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La Presse
8 hours ago
- La Presse
Qu'IA écrit ce texte ?
Vers la fin du mois de mai, un juge de l'Ontario a rejeté les documents d'un avocat de la défense, suspectant que sa plaidoirie contenait des cas de jurisprudence fictifs, inventés par des outils générateurs de texte, ce que l'on appelle désormais des hallucinations de l'intelligence artificielle (IA)1. Cas isolé ? De moins en moins. Il y a quelques semaines, une consultante assise à côté de moi dans le train a passé des heures à copier-coller du texte généré par ChatGPT dans une présentation professionnelle. Je n'ai pas vu cependant si elle a aussi demandé de l'aide à l'IA pour déterminer combien facturer à son client. Tout le monde a des anecdotes comme ça, même dans le contexte des rencontres amoureuses. L'année dernière, Roman Khaves, cofondateur de Rizz, a expliqué à la CBC que l'assistant IA qu'il a créé aide à fournir du texte pour briser la glace sur les applications de rencontre2. Rizz a maintenant 10 millions d'utilisateurs. Qu'ont ces exemples en commun ? L'écriture. Tandis que l'on débat sans cesse de l'impact de l'IA sur la productivité, l'emploi, l'éducation, le PIB, les ressources énergétiques, les remèdes contre le cancer, et même du premier trillionnaire en devenir, je me demande parfois quelque chose de plus simple : à quoi ressemblera un monde où l'écriture perdra sa valeur, maintenant que nous avons tous accès à notre propre version robotisée de Cyrano de Bergerac ? L'écriture existe depuis des milliers d'années, d'abord sur la pierre et l'argile, ensuite sur le papyrus et le papier, et aujourd'hui sur nos écrans. Depuis ses débuts, l'écriture et la pensée se nourrissent mutuellement. Pour ma part, c'est souvent en rédigeant que mes idées deviennent plus claires parce que le travail de rédaction ouvre la voie à des solutions. Dans ce nouveau monde où l'IA rédige tout, l'écriture perd aussi sa fonction d'outil d'évaluation. D'abord, il y a le système d'éducation, mais pensez à toutes les lettres d'intention, demandes de subvention, pitchs et présentations qui risquent de se transformer en simples formalités symboliques, des actions répétées par habitude, mais de moins en moins significatives. Les ressources humaines des grandes entreprises utilisent déjà l'IA pour trier des CV… qui sont de plus en plus rédigés par l'IA elle-même. On s'y perd. Ce qui est d'autant plus utile avec l'écriture, c'est que le style nous en dit autant que le contenu, sinon plus. Un patron qui envoie un courriel sans ponctuation est trop pressé pour vous, un amant incapable de conjuguer ses verbes dans un texto ne vous sortira pas à l'opéra, et ainsi de suite. Si vous avez le malheur d'avoir à vous servir de LinkedIn pour vos fonctions professionnelles, vous avez probablement remarqué dernièrement toutes ces publications parfaites avec une grammaire impeccable, et dans les deux langues officielles à part ça ! Parfaites, mais toutes plus uniformes et monotones les unes que les autres puisqu'elles sont littéralement rédigées par des robots. Qu'adviendra-t-il de l'écriture et du domaine de la créativité en général à l'ère de l'IA ? Il y a quelques mois, le scénario d'anticipation plutôt apocalyptique AI 20273, imaginé par des spécialistes, a beaucoup fait jaser sur l'arrivée imminente, selon eux, de la superintelligence. Comme certaines de leurs prédictions envisagent la fin de l'espèce humaine, vous comprendrez que l'avenir de l'écriture ne les empêche pas de dormir. Voici donc quelques prédictions fictives de mon cru, pour nous amuser un peu : Début 2026 : Presque toutes les maisons d'édition et publications font signer aux auteurs des déclarations de non-utilisation de l'IA, sans avoir de moyens de les vérifier. Novembre 2026 : Le lauréat du Goncourt accepte son prix et, dans le but de mousser les ventes encore davantage, avoue s'être servi de l'IA pour écrire un chapitre au complet, sans dire lequel. Décembre 2026 : De nouvelles études toujours plus précises continuent de démontrer que l'utilisation de l'IA contribue à une diminution de l'activité cérébrale4. Début 2027 : Netflix sort sa première série entièrement écrite par l'IA. Ce n'est ni la meilleure ni la pire. Mai 2027 : Pour célébrer le 64e anniversaire de son album The Freewheelin', Bob Dylan annonce avoir vendu les droits posthumes de sa voix à sa maison de disques qui pourra continuer de sortir des albums en son nom de manière indéfinie. Des équipes perpétueront son œuvre, un peu à la manière des films de James Bond ou des collections de Chanel. Été 2027 : Une écrivaine à succès de romantasy lance un défi sur TikTok : « À partir de demain, je publierai un roman par semaine pendant 52 semaines. Allez-vous réussir à me lire assez vite ? » J'ai discuté de tout ça récemment avec mon ami Julien Vallée, du tandem de réalisateurs Vallée Duhamel, qui explore l'IA pour ses productions vidéo (allez voir ce qu'ils font sur leurs réseaux sociaux !). Ce sont des outils qui nous permettent de pousser nos idées plus loin. Julien Vallée, du tandem de réalisateurs Vallée Duhamel Pas d'argent pour filmer une Bentley volante en feu qui traverse le désert ? Pas de problème, l'IA s'en occupe à des frais minimes. Selon Julien, on entre dans une époque où la compétence la plus précieuse est un mélange d'imagination et de sens critique : savoir quoi créer, mais aussi quoi garder. Pour l'instant, il a raison puisque l'IA n'est pas véritablement « créative ». Les outils générateurs de texte prédisent le mot suivant en fonction de probabilités, sans réelle compréhension ou intention. Comme créateur, l'outil est formidable si on s'en sert pour « pousser » nos idées. Par exemple, quand je travaille sur un texte de fiction, je « brainstorme » avec l'IA et lui demande de critiquer mes idées et de repérer les failles. Bien sûr, c'est à moi de décider ce que j'en retiens, surtout sachant que parfois, les petites imperfections apportent de l'authenticité à une œuvre. L'authenticité est d'ailleurs une question qui mériterait son propre papier. Pour ceux qui ont déjà suivi des cours d'histoire de l'art, vous vous souviendrez de la notion d'« aura » de Walter Benjamin, qui tente d'expliquer pourquoi un tableau original est différent d'une simple reproduction. Si vous lisez un roman qui vous fait pleurer, est-ce que votre émotion serait moins légitime si ce livre avait été écrit par un robot ? Un livre comme Things in Nature Merely Grow de Yiyun Li, qui parle de son deuil après les suicides de ses deux fils, survenus à huit ans d'intervalle, ne peut-il être écrit que par un être humain ? Est-ce que l'IA peut « halluciner » une expérience humaine ? Une hallucination est un phénomène lié à des altérations de la perception dans le cerveau. Techniquement, une machine ne peut pas halluciner. Lorsqu'on parle d'hallucination de l'IA, on devrait plutôt parler de l'œuvre d'un faussaire qui « paraphrase le réel », pour reprendre la formule de Mathieu Bélisle. Un faussaire qui a appris à nous imiter en gobant entre autres des centaines de milliers de livres. Lorsque l'époque arrivera où il sera impossible de distinguer l'œuvre d'un auteur de celle d'un robot (si on n'y est pas déjà), la question des écrivains deviendra la même que celle de l'humanité : comment réussirons-nous à nous démarquer ? Suivez Alexandre Soublière ou envoyez-lui un commentaire ici 1. Lisez le texte « Les 'hallucinations de l'IA' s'invitent dans les tribunaux » sur le site de Radio-Canada 2. Lisez le texte « From AI dating to flirt coaches : How AI is changing dating, for better or worse » sur le site de la CBC (en anglais) 3. Consultez le site d'AI 2027 (en anglais) 4. Lisez le texte « Utiliser ChatGPT diminue-t-il notre activité cérébrale ? » sur le site de Radio-Canada Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue


24 Heures
5 days ago
- Business
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Les seniors peuvent-ils contester un licenciement en Suisse?
Les travailleurs âgés bénéficient d'une protection particulière contre les congés abusifs, mais un flou juridique persiste. Explications sur vos droits. Publié aujourd'hui à 19h01 S'il n'existe donc pas de protection «absolue» contre un licenciement pour les seniors, il ressort de la jurisprudence un devoir d'assistance et de protection accru à la charge de l'employeur pour cette «catégorie» d'employés. IMAGO/UNAI HUIZI En bref: Un licenciement constitue une épreuve difficile, et c'est particulièrement le cas à un âge avancé. Retrouver un emploi juste avant la retraite s'avère souvent compliqué. Les travailleurs d'un certain âge bénéficient d'une protection particulière contre le licenciement. Mais à partir de quand cette loi s'applique-t-elle et comment les personnes concernées peuvent-elles faire valoir leurs droits? Pourquoi les travailleurs âgés bénéficient-ils d'une meilleure protection? La protection des seniors au travail a été instaurée il y a une vingtaine d'années, à la suite d'une décision du Tribunal fédéral. Il s'agissait d'un chauffagiste qui, après quarante-quatre ans de bons et loyaux services, avait été licencié seulement quatorze mois avant son départ à la retraite. Le Tribunal fédéral a considéré qu'il s'agissait d'un licenciement abusif . Il a accordé à l'homme concerné l'indemnité maximale prévue par la loi, soit six mois de salaire. Les juges fédéraux ont argumenté que le licenciement créait un «déséquilibre évident entre les intérêts en jeu». D'un côté, l'employé avait un «intérêt éminent» à conserver son poste, car il aurait eu du mal à retrouver du travail. De l'autre côté, l'employeur n'a pas réussi à fournir suffisamment de preuves solides pour réfuter l'hypothèse d'un licenciement abusif. Quand le licenciement d'un profil senior est-il considéré comme abusif? Un licenciement est considéré comme abusif lorsqu'il ne porte pas sur le travail effectué, mais vise uniquement la personne elle-même. Si une entreprise justifie un licenciement uniquement par l'âge, cela constitue donc un licenciement abusif. En pratique, ce sont souvent d'autres raisons qui mènent au licenciement, comme des tensions sur le lieu de travail ou une chute des performances. Il en résulte une marge d'interprétation. En cas de litige, un tribunal doit juger si les motifs de licenciement invoqués par l'entreprise sont suffisants. Il y a beaucoup de flou juridique pour une autre raison. La Cour fédérale n'a jusqu'à présent pas défini de critères permettant de déterminer quand le bouclier de protection s'applique. Trois facteurs peuvent jouer un rôle: L'âge: à partir de quand une personne est-elle considérée comme âgée? L'ancienneté: quelle devrait être la durée minimale d'un contrat pour les personnes concernées? Le temps restant jusqu'à la retraite: à quelques années de la cessation d'activité, il est plus difficile de retrouver un emploi. Le Tribunal fédéral manque de clarté sur ces points, explique Roger Rudolph, professeur de droit du travail à l'Université de Zurich. «Personne ne peut établir de lien entre ces trois facteurs. Cela varie selon les décisions de justice.» Il préfère donc ne pas s'engager. Selon son estimation, les employés de moins de 50 ans avec moins de vingt ans d'ancienneté ont peu de chances d'obtenir une protection particulière. Les tribunaux évaluent toujours les spécificités de chaque situation, mais plus un employé est âgé et compte d'années de service, plus il est probable qu'un licenciement soit jugé abusif. Comment les personnes concernées peuvent-elles se défendre? Contester un licenciement pour motif d'âge implique souvent un combat de longue haleine. Deux délais sont décisifs et, selon Roger Rudolph, ils sont souvent ratés: Opposition écrite: l'employé doit contester la décision auprès de son employeur par lettre recommandée en respectant le préavis. Il est essentiel d'utiliser la formulation «je m'oppose». Critiquer le motif ou menacer d'un recours juridique ne suffit pas à constituer une opposition valable. Pour maximiser ses chances, il est également recommandé de proposer de poursuivre la collaboration. Délai pour intenter une action: elle doit être engagée devant le tribunal dans un délai de 180 jours après la fin de la relation de travail. Même si l'employé obtient gain de cause, rien ne garantit que l'employeur le garde. Dans tous les cas, le licenciement est maintenu et le contrat de travail se termine normalement à l'issue du délai de préavis. En cas de licenciement abusif, le tribunal ne peut qu'accorder une indemnisation supplémentaire. La loi prévoit à cet effet un maximum de six mois de salaire. «Souvent, il ne s'agit que de deux à trois mois», indique l'expert. Les personnes concernées doivent évaluer par elles-mêmes si ces éléments justifient d'accepter les risques financiers, le stress émotionnel et l'investissement en temps qu'implique une procédure judiciaire. D'autant plus que l'issue d'une procédure demeure incertaine en raison du flou juridique. À quoi l'employeur doit-il faire attention? Les entreprises doivent faire preuve de plus de considération lorsqu'elles licencient des collaborateurs âgés, en suivant les directives formulées par le Tribunal fédéral dans un arrêt de 2014: Obligation d'informer: informer le travailleur suffisamment tôt de l'intention de le licencier. Droit d'être entendu: garantir aux personnes concernées la possibilité de s'exprimer. Chercher des solutions: explorer les possibilités pour poursuivre son activité professionnelle, par exemple en se réorientant vers un autre domaine. Dernière chance: accorder une période de probation durant laquelle les manquements peuvent être corrigés. Mais Roger Rudolph souligne qu'il n'existe pas de base légale pour ces directives. Un licenciement pour raison d'âge peut donc être parfaitement légal, même si ces recommandations ne sont pas respectées dans leur intégralité. Une meilleure réglementation légale serait-elle utile? Le spécialiste dénonce le fait que cette pratique des tribunaux ne favorise qu'un certain groupe d'employés en matière de droit du travail. En effet, aucune protection spécifique contre le licenciement n'existe pour d'autres groupes vulnérables, comme les parents isolés ou les personnes en situation de handicap . Le spécialiste en droit du travail souhaiterait que les politiques établissent une base légale définissant de manière exhaustive la protection contre le licenciement pour certains groupes de personnes. Pour éviter qu'en cas de licenciement économique, une mère célibataire reçoive une lettre de congé alors qu'un employé proche de la retraite garde son poste. Traduit de l'allemand par Emmanuelle Stevan À propos du monde du travail en Suisse Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Bernhard Kislig est journaliste à la rubrique Économie de la rédaction centrale de Tamedia. Il répond aux questions touchant à l'argent et au droit. Ses thèmes de prédilection sont la prévoyance professionnelle, les thèmes liés au placement, la blockchain et les impôts. Plus d'infos @berrkii Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
06-08-2025
- Politics
- 24 Heures
150 ans du TF: quatre raisons d'aller aux portes ouvertes
Portes ouvertes à Mon-Repos – Quatre raisons d'entrer dans les coulisses du Tribunal fédéral On parle beaucoup de notre Cour suprême, mais son fonctionnement reste mal connu du public. Une lacune à combler les 13 et 14 septembre à Lausanne. Flavienne Wahli Di Matteo Lieu des délibérations publiques des juges fédéraux, la grande salle d'audience accueillera les curieux les 13 et 14 septembre pour découvrir les coulisses de l'institution. 24 heures/Odile Meylan Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : Le Tribunal fédéral ouvre ses portes au public après cent cinquante ans d'activité judiciaire. Le bâtiment historique a conservé son mobilier d'origine de 1927. Les 40 juges débattent publiquement lors des délibérations contentieuses. Des archives inédites révéleront notamment l'histoire des premières femmes juristes suisses. On entend parler du Tribunal fédéral presque tous les jours et pourtant, qui peut se vanter de connaître le fonctionnement de la plus haute juridiction du pays? Qui sait qu'avant de disposer d'un siège permanent dès 1875, les juges amenés à statuer sur des causes fédérales ne se réunissaient qu'en cas de besoin? Qui a en tête le feuilleton qui a précédé la désignation de Lausanne comme siège de notre Cour suprême? Vous avez bien calculé: cela fait cent cinquante ans que le TF chapeaute l'ordre juridique helvétique, dessine les contours de la jurisprudence, fixe des balises à nombre d'enjeux sociétaux, en résumé, veille sur les libertés individuelles et les droits fondamentaux des citoyens. Après avoir fait l'exercice en 2023 pour les 175 ans de la Constitution, le TF organise de nouvelles portes ouvertes, agrémentées de visites guidées, les 13 et 14 septembre à Mon-Repos. Voici quatre raisons de vous y inscrire. Dans le décor du premier jour L'intérieur du Palais de justice de Mon-Repos n'a pas changé depuis son ouverture en 1927. Aux murs, on trouve les portraits de tous les anciens juges fédéraux. Et depuis 1974, des anciennes juges fédérales. 24 heures/Odile Meylan Il vaut la peine de découvrir ce qui se cache derrière l'intimidante façade de l'édifice néoclassique de Mon-Repos. Au-delà de la richesse des matières et des ornements, l'intérieur présente la particularité d'avoir été préservé tel qu'au jour de son ouverture, en 1927, quand les juges fédéraux ont déménagé du palais de Montbenon, devenu trop étroit. Décoration et mobilier ont vu défiler les décennies et les juges, dont on peut découvrir tous les visages aux murs. Parmi les lieux inédits, la belle bibliothèque du 3e étage, sous le toit, sera ouverte pour la première fois au public, avec vue imprenable sur Lausanne et le lac. Même les poubelles du Tribunal fédéral datent de 1927. 24 heures/Odile Meylan À la rencontre des juges fédéraux Quarante juges (25 hommes et quinze femmes) issus de toutes les régions linguistiques siègent dans les huit cours du Tribunal fédéral, presque toutes installées à Lausanne (deux cours de droit public, celles dédiées aux assurances sociales, impôts et taxes, sont basées à Lucerne). Lors des portes ouvertes, des membres du Tribunal fédéral et leur président, François Chaix, seront présents pour échanger avec le public et répondre aux questions, ainsi que de nombreux collaborateurs. Greffiers, gestionnaires de dossiers, personnel administratif, archivistes, pas moins de 300 personnes œuvrent au bon fonctionnement du TF. Au premier plan, Antje van Mark, collaboratrice aux Ressources humaines. Lors des portes ouvertes de 2023, cette passionnée de l'institution se chargeait des visites guidées. 24 heures/Odile Meylan Un fonctionnement presque unique au monde La grande salle d'audience est suffisamment vaste (elle dispose même de gradins en hauteur) pour accueillir le public qui se presse parfois nombreux aux audiences publiques. Les juges siègent principalement en cas de désaccord entre eux. 24 heures/Odile Meylan Notre Cour suprême est unique en son genre pour une raison principale: alors que la plupart des tribunaux débattent de leurs décisions à huis clos, les citoyens peuvent assister aux délibérations publiques des juges fédéraux. Ces échanges ont lieu principalement en cas de désaccord entre les juges mobilisés par une cause, soit une trentaine de fois par année. Dans la majeure partie des cas, les magistrats se consultent par circulation du dossier. Mais lorsqu'ils doivent débattre, ils se réunissent au pupitre d'une salle d'audience. À cette étape ultime de la procédure, les parties ne plaident pas et seuls les juges s'expriment, chacun dans sa langue. Ils ne quittent pas la salle avant une décision et les parties repartent en ayant connaissance du verdict et des arguments qui l'ont emporté. Des archives inédites Des documents d'archive inédits seront présentés dans la salle du plénum. On y retrouvera notamment des affaires emblématiques questionnant la place des femmes dans et devant la justice. 24 heures/Odile Meylan Les archivistes du Tribunal fédéral mettront en valeur de nombreux documents jamais présentés, notamment plusieurs dossiers de procédure historiques. Comme celui d'Emilie Kempin-Spyri, première femme diplômée en droit de Suisse, mère de trois enfants, qui souhaitait être autorisée à exercer en qualité d'avocate. Une demande balayée par le Tribunal fédéral en 1887. Environ quarante ans plus tard, une autre pionnière, Dora Röding, née Röder, obtiendra une décision inverse. Des affaires d'espionnage, de fabrication d'explosifs ou d'attaques à la bombe ayant fleuri durant les deux guerres mondiales seront aussi dévoilées, avec toutes leurs pièces de procédure. Des costumes d'époque et une projection de plusieurs centaines de photographies permettront de se représenter les protagonistes d'alors, notamment les dames de cabarets, agentes de renseignement de premier plan. Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Se connecter Flavienne Wahli Di Matteo est chroniqueuse judiciaire au sein de la rubrique Vaud et régions de 24 heures, qu'elle a intégrée en 2012. Avant cela, elle a travaillé dans les rubriques locales de plusieurs médias en presse écrite, radio et télévision. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


Le HuffPost France
02-08-2025
- Politics
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Pourquoi vous cocherez moins souvent la case « Monsieur » ou « Madame » à l'avenir
FRANCE - Une décision qui pourrait faire jurisprudence ? La SNCF, via son site internet ou son application SNCF Connect, « ne peut pas imposer à ses clients de communiquer leur civilité » (« Monsieur » ou « Madame »), a jugé le Conseil d'État dans une décision publiée ce jeudi 31 juillet, conformément à un arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE). Le Conseil d'État avait été saisi par l'association Mousse, de défense des droits des personnes LGBT +, qui dénonçait la pratique de SNCF Connect - récemment abandonnée - « qui oblige systématiquement ses clients à indiquer leur civilité » lors de l'achat de billets sur internet. L'association estimait que « cette obligation et le traitement des données personnelles qui en découlait étaient contraires au règlement général de protection des données (RGPD) », rappelle le Conseil d'État dans un communiqué jeudi. « Au-delà des limites du strict nécessaire » Avant de se prononcer, la plus haute juridiction administrative française avait interrogé la CJUE. Dans sa décision du 9 janvier 2025, la Cour européenne a jugé que « si la collecte de la civilité des clients d'une entreprise de transport avait pour seul objectif de personnaliser la communication commerciale, elle ne pouvait pas être considérée comme nécessaire à l'exécution du contrat entre l'usager et l'entreprise », écrit le Conseil d'État dans son communiqué. Et « si certains services, tels que les compartiments couchettes réservés aux femmes seules, impliquent la prise en compte des données relatives au sexe, cela ne justifie pas que la collecte de la civilité soit obligatoire pour l'ensemble des services proposés par la SNCF Connect », précise la juridiction française. Pour rendre son arrêt, la Cour européenne s'était appuyée sur le principe de « minimisation des données », qui impose de ne pas collecter d'informations inutiles à la fourniture du service commandé. « Tirant les conséquences de l'arrêt de la CJUE », le Conseil d'État « a donc pris acte de ce que le traitement systématique de données à caractère personnel relative à la civilité des clients dans le seul but de personnaliser la relation commerciale ne pouvait être considéré comme nécessaire à l'exécution du contrat de transport de voyageurs par une entreprise ferroviaire ». « L'obligation faite aux clients d'indiquer leur civilité va au-delà des limites du strict nécessaire à la réalisation de l'intérêt légitime de SNCF Connect », écrit-il encore. Une future jurisprudence ? L'affaire a débuté lorsque l'association de défense des droits des personnes LGBT + avait déposé une réclamation auprès de la Commission nationale informatique et libertés (Cnil), qui avait rejeté cette réclamation en mars 2021. Mousse s'était alors tournée vers le Conseil d'État. « Depuis mai, la civilité n'est plus une donnée collectée par SNCF Connect pour l'achat d'un billet de train en France », a fait savoir SNCF Connect dans une déclaration transmise à l'AFP, en précisant qu' « en tant que distributeur, SNCF Connect appliquait ce que les opérateurs de transport demandaient. » Dans sa décision rendue jeudi, le Conseil d'État condamne l'État à verser 3 000 euros à l'association Mousse. Mais cette décision pourrait faire jurisprudence bien au-delà de la SNCF, estime le juriste Nicolas Hervieu, spécialiste en droit public et droit européen des droits de l'homme. Contacté par le HuffPost, ce dernier rappelle tout d'abord que la solution de la CJUE « ne se limite pas à la seule SNCF, mais à toute entreprise de transport ». Mais celui-ci va même plus loin. « Le raisonnement de la CJUE peut tout à fait s'étendre à d'autres entreprises, dans la mesure où elle juge que le seul objectif de 'personnalisation de la communication commerciale fondée sur leur identité de genre' n'est pas un motif suffisant pour contraindre les clients à indiquer 'Monsieur' ou 'Madame' ».


Le Figaro
08-07-2025
- Politics
- Le Figaro
Inéligibilité : comment Marine Le Pen espère convaincre la CEDH de suspendre sa condamnation
Réservé aux abonnés EXCLUSIF - La candidate empêchée a déposé une requête devant la Cour européenne des droits de l'homme pour contester la peine d'inéligibilité avec exécution provisoire prononcée contre elle. Elle dénonce une atteinte aux droits de la défense, et à la liberté des élections. Était-ce un revirement prémonitoire ? Un an avant l'élection présidentielle, au micro de Jean-Jacques Bourdin en mai 2021, Marine Le Pen annonçait un changement dans la stratégie de son parti vis-à-vis d'une institution du Conseil de l'Europe longtemps honnie par les lepénistes : la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). Eurosceptique depuis toujours, le parti à la flamme annonçait par la voix de sa présidente et candidate qu'il changeait donc de méthode, alors que dans ses rangs avait longtemps été défendue l'idée d'une sortie pure et simple de la CEDH. Mais Marine Le Pen estimait quant à elle qu'une telle sortie n'était «pas utile», ajoutant : «Je pense qu'on peut beaucoup faire avec la Convention européenne des droits de l'homme», jugeant en revanche que son usage a été dévoyé en ce qu'elle «empêche de nous protéger des dangers qui pèsent sur nous», pointant «une dérive de la jurisprudence» de la CEDH. C'est désormais auprès de cette même Cour, chargée de veiller…