Dernières actualités avec #logements


La Presse
14 hours ago
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Construire des condos de luxe n'est pas la solution
« La concentration croissante de la propriété entre les mains d'un petit nombre de propriétaires et de sociétés d'investissement, tout comme l'achat de résidences secondaires à des fins spéculatives ou de villégiature, limite l'accès à la propriété », écrivent les auteurs. Yaya Baumann et Hélène Bélanger réagissent à la chronique « Construit-on des logements inutiles contre la crise ?1 », qui cite une étude dont ils sont les auteurs. Yaya Baumann Chercheur associé à l'IRIS Hélène Bélanger Professeure au département d'études urbaines et touristiques de l'UQAM et chercheuse associée à l'IRIS Le 1er juillet dernier, Philippe Mercure publiait une chronique1 mettant en doute les résultats de notre étude portant sur les effets négatifs de la construction de logements neufs par le secteur privé. Il y interviewait Jean-Philippe Meloche, professeur à l'Université de Montréal et chercheur à l'Observatoire Ivanhoé Cambridge — un groupe de réflexion lié au secteur immobilier. Si M. Meloche admet au passage l'existence de ces effets, il s'emploie davantage à reprendre les grandes lignes défendues par les acteurs de l'immobilier : la crise actuelle ne serait qu'un déséquilibre du marché et la construction en est l'une des rares solutions, etc. Bien que nous ayons déjà déconstruit ces mythes2, il nous paraît essentiel de revenir sur certains arguments défendus dans cette chronique que nous jugeons étonnants au regard de la littérature scientifique récente et des faits observés sur le terrain3. Le premier mythe véhiculé par M. Meloche concerne le principe selon lequel l'accès à la propriété permettrait de libérer des logements pour les ménages moins nantis. Le problème, c'est qu'il laisse croire que le secteur de l'habitation fonctionnerait comme un grand marché unique où tous les ménages – jeunes professeurs, étudiants et familles vulnérables – seraient en concurrence directe pour les mêmes logements et les mêmes secteurs. Plusieurs études – dont certaines citées dans la nôtre – montrent que cet effet domino reste largement confiné aux segments plus aisés du marché et atteint rarement les ménages plus vulnérables. S'il les atteint, les logements sont souvent dans un état de délabrement avancé, comme en témoignent les nombreux problèmes d'insalubrité rapportés par les comités logement. L'accès à la propriété Le deuxième argument concerne l'accès à la propriété qui, selon M. Meloche, représente l'une des principales solutions à la crise actuelle. Non seulement cette solution ne répond pas aux besoins de nombreux ménages, mais elle contribue également à accroître les disparités en matière d'accumulation du capital. En réalité, le marché est traversé par des dynamiques beaucoup plus complexes, où les ménages ne sont pas les seuls acteurs. La concentration croissante de la propriété entre les mains d'un petit nombre de propriétaires et de sociétés d'investissement, tout comme l'achat de résidences secondaires à des fins spéculatives ou de villégiature, limite l'accès à la propriété. Ces dynamiques contribuent aussi à la hausse des valeurs immobilières — alimentant ainsi la crise d'abordabilité plutôt que de la résoudre. Le troisième argument concerne l'impact des nouvelles constructions sur l'embourgeoisement des quartiers. M. Meloche semble négliger la complexité du phénomène, qui peut prendre plusieurs formes et se manifester différemment selon les contextes locaux. Le cas du Plateau Mont-Royal, souvent cité en exemple, n'a rien à voir avec ceux de quartiers comme Parc-Extension, Saint-Michel ou Montréal-Nord. Là encore, le secteur de l'habitation ne fonctionne pas comme un grand marché homogène, mais présente des particularités locales. Bien que la chronique ne prenne pas ouvertement la défense de l'industrie immobilière, elle passe sous silence plusieurs causes majeures de la crise : l'absence de contrôle des loyers, les rapports inégaux entre propriétaires et les locataires, la location à court terme, ainsi que des dynamiques structurelles comme la financiarisation du logement. En mettant surtout l'accent sur un déséquilibre entre l'offre et la demande, elle risque cependant de rejoindre, même involontairement, une lecture que privilégient l'industrie et les gouvernements — une lecture qui, en réduisant la crise à des mécanismes de marché, tend à en occulter les causes systémiques. Or, cela ne nous sortira pas de la crise. Pire, cela pourrait bien l'aggraver. 1. Lisez la chronique « Construit-on des logements inutiles contre la crise ? » 2. Consultez l'étude de l'IRIS 3. Consultez l'article publié par Métropoles — Sciences sociales de l'urbain Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue


Le Parisien
a day ago
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Implanter des logements dans une zone d'activité économique : le projet controversé de Verrières-le-Buisson
Pour le célèbre architecte et urbaniste Le Corbusier, il y avait des endroits pour travailler, d'autres pour vivre. À Verrières-le-Buisson ( Essonne ), cette doctrine pourrait connaître une variante : la « coexistence ». En manque de logements, notamment sociaux, la municipalité de cette commune de près de 15 000 habitants se penche depuis plusieurs années sur le projet de transformer la zone d'activité économique (ZAE) des Petits Ruisseaux en ZAC (zone d'aménagement concerté). Objectif : y installer des habitations au milieu, ou au-dessus, des entreprises.


Le Parisien
a day ago
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« 4 900 euros du mètre carré » : 233 logements à prix cassés bientôt commercialisés par la Ville de Paris
C'est sa plus grande commercialisation jamais lancée, prévient la Ville de Paris. À partir du 3 septembre précisément, 233 logements seront proposés à l'achat sous un régime spécifique dit bail réel solidaire (BRS) . Ce dispositif permet de dissocier le bâti du foncier en permettant aux futurs propriétaires de bénéficier de moindres coûts en n'achetant que les murs mais pas le terrain, soumis à loyer. Malgré quelques couacs et recours lancés sur de précédentes opérations (notamment sur le site de Saint-Vincent-de-Paul , dans le XIVe arrondissement), la mairie maintient le cap et poursuit sa stratégie de déploiement de ce nouveau mode d'accession.

Le Soir
2 days ago
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Bruxelles : logement et biodiversité, la très difficile équation
Dans la capitale, les rares terrains encore non construits font l'objet d'une lutte entre ceux qui privilégient la construction de logements et ceux qui mettent en avant la défense de la biodiversité. Durant la législature précédente, le PS et Ecolo se sont opposés frontalement sur la question au gouvernement. Au croisement des enjeux de logement et d'espaces verts, la friche Josaphat, qui constitue une des dernières réserves foncières publiques à Bruxelles, représente sans doute le dossier le plus symbolique.


La Presse
3 days ago
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Un patrimoine public en voie de privatisation
À la suite de l'annonce du projet retenu pour le redéveloppement du site de l'Institut des Sourdes-Muettes, plusieurs réflexions ont émergé dans notre regroupement. Anaïs Hélie-Martel Pour la Corporation de développement communautaire Plateau-Mont-Royal Comme mentionné dans plusieurs articles1, le promoteur privé Residia a remporté l'appel de proposition lancé à l'automne dernier par la Société québécoise des infrastructures (SQI), l'actuelle propriétaire du site. La proposition du promoteur est de densifier le site, tout en préservant une grande partie de cet ensemble patrimonial unique, dont la chapelle. Au total, on prévoit plus de 800 logements sur le site. Du public au privé On y parle de densification par le biais de tours d'habitation de 17 ou 25 étages, de préservation du patrimoine et d'un échéancier très serré. Pourtant, un élément n'est jamais réellement abordé dans ce dossier : la perte d'un bâtiment du secteur public au profit du secteur privé. Le gouvernement québécois, qui est propriétaire du bâtiment depuis 1979, l'a complètement abandonné depuis 2015. C'est entre autres cette vacance qui a mené à sa dégradation avancée et à cet appel à propositions. La seule avenue possible est de densifier le site si nous souhaitons le préserver, nous dit-on. Pourtant, son sort aurait pu être bien différent si nous lui avions accordé plus d'importance par le passé. On ne peut passer sous silence les conséquences de cette inaction, soit la perte d'un site complètement public aux mains du secteur privé. Bien qu'on veuille aujourd'hui sauver un bâtiment patrimonial exceptionnel, nous devons nous rendre à l'évidence que nous perdons un patrimoine social et collectif immense pour servir des intérêts privés, ce qui semble être de plus en plus la norme. En effet, on semble assister de plus en plus à un désengagement de l'État lorsqu'il est question de patrimoine et d'immeubles à vocation publique. D'autant plus qu'il y a peu de mentions sur la façon dont l'histoire et les mémoires de la communauté sourde et malentendante seront mises en valeur une fois le site reconverti. La crise du logement comme un moteur d'action Cela a été mentionné à plusieurs reprises : ce qui motive un projet qui propose une importante densification, c'est la crise du logement et l'urgence d'agir pour la contrer. C'est un discours qu'on entend énormément dernièrement : construire plus des logements nous permettra de sortir de la crise. Effectivement, il est nécessaire de construire plus de logements, mais pas n'importe lesquels. En réalité, c'est la construction de logements sociaux, de coopératives d'habitation et de projets soutenus par des OBNL d'habitation qui nous permettra de nous attaquer à cette crise. La différence, c'est que les loyers de ce type d'habitation sont réellement abordables sur le long terme pour les ménages à faible revenu ; soit les ménages qui vivent plus intensément la crise du logement actuelle. Ce n'est pas avec la construction de condos que nous sortirons de cette crise. Le principe de « ruissellement des logements » n'existe malheureusement pas, surtout lorsque les hausses de loyers les plus importantes se produisent lors d'un changement de locataires. Peut-on faire mieux ? Le projet de requalification de l'Institut des Sourdes-Muettes est ambitieux. Nous reconnaissons l'effort qui a été mis pour préserver le patrimoine architectural et bâti de l'ancienne institution. Il est vrai qu'il est impératif de redévelopper le site, car plus on attend et plus il se dégrade. Ce serait extrêmement dommage de perdre un bâtiment patrimonial si important. Nous accueillons favorablement l'idée de donner une nouvelle vocation à ce bâtiment. Cela dit, nous aimerions y voir une vocation publique, sociale et communautaire beaucoup plus forte et surtout mieux définie. À la base, il s'agit d'un site entièrement public et notre souhait aurait été qu'il le demeure. Il aurait été intéressant que le gouvernement fournisse un effort supplémentaire pour préserver une plus grande proportion du site dans l'appareil public ou communautaire, considérant qu'il a une valeur historique importante, notamment pour la communauté sourde et malentendante. Nous comprenons bien qu'à ce stade-ci, cela n'est plus envisageable. Toutefois, il est encore possible d'augmenter la portion qui est dédiée à la collectivité et au bien public. Nous pensons qu'il est possible et réaliste de viser un minimum de 50 % du projet à caractère social, considérant que 20 % doivent déjà être dédiés à du logement social si l'on se fie au Règlement pour une métropole mixte (RMM). Lorsqu'on parle de vocation publique, sociale et communautaire pour ce site, cela peut prendre plusieurs formes concrètes : logements sociaux, OBNL, espaces collectifs ou encore services publics. Par exemple, nous pensons que les 20 % réservés pour les logement abordable doivent être dédiés à un projet hors marché, afin de pérenniser l'abordabilité au-delà des 20 ans requis par le RMM. De plus, il y aurait des ponts à faire avec des sociétés d'histoire ainsi que la communauté sourde et malentendante afin de préserver l'essence culturelle de ce site. On pourrait y imaginer un parc et des plaques commémoratives permettant d'honorer la riche histoire de cette communauté et de l'Institut des Sourdes-Muettes. En somme, il est encore temps d'agir pour préserver une part significative de ce site au bénéfice de la collectivité. Cela exige une volonté politique forte et une vision à long terme du bien commun. 1. Lisez « Institut des Sourdes-Muettes – Québec opte pour de la hauteur » Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue