logo
Le plus difficile est à venir

Le plus difficile est à venir

La Presse4 hours ago
Donald Trump et Volodymyr Zelensky à l'arrivée de ce dernier à la Maison-Blanche, lundi
Le pire a été évité pour l'Ukraine, mais malgré les sourires, une paix « juste » n'est pas encore en vue.
Le pire, on pouvait le craindre après l'accueil chaleureux fait par Donald Trump à Vladimir Poutine vendredi. Et encore plus après la publication de Donald Trump dimanche soir : la paix peut être obtenue « presque immédiatement » si l'Ukraine renonce à faire partie de l'OTAN et abandonne la Crimée – ancien territoire russe cédé à l'Ukraine sous le régime soviétique en 1954 et accaparé par Poutine en 2014.
Mais l'Europe de la défense s'est ralliée derrière l'Ukraine. Cette fois, Volodymyr Zelensky ne s'est pas présenté seul « sans carte » à la Maison-Blanche, comme l'hiver dernier. Il a appris de ses erreurs. Il avait un cadeau : une lettre de sa femme à Melania. Il a même réussi à rire des platitudes du journaliste bidon sur sa tenue vestimentaire.
Quelle est vraiment la conclusion de cette journée de pourparlers ? Il n'y a pas de cessez-le-feu, pas de trêve à l'horizon. C'était pourtant une exigence de Donald Trump encore la semaine dernière.
« Je ne peux pas imaginer qu'il y ait une autre rencontre [de négociation de paix] sans un cessez-le-feu », a opiné le chancelier allemand Friedrich Merz.
Trump, qui n'a pas réussi à obtenir cette concession temporaire de Poutine, a dit qu'il avait réglé « six guerres » sans cessez-le-feu. Ce qui revient à dire : oubliez ça pour l'instant.
Tous les Européens ont félicité Donald Trump pour son initiative et les « progrès » accomplis. Mais jusqu'ici, ces progrès sont virtuels. L'agression se poursuit. Et la Russie ne promet que de cesser les bombardements si jamais une entente en forme de reddition a lieu.
En entrevue après la rencontre, le chancelier Merz a dit que « les données de base n'ont pas changé ». Quelles données ? Poutine rêve d'une Russie impériale ; il ne reconnaît pas la souveraineté de l'Ukraine, inséparable de la Grande Russie ; et son projet est encore de diviser l'Occident décadent.
Ce n'est pas pour rien qu'Emmanuel Macron insistait sur une paix « robuste et durable ». L'Europe a signé une trêve avec Poutine après la première invasion de l'Ukraine en 2014. Huit ans plus tard, il envahissait le pays. Personne à cette table, sauf apparemment Donald Trump, n'a la moindre confiance en Poutine.
C'est pourquoi le président français, à l'air particulièrement grave lundi, parlait d'une rencontre « quadripartite » après un éventuel sommet Zelensky-Poutine, puis d'un sommet à trois Zelensky-Trump-Poutine.
L'Europe n'a pas l'intention de se faire imposer une paix honteuse et dangereuse dans le dos.
C'est pourquoi, surtout, tous les leaders européens ont parlé de « garanties de sécurité » de la part des États-Unis. Mais jusqu'ici, cela ressemble à une vente massive d'armes américaines financée par l'Europe. Trump n'a pas formellement exclu l'envoi de troupes sur le terrain, mais il n'en est certainement pas question dans son esprit, si l'on fait la somme de ses engagements.
Giorgia Meloni, la présidente italienne du conseil, a dessiné de gros guillemets en parlant d'un engagement de type « article 5 » du traité de l'Atlantique Nord. Ce fameux article n'est pas si contraignant qu'on le laisse entendre. Il dit qu'une attaque contre un membre est une attaque contre tous les membres du traité… et permet aux États membres d'utiliser toutes les mesures nécessaires allant jusqu'à la force armée. Donc même dans le cadre de l'OTAN, il n'y a aucune obligation de prendre les armes pour un allié agressé. L'article a été mis en vigueur après l'attaque terroriste du 11 septembre 2001, et une coalition s'est formée pour attaquer les bases d'Al-Qaïda en Afghanistan. Mais c'était à la discrétion des membres. Pour ce qui est de l'Ukraine, donc, la « garantie » américaine dont on parle en ce moment est purement morale, et n'engage aucune implication militaire.
Pour ce qui est d'arrêter « la tuerie », comme dit le président Macron, tout le monde s'entend.
Sauf le responsable, celui qui ne peut pas mettre les pieds en territoire européen sans être arrêté pour crime de guerre : Vladimir Poutine.
Les leaders européens ont au moins réussi à rééquilibrer un peu le jeu à Washington entre la Russie impérialiste et l'Ukraine martyrisée. Et à faire valoir que la reddition n'est pas un traité de paix. Cette fois, Donald Trump n'a pas traité Zelensky de dictateur et de responsable de la guerre. Pour une très rare fois, on l'a vu au milieu d'une table multilatérale où il semblait respecter les autres nations. Il avait même l'air présidentiel.
« Les prochaines étapes seront les plus compliquées maintenant », a dit le chancelier Merz. En effet. Rien n'est réglé.
« Peut-être qu'on n'y arrivera pas », a dit Donald Trump, comme pour diminuer les attentes qu'il a lui-même gonflées.
Mais pour une fois, il y a du mouvement.
Orange background

Essayez nos fonctionnalités IA

Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :

Commentaires

Aucun commentaire pour le moment...

Articles connexes

Zelensky, Trump et la diplomatie vestimentaire
Zelensky, Trump et la diplomatie vestimentaire

La Presse

time9 minutes ago

  • La Presse

Zelensky, Trump et la diplomatie vestimentaire

Beginning of dialog window. Escape will cancel and close the window. (Washington) Le sort de l'Ukraine s'est-il joué sur une veste de costume ? Certainement pas, mais le choix de Volodymyr Zelensky de renoncer lundi à son habituelle tenue d'inspiration militaire pour une mise plus formelle a mis Donald Trump d'excellente humeur. Aurélia END Agence France-Presse « Je n'arrive pas à y croire. J'adore ! » : voici comment le président américain accueille lundi son homologue ukrainien avant une réunion cruciale pour l'Ukraine, et même l'Europe tout entière, en désignant la veste noire au boutonnage très haut et la chemise noire au col fermé de son invité. « C'est ce que j'avais de mieux », répond ce dernier, qui n'est pas allé jusqu'à revêtir un costume de ville classique avec chemise claire et cravate. Les deux hommes sourient en se serrant la main, puis s'engouffrent dans l'aile ouest de la Maison-Blanche - un protocole simple qui tranche avec le tapis rouge déroulé vendredi en Alaska pour la rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump sur une base militaire. Autre différence : le président américain et le président russe n'ont répondu à aucune question de journaliste vendredi, tandis que lundi, le milliardaire de 79 ans a renoué avec son habitude de tenir une conférence de presse quand il reçoit un visiteur étranger dans le bureau ovale. « Magnifique ! » C'est ainsi que lors de sa dernière visite le 28 février, Volodymyr Zelensky avait été pris à partie par Brian Glenn, un présentateur proche du courant MAGA (pour « Make America Great Again », le mouvement créé et incarné par Donald Trump) avant de subir une attaque en règle de la part du vice-président JD Vance puis du président américain. Le chef d'État ukrainien présente sa tenue emblématique, faite d'un chandail sombre et d'un pantalon de treillis, comme un symbole de solidarité avec les forces armées. Mais, note le New York Times, il avait déjà porté une veste avec une chemise sombre, conçues selon le quotidien par le créateur ukrainien Viktor Anisimov, pour les funérailles du pape François. Six mois après le pugilat de février, Brian Glenn est à nouveau de la partie lundi, dans ce bureau ovale où Donald Trump a fait de la place pour de nombreuses décorations dorées et pour les représentants de médias le soutenant ouvertement. L'animateur de la chaîne Real America's Voice, compagnon de l'élue de droite radicale Marjorie Taylor Greene, lance à Volodymyr Zelensky : « Vous êtes magnifique dans ce costume. » « Je lui ai dit la même chose ! », s'exclame Donald Trump, en tapotant l'épaule du président ukrainien. « C'est lui qui vous a attaqué la dernière fois », dit-il ensuite à Volodymyr Zelensky. « Je me souviens » L'ancien comédien répond, avec un petit sourire : « Je me souviens. » Puis, pince-sans-rire, il s'adresse à Brian Glenn : « Vous portez le même costume. Je me suis changé. » La pique amuse beaucoup le président américain, ancien animateur de télé-réalité. Brian Glenn demande ensuite au président ukrainien si, une fois la paix revenue, il s'engage à organiser des élections. Volodymyr Zelensky répond par l'affirmative, mais le sujet éveille l'intérêt de Donald Trump, qui n'a jamais reconnu sa défaite à la présidentielle de 2020 et qui a plusieurs fois parlé de se présenter pour un troisième mandat, ce que la Constitution américaine interdit. « Donc si nous sommes en guerre contre quelqu'un, plus d'élections ? C'est bien, ça », lance le président américain, sur un ton amusé. « Vous aimez cette idée ! », note Volodymyr Zelensky, en riant. Le chef d'État, venu exhorter le président américain à ne pas abandonner son pays face à la Russie, n'a pas seulement changé de tenue et adopté un ton badin. Il a aussi remercié avec insistance son hôte : « Merci pour l'invitation et merci beaucoup pour vos efforts, vos efforts personnels pour mettre fin à la tuerie et arrêter cette guerre. » La dernière fois, JD Vance avait lancé les hostilités contre Volodymyr Zelensky en lui reprochant de ne pas avoir « dit une seule fois merci » pour les dizaines de milliards de dollars d'aide militaire des États-Unis. Cette fois, le vice-président, à nouveau présent dans le bureau ovale, est resté muet, du moins tant que les journalistes étaient dans la pièce.

La Russie prévient que tout accord devra garantir sa « sécurité »
La Russie prévient que tout accord devra garantir sa « sécurité »

La Presse

time42 minutes ago

  • La Presse

La Russie prévient que tout accord devra garantir sa « sécurité »

Des soldats ukrainiens se mettent à couvert alors qu'ils tirent un obus de mortier sur une position de première ligne. (Paris) La Russie a prévenu mardi que tout potentiel accord de paix devrait garantir sa « sécurité » et celles des habitants russophones en Ukraine, prétexte déjà brandi pour lancer son invasion en 2022, avant une réunion en visioconférence des alliés de Kyiv pour évoquer la protection de leur partenaire. Agence France-Presse Ce qu'il faut savoir La Russie a prévenu que tout potentiel accord de paix devrait garantir sa « sécurité » et celles des habitants russophones en Ukraine ; Une trentaine de pays européens formant la « coalition des volontaires » se réunissent mardi pour discuter des garanties de sécurité au centre des discussions pour mettre fin à la guerre en Ukraine ; Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rencontré son homologue américain Donald Trump à la Maison-Blanche lundi après-midi, et une réunion incluant divers dirigeants européens a suivi leur entretien ; Vladimir Poutine s'est dit prêt à rencontrer Volodymyr Zelensky « d'ici deux semaines ». Le président américain, Donald Trump, qui veut trouver une issue à la guerre au plus vite, a rencontré vendredi son homologue russe, Vladimir Poutine, puis lundi le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, accompagné par des dirigeants européens à la Maison-Blanche. La perspective d'une paix en Ukraine reste néanmoins incertaine, et les désaccords sont nombreux. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a affirmé dans une entrevue à la télévision russe qu'un accord devrait impérativement « respecter les intérêts de sécurité de la Russie » ainsi « les droits des Russes et des russophones qui vivent en Ukraine ». Ces arguments avaient été utilisés par la Russie pour justifier son invasion de février 2022. Vladimir Poutine avait alors expliqué avoir pour but de « démilitariser » et « dénazifier » l'Ukraine, mais aussi de protéger l'est russophone d'un « génocide », une accusation infondée. La « coalition des volontaires », une trentaine de pays essentiellement européens soutenant l'Ukraine, se réunit elle mardi pour parler également de garanties de sécurité, mais pour Kyiv. L'Ukraine considère que, même si une issue est trouvée à cette guerre, la Russie tentera encore de l'envahir. Le président français, Emmanuel Macron, a annoncé la tenue de consultations vers 12 h (6 h heure de l'Est) des « 30 pays qui travaillent sur des garanties de sécurité, pour les tenir au courant de ce qui a été décidé » à l'issue du sommet entre Donald Trump et Vladimir Poutine en Alaska vendredi. PHOTO ALEX BRANDON, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS Le premier ministre britannique, Keir Starmer, et le président français, Emmanuel Macron, co-présideront une réunion de la « coalition des volontaires », mardi. Londres a confirmé que le premier ministre britannique, Keir Starmer, coprésiderait la visioconférence avec M. Macron. Donald Trump a assuré lundi, sans entrer dans les détails, que les États-Unis « seraient impliqués » dans la sécurité future de l'Ukraine, promettant une « très bonne protection ». Rencontre Poutine-Zelensky Donald Trump doit commencer les préparatifs d'une rencontre entre MM. Zelensky et Poutine. Le président russe a finalement accepté le principe de cette rencontre, qui devrait se tenir dans les deux semaines, lors d'un entretien téléphonique lundi avec son homologue américain. M. Zelensky a confirmé y être prêt lui aussi. Les éventuelles concessions territoriales exigées par la Russie à l'Ukraine pour mettre fin au conflit sont « une question que nous laisserons entre moi et Poutine », a-t-il ajouté. PHOTO KEVIN LAMARQUE, ARCHIVES REUTERS Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, et le président américain, Donald Trump Donald Trump a précisé sur son réseau Truth Social que celle-ci serait suivie d'une réunion tripartite avec lui-même. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a néanmoins affirmé mardi qu'une telle réunion devrait être préparée « très minutieusement ». M. Macron a lui estimé qu'elle devrait avoir lieu en Europe, par exemple en Suisse. Dans un autre entretien à la chaîne américaine NBC News, M. Macron n'a pas caché qu'il ne partageait pas l'optimisme de Donald Trump sur la possibilité d'arriver à un accord de paix en Ukraine et a mis en garde contre toute « naïveté ». Vladimir Poutine est « un prédateur, un ogre à nos portes » qui « a besoin de continuer de manger [pour] sa propre survie », a-t-il dit, « c'est une menace pour les Européens ». Concessions territoriales Dans l'est de l'Ukraine, qui concentre le pire des combats, les habitants avouaient avoir eux aussi peu d'espoir. Vladimir Poutine « a violé tous les accords qu'il a signés, donc on ne peut pas lui faire confiance », a déclaré à l'AFP le soldat Vitaly, 45 ans. Et si l'Ukraine cède des territoires pour avoir la paix, la Russie attaquera de nouveau « dans six mois ou un an », a-t-il ajouté. À Moscou, le ton était plus enthousiaste. « Je suis certaine que le conflit se terminera », a assuré Roman, musicien de 39 ans. Une autre habitante, Ksenia, qui n'a pas voulu donner son nom de famille, a elle affirmé que la Russie devait conserver les terres conquises en Ukraine. « Des gens ont versé leur sang pour cette terre, donc elle est à nous », a-t-elle dit. Moscou exige que l'Ukraine cède des parties de son territoire et refuse toute garantie de sécurité passant par l'OTAN et son mécanisme de défense collective, l'article 5. Le chancelier allemand, Friedrich Merz, également présent lundi à la Maison-Blanche, a de son côté estimé que l'Ukraine ne devrait pas être contrainte de faire des concessions territoriales dans le cadre d'un éventuel accord de paix. Pékin a dit mardi « soutenir tous les efforts » vers la paix, prônant « le dialogue et la négociation », comme « seule voie viable pour résoudre la crise ukrainienne ».

Pourquoi Mark Carney n'était-il pas à Washington ?
Pourquoi Mark Carney n'était-il pas à Washington ?

La Presse

time2 hours ago

  • La Presse

Pourquoi Mark Carney n'était-il pas à Washington ?

Parce que l'actualité suscite souvent des questionnements, un chroniqueur de Dialogue en fouille un pour vous Tous les principaux alliés de l'Ukraine étaient à la Maison-Blanche lundi afin d'appuyer le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans ses discussions avec l'administration Trump sur l'avenir de l'Ukraine. La France. La Grande-Bretagne. L'Allemagne. L'Italie. L'Union européenne. L'OTAN. Ils étaient tous à la table, à distribuer les compliments à Donald Trump dans l'espoir de l'amadouer (c'est ainsi qu'on négocie avec ce président). Il y avait un grand absent : le Canada. Mark Carney aurait-il dû être à Washington lui aussi, aux côtés des leaders européens ? J'ai contacté quatre experts en relations internationales et en science politique pour en discuter. Trois d'entre eux estiment que Mark Carney aurait dû être à cette réunion à Washington d'une importance cruciale pour l'avenir de l'Ukraine. « Ç'aurait été dans l'intérêt du Canada d'être présent, de signifier que le Canada sera un acteur sérieux dans ce dossier, qu'on est prêt à protéger le continent européen », dit Justin Massie, professeur en science politique à l'UQAM et codirecteur du Réseau d'analyse stratégique. PHOTO PATRICK DOYLE, LA PRESSE CANADIENNE Le premier ministre Mark Carney, à Ottawa lundi « Symboliquement, si on voulait envoyer un message fort, M. Carney aurait dû être là », dit Patrick Leblond, professeur à l'École supérieure d'affaires publiques et internationales de l'Université d'Ottawa et expert du commerce international. « C'est sûr que le Canada aurait dû être là », résume Dominique Arel, professeur en science politique et titulaire de la Chaire d'études ukrainiennes à l'Université d'Ottawa. Le professeur Frédéric Mérand inscrit sa dissidence : il ne se formalise pas de l'absence de Mark Carney à la Maison-Blanche. « Le Canada se retrouve dans une situation à laquelle il est habitué, celui du joueur marginal qui est écarté », dit M. Mérand, directeur du département de science politique de l'Université de Montréal. « Cette unité européenne était impressionnante. C'était important pour Zelensky de ne pas se faire refaire le coup de février, qu'il arrive bien entouré. L'important, c'était le groupe, pas un pays en particulier. Je ne vois pas la valeur ajoutée qu'aurait amenée le Canada. » Pourquoi Mark Carney n'était-il pas à la Maison-Blanche ? Officiellement, parce que la rencontre de lundi à la Maison-Blanche était « seulement pour les leaders européens », a indiqué par courriel le cabinet du premier ministre Carney. Ce dernier a réitéré son soutien à l'Ukraine et a participé à une réunion virtuelle avec les alliés de l'Ukraine le week-end dernier. Il est effectivement possible que les Européens aient voulu discuter seulement entre eux avec Donald Trump. C'est d'ailleurs la lecture du professeur Frédéric Mérand. Lundi, les leaders européens et l'administration Trump ont discuté des conditions pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Si on trouve un jour une entente avec la Russie, l'Occident devra assurer la sécurité à long terme et la reconstruction de l'Ukraine. Ça prendra des soldats, de l'équipement militaire et beaucoup de milliards de dollars. Qui s'en chargera ? Les États-Unis (on l'espère) et l'Europe. Le Canada contribuera, mais à plus petite échelle. Personne ne s'attend à ce que le Canada joue un rôle majeur. Dans ce contexte, l'absence du Canada ne me choque pas. Frédéric Mérand, directeur du département de science politique de l'Université de Montréal Mais tout le monde n'achète pas l'explication du gouvernement Carney. Oui, cette rencontre à Washington s'est organisée rapidement après le désastreux sommet Trump-Poutine en Alaska vendredi, où l'administration Trump a reculé et adopté certaines positions de la Russie (l'Ukraine céderait notamment à la Russie des territoires qu'elle contrôle actuellement). Oui, c'était impératif que les quatre grandes puissances européennes (France, Grande-Bretagne, Allemagne, Italie) fassent front commun. Mais les professeurs Patrick Leblond et Justin Massie estiment que les Européens et l'Ukraine auraient accueilli favorablement la présence du Canada, un pays membre du G7. Tout le monde convient que les Européens sont très préoccupés par la guerre en Ukraine. Parce qu'elle se déroule dans leur cour arrière, que la Russie a des frontières avec l'Europe et que c'est l'un des premiers conflits majeurs en sol européen depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais le Canada a aussi un fort intérêt à défendre les pays démocratiques et l'état de droit en Europe, dont il veut se rapprocher sur le plan économique et militaire. Depuis le début du conflit en 2022, le Canada a été l'un des alliés les plus indéfectibles de l'Ukraine. En comptant tous les types d'aide (financière, militaire, humanitaire), le Canada a promis 12 milliards d'euros à l'Ukraine, selon l'Institut de Kyiv. C'est plus d'argent que la France ou l'Italie. En pourcentage de son PIB, le Canada est le donateur le plus généreux du G7. Si la guerre se termine, Mark Carney a promis de contribuer militairement à une force de paix en Ukraine, en envoyant possiblement des soldats pour assurer le maintien de la paix. L'Allemagne et l'Italie ne se sont pas avancés aussi loin. Mais dans une rencontre internationale déterminante pour l'avenir de l'Ukraine, le Canada brille par son absence. En soi, ce n'est pas la fin du monde. Mais c'est surprenant. Ça l'est peut-être un peu moins si on se considère l'éléphant dans la pièce en matière de relations canado-américaines : la guerre tarifaire de l'administration Trump. L'Europe et les États-Unis ont signé le mois dernier un accord commercial limitant les droits de douane américains à 15 % sur les produits européens. Le Canada, dont l'économie est dépendante de celle des États-Unis, n'est pas parvenu à un accord commercial avec Washington. Les Européens voulaient-ils être seuls avec Donald Trump ? Le premier ministre Carney avait-il le goût d'aller à la Maison-Blanche discuter de l'Ukraine avec cette perpétuelle épée de Damoclès au-dessus de la tête qu'est la guerre tarifaire ? Tout ce beau monde a-t-il jugé qu'il valait mieux de tenir le Canada à l'écart cette fois-ci ? Votre hypothèse est aussi bonne que la mienne. Peu importe, le résultat est le même : quand ça compte, on a la désagréable impression que le Canada est absent ou relégué à l'arrière-scène, que son opinion n'est pas importante. « Si le Canada avait une certaine force militaire, il serait là, dit le professeur Dominique Arel. Mais on est loin du compte. » Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store