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150 ans du TF: quatre raisons d'aller aux portes ouvertes

150 ans du TF: quatre raisons d'aller aux portes ouvertes

24 Heures06-08-2025
Portes ouvertes à Mon-Repos

Quatre raisons d'entrer dans les coulisses du Tribunal fédéral
On parle beaucoup de notre Cour suprême, mais son fonctionnement reste mal connu du public. Une lacune à combler les 13 et 14 septembre à Lausanne.
Flavienne Wahli Di Matteo
Lieu des délibérations publiques des juges fédéraux, la grande salle d'audience accueillera les curieux les 13 et 14 septembre pour découvrir les coulisses de l'institution.
24 heures/Odile Meylan
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En bref : Le Tribunal fédéral ouvre ses portes au public après cent cinquante ans d'activité judiciaire.
Le bâtiment historique a conservé son mobilier d'origine de 1927.
Les 40 juges débattent publiquement lors des délibérations contentieuses.
Des archives inédites révéleront notamment l'histoire des premières femmes juristes suisses.
On entend parler du Tribunal fédéral presque tous les jours et pourtant, qui peut se vanter de connaître le fonctionnement de la plus haute juridiction du pays? Qui sait qu'avant de disposer d'un siège permanent dès 1875, les juges amenés à statuer sur des causes fédérales ne se réunissaient qu'en cas de besoin? Qui a en tête le feuilleton qui a précédé la désignation de Lausanne comme siège de notre Cour suprême?
Vous avez bien calculé: cela fait cent cinquante ans que le TF chapeaute l'ordre juridique helvétique, dessine les contours de la jurisprudence, fixe des balises à nombre d'enjeux sociétaux, en résumé, veille sur les libertés individuelles et les droits fondamentaux des citoyens. Après avoir fait l'exercice en 2023 pour les 175 ans de la Constitution, le TF organise de nouvelles portes ouvertes, agrémentées de visites guidées, les 13 et 14 septembre à Mon-Repos. Voici quatre raisons de vous y inscrire.
Dans le décor du premier jour
L'intérieur du Palais de justice de Mon-Repos n'a pas changé depuis son ouverture en 1927. Aux murs, on trouve les portraits de tous les anciens juges fédéraux. Et depuis 1974, des anciennes juges fédérales.
24 heures/Odile Meylan
Il vaut la peine de découvrir ce qui se cache derrière l'intimidante façade de l'édifice néoclassique de Mon-Repos. Au-delà de la richesse des matières et des ornements, l'intérieur présente la particularité d'avoir été préservé tel qu'au jour de son ouverture, en 1927, quand les juges fédéraux ont déménagé du palais de Montbenon, devenu trop étroit. Décoration et mobilier ont vu défiler les décennies et les juges, dont on peut découvrir tous les visages aux murs. Parmi les lieux inédits, la belle bibliothèque du 3e étage, sous le toit, sera ouverte pour la première fois au public, avec vue imprenable sur Lausanne et le lac.
Même les poubelles du Tribunal fédéral datent de 1927.
24 heures/Odile Meylan
À la rencontre des juges fédéraux
Quarante juges (25 hommes et quinze femmes) issus de toutes les régions linguistiques siègent dans les huit cours du Tribunal fédéral, presque toutes installées à Lausanne (deux cours de droit public, celles dédiées aux assurances sociales, impôts et taxes, sont basées à Lucerne). Lors des portes ouvertes, des membres du Tribunal fédéral et leur président, François Chaix, seront présents pour échanger avec le public et répondre aux questions, ainsi que de nombreux collaborateurs. Greffiers, gestionnaires de dossiers, personnel administratif, archivistes, pas moins de 300 personnes œuvrent au bon fonctionnement du TF.
Au premier plan, Antje van Mark, collaboratrice aux Ressources humaines. Lors des portes ouvertes de 2023, cette passionnée de l'institution se chargeait des visites guidées.
24 heures/Odile Meylan
Un fonctionnement presque unique au monde
La grande salle d'audience est suffisamment vaste (elle dispose même de gradins en hauteur) pour accueillir le public qui se presse parfois nombreux aux audiences publiques. Les juges siègent principalement en cas de désaccord entre eux.
24 heures/Odile Meylan
Notre Cour suprême est unique en son genre pour une raison principale: alors que la plupart des tribunaux débattent de leurs décisions à huis clos, les citoyens peuvent assister aux délibérations publiques des juges fédéraux. Ces échanges ont lieu principalement en cas de désaccord entre les juges mobilisés par une cause, soit une trentaine de fois par année.
Dans la majeure partie des cas, les magistrats se consultent par circulation du dossier. Mais lorsqu'ils doivent débattre, ils se réunissent au pupitre d'une salle d'audience. À cette étape ultime de la procédure, les parties ne plaident pas et seuls les juges s'expriment, chacun dans sa langue. Ils ne quittent pas la salle avant une décision et les parties repartent en ayant connaissance du verdict et des arguments qui l'ont emporté.
Des archives inédites
Des documents d'archive inédits seront présentés dans la salle du plénum. On y retrouvera notamment des affaires emblématiques questionnant la place des femmes dans et devant la justice.
24 heures/Odile Meylan
Les archivistes du Tribunal fédéral mettront en valeur de nombreux documents jamais présentés, notamment plusieurs dossiers de procédure historiques. Comme celui d'Emilie Kempin-Spyri, première femme diplômée en droit de Suisse, mère de trois enfants, qui souhaitait être autorisée à exercer en qualité d'avocate. Une demande balayée par le Tribunal fédéral en 1887. Environ quarante ans plus tard, une autre pionnière, Dora Röding, née Röder, obtiendra une décision inverse.
Des affaires d'espionnage, de fabrication d'explosifs ou d'attaques à la bombe ayant fleuri durant les deux guerres mondiales seront aussi dévoilées, avec toutes leurs pièces de procédure. Des costumes d'époque et une projection de plusieurs centaines de photographies permettront de se représenter les protagonistes d'alors, notamment les dames de cabarets, agentes de renseignement de premier plan.
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Flavienne Wahli Di Matteo est chroniqueuse judiciaire au sein de la rubrique Vaud et régions de 24 heures, qu'elle a intégrée en 2012. Avant cela, elle a travaillé dans les rubriques locales de plusieurs médias en presse écrite, radio et télévision. Plus d'infos
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Un comité interpartis insiste sur le oui au contre-projet plutôt que sur le non à l'initiative «Sauvons le Mormont». Publié aujourd'hui à 19h46 Le cimentier Holcim à Eclépens. © Jean-Paul Guinnard En bref: Au cœur d'Écublens, le pavillon RebuiLT est une vitrine du réemploi dans la construction, géré par des étudiants de l'EPFL. C'est là qu'un comité interpartis baptisé «Oui à l'économie circulaire», organisé par l'ancienne conseillère nationale Vert'libérale Isabelle Chevalley, lance sa campagne pour le contre-projet. Son budget est de 60'000 francs, dont 15'000 sont payés par Holcim. Pour ce comité, c'est donc un gros oui au contre-projet, parce qu'il pose une base dans la Constitution vaudoise en faveur de l'économie circulaire. Et un petit non à l'initiative, qui empêcherait la poursuite de l'exploitation de la carrière du Mormont par le cimentier Holcim à Eclépens. Il faut dire que, si toutes les formations politiques penchent pour le contre-projet en cas de double oui le 28 septembre (à l'exception de la gauche radicale), toutes n'ont pas dit non à l'initiative. Ainsi, les Verts s'abstiennent sur cette dernière, alors que les socialistes recommandent aussi le oui. «À fond» pour le contre-projet L'événement intervient cinq jours après le lancement de la campagne du comité «Mormont: non à l'initiative extrême», porté par les milieux patronaux et des parlementaires fédéraux de droite. Pourquoi deux comités plutôt qu'un seul? «Dans l'autre comité , certains sont contre le contre-projet, alors que nous, nous sommes à fond pour», explique le Vert Jean-Yves Pidoux, ancien municipal des Services industriels de Lausanne. La loi inclut la colline du Mormont dans les sites protégés: «C'est précis et détaillé, le Mormont est ainsi déjà plus que sauvé et c'est une bêtise de le mettre dans la Constitution comme le veut l'initiative «Sauvons le Mormont», qui est obsolète», souligne le député Vert'libéral Oscar Cherbuin. Le béton dans l'économie circulaire «Le contre-projet va beaucoup plus loin, en visant à mettre en place une économie circulaire sans nous priver du béton, matériau indispensable pour la transition énergétique, pour les barrages, les éoliennes et les infrastructures», plaide le député socialiste Laurent Balsiger. Pour la députée PLR Carole Schelker, l'usine Holcim ne fait pas que «réduire la dépendance aux importations de ciment», mais incinère aussi «200'000 tonnes de déchets nocifs grâce à ses fours à 1400 degrés». L'économie circulaire ne se limite pas à la construction. Laurent Chaubert, secrétaire général du Centre Vaud, agriculteur bio, en témoigne: «Les circuits courts, c'est moins de transport, moins de pollution, une durée de conservation plus courte, moins d'agents conservateurs.» Le député UDC Philippe Jobin est aussi de la partie, notamment pour «appeler les agriculteurs à voter». Mormont et par Vaud Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Jérôme Cachin est journaliste à la rubrique vaudoise depuis 2019, spécialisé en politique. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

Un grand marchandage se joue sur le dos de l'Ukraine au sommet de Washington
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L'historien Jeronim Perovic décrypte les manœuvres diplomatiques en cours. L'Ukraine devra sacrifier des territoires, mais le véritable enjeu se joue sur son avenir européen. Publié aujourd'hui à 20h03 Donald Trump a reçu lundi les dirigeants européens et Volodymyr Zelensky pour une rencontre à la Maison-Blanche. AARON SCHWARTZ/EPA Jeronim Perovic est professeur d'histoire de l'Europe de l'Est à l'Université de Zurich, où il dirige le Center for Eastern European Studies. Il s'est rendu à plusieurs reprises en Russie et a vécu de près les années chaotiques de l'ère Boris Eltsine. Depuis le début de la guerre d'agression russe , il nous livre une analyse régulière des événements qui se déroulent actuellement en Ukraine. Monsieur Perovic, comment s'est déroulée la rencontre entre le président ukrainien et le président américain cette fois-ci? Volodymyr Zelensky avait quitté en février la Maison-Blanche de manière prématurée, après un affrontement verbal inédit avec Donald Trump. L'atmosphère semblait nettement meilleure. Mais ne nous faisons pas d'illusions. Trump aura très certainement exercé une forte pression sur Volodymyr Zelensky en coulisses. Il souhaite que Kiev accepte rapidement la paix, quitte à ce que l'Ukraine cède des territoires à la Russie ou renonce à son adhésion à l'OTAN. Le président ukrainien et son peuple peuvent-ils souffler après le sommet de Washington, ou le sort de l'Ukraine est-il désormais scellé? Ce n'est pas la fin de l'Ukraine, mais celle de l'illusion selon laquelle l'Occident aiderait le pays à récupérer les territoires perdus face à la Russie. La paix ne sera pas juste. L'Ukraine devra faire face à cette dure réalité. Qu'ont obtenu les Européens, qu'a obtenu cette «coalition des bonnes volontés» qui a escorté Volodymyr Zelensky? Il s'agit d'un signal fort adressé à la fois à l'Ukraine, à Trump et à Moscou. 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Les Européens peuvent faire beaucoup, mais ils n'enverront pas de soldats combattre la Russie. Sur ce plan, l'Ukraine est seule. Donald Trump a récemment accueilli à Anchorage Vladimir Poutine, «présumé responsable» de crimes de guerre en Ukraine, par des applaudissements. Comment qualifiez-vous cette attitude? De nombreux Ukrainiens ont dû avoir l'estomac noué en voyant les images du sommet. Je ne considérerai cette rencontre comme positive que si elle contribue réellement à la paix. Mais nous ne savons pas si ce sera le cas à ce stade. En Alaska, Vladimir Poutine et Donald Trump ont symboliquement amorcé un processus de réconciliation entre la Russie et les États-Unis. AFP Les images donnent l'impression que deux présidents partageant les mêmes idées se sont rencontrés. Vladimir Poutine sort-il gagnant du sommet en Alaska ? Malgré toute cette effervescence diplomatique, il ne faut pas oublier que l'Ukraine compte peu pour Trump. Il ne voit pas en quoi l'engagement en faveur de Kiev sert les intérêts américains. Sans la guerre, il aurait probablement conclu depuis longtemps des accords économiques majeurs avec la Russie. Le conflit n'est pour lui que synonyme de facteur perturbateur. S'il ne parvient pas à mettre fin à cette guerre, comme il l'a promis, alors les Européens devront s'en charger. Sinon, il pourrait bien s'en prendre à nouveau au président ukrainien. Poutine évoque sans cesse un nouveau Yalta, en référence à cette conférence de 1945 où les puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale ont défini leurs zones d'influence en Europe. Le «maître du Kremlin» a-t-il trouvé en Trump le partenaire idéal pour atteindre cet objectif? La dure réalité, c'est que l'ordre fondé sur des règles s'effrite et que la loi du plus fort reprend le dessus. Trump a fait comprendre à plusieurs reprises aux Ukrainiens qu'ils devaient céder face à la Russie, étant donné leur position de faiblesse. Nous nous dirigeons vers un ordre mondial qui me rappelle le Concert européen, mis en place par les négociateurs des traités de Vienne en 1815. Il s'agissait de reconstruire l'Europe après les guerres de la Révolution et de l'Empire, mais aussi d'établir un nouveau système international stable, un système qui convient parfaitement à Poutine, et, semble-t-il, à Trump. Si l'on évoque un nouveau Yalta, comment les Européens doivent-ils se positionner? Jusqu'à présent, les Européens ont fait preuve d'une solidarité remarquable envers l'Ukraine, leur visite à Washington en témoigne aujourd'hui. Mais la force de l'Europe dépend de celle de ses différentes parties. Et si les États-Unis se détournent de l'Ukraine, les Européens devront prouver qu'ils peuvent assumer un nouveau rôle géopolitique. Je suis plutôt sceptique à ce sujet. 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Il laisse Poutine poursuivre ses bombardements jusqu'à la conclusion d'un accord qui satisfasse avant tout Moscou. Les Européens en auront besoin lorsqu'il s'agira de garantir la paix et de reconstruire l'Ukraine. Trump a-t-il encore un moyen de pression sur Poutine? Les livraisons d'armes américaines touchent à leur fin, tandis que les sanctions ont été allégées. Il lui arrive même de tenir Volodymyr Zelensky pour responsable de la guerre, et cela même avant la rencontre d'Anchorage. Je ne vois pas comment des pressions toujours plus fortes auraient pu dissuader Poutine de poursuivre ses attaques contre l'Ukraine au cours de ces trois dernières années et demie. La question est de savoir quels avantages Poutine verrait à cesser les combats ou à faire des concessions à l'Ukraine sur certaines questions. Par exemple concernant les futures garanties de sécurité. Sans la pression occidentale, Poutine serait déjà à Kiev. Tout à fait. L'entraide internationale a sauvé l'Ukraine, mais elle n'a pas suffi à empêcher Poutine de poursuivre ses attaques contre le pays. Il ne lâchera rien. L'Ukraine est devenue pour lui une question vitale. Trump ne fera donc pas pression sur Poutine? Trump est un homme d'affaires. C'est du donnant-donnant avec lui. Parmi les incitations envisageables figurent un assouplissement des sanctions ou la reconnaissance des territoires conquis par la Russie. Steve Witkoff, envoyé spécial de Donald Trump, a déclaré publiquement que les États-Unis seraient au maximum disposés à offrir à l'Ukraine une garantie de sécurité équivalente à l'article 5 du traité de l'OTAN. Si c'est le cas, Poutine serait-il prêt à l'accepter? Il faudra négocier à ce sujet. Poutine sait qu'il doit proposer quelque chose en échange à l'Ukraine. Dans le cas contraire, il est peu probable que Kiev soit prête à signer un accord de paix dans un avenir proche. Trump évoque régulièrement un supposé échange de territoires. Mais l'Ukraine n'a pas de terres russes à troquer. Il ne s'agit que de céder des territoires à Moscou. À quelles pertes territoriales Kiev doit-elle s'attendre? L'Ukraine devra coûte que coûte céder des territoires. Mais sur le plan de la politique intérieure, Volodymyr Zelensky pourrait se retrouver dans une position très délicate s'il fait des concessions trop importantes. Un retrait des troupes ukrainiennes du Donbass serait perçu par de nombreux Ukrainiens comme une «trahison». Le président ukrainien ne s'en remettrait guère politiquement sur le plan intérieur, et des troubles pourraient éclater en Ukraine. Un scénario qui ferait le jeu de la Russie. En février 2022, Poutine s'attendait à une victoire rapide en Ukraine. La guerre dure depuis trois ans et demi. Quelle est sa stratégie? A-t-il des objectifs minimaux ou cherche-t-il à aller jusqu'au bout? Poutine n'est pas connu pour être un aventurier. Il veut gagner la guerre, pas la perdre. Dans ce cas précis, il a mal calculé son coup et n'a pas atteint ses objectifs initiaux: renverser le gouvernement pro-occidental et contrôler la majeure partie de l'Ukraine. Il a donc dû adapter sa stratégie. S'il parvient à consolider tous les territoires déjà conquis et à s'emparer du reste du Donbass, il pourra présenter cela comme une victoire. Les forces russes progressent sur la plupart des fronts. Poutine joue-t-il la montre pour pouvoir un jour posséder entièrement l'Ukraine? Une conquête totale de l'Ukraine n'aboutira pas, et je pense qu'à Moscou, on le sait. Pour l'instant, Poutine cherche à mettre fin à cette guerre dans les conditions les plus avantageuses possibles. On a l'impression que Poutine peut mener cette guerre aussi longtemps qu'il le souhaite. Il produit de l'armement en masse sans se préoccuper de ses lourdes pertes. Est-ce vraiment le cas? La Russie a tout à fait les moyens de poursuivre la guerre, mais j'ai l'impression qu'elle souhaite éviter ce scénario. Les coûts sont énormes. Les moyens ne sont pas illimités. On mise sur la lassitude de l'adversaire et sur le fait que l'Ukraine finira par accepter les conditions de paix imposées par Moscou. L'Ukraine peut-elle encore survivre en tant qu'État? L'Ukraine en a les moyens. Elle va survivre en tant qu'État. J'espère seulement que les Ukrainiens préserveront l'unité nationale qu'ils ont forgée durant la guerre contre la Russie et qui leur a donné cette force. Le pire pour elle serait de retomber dans des guerres de tranchées politiques ou que les tensions sociales s'aggravent. C'est aussi pour cette raison que l'Europe doit soutenir l'Ukraine. Une rencontre entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky pourrait avoir lieu dans deux à trois semaines. Qu'en attendez-vous? Je doute que cela se fasse si rapidement. Même Trump ne peut pas l'imposer. Poutine ne rencontrera le président ukrainien que si ce dernier accepte en grande partie ses conditions. Par ailleurs, on sait que Vladimir Poutine ne considère pas le président ukrainien comme son égal, ce qui a jusqu'à présent exclu la possibilité d'échanges directs avec lui. Une fois la guerre terminée, l'Ukraine pourrait-elle s'orienter vers l'Ouest et adhérer à l'UE ? L'Ukraine doit avoir cette perspective à l'esprit. Sinon, elle aura fait tout cela pour rien: des concessions territoriales douloureuses à la Russie, et au final, aucune perspective européenne. Une vision de l'avenir qui déstabiliserait politiquement le pays à plus ou moins long terme. Traduit de l'allemand par Emmanuelle Stevan À propos de la guerre en Ukraine Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Christof Münger dirige la rubrique Monde. Ce docteur en histoire analyse et commente la politique américaine. 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