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Avec près de 1,3 milliard de bouteilles en caves, la Champagne va vendanger moins pour réduire son stock
Avec près de 1,3 milliard de bouteilles en caves, la Champagne va vendanger moins pour réduire son stock

Le Parisien

timea day ago

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Avec près de 1,3 milliard de bouteilles en caves, la Champagne va vendanger moins pour réduire son stock

Les années se suivent et ne se ressemblent pas en Champagne. Tous les ans, au cœur de l'été, le bureau exécutif du Comité Champagne, à Épernay (Marne) qui représente les 16 000 vignerons, les 390 maisons et les 125 coopératives, se réunit pour décider de la quantité maximale de raisin autorisée à être vendangée. Un modèle unique au monde, fruit d'une négociation entre les vignerons et le négoce qui permet de conserver un équilibre en fonction de l'état des raisins, des ventes et des perspectives. Pour 2025, le rendement a été fixé à 9 000 kg par hectare, ce qui correspond à une production de 259 millions de bouteilles. Soit 1 000 kg de moins que l'an dernier, une année déjà marquée par une baisse des expéditions (271,4 millions de bouteilles, -9,2 % par rapport à 2023). « On anticipe une progression modeste des expéditions, mais on reste prudent étant donné le contexte géopolitique, diplomatique et économique », explique David Chatillon, coprésident du Comité Champagne et président de l'Union des maisons de champagne (UMC). En 2020, un rendement exceptionnellement bas avait été fixé à 8 000 kg/ha pour répondre à un marché touché de plein fouet par la crise. Celui-ci avait été remonté à 12 000 kg, en 2022, pour accompagner la formidable croissance des ventes post-covid. Depuis, ce chiffre n'a fait que plonger. « C'est une décision qui amorce une réduction du stock de bouteilles pour retrouver un niveau équivalent à 4,2 années d'expéditions, détaille David Chatillon qui précise que celui-ci se situe à 1,285 milliard de cols. Quand la conjoncture est en forte croissance, il faut rentrer du raisin pour la demande future. Quand les expéditions sont en décroissance, il faut réduire ce stock. C'est un impératif absolu pour préserver nos équilibres. » Le contexte incertain, notamment de l'autre côté de l'Atlantique, incite à la prudence. La filière reste suspendue à la menace, brandie par Donald Trump, de surtaxes de 30 % sur toutes les importations des États-Unis venant de l'Union européenne. En 2024, 27,4 millions de bouteilles ont été exportées vers les États-Unis, selon l'Union des maisons de champagne, pour une valeur de 820 M€. « On garde espoir que la négociation puisse aboutir, estime David Chatillon. Mais si une décision venait à frapper les produits européens, on ne pourra pas faire autrement que d'en tenir compte. » Quels que soient les soubresauts internationaux, les 34 300 ha de l'appellation seront vendangés d'ici à quelques semaines. Autour du 20 août pour les secteurs les plus précoces et cinq jours plus tard pour la majorité des crus.

La Route du champagne en fête prisée des touristes étrangers : « On entend parler toutes les langues ! »
La Route du champagne en fête prisée des touristes étrangers : « On entend parler toutes les langues ! »

Le Parisien

time2 days ago

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La Route du champagne en fête prisée des touristes étrangers : « On entend parler toutes les langues ! »

« Il suffit de tendre l'oreille pour entendre parler toutes les langues ! » Président de Cap'C, l'association de promotion du champagne de la Côte des Bar (Aube) et son patrimoine, Étienne Bertrand n'en revient pas. Ces dernières années, la Route du champagne en fête , lancée en 1995 par un noyau de vignerons, a poursuivi son internationalisation dans d'amples proportions. « Les cinq continents étaient représentés en 2024. Sur les 40 000 visiteurs, on en avait au moins la moitié qui venait de l'étranger, poursuit Étienne Bertrand. A minima, il y avait 30 pays différents. » Grâce aux pass de dégustation vendus en ligne en amont, les organisateurs ont une idée de la provenance des visiteurs mais elle reste partielle. « Par exemple, j'ai croisé des Argentins le dimanche matin. » Cette année, le village des Riceys , commune avec la plus grande surface viticole de Champagne avec ses 866 ha, va se mettre sur son 31 les samedi 26 et dimanche 27 juillet. Avec, à la clé, de bonnes affaires pour les producteurs du secteur – « L'an passé, entre 30 000 et 40 000 bouteilles ont été vendues » – même si ce n'est pas le but premier. « Ce festival, c'est d'abord un bon moyen de promouvoir l'image du champagne et notre savoir-faire. On mise sur la convivialité », insiste Étienne Bertrand. La qualité de l'accueil des vignerons explique en partie le succès de la manifestation hors de France. À l'heure des réseaux sociaux, le bouche-à-oreille reste le meilleur moyen de communication pour la Route du champagne en fête. Les amateurs de bulles du monde entier ne se contentent pas de placer la Marne sur une carte. Ils savent aussi pointer vers la Côte des Bar ! C'est, par exemple, le cas pour les visiteurs venus d'Asie. Pour la première fois cette année, un tour-opérateur a contacté directement les organisateurs. Il affrète un bus avec 50 touristes japonais. Les Coréens sont aussi de grands amateurs. « On assiste parfois à un choc culturel, souligne Étienne Bertrand. On a de magnifiques photos avec des Coréens en tenues traditionnelles sur l'édition passée. » Belges, Néerlandais, Suisses, Allemands ou encore Italiens sont présents en force mais on croise aussi régulièrement des Ivoiriens et des Sud-Africains. Avec le Nigeria, ces deux pays sont parmi les trois principaux importateurs de champagne sur le continent africain. L'embryon qu'était la Route du champagne en fête à ses débuts a bien grandi. « Il y a eu deux tournants, se souvient Étienne Bertrand. À partir des années 2000, ça a commencé à prendre de l'ampleur. On a aussi vu une nette différence après la crise sanitaire. » Annulée en 2020 et 2021, elle a repris son élan en 2022. Le nombre de pass de dégustation vendus chaque année est variable. Il dépend de la taille du territoire hôte. Pour l'opus 2025 aux Riceys, 15 000 pass sont disponibles. Pour 40 euros, ils contiennent 15 tickets de dégustation, une flûte, un porte-flûte, un éthylotest et un carnet de route indiquant les points de dégustation. Il y a 14 caves participantes aux Riceys mais 15 points de dégustation. « Pour les 10 ans de l'inscription des Coteaux, Maisons et Caves de Champagne au patrimoine mondial de l'Unesco , on a ajouté un point mystère ! », prévient Étienne Bertrand. Si les étrangers sont de plus en plus nombreux à rejoindre la Côte des Bar fin juillet, c'est aussi, il ne faut pas se le cacher, parce que la manifestation est montée en gamme d'année en année. « Quand on a augmenté le prix du pass, on a aussi amélioré la qualité de l'accueil », reconnaît Étienne Bertrand. De nombreuses navettes en petit train permettent, par exemple, de circuler aisément d'un point d'intérêt à un autre. Dans la dernière ligne droite avant ce week-end festif, la vente des pass en ligne n'a jamais aussi bien fonctionné que cette année. La trentaine de nationalités devrait encore être atteinte. Pour certains, leur venue dans l'Aube est programmée depuis belle lurette. « Désormais, les hôtels sont réservés un an à l'avance. » Cette édition 2025 va encore receler quelques anecdotes savoureuses. « En 2017, j'ai reçu un coup de téléphone de l'ambassade des États-Unis à Paris. Des compatriotes les avaient appelés pour savoir comment venir. Finalement, des membres de l'ambassade ont décidé de venir aussi », se souvient Étienne Bertrand. À l'image des marathons festifs qu'enchaînent les amateurs de course à pied, la Route du champagne en fête figure désormais parmi les incontournables des fans de bonne chère. « En 2019, quatre Italiens étaient déguisés en commandants de bord. Sur leurs vestes, ils avaient brodé les visuels de la Route du champagne en fête. » Si le succès ne se dément pas au bout de trois décennies, c'est aussi parce que la Côte des Bar sait se renouveler et surprendre ses visiteurs. Pour cette édition 2025, les amateurs de fines bulles vont sillonner le seul village de Champagne avec trois AOC (appellation d'origine contrôlée) : pour le champagne, les coteaux champenois et le rosé des Riceys. Ce dernier était connu jusqu'à la table de Louis XIV. Il le sera désormais à travers le monde entier.

Crise de la viticulture: la révolte gronde chez les vignerons romands
Crise de la viticulture: la révolte gronde chez les vignerons romands

24 Heures

time3 days ago

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Crise de la viticulture: la révolte gronde chez les vignerons romands

Difficultés financières – Face à la crise, les vignerons en révolte ciblent les importations Quelque 200 vignerons vaudois, valaisans, genevois et neuchâtelois ont lancé un mouvement de protestation, lundi à Gilly. Sébastien Galliker Quelque 200 personnes ont participé à cette table ronde intitulée «Les vendanges du désespoir». Elles disent leur ras-le-bol de la concurrence étrangère à bas coût. Yvain Genevay / Tamedia Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : Des vignerons romands en t-shirts patriotiques expriment leur détresse à Gilly. La consommation locale chute tandis que l'importation atteint sept bouteilles sur dix. Les viticulteurs demandent un doublement des paiements directs pour 2025. L'unité nationale reste fragile sans le soutien des vignerons alémaniques. Les panneaux de localité des villages viticoles ne sont pas encore tournés, mais entre agriculteurs et viticulteurs, les revendications sont proches. Concurrence étrangère déloyale ou difficultés financières et risques de faillites sont des mots qui ont été fréquemment prononcés, lundi soir, à Gilly. Dix-huit mois après la révolte agricole, un groupe de viticulteurs romands invitait ses pairs à réagir. T-shirts rouges à croix blanche avec une grappe de raisin sur le torse, ils exprimaient ainsi leur mal-être du moment. La consommation de vin en chute entraîne manques de liquidités et hausse des stocks. Ajoutez à cela l'importation de sept bouteilles consommées sur dix et les encaveurs craignent de ne pas pouvoir vendre leur production de l'automne. Que ce soit au niveau régional, cantonal ou fédéral, le comité a proposé des idées de mesures à mettre en place. Et a surtout insisté sur la nécessaire solidarité entre exploitants, quand des acheteurs ont déjà annoncé ne pas pouvoir s'engager sur la prise en charge complète de la récolte 2025. Sans consensus du milieu viticole suisse, lutter contre la concurrence étrangère ne sera pas simple, a rappelé la conseillère nationale Jacqueline de Quattro. Yvain Genevay / Tamedia «Seuls les cantons peuvent réagir à court terme. Nous proposons un doublement des paiements directs pour 2025, une mesure rapide et peu bureaucratique pour tenir le cap dans l'urgence», s'est exprimé Richard Pellissier, vigneron et arboriculteur valaisan. La réintroduction de prêts sans intérêts et la réduction ou l'interdiction de la publicité sur les vins étrangers bas de gamme sont aussi au menu. La prime à l'arrachage des vignes n'a pas été retenue (lire ci-dessous). Cibler la concurrence étrangère Diverses propositions de soutien à l'agriculture au niveau fédéral ont aussi émané de ces échanges restés courtois. «Face à une branche en péril, nous demandons l'activation de la clause de sauvegarde prévue dans les accords de l'OMC. Il faut aussi repenser les accords de libre-échange. À chaque signature, c'est l'agriculture qui trinque. S'il le faut, nous soutiendrons un référendum», a poursuivi le producteur de Sion. Le comité de la révolte viticole arborait des t-shirts rouges à croix blanche avec une grappe de raisin sur le torse. Yvain Genevay / Tamedia La problématique n'est pas nouvelle. En 2001 déjà, Willy Cretegny, président de l'Association suisse des vignerons-encaveurs indépendants, montait à Berne. En 2019, le mouvement «Les raisins de la colère» faisait de son leader, Alexandre Fischer, le Vaudois de l'année 2020. Tous sont encore de la partie. Si des instances telles que l'interprofession des vins vaudois ou la Fédération vigneronne vaudoise ont apporté leur soutien, lutter contre la concurrence étrangère ne sera pas simple, a rappelé Jacqueline de Quattro. «La perception de la viticulture n'est pas uniforme au niveau suisse. Sa valeur est forte en Suisse romande, mais en Suisse alémanique, l'argument principal sera que l'alcool est une menace pour la santé publique», expliquait la conseillère nationale. Fer de lance de révolte agricole romande, Arnaud Rochat est venu apporter son soutien au mouvement viticole. Yvain Genevay / Tamedia Députés genevois, Lionel Dugerdil (UDC) et Patricia Bidaux (Le Centre) ont présenté deux futures résolutions fédérales, dont ils espèrent un soutien des autres cantons viticoles. Elles visent à limiter l'importation, en adaptant les contingents à la consommation actuelle ou en la liant à des contre-prestations en faveur de la production suisse. «On vise tous les produits agricoles, car on sait que défendre uniquement la vigne, c'est compliqué», souligne l'élu. «On se doit de défendre notre marché», a renchéri Arnaud Rochat, fer de lance de la révolte agricole, présent parmi les quelque 200 participants. Le contenu qui place des cookies supplémentaires est affiché ici. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Autoriser les cookies Plus d'infos Tirer à la même corde À Berne, les soucis de la viticulture n'ont pas manqué de toucher l'ancien vigneron Guy Parmelin. Le ministre s'est récemment entretenu avec Olivier Mark, patron de la Communauté interprofessionnelle du vin vaudois (CIVV), sur la question d'une limitation. «On peut atteindre un objectif que nous n'avons jamais atteint, mais il faudra tous tirer à la même corde. Petits et grands ou Valaisans, Genevois et Vaudois», s'est exprimé le directeur. Fer de lance du référendum contre le Cassis de Dijon, Willy Cretegny est toujours de la partie. Yvain Genevay / Tamedia Alors que la lutte commence, l'unité nationale n'est toutefois pas encore là. «J'ai fait une dizaine de téléphones pour mobiliser des collègues alémaniques, sans succès. Il m'a même été répondu que si certains font faillite, c'est la loi du système», conclut Philibert Frick, producteur de Féchy. La lutte débute. La première bataille sera de créer l'unité. Valérie Dittli: «Nous serons aux côtés des vignerons» Trois questions à Valérie Dittli, cheffe du Département vaudois de l'agriculture, de la durabilité et du climat et du numérique: Quel est votre regard sur la crise actuelle de la viticulture romande? Durant cet été, je lis un hors-série du journal «Le Monde». Il parle d'une «polycrise» viticole. Le mot est juste. Le secteur est confronté à des bouleversements économiques, sociétaux et climatiques. Notre viticulture – si importante pour notre patrimoine, notre économie et nos moments de convivialité – traverse une crise majeure. Le climat dérègle les saisons, avance les vendanges, et expose nos vignobles à des gels tardifs, des canicules ou des sécheresses. Il faut renforcer notre capacité d'adaptation et protéger ce savoir-faire ancien qui fait la richesse de nos terroirs. Mais les défis sont aussi économiques. La consommation de vin baisse, surtout chez les jeunes générations. Le régime des importations soumet le milieu vitivinicole vaudois et suisse à une concurrence intense. Les habitudes changent, les références culturelles évoluent. Nos vignerons doivent imaginer le vin de demain. Nous serons à leurs côtés pour cela. Quelles solutions rapides le Canton de Vaud peut-il apporter? Face aux défis actuels, nous devons structurer une réponse globale. Les vins européens nous font aussi de l'ombre. Il est temps que la prise de conscience collective et la solidarité – de la part des consommateurs, des restaurateurs et de la grande distribution – se traduisent concrètement pour permettre à nos vignerons de relever la tête avec dignité et succès. Dans le contexte actuel de frein à l'endettement, que penser de l'idée du doublement des paiements directs? C'est une compétence fédérale. Je peux agir au niveau cantonal en intensifiant le plan vaudois de relance de la viticulture mis en place par mon prédécesseur, Philippe Leuba. Le Canton a confié des mandats à la CIVV. Tout d'abord, un programme d'investissement pour moderniser les caves et leur donner accès à plus d'énergie verte. Puis, une promotion renforcée des vins vaudois. Actuellement, une réflexion au niveau des priorisations est en cours, notamment au niveau du prix des vins en vrac. Pourquoi ne pas arracher des vignes? Face à des caves abritant encore des stocks de la production 2024, voire 2023, la solution ne serait-elle tout simplement pas d'arracher des vignes? Claude Blanchard a proposé cette solution, déjà en place à Genève, où une prime de 5 francs par mètre carré arraché est payée. «On n'arrive pas à vendre la récolte d'une année 2024 moins productive. Personnellement, je préférerais réduire mes charges et me concentrer sur la vente que travailler dans le vide», explique le viticulteur de Bougy-Villars. En lieu et place, le Vaudois imagine des oliviers ou des arbres longues tiges. «Voire de la jachère, puisqu'elle est imposée aux agriculteurs», souffle-t-il. Sa proposition n'a toutefois pas obtenu de soutien. «On en a discuté, sans garder cette mesure, car on ne produit que 30% de la consommation nationale. Le problème vient de l'importation», a rétorqué Richard Pellissier. Courtier en vins, Jean-Luc Kursner s'est aussi attardé sur la thématique. «Si on devait arracher, faudrait-il le faire en plaine pour sauvegarder les coteaux historiques ou alors dans ces coteaux, dont l'entretien coûte plus cher?» a questionné l'ancien vigneron de Féchy. Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Se connecter Sébastien Galliker est journaliste à la rubrique vaudoise depuis 2017. Au bureau de Payerne, il couvre l'actualité de la Broye vaudoise et fribourgeoise. Journaliste depuis 2000, il a travaillé à La Broye Hebdo, aux sports et en région. Plus d'infos @sebgalliker Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

«Ils recrutent à l'étranger car c'est plus facile de baisser les salaires» : en Champagne, malaise autour des prestataires chargés des vendanges
«Ils recrutent à l'étranger car c'est plus facile de baisser les salaires» : en Champagne, malaise autour des prestataires chargés des vendanges

Le Figaro

time3 days ago

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«Ils recrutent à l'étranger car c'est plus facile de baisser les salaires» : en Champagne, malaise autour des prestataires chargés des vendanges

En marge du procès des «vendanges de la honte» en Champagne, les conditions d'accueil des vendangeurs sont au cœur d'un certain malaise, avec en toile de fond ces prestataires de services qui livrent de la main-d'œuvre aux récoltants. Lorsque l'on évoque le sujet avec des vignerons, la gêne est palpable. Conscients du mal que le procès des «vendanges de la honte» a fait à l'image de la région, ils s'indignent en cœur face aux faits révélés par l'enquête du parquet de Châlons-en-Champagne. Trois personnes ont été condamnées ce lundi à de la prison ferme pour avoir exploité et hébergé dans des conditions indignes une cinquantaine de travailleurs, souvent sans-papiers. Ces derniers avaient été recrutés par des sociétés de prestation de service auxquelles font appel les récoltants. «C'est une décision exemplaire, qui tient compte du nombre de victimes, des conditions dans lesquelles elles ont été employées et exploitées. C'est assez historique dans le cadre de dossiers de traite dans le monde du travail», a déclaré Maxime Cessieux, avocat des victimes, lors du délibéré. À découvrir Découvrez toutes les dates des foires aux vins d'automne 2025 Il y a la lourdeur des peines, attendues comme un signal fort, mais aussi le coup de projecteur posé sur un système ayant favorisé ces graves incidents. En Champagne, le besoin en main-d'œuvre est chaque année très conséquent, car les 34.000 hectares de vignes se doivent d'être vendangés manuellement. L'appellation du plus prestigieux des vins effervescents interdit strictement le recours à la machine, largement répandu dans les autres régions. Ainsi, les Champenois sollicitent plus que les autres ces prestataires, qui présentent l'avantage de fournir du personnel clé en main. Les producteurs, mais aussi les maisons aux noms ronflants, sont ainsi déchargés d'une embauche devenue fastidieuse, qui pouvait auparavant se faire majoritairement à échelle locale. «Ils n'ont même plus besoin de loger qui que ce soit. Ça laisse de la place pour accueillir du public, ouvrir des chambres d'hôtes, etc.», dénonce José Blanco, secrétaire général de l'Intersyndicale CGT du champagne. Publicité «On fait tout pour ne pas faire travailler les Français» On entend souvent que les vendanges attirent moins et que la nécessité d'un recrutement étranger s'intensifie. «Les prestataires recrutent à l'étranger car c'est plus facile de baisser les salaires. On explique que ce sont des métiers en tension et que les Français sont feignants. Alors que pas du tout, on fait tout pour ne pas les faire travailler», s'inquiète à nouveau José Blanco. Et un patron de maison de pointer du doigt un autre problème : «On a perdu en qualification car les vendangeurs prennent moins soin des raisins.» Outre les manquements dans l'accueil, les vendanges 2023, organisées dans un contexte de fortes chaleurs, avaient abouti à plusieurs décès. Des drames qui ont précédé une prise de conscience et qui ont mené à la publication d'un plan baptisé «Ensemble pour les vendanges en champagne», rédigé par le Comité interprofessionnel du vin de champagne (CIVC) en lien étroit avec les services de l'État. Destiné à mieux accueillir les 120.000 personnes qui débarquent chaque année dans les vignes pour la cueillette, ce guide a été traduit en sept langues (anglais, bulgare, polonais, roumain, turc, portugais et ukrainien). Il décrit les bonnes pratiques à adopter (aménagement des horaires, règles de sécurité…) pour les saisonniers et les employeurs. À destination de ces derniers, et plus précisément des prestataires de services, une plateforme permettant de s'identifier et de réaliser en ligne l'autodiagnostic de ces pratiques est désormais disponible. «Ce plan, c'est la montagne qui accouche d'une souris. Ils ont fait une charte de bonne conduite et s'autodiagnostiquent eux-mêmes», persifle José Blanco, qui a fait savoir son mécontentement lors de l'officialisation des peines. «Ce que nous demandons, c'est le déclassement des récoltes», a-t-il indiqué, estimant que la seule façon de dissuader d'éventuels fautifs serait d'inscrire les règles d'accueil des vendangeurs au cahier des charges de l'appellation Champagne. Autrement dit, en faire une condition pour pouvoir apposer le nom «champagne» sur une bouteille, au même titre que l'ensemble des critères qui régissent la production. À lire aussi «État répugnant des toilettes» et «risque électrique» : en Champagne, un nouveau procès pour conditions d'hébergement indignes «Le cahier des charges a vocation à encadrer l'appellation, sa qualité et le produit en lui-même. C'est hors sujet, balaye une source au comité auprès du Figaro. Les organisations chargées des contrôles n'ont aucune aptitude à faire respecter la législation sociale !». Et le CIVC de soutenir que lorsque les prestataires s'enregistrent sur la plateforme, ils s'engagent auprès du donneur d'ordre (vigneron ou maison). Ce dernier peut ainsi se retourner légalement contre lui en cas de manquement. «Les vendanges de 2023 ont déclenché une véritable prise de conscience. Après, il faut garder à l'esprit que la Champagne compte 20.000 déclarants de récolte. Il y aura toujours des brebis galeuses, mais le but c'est de progresser. Cette année, nous sommes surtout préoccupés par la chaleur», témoigne-t-on au CIVC, qui assure favoriser la main-d'œuvre locale. Un partenariat avec l'Université de Reims, ainsi qu'avec une célèbre école de commerce, a été passé pour encourager le recrutement des étudiants. Tout comme un dispositif a été mis en place avec France Travail. Les vendanges 2025 «vont être scrutées à la loupe et personne ne pourra se cacher derrière son petit doigt en disant : 'Je ne savais pas, je ne comprenais pas, je ne savais pas qui étaient ces gens qui étaient dans mes vignes'», a réagi maître Cessieux, ce lundi. Cette année, la récolte s'annonce particulièrement précoce, avec les premiers coups de sécateurs attendus dès la fin du mois d'août.

Pourquoi les vignerons romands lèvent le ton et lancent un mouvement de révolte
Pourquoi les vignerons romands lèvent le ton et lancent un mouvement de révolte

24 Heures

time4 days ago

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Pourquoi les vignerons romands lèvent le ton et lancent un mouvement de révolte

Quelque 200 vignerons vaudois, valaisans, genevois et neuchâtelois ont lancé un mouvement de révolte vigneronne, lundi à Gilly. Publié aujourd'hui à 20h19 Face aux soucis de la branche viticole, une table ronde intercantonale a été initiée, lundi à Gilly, sur le modèle de la révolte agricole. Yvain Genevay / Tamedia En bref: La solidarité et l'unité de la branche viticole étaient sur toutes les lèvres, lundi sous une cantine du Domaine de la Vissenche, dans les vignes de Gilly. Face à un monde viticole en crise , un groupe de vignerons, issu du terrain, invitait ses pairs à une table ronde. Quelque 200 chaises avaient été disposées pour l'occasion, ce qui n'a pas empêché certains participants de ne pas trouver de place assise. Dans la droite ligne de la révolte agricole de 2024 , la révolte vigneronne est lancée. Manque de liquidités et hausse des stocks liés à une consommation en baisse ou une importation incontrôlée font partie des soucis répertoriés. Que ce soit au niveau régional, cantonal ou fédéral, le comité a proposé des idées de mesures à mettre en place. «Seuls les cantons peuvent réagir à court terme. Nous proposons un doublement des paiements directs pour 2025, la réintroduction des blocages financiers et la réduction de la publicité sur les vins étrangers bas de gamme», s'est exprimé Richard Pellissier, vigneron et arboriculteur valaisan. Les importations dans le viseur des vignerons Ces propositions ont été accueillies chaleureusement par l'assistance. Tout comme les mesures allant vers l'activation de la clause de sauvegarde et une nouvelle réflexion sur les accords de libre-échange au niveau fédéral. Cette revendication pourrait toutefois faire face à un écueil redoutable. «La clause de sauvegarde est effectivement là pour aider une branche en péril. Mais la perception de la viticulture n'est pas uniforme au niveau suisse. Sa valeur est forte en Suisse romande, mais en Suisse alémanique, l'argument principal sera que l'alcool est une menace pour la santé publique», a tempéré la conseillère nationale Jacqueline de Quattro. Représentants des associations professionnelles ou élus assistaient à la réunion. Patron de la CIVV , l'interprofession vaudoise, qui représente 450 encaveurs et près de 2000 propriétaires, Olivier Mark a pointé les importations. «On peut atteindre un objectif que nous n'avons jamais atteint, mais il faudra être unis», a conclu le directeur. La lutte débute. Sur la viticulture suisse Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Sébastien Galliker est journaliste à la rubrique vaudoise depuis 2017. Au bureau de Payerne, il couvre l'actualité de la Broye vaudoise et fribourgeoise. Journaliste depuis 2000, il a travaillé à La Broye Hebdo, aux sports et en région. Plus d'infos @sebgalliker Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

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