Dernières actualités avec #vignerons


24 Heures
4 days ago
- Politics
- 24 Heures
Suisse: les jeunes délaissent le vin, bonne nouvelle pour la prévention?
Histoire du jour | 27 juillet – «Nous sommes aussi inquiets de voir que les jeunes boivent du mauvais mousseux étranger» Les Suisses en général et les jeunes en particulier boudent le vin, ce qui angoisse les vignerons romands. Mais réjouit les milieux de la prévention? Rien n'est si simple. Romaric Haddou Les spécialistes déplorent le marketing agressif des distributeurs pour des boissons présentées comme festives. Getty Images Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : Les professionnels romands de la viticulture s'alarment de la baisse de consommation de vin et de la concurrence étrangère. Les pros de la prévention critiquent aussi l'offre industrielle bon marché. Ils soutiennent l'instauration d'un prix minimum pour le vin. Les acteurs sanitaires estiment que les vignerons n'ont pas à se plaindre d'un manque de soutien politique. La consommation de vin a chuté de 8% en Suisse l'an dernier (16% pour les vins suisses) et les jeunes sont les premiers à faire vœu de sobriété. De quoi réjouir les spécialistes de la prévention pendant que les vignerons, eux, appellent à l'aide? Réunis en début de semaine à Gilly (VD), les professionnels romands de la viticulture ont exprimé leur ras-le-bol face à la concurrence étrangère et réclamé des mesures de soutien urgentes, brandissant des risques de faillites. Présente à leurs côtés, la conseillère nationale Jacqueline de Quattro (PLR/VD) a prévenu que le combat serait rude, notamment parce que «la perception de la viticulture n'est pas uniforme au niveau suisse. Sa valeur est forte en Suisse romande, mais en Suisse alémanique, l'argument principal sera que l'alcool est une menace pour la santé publique.» De quoi (re)lancer le débat. Les défenseurs de la consommation modérée oseraient-ils trinquer aux difficultés de la branche? «C'est une question compliquée, sourit Franck Simond, directeur de la Fondation vaudoise contre l'alcoolisme (FVA). Il faut être clair sur un point: nous nous battons contre l'alcoolisme, pas contre l'alcool. Nous sommes contents lorsque la consommation baisse, mais nous sommes aussi inquiets en constatant que les jeunes utilisent trop souvent des mousseux étrangers de mauvaise qualité pour faire des cocktails.» Chargée de communication à la Croix-Bleue romande, Laetitia Gern enchaîne: «Pour nous comme pour les vignerons, le prix de certains vins étrangers est problématique. C'est un facteur d'accessibilité important et c'est pourquoi nous défendons une hausse du prix minimum.» «À prix semblable, ou presque, il est plus facile de jouer la carte locale et de promouvoir les vins suisses. Pour nous aussi, l'instauration d'un prix minimum pour le vin est la mesure la plus pragmatique, appuie Franck Simond. Personnellement, je suis persuadé que santé publique et intérêts économiques régionaux peuvent converger dans ce dossier. Certains vignerons sont très au clair sur les enjeux de prévention. Boire moins mais mieux, c'est quelque chose qui parle à tout le monde.» Les jeunes boivent différemment Car les modes de consommation continuent d'évoluer «en défaveur des vignerons locaux», constate Camille Robert, cosecrétaire générale du GREA (Groupement romand d'études des addictions). «C'est-à-dire que la consommation quotidienne, avec un verre de vin à chaque repas, c'est terminé chez les jeunes. Aujourd'hui, la consommation globale baisse mais ça ne doit pas masquer que le binge drinking (ndlr: alcoolisation ponctuelle importante) augmente. Et pour ce type de consommation, les jeunes se tournent vers les produits bon marché.» «En dehors de cette hausse du binge drinking, notre société va vers une forme d'hygiénisme et il faut tenir compte de cette évolution. Pourquoi ne pas l'accompagner en misant sur les vins sans alcool, comme c'est le cas pour les bières? C'est peut-être un effet de mode, mais c'est une piste à garder en tête pour les producteurs qui doivent écouler leur raisin», suggère le directeur de la FVA. Pour les acteurs sanitaires, il ne faut pas se tromper de coupable(s). Une publication du Centre patronal a d'ailleurs fait bondir certains spécialistes en juin dernier. Signé du secrétaire général de l'Association suisse du commerce des vins, le texte s'en prenait à l'Organisation mondiale de la santé, l'accusant de vouloir imposer une société sans alcool. Il était aussi question d'études mettant en avant les effets bénéfiques d'une consommation modérée sur la santé. «Ce texte met en cause les milieux de la prévention et nous fait porter la responsabilité des difficultés des viticulteurs locaux avec des propos très graves, réagit Franck Simond. Au passage, l'argument de la consommation modérée a été démonté par l'Inserm et un comité scientifique inattaquable. Les études qui parvenaient à cette conclusion présentaient des biais méthodologiques.» Pour lui, cette prise de position prouve que les fronts politiques se durcissent. Dans le canton de Vaud, c'est particulièrement le cas autour de la vente d'alcool dans les stations-services, que le Conseil d'État envisage d'autoriser. Une mesure qui, selon la FVA, mettrait en danger la jeunesse tout en bénéficiant principalement aux producteurs étrangers. Coupe budgétaire dans la prévention Sur le plan politique, les milieux sanitaires se sentent en position de faiblesse. «Les vignerons réclament davantage de soutien, mais ils ont beaucoup plus de relais que nous à Berne. La viticulture et l'agriculture sont surreprésentées au parlement, observe Camille Robert. N'oublions pas qu'en juin, Guy Parmelin, conseiller fédéral vaudois, a encouragé publiquement la population à boire davantage de vin.» En parallèle, les acteurs de la santé publique rappellent que la Confédération vient de réduire de 25% les fonds alloués à la prévention et au traitement des addictions. Plutôt que d'imaginer un puissant «lobby antialcool», les pros de la prévention conseillent de s'intéresser aux stratégies marketing des grands distributeurs. Face à la baisse de la consommation, ces derniers sont accusés de durcir leurs méthodes et de cibler les jeunes avec «des produits très sucrés, pétillants et aux tarifs imbattables». Des boissons présentées comme festives, au même titre que les sodas énergisants, pullulent en soirée. «Je ne pense pas qu'il y a une substitution de l'alcool par les boissons énergisantes et que cela contribue à la baisse de la consommation de vin. Par contre, que ce soit pour les vins pétillants et pour les boissons à base de caféine et de taurine, nous voyons qu'il y a des investissements massifs sur le marketing. Et ça c'est inquiétant, que ce soit pour les viticulteurs romands ou pour nous», termine Franck Simond. Cet article vous a plu? Découvrez davantage de contenus dans l'édition actuelle de l'e-paper «Le Matin Dimanche» et dans nos archives. Chaque dimanche matin, retrouvez également votre journal en caissettes près de chez vous. Vous pouvez aussi vous inscrire à notre newsletter. Romaric Haddou est journaliste à la rubrique Vaud et régions depuis 2016. Il couvre en particulier le domaine de la santé. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
5 days ago
- Politics
- 24 Heures
Les vignerons suisses ont besoin de nous
Accueil | Opinion | Éditorial | Opinion La coupe est pleine pour les vignerons de nos régions, qui se révoltent. Nous pouvons les aider. Éditorial Publié aujourd'hui à 08h05 Quelque 200 vigneronnes et vignerons ont lancé un mouvement de révolte il y a quelques jours. Et ce n'est probablement que le début. Foto: Editpress/Julien Garroy S'ils transforment la terre en un précieux liquide, les vignerons suisses ne roulent pas sur l'or. Loin de là. Beaucoup d'entre eux peinent à écouler leur stock, sur un marché inondé par les vins étrangers. La coupe est pleine. Quelque 200 vigneronnes et vignerons ont lancé un mouvement de révolte il y a quelques jours. Et ce n'est probablement que le début. Il faut voir leurs conditions de vie. Chez les Gaillard père et fils, que nous avons rencontrés, les vacances, on ne connaît pas. Clément, le fils, nous raconte la faible rentabilité de leur activité, les crises, les lourdeurs administratives. Mais aussi la passion, l'optimisme, la beauté de leur métier. Alors ils se débrouillent. Ils misent sur l'œnotourisme et sur la vente directe pour tenir, en profitant de la renommée du Lavaux où ils sont installés. Ils ne croient plus depuis longtemps aux belles promesses des responsables politiques, et ils sont prêts à se battre pour les faire réagir. Clément et Jean-René sont vaudois, mais la situation est la même pour des centaines de pros valaisans, genevois ou neuchâtelois. La solution est collective, mais aussi individuelle. Quitte à acheter du vin, alors achetons-le dans nos régions. Les vins suisses n'ont jamais été d'aussi bonne qualité, et ils ne sont pas tellement plus chers que les vins étrangers – excepté la piquette qu'il vaut mieux éviter. Oui, un vin de qualité fait voyager. Mais il n'y a certainement pas besoin d'aller le chercher au bout du monde pour décoller. Vignes et vignerons suisses Eric Lecluyse est rédacteur en chef de «24 heures» et de la rédaction romande de Tamedia depuis décembre 2024. Diplômé de l'Ecole supérieure de journalisme de Lille (ESJ), il était auparavant rédacteur en chef du quotidien neuchâtelois «ArcInfo». Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
5 days ago
- Business
- 24 Heures
Colère des vignerons: «Aujourd'hui, on ne joue pas à armes égales»
Histoire du jour | 26 juillet – Colère des vignerons: «Aujourd'hui, on ne joue pas à armes égales» En Lavaux, les vignerons s'organisent pour faire face à la crise viticole. Nous avons rencontré l'un d'entre eux. Salomé Philipp Pour Jean-René, le père, et Clément, le fils, il faut être passionné et courageux en ces temps difficiles. Odile Meylan/Tamedia Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk Au domaine Gaillard à Épesses, on n'a guère le temps d'une pause en ce jeudi matin. Clients et employés vont et viennent. La mère enchaîne les appels téléphoniques tandis que père et fils reçoivent et conseillent les clients. Les 4 à 5 hectares qui entourent la maison familiale sont couverts de vignes, cultivées depuis quatre générations par leurs soins. La beauté du paysage et la vue plongeante sur le Léman feraient presque oublier que la famille fait face à une crise majeure, qui secoue tout le monde viticole suisse. Un marché saturé, des vins importés qui envahissent les étals et des réponses politiques qui tardent à apaiser les inquiétudes des viticulteurs. Depuis la fin des années 2010, la production dépasse la demande, mettant à mal la rentabilité de nombreux domaines. En parallèle, la consommation de vin diminue, témoignant d'un intérêt décroissant de la part des Suisses. Dans la cave fraîche, la réserve s'étale en rangées serrées. Des vins rouges et blancs aux étiquettes et aux millésimes variés ne demandent qu'à être savourés. Un savoir-faire local face à un marché globalisé La réalité économique s'en trouve d'autant plus difficile que produire du vin sur les terrasses de Lavaux coûte une fortune. Peu de régions viticoles dans le monde présentent des charges d'exploitation aussi élevées, et pour cause: la pente rend la mécanisation impossible sur certaines parcelles, obligeant à des travaux manuels exigeants. À cela s'ajoutent des standards agricoles suisses très élevés. Ces réglementations imposent des méthodes plus écologiques, mais aussi plus coûteuses. Difficile, dans ces conditions, de rivaliser avec des bouteilles venues de pays où la main-d'œuvre est moins chère et les exigences environnementales moins contraignantes. En 2024, près des deux tiers des vins achetés en Suisse étaient d'origine étrangère. Ce phénomène croissant inquiète les vignerons romands, qui se sont réunis lundi 21 juillet à Gilly pour faire entendre leur colère. Réconcilier les Suisses avec leurs vignerons Jean-René et Clément s'accordent enfin une pause pour répondre à nos questions. Le père et le fils veulent rompre la barrière entre producteurs et consommateurs, instaurer le dialogue pour transmettre l'excellence du vin suisse et dissiper les clichés. Car «non, les vignerons ne sont pas des pollueurs ou des alcooliques, mais des artisans qui travaillent sans compter leurs heures». Épesses est l'une des communes de Suisse où on dénombre le plus de vignerons-encaveurs. Odile Meylan/Tamedia Pourquoi le vin suisse peine-t-il à s'imposer sur son propre marché? Aujourd'hui, on ne joue pas à armes égales: les vins importés bénéficient d'accords de libre-échange et d'accords bilatéraux qui réduisent leurs coûts. Certains produits ne respectent pas les mêmes normes que nous, surtout sur le plan environnemental. Ce n'est pas normal. Il faut surveiller davantage cette concurrence déloyale et activer des leviers économiques: mettre en place une politique protectionniste pour rendre nos vins plus attractifs, notamment en entrée de gamme. On connaît le fromage et le chocolat suisses, mais notre vin reste trop peu connu. Les gens ne savent pas vraiment de quoi il s'agit: est-ce qu'on est plutôt bon en rouge, en blanc, en mousseux? Le problème, c'est que le vin suisse n'a pas d'image de marque. Il y a aussi une baisse de la consommation chez les jeunes. C'est vrai, le vin est devenu un produit de luxe, surtout le vin suisse. Avec l'inflation, c'est de moins en moins accessible. Les jeunes commencent à boire du vin plus tard, quand c'est socialement et économiquement plus adapté. Et puis il y a tous les messages de santé publique. On entend partout que l'alcool, c'est mauvais. Résultat: le vin disparaît des repas d'entreprise, des apéros entre collègues. On est de plus en plus seul, alors qu'à la base, le vin, c'est une boisson de partage. Quand elles viennent chez nous, les personnes veulent tester, découvrir, mais elles achètent rarement par caisse comme à l'époque. Les clients restent nombreux, mais le panier moyen diminue. La crise vous a-t-elle enfin fédérés, comme on a pu le voir lundi? Pendant longtemps, on n'a pas su faire front et parler d'une seule voix pour dénoncer la situation. Mais la crise change les choses. Il y a deux ans, on a notamment créé l'Association des jeunes vignerons de Lavaux. Cette initiative a apporté une vraie entraide. On a aussi lancé un chasselas, «Coup de blanc», né d'un projet collectif. Il faut qu'on valorise ensemble ce qu'on fait de bien. En Suisse, nous sommes pionniers en agriculture raisonnée et dans la labellisation, avec des suivis et des contrôles sérieux: 90% du travail viticole se fait en lutte raisonnée. Pourtant, on ne met pas assez cela en avant. Pour avancer, il faut des personnes qui fédèrent, inspirent et donnent une bonne image du métier, comme Marie-Thérèse Chappaz en Valais. Qu'en est-il des vignerons qui quittent le métier? Un tiers des vignobles environ manquent de repreneurs, souvent faute d'enfants pour assurer la relève. Beaucoup de viticulteurs revendent leur domaine ou se reconvertissent. Cela pose un vrai défi: que deviendront ces vignes dans les années à venir? L'arrachage ou le basculement vers des friches menaceraient le label Unesco de Lavaux, ce qui serait une lourde perte pour tous les acteurs économiques de la région. En plus, il y a de moins en moins de main-d'œuvre qualifiée, car peu de jeunes se forment à la viticulture; j'étais le seul apprenti de ma volée. La profession souffre d'un manque de reconnaissance, tout comme les autres apprentissages liés à la terre. Les employeurs sont souvent réticents à prendre des apprentis, car les former demande du temps, des compétences et un investissement important. L'œnotourisme est-il une solution? On fait de l'œnotourisme de manière plus active depuis cinq ans, même si on en a toujours fait un peu, avec notre espace de dégustation et un accès facile. C'est venu naturellement, parce qu'il fallait se diversifier. La vente directe aux particuliers représente aujourd'hui environ 70% de nos revenus. Accueillir les visiteurs permet de mieux valoriser nos produits et d'assurer cette part essentielle de notre chiffre d'affaires. Mais il ne faut pas se mentir: le tourisme, ce n'est pas notre métier. Nous, on produit et on vend du vin. Lavaux s'y prête, c'est vrai, mais l'œnotourisme ne devrait pas être une condition pour que les vignerons puissent subsister. Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Se connecter Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


Le Parisien
7 days ago
- Business
- Le Parisien
Avec près de 1,3 milliard de bouteilles en caves, la Champagne va vendanger moins pour réduire son stock
Les années se suivent et ne se ressemblent pas en Champagne. Tous les ans, au cœur de l'été, le bureau exécutif du Comité Champagne, à Épernay (Marne) qui représente les 16 000 vignerons, les 390 maisons et les 125 coopératives, se réunit pour décider de la quantité maximale de raisin autorisée à être vendangée. Un modèle unique au monde, fruit d'une négociation entre les vignerons et le négoce qui permet de conserver un équilibre en fonction de l'état des raisins, des ventes et des perspectives. Pour 2025, le rendement a été fixé à 9 000 kg par hectare, ce qui correspond à une production de 259 millions de bouteilles. Soit 1 000 kg de moins que l'an dernier, une année déjà marquée par une baisse des expéditions (271,4 millions de bouteilles, -9,2 % par rapport à 2023). « On anticipe une progression modeste des expéditions, mais on reste prudent étant donné le contexte géopolitique, diplomatique et économique », explique David Chatillon, coprésident du Comité Champagne et président de l'Union des maisons de champagne (UMC). En 2020, un rendement exceptionnellement bas avait été fixé à 8 000 kg/ha pour répondre à un marché touché de plein fouet par la crise. Celui-ci avait été remonté à 12 000 kg, en 2022, pour accompagner la formidable croissance des ventes post-covid. Depuis, ce chiffre n'a fait que plonger. « C'est une décision qui amorce une réduction du stock de bouteilles pour retrouver un niveau équivalent à 4,2 années d'expéditions, détaille David Chatillon qui précise que celui-ci se situe à 1,285 milliard de cols. Quand la conjoncture est en forte croissance, il faut rentrer du raisin pour la demande future. Quand les expéditions sont en décroissance, il faut réduire ce stock. C'est un impératif absolu pour préserver nos équilibres. » Le contexte incertain, notamment de l'autre côté de l'Atlantique, incite à la prudence. La filière reste suspendue à la menace, brandie par Donald Trump, de surtaxes de 30 % sur toutes les importations des États-Unis venant de l'Union européenne. En 2024, 27,4 millions de bouteilles ont été exportées vers les États-Unis, selon l'Union des maisons de champagne, pour une valeur de 820 M€. « On garde espoir que la négociation puisse aboutir, estime David Chatillon. Mais si une décision venait à frapper les produits européens, on ne pourra pas faire autrement que d'en tenir compte. » Quels que soient les soubresauts internationaux, les 34 300 ha de l'appellation seront vendangés d'ici à quelques semaines. Autour du 20 août pour les secteurs les plus précoces et cinq jours plus tard pour la majorité des crus.


Le Parisien
23-07-2025
- Politics
- Le Parisien
La Route du champagne en fête prisée des touristes étrangers : « On entend parler toutes les langues ! »
« Il suffit de tendre l'oreille pour entendre parler toutes les langues ! » Président de Cap'C, l'association de promotion du champagne de la Côte des Bar (Aube) et son patrimoine, Étienne Bertrand n'en revient pas. Ces dernières années, la Route du champagne en fête , lancée en 1995 par un noyau de vignerons, a poursuivi son internationalisation dans d'amples proportions. « Les cinq continents étaient représentés en 2024. Sur les 40 000 visiteurs, on en avait au moins la moitié qui venait de l'étranger, poursuit Étienne Bertrand. A minima, il y avait 30 pays différents. » Grâce aux pass de dégustation vendus en ligne en amont, les organisateurs ont une idée de la provenance des visiteurs mais elle reste partielle. « Par exemple, j'ai croisé des Argentins le dimanche matin. » Cette année, le village des Riceys , commune avec la plus grande surface viticole de Champagne avec ses 866 ha, va se mettre sur son 31 les samedi 26 et dimanche 27 juillet. Avec, à la clé, de bonnes affaires pour les producteurs du secteur – « L'an passé, entre 30 000 et 40 000 bouteilles ont été vendues » – même si ce n'est pas le but premier. « Ce festival, c'est d'abord un bon moyen de promouvoir l'image du champagne et notre savoir-faire. On mise sur la convivialité », insiste Étienne Bertrand. La qualité de l'accueil des vignerons explique en partie le succès de la manifestation hors de France. À l'heure des réseaux sociaux, le bouche-à-oreille reste le meilleur moyen de communication pour la Route du champagne en fête. Les amateurs de bulles du monde entier ne se contentent pas de placer la Marne sur une carte. Ils savent aussi pointer vers la Côte des Bar ! C'est, par exemple, le cas pour les visiteurs venus d'Asie. Pour la première fois cette année, un tour-opérateur a contacté directement les organisateurs. Il affrète un bus avec 50 touristes japonais. Les Coréens sont aussi de grands amateurs. « On assiste parfois à un choc culturel, souligne Étienne Bertrand. On a de magnifiques photos avec des Coréens en tenues traditionnelles sur l'édition passée. » Belges, Néerlandais, Suisses, Allemands ou encore Italiens sont présents en force mais on croise aussi régulièrement des Ivoiriens et des Sud-Africains. Avec le Nigeria, ces deux pays sont parmi les trois principaux importateurs de champagne sur le continent africain. L'embryon qu'était la Route du champagne en fête à ses débuts a bien grandi. « Il y a eu deux tournants, se souvient Étienne Bertrand. À partir des années 2000, ça a commencé à prendre de l'ampleur. On a aussi vu une nette différence après la crise sanitaire. » Annulée en 2020 et 2021, elle a repris son élan en 2022. Le nombre de pass de dégustation vendus chaque année est variable. Il dépend de la taille du territoire hôte. Pour l'opus 2025 aux Riceys, 15 000 pass sont disponibles. Pour 40 euros, ils contiennent 15 tickets de dégustation, une flûte, un porte-flûte, un éthylotest et un carnet de route indiquant les points de dégustation. Il y a 14 caves participantes aux Riceys mais 15 points de dégustation. « Pour les 10 ans de l'inscription des Coteaux, Maisons et Caves de Champagne au patrimoine mondial de l'Unesco , on a ajouté un point mystère ! », prévient Étienne Bertrand. Si les étrangers sont de plus en plus nombreux à rejoindre la Côte des Bar fin juillet, c'est aussi, il ne faut pas se le cacher, parce que la manifestation est montée en gamme d'année en année. « Quand on a augmenté le prix du pass, on a aussi amélioré la qualité de l'accueil », reconnaît Étienne Bertrand. De nombreuses navettes en petit train permettent, par exemple, de circuler aisément d'un point d'intérêt à un autre. Dans la dernière ligne droite avant ce week-end festif, la vente des pass en ligne n'a jamais aussi bien fonctionné que cette année. La trentaine de nationalités devrait encore être atteinte. Pour certains, leur venue dans l'Aube est programmée depuis belle lurette. « Désormais, les hôtels sont réservés un an à l'avance. » Cette édition 2025 va encore receler quelques anecdotes savoureuses. « En 2017, j'ai reçu un coup de téléphone de l'ambassade des États-Unis à Paris. Des compatriotes les avaient appelés pour savoir comment venir. Finalement, des membres de l'ambassade ont décidé de venir aussi », se souvient Étienne Bertrand. À l'image des marathons festifs qu'enchaînent les amateurs de course à pied, la Route du champagne en fête figure désormais parmi les incontournables des fans de bonne chère. « En 2019, quatre Italiens étaient déguisés en commandants de bord. Sur leurs vestes, ils avaient brodé les visuels de la Route du champagne en fête. » Si le succès ne se dément pas au bout de trois décennies, c'est aussi parce que la Côte des Bar sait se renouveler et surprendre ses visiteurs. Pour cette édition 2025, les amateurs de fines bulles vont sillonner le seul village de Champagne avec trois AOC (appellation d'origine contrôlée) : pour le champagne, les coteaux champenois et le rosé des Riceys. Ce dernier était connu jusqu'à la table de Louis XIV. Il le sera désormais à travers le monde entier.