« Parfois, je me dis que c'est fou, je ne sais pas comment je fais pour gagner » : la vie de Lenny Martinez comme chasseur d'étapes sur le Tour de France 2025
« Les derniers jours ont été calmes pour vous, est-ce que cela veut dire que la semaine qui s'ouvre sera celle de l'attaque ?C'est clair ! Soit je suis dans l'échappée pour jouer la victoire, soit je suis loin derrière, mais pas entre les deux. Quand je suis derrière, c'est que je n'ai rien à jouer. Donc ce lundi, oui, je vais essayer d'être dans l'échappée. J'ai reconnu l'étape avant le Tour de France, je la connais par coeur, le final, je le connais par coeur aussi. Une échappée peut aller au bout, mais ce sera aussi difficile de la prendre.
Être devant un 14 juillet, est-ce quelque chose qui vous parle ?C'est clair que ça rajoute quelque chose. Il y aura du monde sur la route, je le sais. Gagner un 14 juillet, c'est mieux qu'un autre jour (sourire). Quand il y a beaucoup de public, c'est parfois plus fatigant mentalement, mais en fait ça nous pousse, ça nous aide, ça nous donne beaucoup de force. Dans le bus, tu te retrouves parfois avec des acouphènes, on n'entend rien sur la route tellement il y a du monde qui crie !
Lorsque vous avez rejoint Bahrain Victorious cet hiver, disputer le Tour de France était-il un point de passage obligé ?Ce n'était pas une obligation, non, mais il est clair que j'avais envie de le faire. J'avais envie d'y retourner après l'avoir fait l'an dernier sans être au top de ma forme. Dès cet hiver, on l'avait inscrit à ma préparation et dans mes objectifs. C'est la plus belle course au monde, c'est la première course que j'ai regardée à la télé en vacances l'été. C'est en France, il y a du monde, c'est la plus belle course, tout le monde le dira.
« Je n'ai pas trop changé, mais je suis très content d'avoir décroché des victoires dans des courses plus importantes que l'an dernier. C'est un cap, je le sais, c'est une autre dimension
Quel souvenir gardez-vous du Tour 2024 ?C'était une bonne expérience de le faire, mais mon niveau n'était pas au top, je n'étais pas en mesure de jouer devant (il avait terminé 124e au général, aucun top 30 dans les étapes de montagne). Mais je suis quand même content de l'avoir fait, pour voir ce que c'était, le fonctionnement, l'engouement, je savais que ça me servirait pour les années futures. J'ai vu beaucoup de monde sur le bord des routes dans les cols... J'avais déjà fait la Vuelta, mais là, c'est autre chose. C'est surtout médiatiquement et sur le retentissement de ce qu'on peut faire que j'ai vu une grosse différence. Là-dessus, j'ai appris, je pense. On m'avait dit que ça roulait dix fois plus vite, mais ça, j'en suis moins sûr, ça reste une grosse course de vélo...
Quelle est la différence entre le Lenny Martinez qui prend le départ du Tour en 2024 et celui qui a pris le départ de celui-ci ? Cette année, c'est un objectif alors que l'an dernier ça ne l'était pas, il n'était même pas prévu initialement à mon programme. Je n'ai pas trop changé, mais je suis très content d'avoir décroché des victoires dans des courses plus importantes que l'an dernier (une étape de Paris-Nice en mars, une étape du Tour de Romandie et le maillot jaune une journée début avril et une étape au Dauphiné début juin). C'est un cap, je le sais, c'est une autre dimension. J'ai pu enchaîner en plus. J'avais beaucoup gagné l'an dernier, mais pas encore en World Tour, je ne pensais qu'à ça en arrivant à Paris-Nice. C'est un autre niveau, je suis vraiment très content de ça.
« Je ne suis plus obligé de gagner seul en haut d'un col de 40 minutes, un effort court peut aussi me correspondre. Ca ouvre la palette »
Quels sont les moments forts ?À chaque fois, je me surprends. Je ne pensais pas gagner trois courses World Tour en six mois ! La dernière en date, au Dauphiné, je ne pensais pas gagner le dernier jour, c'était complètement inattendu. Et j'ai adoré gagner tout seul ! C'est encore mieux que les deux autres fois au sprint en petit comité... On a changé quelques trucs à l'entraînement, je sens que je progresse chaque semaine qui passe ou chaque mois qui passe. C'est vraiment plaisant. Il y a eu un peu plus de charge d'entraînement que l'an dernier pour progresser. On a travaillé les efforts courts, un peu « punchy », pour gagner en petit comité. Ça me permet d'avoir d'autres cartes pour m'imposer. Je ne suis plus obligé de gagner seul en haut d'un col de 40 minutes, un effort court peut aussi me correspondre. Ça ouvre la palette.
Quelle sensation cela fait-il de se surprendre comme vous le décrivez ?Parfois, je me dis que c'est fou ! À chaque fois, je ne sais pas comment je fais pour gagner (rires). Au départ de Paris-Nice, quand je voyais les adversaires, pour moi, c'était impossible de gagner une étape. Au départ du Dauphiné, encore plus, il y avait Pogacar, Vingegaard, Evenepoel. Chaque année ou chaque course, j'ai l'impression de me dire que je ne pourrais jamais faire ceci ou cela en plus. Et finalement, j'y arrive, c'est ça qui me surprend le plus, c'est une drôle de sensation. J'ai profité de chaque émotion jusque-là. Ça me donne beaucoup de confiance.
« A terme, bien sûr que j'aurais envie de jouer le général quand même. Mais pour l'instant, je me plais bien dans ce rôle. Je ne suis peut-être pas encore tout à fait prêt.
Vous imaginez vous gagner sur le Tour ?Oui, j'imagine bien la chose, ce serait pas mal (rires)... Moi, ce sera « full » étapes, il n'y aura pas de général pour moi sur le Tour, je ne pars pas pour ça.
Chasser les étapes plus que le général, n'est-ce pas ce qui correspond le plus à votre tempérament aujourd'hui ?C'est comme ça que je m'épanouis le plus aujourd'hui, je suis très heureux d'avoir ce rôle, de chasser des étapes. Je trouve qu'il y a une sensation différente. À terme, bien sûr que j'aurais envie de jouer le général quand même. Mais pour l'instant, je me plais bien dans ce rôle. C'est une autre émotion. Jouer le général, tu passes de rien à tout, de tout à rien, d'un seul coup, je ne suis peut-être pas encore tout à fait prêt.
Cela vous enlève-t-il de la pression ?Peut-être un peu, mais c'est aussi très difficile d'aller chercher une étape. Mais sur trois semaines de Tour, c'est mieux d'être sur les étapes plutôt que le général, trois semaines, c'est long, c'est éprouvant. C'est mieux pour moi de me faire plaisir comme ça.
Le coup de moins bien soudain, comme vous avez eu à Paris-Nice ou au Dauphiné, c'est aussi ce qui vous fait peur sur une course de trois semaines ?Honnêtement, je ne saurais pas expliquer les différences entre les deux coups de moins bien. Ce que je sais, c'est que pour jouer le général, il faut être tous les jours au top de sa forme. Vu le niveau actuel, dès que tu as un coup de moins bien, ça se voit direct. Bim, ça ne pardonne pas. Parfois, je suis moins fort sur certains jours, c'est comme ça. Je suis jeune, je ne suis pas encore 100 % régulier, ça va venir avec l'âge. Je me lève certains jours, je sais que je vais être moins bien, que j'aurais moins de jambes et que la moindre difficulté sera vraiment difficile pour moi. C'est comme ça, il faut faire avec, il faut que je continue à apprendre de ces moments-là. »
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