
Colère des vignerons: «Aujourd'hui, on ne joue pas à armes égales»
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Colère des vignerons: «Aujourd'hui, on ne joue pas à armes égales»
En Lavaux, les vignerons s'organisent pour faire face à la crise viticole. Nous avons rencontré l'un d'entre eux.
Salomé Philipp
Pour Jean-René, le père, et Clément, le fils, il faut être passionné et courageux en ces temps difficiles.
Odile Meylan/Tamedia
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Au domaine Gaillard à Épesses, on n'a guère le temps d'une pause en ce jeudi matin. Clients et employés vont et viennent. La mère enchaîne les appels téléphoniques tandis que père et fils reçoivent et conseillent les clients. Les 4 à 5 hectares qui entourent la maison familiale sont couverts de vignes, cultivées depuis quatre générations par leurs soins. La beauté du paysage et la vue plongeante sur le Léman feraient presque oublier que la famille fait face à une crise majeure, qui secoue tout le monde viticole suisse.
Un marché saturé, des vins importés qui envahissent les étals et des réponses politiques qui tardent à apaiser les inquiétudes des viticulteurs. Depuis la fin des années 2010, la production dépasse la demande, mettant à mal la rentabilité de nombreux domaines. En parallèle, la consommation de vin diminue, témoignant d'un intérêt décroissant de la part des Suisses. Dans la cave fraîche, la réserve s'étale en rangées serrées. Des vins rouges et blancs aux étiquettes et aux millésimes variés ne demandent qu'à être savourés.
Un savoir-faire local face à un marché globalisé
La réalité économique s'en trouve d'autant plus difficile que produire du vin sur les terrasses de Lavaux coûte une fortune. Peu de régions viticoles dans le monde présentent des charges d'exploitation aussi élevées, et pour cause: la pente rend la mécanisation impossible sur certaines parcelles, obligeant à des travaux manuels exigeants. À cela s'ajoutent des standards agricoles suisses très élevés. Ces réglementations imposent des méthodes plus écologiques, mais aussi plus coûteuses.
Difficile, dans ces conditions, de rivaliser avec des bouteilles venues de pays où la main-d'œuvre est moins chère et les exigences environnementales moins contraignantes. En 2024, près des deux tiers des vins achetés en Suisse étaient d'origine étrangère. Ce phénomène croissant inquiète les vignerons romands, qui se sont réunis lundi 21 juillet à Gilly pour faire entendre leur colère.
Réconcilier les Suisses avec leurs vignerons
Jean-René et Clément s'accordent enfin une pause pour répondre à nos questions. Le père et le fils veulent rompre la barrière entre producteurs et consommateurs, instaurer le dialogue pour transmettre l'excellence du vin suisse et dissiper les clichés. Car «non, les vignerons ne sont pas des pollueurs ou des alcooliques, mais des artisans qui travaillent sans compter leurs heures».
Épesses est l'une des communes de Suisse où on dénombre le plus de vignerons-encaveurs.
Odile Meylan/Tamedia
Pourquoi le vin suisse peine-t-il à s'imposer sur son propre marché?
Aujourd'hui, on ne joue pas à armes égales: les vins importés bénéficient d'accords de libre-échange et d'accords bilatéraux qui réduisent leurs coûts. Certains produits ne respectent pas les mêmes normes que nous, surtout sur le plan environnemental. Ce n'est pas normal. Il faut surveiller davantage cette concurrence déloyale et activer des leviers économiques: mettre en place une politique protectionniste pour rendre nos vins plus attractifs, notamment en entrée de gamme.
On connaît le fromage et le chocolat suisses, mais notre vin reste trop peu connu. Les gens ne savent pas vraiment de quoi il s'agit: est-ce qu'on est plutôt bon en rouge, en blanc, en mousseux? Le problème, c'est que le vin suisse n'a pas d'image de marque.
Il y a aussi une baisse de la consommation chez les jeunes.
C'est vrai, le vin est devenu un produit de luxe, surtout le vin suisse. Avec l'inflation, c'est de moins en moins accessible. Les jeunes commencent à boire du vin plus tard, quand c'est socialement et économiquement plus adapté.
Et puis il y a tous les messages de santé publique. On entend partout que l'alcool, c'est mauvais. Résultat: le vin disparaît des repas d'entreprise, des apéros entre collègues. On est de plus en plus seul, alors qu'à la base, le vin, c'est une boisson de partage.
Quand elles viennent chez nous, les personnes veulent tester, découvrir, mais elles achètent rarement par caisse comme à l'époque. Les clients restent nombreux, mais le panier moyen diminue.
La crise vous a-t-elle enfin fédérés, comme on a pu le voir lundi?
Pendant longtemps, on n'a pas su faire front et parler d'une seule voix pour dénoncer la situation. Mais la crise change les choses. Il y a deux ans, on a notamment créé l'Association des jeunes vignerons de Lavaux. Cette initiative a apporté une vraie entraide. On a aussi lancé un chasselas, «Coup de blanc», né d'un projet collectif.
Il faut qu'on valorise ensemble ce qu'on fait de bien. En Suisse, nous sommes pionniers en agriculture raisonnée et dans la labellisation, avec des suivis et des contrôles sérieux: 90% du travail viticole se fait en lutte raisonnée. Pourtant, on ne met pas assez cela en avant. Pour avancer, il faut des personnes qui fédèrent, inspirent et donnent une bonne image du métier, comme Marie-Thérèse Chappaz en Valais.
Qu'en est-il des vignerons qui quittent le métier?
Un tiers des vignobles environ manquent de repreneurs, souvent faute d'enfants pour assurer la relève. Beaucoup de viticulteurs revendent leur domaine ou se reconvertissent. Cela pose un vrai défi: que deviendront ces vignes dans les années à venir? L'arrachage ou le basculement vers des friches menaceraient le label Unesco de Lavaux, ce qui serait une lourde perte pour tous les acteurs économiques de la région.
En plus, il y a de moins en moins de main-d'œuvre qualifiée, car peu de jeunes se forment à la viticulture; j'étais le seul apprenti de ma volée. La profession souffre d'un manque de reconnaissance, tout comme les autres apprentissages liés à la terre. Les employeurs sont souvent réticents à prendre des apprentis, car les former demande du temps, des compétences et un investissement important.
L'œnotourisme est-il une solution?
On fait de l'œnotourisme de manière plus active depuis cinq ans, même si on en a toujours fait un peu, avec notre espace de dégustation et un accès facile. C'est venu naturellement, parce qu'il fallait se diversifier. La vente directe aux particuliers représente aujourd'hui environ 70% de nos revenus. Accueillir les visiteurs permet de mieux valoriser nos produits et d'assurer cette part essentielle de notre chiffre d'affaires.
Mais il ne faut pas se mentir: le tourisme, ce n'est pas notre métier. Nous, on produit et on vend du vin. Lavaux s'y prête, c'est vrai, mais l'œnotourisme ne devrait pas être une condition pour que les vignerons puissent subsister.
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24 Heures
3 hours ago
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États-Unis: Les nouveaux droits de douane américains entrent en vigueur
Les nouveaux droits de douane américains visant une dizaine de pays sont entrés en vigueur ce jeudi. Publié aujourd'hui à 06h29 Mis à jour il y a 1 minute Le président américain Donald Trump s'exprime après avoir signé un décret pour une task force olympique 2028 à la Maison-Blanche, le 5 août 2025. AFP Les nouveaux droits de douane américains sur les produits en provenance de dizaines d'économies sont devenus effectifs jeudi, esquissant le nouvel ordre commercial mondial voulu par Donald Trump. Ces surtaxes, entrées en vigueur à 04 h 01 GMT (06 h 01 heure de Suisse), une semaine après la signature du décret par le président américain, viennent remplacer, pour les économies concernées, celle de 10% appliquée depuis avril sur quasiment tous les produits entrant aux États-Unis. Il s'agit, selon Donald Trump, de rééquilibrer les échanges entre les États-Unis et ses partenaires, qui «profitent» d'après lui de la première puissance économique. «Des milliards de dollars» «Des milliards de dollars, provenant en grande partie de pays qui ont profité des États-Unis en se frottant les mains, vont commencer à affluer aux États-Unis», a claironné le dirigeant sur son réseau Truth Social quelques minutes avant l'échéance. Le gouvernement fédéral suisse tiendra une séance extraordinaire ce jeudi, après le retour d'une délégation des États-Unis qui a tenté de convaincre l'administration Trump de renoncer à imposer dès jeudi des droits de douane punitifs de 39% sur les produits helvétiques importés aux États-Unis. «Le Conseil fédéral tiendra une séance extraordinaire» «Le Conseil fédéral tiendra une séance extraordinaire en début d'après-midi. Il communiquera dans la foulée», précise le bref message sur le réseau social X, alors qu'aucun détail n'a filtré des entretiens de la délégation menée par la présidente et ministre des Finances, Karin Keller-Sutter. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Ces surtaxes se situent dans une large fourchette, comprise entre 15% et 41%. L'Union européenne (UE), le Japon ou la Corée du Sud, qui comptent parmi les principaux partenaires commerciaux des États-Unis, sont désormais concernés par un taux d'au moins 15%. Avant l'entrée en vigueur de ces nouvelles taxes, le taux effectif moyen appliqué aux produits entrant dans le pays était de 18,4%, le plus élevé depuis 1933, selon le centre de recherche Budget Lab de l'Université Yale. De nouvelles annonces devraient suivre Cette hausse supplémentaire devrait porter ce taux à près de 20%, selon les analystes de Pantheon Macroeconomics. Cela en ferait le plus élevé depuis le début des années 1930, selon le Budget Lab. Et de nouvelles annonces devraient suivre, puisque le locataire de la Maison-Blanche souhaite également taxer les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs importés. Ces derniers, ainsi que les puces, devraient se voir appliquer une taxe de 100%, a-t-il précisé mercredi, sans plus de détails. Certains pays, à l'image de la Suisse, ont tenté jusqu'au dernier moment de faire évoluer le taux qui leur a été affecté, la Confédération envoyant à Washington sa présidente, Karin Keller-Sutter, et son ministre de l'Economie, Guy Parmelin. Le Mexique a échappé aux nouvelles hausses Pour l'heure, alors que le gouvernement américain assurait que «des dizaines d'accords» seraient signés ces derniers mois, tout juste sept se sont matérialisés, notamment ceux avec l'Union européenne, le Japon ou le Royaume-Uni. Il s'agit le plus souvent de pré-accords, devant être formalisés, accompagnés de promesses d'investissements massifs aux États-Unis de la part des pays ou blocs concernés. Rare exception, le Mexique a échappé aux nouvelles hausses. Le président Trump a prolongé de 90 jours les conditions douanières dont il bénéficie actuellement, à savoir 25% sur les produits entrant aux États-Unis en dehors de l'accord de libre-échange nord-américain. Plus de 85% des exportations canadiennes vers son voisin n'étaient pas concernées En revanche, l'heure n'est pas à la détente avec le Canada, qui a vu le 1ᵉʳ août augmenter la surtaxe appliquée sur ses produits, à 35%. Le premier ministre canadien, Mark Carney, a cependant relativisé l'impact de cette surtaxe, estimant que plus de 85% des exportations canadiennes vers son voisin n'étaient pas concernées. L'administration Trump se montre particulièrement ferme avec certains pays. Donald Trump a ainsi signé la semaine dernière un décret imposant 50% de surtaxe douanière au Brésil, entré en vigueur mercredi. Là encore, les nombreuses exceptions font que moins de 35% des produits sont concernés, selon Brasilia. Cette surtaxe fait office pour Donald Trump de représailles contre les poursuites visant l'ex-président Jair Bolsonaro, son allié d'extrême droite, accusé d'avoir tenté un coup d'État après sa défaite à l'élection de 2022. Une plainte déposée par le Brésil devant l'OMC L'Inde doit composer avec des droits de douane de 25%, qui passeront dans trois semaines à 50% sur un certain nombre de produits, Donald Trump reprochant à New Delhi le manque d'ouverture de son économie et ses achats de pétrole russe sous sanction. Les pays commencent néanmoins à s'adapter: le Brésil, qui a déposé plainte devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC), veut aider ses entreprises à diversifier leurs débouchés. De leur côté, le Canada et le Mexique veulent étendre leur coopération économique afin d'être moins dépendants des États-Unis, a souligné mercredi la présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum. Les économistes inquiets Le président Trump a vanté les mérites des accords déjà conclus, qui gonflent les recettes publiques d'une économie largement endettée. 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24 Heures
3 hours ago
- 24 Heures
Aux États-Unis aussi, les droits de douane de Trump inquiètent… et pas qu'un peu
Donald Trump assure que sa politique commerciale est un succès. Entreprises, importateurs et même élus républicains n'en sont pas si sûrs. Alexis Buisson - correspondant à New York Publié aujourd'hui à 06h28 Times Square, New York, le 1ᵉʳ août 2025. Les consommateurs américains pourraient faire les frais de la politique douanière de leur président. KATSANIS En bref: «On tablait sur 10-15%, comme pour l'Union européenne, mais 39%, nous ne l'anticipions pas». Comme d'autres, Neal Rosenthal est tombé des nues quand la Maison-Blanche a dévoilé les surtaxes particulièrement élevées qu'elle compte appliquer aux importations de Suisse à partir du jeudi 7 août. Seuls le Laos, la Syrie et la Birmanie s'en sortent moins bien, à 40 et 41%. PDG de Rosenthal Wine Merchant, un distributeur new-yorkais qui a fait découvrir le vin suisse aux Américains, l'entrepreneur n'a pas encore décidé comment il allait s'adapter à cette nouvelle donne, si elle devient réalité. Heureusement pour lui, les bouteilles françaises et italiennes représentent l'essentiel de son activité. Il n'empêche. «De tels droits de douane seront un obstacle majeur pour agrandir le marché du vin suisse, qui est petit aux États-Unis. D'autant que le dollar a beaucoup baissé, ce qui complique les achats», regrette-t-il. Frustration des importateurs de produits suisses Sa frustration est partagée par de nombreux importateurs de produits suisses outre-Atlantique à l'approche de la date couperet. La présidente Karin Keller-Sutter s'est rendue à Washington mardi 5 août pour trouver un accord de dernière minute. Une chose est sûre: quel que soit le scénario, Donald Trump se déclarera vainqueur. Si les 39% entrent en vigueur, cela générera des recettes pour les États-Unis au moment où le Républicain doit financer les réductions d'impôts pour les ménages les plus riches contenues dans sa «grande et belle loi» adoptée début juillet. S'il conclut un accord, il pourra le mettre en avant auprès de l'électorat pour montrer que sa stratégie de gros bras fonctionne, comme il l'a fait fin juillet au moment d'annoncer un deal avec l'Union européenne largement vu comme défavorable à Bruxelles. «Nous encaissons des milliers de milliards de dollars provenant d'autres pays qui, pendant des années, nous ont exploités comme si nous étions des enfants, et ce n'est plus le cas», s'est-il félicité mardi. Le président Donald Trump signe un décret exécutif à la Maison-Blanche, le 5 août 2025. THEW «Avec ces accords commerciaux, il donne à ses partisans le sentiment qu'il remporte des victoires sur le front intérieur et à l'international», analyse J. Lawrence Broz, professeur spécialisé dans l'économie politique à l'Université de Californie-San Diego. Il a fondé toute sa carrière sur l'idée qu'il est un gourou du business qui parvient à faire des deals à enjeux élevés. Il applique désormais cette approche au niveau commercial.» Les Républicains inquiets des droits de douane Si le milliardaire crie aujourd'hui victoire, il pourrait le regretter plus tard. Pour l'expert, les consommateurs américains pâtiront de sa politique commerciale sur le long terme. «Il y aura des gagnants et des perdants. Comme toujours. Mais, de manière générale, cela entraînera plus de protectionnisme. La hausse des prix qui en résultera et les exportations perdues, redirigées vers d'autres partenaires, affecteront le pays.» Si le poids des surtaxes ne se fait pas encore sentir dans les portefeuilles, les signaux inquiétants se multiplient. Ainsi, les chiffres décevants de l'emploi (+ 73'000 en juillet contre 100'000 créations attendues, et 14'000 en juin et 19'000 en mai selon des statistiques révisées), dévoilés le 1ᵉʳ août, ont été largement attribués à l'incertitude créée par les nouvelles barrières tarifaires. Le président a réagi en limogeant la cheffe du Bureau de statistiques du travail (Bureau of Labor Statistics, BLS) , l'organe à l'origine du rapport mensuel, l'accusant, sans preuve, d'avoir manipulé les chiffres. Alors que le candidat Trump avait fait de la lutte contre l'inflation l'une de ses promesses phares en 2024, plusieurs élus républicains, inquiets d'une éventuelle défaite lors des «midterms» de novembre 2026, pendant lesquels l'intégralité de la Chambre des représentants et un tiers du Sénat seront renouvelés, partagent ouvertement leurs inquiétudes. «Les entreprises repoussent leurs décisions d'expansion, d'embauche et d'investissement. L'incertitude constitue un défi pour une économie en croissance», a averti le sénateur du Kansas Jerry Moran dans les colonnes du site conservateur «The Hill». Les droits de douane devant les tribunaux Autre obstacle possible à la politique commerciale du locataire de la Maison-Blanche: les tribunaux. En avril, un groupe d'importateurs a entamé des poursuites contre le gouvernement, arguant que ses surtaxes ont été instaurées illégalement au nom d'une loi d'urgence de 1977, la «International Emergency Economic Powers Act» (IEEPA). L'exécutif a invoqué cette loi car les déficits commerciaux, le déclin de la base industrielle et la crise du fentanyl, cet opiacé meurtrier qui traverse les frontières, constituent des urgences à ses yeux. Problème: selon les plaignants, le texte ne fait «nulle part mention de tarifs, de droits, d'impôts ou de taxes, et aucun autre président dans les près de 50 ans d'histoire de la loi n'a prétendu qu'elle autorisait les tarifs douaniers». L'affaire a été couplée avec une plainte semblable émanant de douze États américains. Après un premier revers essuyé par le gouvernement en mai, le dossier est examiné par une Cour d'appel fédérale depuis la fin juillet. D'autres plaintes font également leur chemin dans les arcanes de la justice. «On ne peut pas compter dessus car même si l'administration est battue, ces affaires pourraient monter jusqu'à la Cour suprême», un aréopage à majorité conservatrice, observe toutefois Neal Rosenthal. «Nous devons gérer cette situation par nous-mêmes, sans se reposer sur les tribunaux.» L'homme d'affaires veut continuer à faire connaître le vin suisse autant que possible. Sa clientèle de connaisseurs pourrait être capable d'absorber une éventuelle hausse de prix. «Vendre moins de bouteilles ne ferait pas une grande différence pour nous sur le plan économique. En revanche, cela affectera notre identité. Je suis fier de mettre en avant du vin de haute qualité issu de petites productions familiales du Valais et de Vaud. Nous n'abandonnerons pas facilement.» Droits de douane Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
4 hours ago
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Swiss made sous pression à Washington – Et si tout se jouait sur la pharma ?
À Genève, les banques affinent les scénarios sur la taxation du Swiss made par l'Amérique. Et si tout dépendait de la pharma? Publié aujourd'hui à 06h28 C'était il y a trois mois. Ou peut-être une éternité. Le 9 mai , la présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter (au centre) et le conseiller fédéral chargé de l'Économie, Guy Parmelin (à g.), tentaient de s'entendre sur un projet d'accord commercial rapide avec les États-Unis, à l'occasion du passage à Genève du secrétaire au Trésor, Scott Bessent (à dr.) AFP En bref: Mardi dans la soirée, alors que la présidente de la Confédération et le ministre de l'Économie atterrissaient à Washington, les économistes et les stratèges au sein des banques continuaient d'affiner les scénarios élaborés depuis le choc du 1er août . Une poursuite des négociations avec l'administration américaine «jusqu'au jeudi 7 août, voire au-delà» est déjà esquissée depuis le début de la semaine au sein de Lombard Odier. En particulier sur le secteur de la pharma – le seul qui semble compter aux yeux du président Trump. Nannette Hechler-Fayd'herbe, responsable de la stratégie d'investissement au sein de la banque genevoise, et l'économiste Filippo Pallotti privilégient un accord sur des surtaxes douanières «plus proche des 15% imposés à l'Union européenne ou au Japon». Que proposer de plus à Washington? Mais moyennant «des concessions potentiellement contraignantes». Que proposer de plus? Responsable de la stratégie d'investissement au sein de la banque Cité Gestion, John Plassard évoque les commandes d'équipements américains par les centres hospitaliers, «une manière concrète d'offrir un retour économique immédiat». Et, évidemment, cette commande pour 8 milliards d'avions de chasse F-35, «qui pourrait être complétée par une coopération plus large dans la maintenance, la formation ou l'équipement». La principale concession devra probablement venir de cette «big pharma», dont Donald Trump a déjà conspué à maintes reprises les prix pratiqués sur leur débouché le plus rentable. Au-delà de sa remarque cruelle sur «cette dame sympathique qu'[il] ne connaissait pas», son interview sur CNBC mardi a surtout marqué sa volonté de surtaxer jusqu'à 250% les importations pharmaceutiques – qui représentent plus de la moitié des ventes de produits suisses en Amérique. La pharma, bien sûr Des traitements qui ne sont pas directement concernés par les discussions sur la surtaxe générale de 39%. Ils dépendent de mesures spécifiques – la «section 232» – qui relèvent de la Maison-Blanche. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. «Le fait que l'Union européenne ait pu obtenir [le 27 juillet] une visibilité sur les tarifs pharmaceutiques dans le cadre de son accord commercial – indépendamment de cette section 232 – pourrait signaler une certaine ouverture des États-Unis à accorder des dérogations», veulent croire les spécialistes de Lombard Odier. Conjoncture pour le commerce suisse revue à la baisse Les économistes commencent à faire les calculs du pire. Sur les produits à forte valeur ajoutée – montres, machines-outils, dispositifs médicaux – «les importateurs américains pourraient, dans de nombreux cas, répercuter la majeure partie des droits de douane sur leurs clients sans baisse significative de la demande», estiment les stratèges de la banque genevoise. Cependant, «pour la grande majorité des exportations, cette logique a ses limites – si les entreprises supportent des droits de douane de 10 à 15% sans érosion majeure de leurs marges, ni perte de demande, une taxe de 39% place la barre beaucoup plus haut», préviennent-ils. De fait ces derniers revoient déjà à la baisse – de 1,1% à 0,9% – leur prévision de croissance économique en Suisse cette année. Déplacement crucial à Washington Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Pierre-Alexandre Sallier est journaliste à la rubrique Économie depuis 2014. Auparavant il a travaillé pour Le Temps , ainsi que pour le quotidien La Tribune , à Paris. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.