enfant dans la classe fait des maquettes ou est très doué en dessin, par exemple. C'est ce dont les enfants ont besoin, plutôt que les réduire à leur note de 40 %. PHOTO MARIE-HÉLÈNE GILBERT-LAMBERT, FOURNIE PAR CÉLINE LAMY Céline Lamy, pédopsychiatre et autrice La permaculture de l'enfance, ça veut dire considérer la vie différemment. Déjà, des professeurs me disent : « Je veux voir l'enfant derrière l'élève. » Vous parlez dans votre livre de l'importance de la nature pour les enfants. Être dehors a des bienfaits sur l'ensemble du développement de l'enfant (cognitif, affectif, moteur, social) et sur sa santé physique. L'enfant déploie son talent, sa créativité, il fait face à l'imprévu, au changement. Au Danemark, il y a 700 écoles maternelles nichées dans la forêt. Les écoles des villes ont des lieux forestiers où ils vont explorer. Cela fait partie de l'éducation. On n'enseigne pas la nature, on la vit. Il faut réapprendre à aimer la nature, un lieu apaisant. Le danger, il n'est pas dans la nature, il est à l'intérieur de nos maisons à travers les écrans. Vous proposez de créer un ministère consacré à l'enfance. Il faut repenser la place de l'enfant et créer un ministère voué à l'enfance dans le but de coordonner les politiques publiques qui le concernent, relatives à la santé, à l'éducation, à la famille, aux services sociaux et à la justice. Un ministère qui veillerait à ce que les services essentiels soient accessibles, adaptés aux besoins de chacun, et que les politiques publiques prennent en compte les besoins spécifiques (milieux défavorisés, handicaps, besoins éducatifs particuliers). Un ministère qui serait occupé par des adultes et des enfants, qui se parleraient vraiment et qui construiraient ensemble un nouveau jardin de croissance. Pour réenchanter le monde !


Le Figaro
an hour ago
- Science
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Ceva, le premier laboratoire de santé animale français, inaugure son nouveau siège à Libourne
Réservé aux abonnés Le laboratoire a vu son chiffre d'affaires multiplié par plus de dix depuis 1999. « Nous avons répertorié une centaine d'espèces animales dans cette zone humide, dont la loutre d'Europe menacée, qui devient une réserve de biodiversité protégée », expose fièrement Marc Prikazsky, PDG de Ceva Santé Animale. La zone en question se trouve à Libourne, à quelques encablures de Bordeaux. Elle jouxte le nouveau siège, que le premier laboratoire de santé animale français et cinquième mondial inaugurait ce vendredi. François Bayrou et la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, n'ont finalement pas fait le déplacement, mais il suffisait d'observer le parterre d'élus locaux et régionaux, dont l'ancien ministre Thomas Cazenave et le président de région, Alain Rousset, et de dirigeants d'entreprises locales, sans oublier le président du club de rugby UBB, pour se rendre compte de l'importance de l'événement pour le territoire. Le nouveau vaisseau amiral, où travaillent 450 personnes sur un total de 7000 dans le monde, respecte les meilleurs standards environnementaux avec ses…


Le Figaro
14 hours ago
- Science
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Ce petit coléoptère devenu le prédateur de son prédateur
La nature réserve souvent d'étranges curiosités, comme ce petit animal qui refuse d'être toujours la proie. Il parvient ainsi à dévorer son chasseur, pourtant bien plus gros que lui. Une incroyable inversion des rôles. Une prédation inversée très étonnante. Habituellement, ce sont les amphibiens (grenouilles, crapaud, salamandre…) qui mangent les insectes. Ils sont leurs prédateurs naturels. Cependant, deux espèces de coléoptères ont su rebattre les cartes et remporter le combat à première vue très inégal. Ce sont les Epomis circumscriptus et Epomis dejeani. Ces petits insectes colorés, de la famille des carabes, ont une tête courte, 8 pattes, 2 antennes et 2 mandibules et mesurent une vingtaine de millimètres. Ils ont su évoluer et s'adapter pour ne plus redouter les amphibiens et même... s'en nourrir. Leurrer son prédateur Quel est donc le secret de l'épomis ? Une stratégie osée. Il fait en effet croire qu'il est une proie inoffensive, en bougeant ses membres. Ainsi, un crapaud est attiré par le mouvement, comme tous les amphibiens, et repère sa proie. Il se prépare ensuite à attaquer en toute confiance, avec sa langue, se délectant peut-être d'avance de son futur repas. Publicité Mais c'est un leurre. Aussi, au moment fatidique, l'épomis évite habilement son prédateur, ce qui le désoriente. Il s'accroche ensuite à l'amphibien. Il le parasite rapidement, le rendant inoffensif, ce qui permet au petit coléoptère de le manger. Mais si en général, le leurre et la contre-attaque fonctionnent, il arrive aussi que l'amphibien reprenne le dessus sur son petit adversaire. Le coléoptère épomis, pourtant petit parvient à être le prédateurs des crapauds, grenouilles. Capture Youtube Ce qui est également fascinant dans cette prédation inversée, c'est qu'elle concerne aussi les larves, encore plus petites. Observées en laboratoires par des chercheurs, elles utilisent le même procédé que les adultes. Si bien que les epomis sont devenus les prédateurs ordinaires des amphibiens. Morale de l'histoire : tel est pris qui croyait prendre !


Le HuffPost France
a day ago
- Politics
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Entre loups et éleveurs, Emmanuel Macron a clairement choisi son camp
POLITIQUE - Abattre plus de loups ? Il n'est clairement pas contre. Au chevet des éleveurs, Emmanuel Macron a plaidé, ce jeudi 3 juillet, pour empêcher l'implantation du loup là « où il y a du pastoralisme », quitte à autoriser qu'un plus grand nombre de canidés soient abattus. Une décision saluée par le premier syndicat agricole la FNSEA, mais décriée par les défenseurs de la biodiversité. « On ne va pas laisser le loup se développer et qu'il aille dans des massifs où il est en compétition avec des activités qui sont les nôtres », a ajouté le chef de l'État en marge d'un déplacement dans l'Aveyron. « Et donc ça veut dire qu'il faut, comme on dit pudiquement, le prélever davantage », a-t-il insisté. Selon un décompte de la préfète coordinatrice sur le loup publié fin juin, 64 loups ont été « détruits légalement » en 2025, le plafond autorisé étant 192, et 11 illégalement. La FNSEA appelle à « passer de la parole aux actes » Le chef de l'État a notamment argué que la présence de l'ours, du loup « et même du vautour » conduisait les éleveurs à laisser leurs bêtes « en bas ». « Et donc on a des terres qui redeviennent de la friche, de la broussaille et du coup qu'est ce qui se passe : je vous le parie, dans quatre ans on aura des incendies », a-t-il appuyé. Le chef de l'État « reconnaît la situation intenable des éleveurs face à la prédation », a salué le président de la FNSEA Arnaud Rousseau, qui a déploré « à mi-2025 », un « nombre de victimes (...) doublé par rapport à l'année 2024, atteignant des niveaux inédits », sur le réseau social X (ex-Twitter). « Il faut passer de la parole aux actes, Monsieur le Président », a ajouté Arnaud Rousseau, qui a notamment appelé à « lever la décision » prise récemment de restreindre « aux seules exploitations ayant subi au moins deux prédations dans les quatre derniers mois », l'envoi des louvetiers, bénévoles agréés par l'État pour abattre les loups. « Tous les gens qui inventent des règles et qui ne vivent pas avec des bêtes dans des endroits où il y a l'ours qui redéboule ou le loup, qu'ils aillent y passer deux nuits », a encore lancé le chef de l'État, assurant connaître « l'angoisse que ça représente » et fustigeant l'accumulation des règles imposées aux éleveurs. One Voice qualifie Emmanuel Macron de « fossoyeur des loups » Le président se fonde notamment sur la récente décision au niveau européen de déclasser le statut du loup, devenu une espèce « protégée » et non plus « strictement protégée ». Cette évolution avait d'ailleurs été dénoncée par des défenseurs de la biodiversité. « Et donc là, comme ce n'est plus une espèce très protégée, il ne faut pas qu'on attende qu'il se soit installé, que vous ayez fait tous les investissements, pour pouvoir prélever », c'est-à-dire abattre, des animaux. La prise de position présidentielle a fait bondir l'association de défense des animaux One Voice, qui a qualifié le chef de l'État de « fossoyeur des loups et de tous les animaux sauvages pour mieux flatter les lobbies de l'élevage et de la chasse ». Une loi envisagée Fin juin, le gouvernement avait déjà pris un arrêté permettant aux éleveurs bovins et équins d'opérer des tirs de défense contre les loups pour protéger leur troupeau même lorsque celui-ci n'aura pas été déjà attaqué. La ministre de l'Agriculture Annie Genevard avait notamment indiqué le 28 mai devant le Sénat qu'à la date du 12 mai, « ce sont déjà 759 attaques et 2 617 bêtes prédatées », causant des « préjudices considérables ». Cette fois, Emmanuel Macron a jugé « vraisemblable qu'il faille une loi » pour parvenir à ses fins, se tournant vers les parlementaires présents lors de sa visite à Roquefort-sur-Soulzon qui, selon lui, « auront des alliés dans beaucoup de départements ». « Exclure les loups des zones d'élevage n'est pas réaliste et ne relève d'aucun fondement scientifique. Les loups vivent dans de grands territoires qu'il est impossible de diviser », a fait valoir auprès de l'AFP Cédric Marteau, de l'association de défense de l'environnement LPO. « L'enjeu est de poursuivre le travail entrepris avec les éleveurs et de procéder au renforcement des mesures permettant de limiter les interactions avec les troupeaux », a-t-il martelé. Ces derniers mois, les attaques se sont multipliées, touchant les zones pastorales, mais aussi des zones d'élevages dispersés dans des champs en basse altitude, poussant les éleveurs à réclamer un assouplissement des tirs de défense.