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Comment débusquer des paillettes d'or au bord de la rivière

Comment débusquer des paillettes d'or au bord de la rivière

24 Heures12 hours ago
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À Genève, le géologue Thierry Basset organise des journées au bord de l'Allondon pour trouver le métal jaune déposé voilà 25'000 ans par un glacier. Reportage. Publié aujourd'hui à 13h46
Orpaillage en rivière pour petits et grands
GEORGES CABRERA
En bref:
Il fait chaud, très chaud même. Une dizaine de voitures sont parquées dans le petit parking à proximité de la rivière Allondon (GE). On cherche de l'ombre en cette fin juin. Une vingtaine de personnes, souvent des familles avec des enfants, écoutent, bottés, les instructions de Thierry Basset , géologue et chercheur d'or à ses heures: «On va récupérer des paillettes d'or dans les alluvions et le sable, qu'on lavera dans la batée avec l'eau de la rivière.»
L'orpaillage demande un travail minutieux. «On peut, au travers de cette journée, montrer la richesse de notre terre à nos enfants, leur donner envie de la protéger, tout en leur apprenant à se confronter à une tâche, leur offrant une récompense après l'effort», s'enthousiasme Annick, l'une des participantes.
FRANK MENTHA
Le patron de l'agence de voyages Geol captive les enfants. Il raconte les 800 mètres de glace qui recouvraient le bassin genevois voilà 25'000 ans. «Le glacier allait jusqu'à Lyon et charriait les cailloux et l'or des Alpes comme un tapis roulant», confie-t-il. Récolter de l'or
Les participants ont déboursé entre 15 et 50 francs pour cette activité. Le petit groupe emprunte le chemin de terre qui mène à la rivière. «Je voulais savoir comment l'on fait pour en récolter et avoir le plaisir d'en trouver», raconte Christine, la soixantaine énergique.
Thierry Basset donne ses indications au bord de la petite rivière. Le soleil tape dur. Il explique comment utiliser la batée, cette assiette en plastique rainurée qui rappelle un chapeau chinois.
Un vacancier allongé au bord des berges, fâché, grogne: «Vous ne pouvez pas aller ailleurs!» Le géologue lui répond gentiment qu'il a une autorisation du Canton, obligatoire, pour «orpailler» dans le coin.
Les microparticules d'or se déposent au fond de la batée, une fois le sable et les cailloux lavés par l'eau de la rivière.
FRANK MENTHA
Le travail commence. La batée est remplie au tiers de sable et de cailloux arrachés avec une truelle, un peu en retrait de la rivière. Le géologue noie le tout dans l'eau de l'Allondon. D'un mouvement circulaire, il nettoie le contenu sablonneux et l'eau commence à se troubler. L'or est très lourd et va se déposer au fond. Même sous forme d'infimes paillettes. L'or du glacier
Les gens sont captivés. «Son rêve est de trouver de l'or», dit Lisemay, la quarantaine, à propos de son mari, Sylvain, qu'elle accompagne. C'est également le cas du petit Emil: «C'est joli, l'or, et je veux en ramener un peu pour le garder.» Sa maman n'est pas loin.
Ces derniers sont venus à deux familles et quatre enfants, casquettes vissées sur la tête. «Les enfants ne me croyaient pas lorsque je leur disais que l'on trouvait de l'or ici», raconte Petra, l'une des deux mamans. À ce propos, le glacier a déposé 3000 kilos de métal jaune dans le bassin genevois, nous apprend Thierry Basset.
L'eau de la batée, où le géologue frotte les gros cailloux, est délicatement changée. Il reprend le mouvement circulaire et les pierres se mettent à chanter. «Je dois entendre les cailloux tourner», souligne l'organisateur de cette journée d'orpaillage . Le contenu liquide se fait de plus en plus clair. Au fond de la batée
C'est le moment de débusquer le précieux métal jaune. Le géologue scrute le fond de la batée qu'il fait légèrement pivoter pour la vider. «Regardez la petite paillette», montre-t-il. D'un doigt habile, il la glisse dans une petite fiole.
Jeunes et moins jeunes s'activent pour débusquer les précieuses paillettes de métal jaune.
FRANK MENTHA
Voilà les instructions données. Jeunes et moins jeunes sont prêts pour la traque magique, truelle et batée en main.
Un alignement de chasseurs d'or en shorts et t-shirts colorés lavent maintenant le sable, scrutant, excités, le fond des batées. Assez vite, les paillettes apparaissent. «J'en ai deux d'un coup», s'enthousiasme Samuele, un petit portant fièrement ses bottes zébrées. «J'arrive pas», se lamente de son côté Yoris, qui finira pourtant par en trouver.
Méticuleuse, Annick, une maman venue avec ses deux enfants, en fait quatre d'un coup. «Hou, il y en a une jolie là», crie une voix au loin dans l'euphorie ambiante. Petits et grands se prennent au jeu. Chacun a sa petite fiole. Des paillettes d'or
On parle là de paillettes, pas de pépites. «T'aurais plus de chances en Alaska », crie, un brin goguenard, un quadragénaire du coin, venu accompagner son fils adolescent.
Le géologue Thierry Basset emmène des groupes chercher des paillettes d'or au bord de l'Allondon (GE).
FRANK MENTHA
Cette ruée vers l'or a un côté didactique. Enseignante en biologie, Annick résume bien la chose: «On peut, au travers de cette journée, montrer la richesse de notre terre à nos enfants, leur donner envie de la protéger, tout en leur apprenant à se confronter à une tâche, leur offrant une récompense après l'effort.»
Les heures passent. La température est caniculaire. Les petites fioles se remplissent de microparticules d'or. Un avion passe au loin dans le ciel. Parfum de vacances. Les enfants paraissent heureux. Il sera bientôt l'heure de retourner à l'ombre.
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