
Israël annonce la reprise des largages d'aide sur Gaza
par l'équipe de l'AFP dans la bande de Gaza
Agence France-Presse
La Défense civile du territoire palestinien a annoncé samedi la mort de 40 personnes dans des bombardements et des tirs israéliens, tandis qu'un bateau transportant des militants propalestiniens se rapprochait des côtes de Gaza, dans l'intention d'y accoster dimanche malgré le blocus israélien.
Le Handala, parti de Syracuse, en Sicile, chargé de matériel médical, de nourriture, d'équipements pour enfants et de médicaments, se trouvait samedi à 105 milles nautiques (194 kilomètres) de Gaza, selon la Flottille pour la liberté, le mouvement international de soutien aux Palestiniens qui organise cette mission.
La marine israélienne a indiqué qu'elle ne lui permettrait pas d'atteindre le territoire.
Israël, qui assiège la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas le 7 octobre 2023, avait imposé début mars un blocus hermétique au territoire, très partiellement assoupli fin mai, qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture et de biens de première nécessité.
L'ONU et des ONG s'alarment à présent d'une flambée de la malnutrition infantile et d'un risque de famine généralisée parmi ses plus de deux millions d'habitants.
Face à cette urgence et pressée notamment par Paris, Berlin et Londres de « lever immédiatement les restrictions sur l'acheminement de l'aide », l'armée israélienne a annoncé samedi que les premiers parachutages menés par des pays étrangers reprendraient le soir même.
PHOTO JEHAD ALSHRAFI, ASSOCIATED PRESS
Des Palestiniens transportent des sacs de farine, le 26 juillet 2025.
Cette méthode, déjà mise en œuvre en 2024 notamment par les Émirats arabes unis, la Jordanie et la France, avait été décriée par nombre de responsables humanitaires, qui l'avaient jugée dangereuse et de portée limitée, soulignant qu'elle ne pouvait se substituer à la voie terrestre.
Samedi, le Royaume-Uni a annoncé se préparer à larguer de l'aide et à évacuer des « enfants ayant besoin d'une assistance médicale », en collaboration avec « des partenaires tels que la Jordanie ».
Les Émirats ont déclaré qu'ils reprenaient « immédiatement » les parachutages.
« Coûteux, inefficaces »
L'armée a précisé que les premiers largages comprendraient sept palettes de farine, de sucre et de conserves fournies par des organisations internationales.
Elle a ajouté qu'elle mettrait en place des couloirs humanitaires pour assurer le passage sécurisé des convois de nourriture et de médicaments des Nations unies.
Le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a estimé samedi que la reprise des parachutages constituait une réponse « inefficace » à la catastrophe humanitaire en cours.
« Les largages aériens ne mettront pas fin à la famine qui s'aggrave. Ils sont coûteux, inefficaces et peuvent même tuer des civils affamés », a-t-il déclaré.
PHOTO ABDEL KAREEM HANA, ASSOCIATED PRESS
Des Palestiniens marchent vers l'endroit où l'aide est distribuée, le 26 juillet 2025.
Samedi, la Défense civile a annoncé la mort de 40 personnes, notamment dans des frappes israéliennes à Gaza-ville, dans le nord, dans le secteur de Khan Younès, dans le sud, et dans le camp de Nousseirat, dans le centre de Gaza.
Selon cette organisation de secouristes, 14 personnes ont été tuées par des tirs israéliens alors qu'elles attendaient de l'aide humanitaire en différents lieux du territoire, dont l'une tuée quand les soldats ont ouvert le feu sur un groupe de civils réunis au nord-ouest de Gaza-ville.
Des témoins ont indiqué à l'AFP que plusieurs milliers de personnes s'étaient alors rassemblées dans cette zone.
L'un d'eux, Abou Samir Hamoudeh, 42 ans, a affirmé que l'armée avait ouvert le feu « lorsque les gens ont tenté de s'approcher du point de distribution » situé près d'un poste militaire.
« L'horloge tourne »
L'armée israélienne a déclaré à l'AFP que les soldats avaient procédé à des « tirs d'avertissement » après avoir identifié une « menace immédiate ».
Les restrictions imposées aux médias par Israël et les difficultés d'accès à plusieurs zones empêchent l'AFP de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.
La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent menée par le mouvement islamiste Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné du côté israélien la mort de 1219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.
En riposte, Israël a lancé une offensive qui a fait au moins 59 733 morts à Gaza, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
À Tel Aviv, des proches de la cinquantaine d'otages, morts ou vivants, encore retenus à Gaza, ont une nouvelle fois manifesté samedi pour réclamer la fin de la guerre et un accord permettant le retour de leurs proches.
« L'horloge tourne, la vie ne tient qu'à un fil, agissez maintenant avant qu'il ne soit trop tard », a lancé Or Levy, un ex-otage libéré en février.
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13 minutes ago
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Non, le Canada ne fait pas le jeu du Hamas
Une fillette palestinienne observe les dégâts causés par une frappe nocturne sur le centre de santé Sheikh Radwan, dans le nord de la ville de Gaza, mercredi. Non, le Canada ne fait pas le jeu du Hamas Comme si la situation humanitaire à Gaza n'était pas assez épouvantable, voici qu'on prédit une nouvelle escalade des opérations militaires israéliennes dans ce territoire dévasté1. Pendant ce temps, le Canada, à l'exemple de certains pays européens, se dit prêt à reconnaître un État palestinien. Mais est-ce vraiment ce qui convient aux circonstances actuelles ? Et dans les faits, à quoi servirait cette reconnaissance ? PHOTO FOURNIE PAR L'UNIVERSITÉ DE TORONTO Jon Allen « Reconnaître l'État palestinien ne va pas ouvrir les vannes de l'aide humanitaire. Ça ne va pas forcer Bibi Nétanyahou à accepter un cessez-le-feu. Ça ne va pas forcer le Hamas à libérer les otages, à s'exiler et à se désarmer. Il n'y a pas de doute là-dessus », m'a d'abord répondu Jon Allen. Celui qui a été ambassadeur du Canada en Israël de 2006 à 2010 est aujourd'hui rattaché au Centre Bill Graham pour l'histoire internationale contemporaine de l'Université de Toronto. Je l'ai interviewé dans le cadre de cette chronique parce qu'il fait aussi partie des 173 anciens diplomates qui ont signé une lettre, la semaine dernière, pour demander à Mark Carney de reconnaître l'État de Palestine2. Il reconnaît les limites de l'initiative, donc. Mais il demeure convaincu que ce geste – que le premier ministre du Canada s'est engagé à faire aux Nations unies en septembre, sous certaines conditions – est de la plus haute importance3. D'abord parce que la solution à deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, longtemps perçue comme la clé pour résoudre le conflit israélo-palestinien, est dans l'impasse – et c'est un euphémisme. On envoie un message aux Palestiniens, aux Israéliens et à d'autres pour dire que le Canada et d'autres pays occidentaux croient toujours en la solution à deux États et pensent que l'un de ces États doit être la Palestine. Jon Allen, ancien ambassadeur du Canada en Israël L'idée est aussi d'affirmer qu'« Israël ne devrait pas avoir un droit de veto sur l'autodétermination d'environ cinq millions de Palestiniens ». Cet engagement permet par conséquent de montrer aux Palestiniens que l'Occident va « continuer à faire pression sur Israël pour s'assurer que le pays ne prend pas de mesures supplémentaires pour mettre fin à la possibilité de deux États ». C'est aussi, bien sûr, une façon de faire comprendre au gouvernement israélien que « ce qui se passe à Gaza et en Cisjordanie est tout simplement inacceptable ». Jon Allen estime que Mark Carney l'a démontré, lorsqu'il a annoncé, le 30 juillet dernier, son intention de reconnaître l'État de Palestine4. Le premier ministre a par exemple affirmé que « le niveau de souffrance humaine à Gaza est intolérable et s'aggrave encore ». Il a également évoqué l'accélération de la construction de colonies en Cisjordanie. Sans surprise, l'idée de reconnaître l'État palestinien a rapidement été critiquée, aux États-Unis, par l'administration Trump. « Ça va compliquer grandement la conclusion d'un accord commercial avec eux. Oh ! Canada ! », a écrit Donald Trump sur Truth Social. PHOTO MARK SCHIEFELBEIN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS Pour la Maison-Blanche, la reconnaissance de l'État palestinien par le Canada est « une façon de récompenser le Hamas à un moment où le Hamas est le véritable obstacle à un cessez-le-feu et à la libération de tous les otages », a déclaré la porte-parole de Donald Trump. Sa porte-parole, Karoline Leavitt, a par la suite déclaré que le président des États-Unis « a l'impression que c'est une façon de récompenser le Hamas à un moment où le Hamas est le véritable obstacle à un cessez-le-feu et à la libération de tous les otages ». Que répond Jon Allen aux allégations selon lesquelles le Canada, la France et le Royaume-Uni feraient le jeu du Hamas ? Le Hamas n'a aucun intérêt dans une solution à deux États. Le Hamas est intéressé soit par un califat dans tout le Moyen-Orient, soit par une solution à un seul État et par l'anéantissement d'Israël. Donc, soutenir une solution à deux États en reconnaissant l'Autorité palestinienne, qui est essentiellement l'ennemie du Hamas, ce n'est pas soutenir le Hamas. Jon Allen, ex-ambassadeur du Canada en Israël « Bien sûr, le Hamas va dire : oh, c'est génial, ajoute l'expert. Mais est-ce que, parce que le Hamas va dire que c'est une bonne nouvelle que le Canada ait reconnu la Palestine, nous devons rester silencieux sur ce qui se passe au Moyen-Orient ? » Jon Allen insiste d'ailleurs, lors de notre entrevue, pour nommer les horreurs dont cette organisation terroriste est responsable. Hors de question, pour lui, de les occulter ou de les minimiser. « Le Hamas a commis des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité le 7 octobre 2023. C'était horrible », lance-t-il. « Nous n'ignorons pas non plus le fait [que ses membres] continuent de commettre des crimes de guerre en laissant leurs propres concitoyens se faire tuer de bien des manières, et en retenant toujours des otages », précise l'expert. Sans compter que, chaque fois que le processus de paix était sur les rails, le Hamas a cherché à le faire dérailler. Et avec les massacres d'octobre 2023, l'organisation terroriste l'a fait reculer « de plusieurs années ». Mais les atrocités du Hamas ne devraient pas être utilisées, selon lui, pour absoudre les fautes du gouvernement israélien. « Le droit légitime à l'autodéfense d'un pays comme Israël ne permet pas un siège ni une punition collective qui consiste à priver toute une population de nourriture, de médicaments, d'eau et d'électricité. Il ne permet pas non plus les bombardements indiscriminés », dit-il. Je suis juif. Ma femme est la fille de survivants de l'Holocauste. Je suis extrêmement critique envers Israël parce que je n'arrive pas à croire que des Juifs qui ont souffert pendant l'Holocauste font cela à d'autres personnes. Jon Allen, ex-ambassadeur du Canada en Israël Je termine en soulignant que même si Jon Allen comprend le sentiment d'impuissance quasi généralisé face à la crise actuelle, il ne perd pas espoir. D'ailleurs, cet ancien diplomate est aussi président du conseil d'administration canadien de l'ONG Rozana, qui fait la promotion de la coopération entre Palestiniens et Israéliens dans le domaine des soins de santé. Elle prévoit ouvrir sous peu une clinique médicale à Gaza. Mais pour une véritable sortie de crise, il faudra davantage de « bons dirigeants », selon M. Allen. Tant du côté des Palestiniens que du côté des Israéliens, mais aussi à la tête des États-Unis. « Je continue de croire que les choses vont changer », dit-il. Parce que l'autre voie, qui est qu'Israéliens et Palestiniens « continuent à s'entretuer » pendant de nombreuses décennies, est tout simplement intenable. Qui est Jon Allen ? Né à Winnipeg en 1950 Titulaire d'une maîtrise en droit international de la London School of Economics Recruté par le ministère des Affaires étrangères en 1981 Nommé ambassadeur du Canada en Israël en 2006 Actuellement « senior fellow » au Centre Bill Graham pour l'histoire internationale contemporaine de l'Université de Toronto et président du conseil d'administration canadien de l'ONG internationale Rozana 1. Lisez la dépêche de l'AFP « Israël doit 'vaincre totalement' le Hamas pour libérer les otages, dit Nétanyahou » 2. Lisez la lettre des 173 ex-diplomates canadiens en faveur de la reconnaissance de l'État palestinien 3. Le premier ministre du Canada a cité « la volonté de l'Autorité palestinienne de mener des réformes essentielles, notamment la promesse du président [Mahmoud] Abbas de réformer en profondeur sa gouvernance, de tenir des élections générales en 2026 dans lesquelles le Hamas ne pourra jouer aucun rôle et de démilitariser l'État palestinien ». Il a aussi affirmé « que le Hamas doit immédiatement libérer tous les otages capturés lors de l'horrible attentat terroriste du 7 octobre [2023], qu'il doit déposer les armes et qu'il ne doit jouer aucun rôle dans la gouvernance future de la Palestine ». 4. Lisez la déclaration de Mark Carney Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue


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Un projet de maison de naissance à Laval piétine
Rosalind Wong et son conjoint François Dionne militent pour qu'une maison de naissance soit implantée à Laval. Rosalind Wong, 39 ans, souhaite accoucher de son deuxième enfant dans une maison de naissance. Elle ne pourra pas le faire dans sa ville, puisqu'aucun service de sage-femme n'est offert à Laval, qui compte pourtant 460 000 habitants. « C'est la troisième plus grande ville au Québec. C'est quand même aberrant », dit Rosalind Wong. La mère lavalloise attend son bébé pour la fin d'octobre. Elle a pu obtenir un suivi dans une maison de naissance située dans le nord de Montréal, comme lors de sa première grossesse, alors qu'elle vivait dans la métropole. Son conjoint et elle s'estiment chanceux. PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE Rosalind Wong accouchera de son deuxième enfant en octobre. « C'est quand même poche – on va le dire comme ça – de devoir dépendre de la chance pour avoir un service qui devrait être un service de proximité, qui est assez essentiel et qui est bloqué pour des raisons quand même assez obscures », ajoute François Dionne, le conjoint de Mme Wong, qui est médecin de famille. De plus en plus de voix s'élèvent à Laval pour qu'une maison de naissance y soit implantée. L'organisme Mieux-Naître à Laval a récemment lancé une campagne de mobilisation citoyenne. Le maire Stéphane Boyer a donné son appui. On est la seule grande ville au Québec à ne pas avoir de maison de naissance. Le Dr François Dionne, conjoint de Rosalind Wong La directrice générale de Mieux-Naître à Laval, Lysane Grégoire, juge « surprenant et déplorable » qu'il n'y ait toujours pas de maison de naissance dans la ville, alors que le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) en prévoyait une dans ses plans dès mars 2015. « Il y a 4000 naissances par année à Laval », fait-elle valoir. Résistance de certains médecins Lysane Grégoire soutient que le projet de maison de naissance à Laval n'aboutit pas en raison de la résistance de médecins de la Cité-de-la-Santé qui réclament plutôt l'agrandissement de l'unité des naissances de l'hôpital. Son organisme, précise-t-elle, est « entièrement d'accord » avec l'agrandissement de cette unité, mais estime que les deux projets ne doivent pas entrer en concurrence. « Non, il n'y a pas de résistance de la part des médecins au projet de maison de naissance », rétorque le CISSS de Laval, dans un courriel. Les deux projets, ajoute-t-on, sont « complémentaires » et non « pas en concurrence ». PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE L'hôpital de la Cité-de-la-Santé, à Laval L'établissement de santé indique qu'il a déposé en 2020 un projet de déploiement des services de sages-femmes et d'une maison de naissance au MSSS. « Depuis, le CISSS de Laval relance le MSSS chaque année, écrit-on. Mieux-Naître à Laval est au fait de ces suivis. Nous sommes en attente d'un retour positif du MSSS. » Au Ministère, on affirme que « le manque d'effectifs disponibles et l'augmentation des coûts liés à l'immobilisation ralentissent le déploiement de nouvelles maisons de naissance et services sage-femme ». « Santé Québec est à revoir l'ensemble des services déployés à travers le réseau et les choix seront faits pour continuer à favoriser les collaborations interprofessionnelles et les modèles innovants, là où les besoins sont les plus criants », écrit-on dans un courriel. Dans l'ombre de Montréal Mieux-Naître à Laval milite pour que la future maison de naissance se retrouve sous le même toit que d'autres ressources destinées aux futurs et nouveaux parents. L'organisme planche, avec une quinzaine de partenaires, sur le projet Ensemble pour accueillir la vie (ENVIE). Le Centre de pédiatrie sociale de Laval, la Ville de Laval et le CISSS de Laval participent à la « cellule de travail », qui s'est réunie pour la première fois en juin 2022. Est-ce qu'on peut s'asseoir ensemble et remanier le projet de 2020 pour l'intégrer dans le projet ENVIE et déposer quelque chose d'extrêmement intéressant pour le Ministère et Santé Québec ? Lysane Grégoire, directrice générale de Mieux-Naître à Laval Le maire de Laval, Stéphane Boyer, souhaite que « le gouvernement puisse trouver une façon d'aller de l'avant avec le projet » de maison de naissance, sans oublier les autres besoins de la Cité-de-la-Santé, dont l'agrandissement de l'unité des naissances. M. Boyer déplore que les villes limitrophes de Montréal, comme la sienne, bénéficient de « beaucoup moins d'investissements » de la part du gouvernement québécois. Il veut que « ça change ». « En ce moment, la troisième plus grande ville du Québec, on a un seul hôpital qui déborde, un seul cégep qui déborde, un seul refuge pour itinérants qui déborde, fait-il valoir. Les besoins sont quand même grands et je pense qu'ils doivent être comblés. »


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Des besoins de plus en plus criants
Francine Laplante, fondatrice du projet Marraine Étoilée, craint de ne pas avoir les ressources pour aider toutes les familles qui solliciteront son aide. Quelques milliers d'écoliers issus de ménages dans le besoin commenceront leur année scolaire avec sur le dos des sacs remplis d'effets scolaires fournis par des organismes d'aide. Ceux-ci lancent toutefois un avertissement : beaucoup d'autres ont dû être laissés en plan, et le problème va en s'accentuant. L'heure de la rentrée a déjà sonné pour Francine Laplante. Dans les locaux d'un entrepôt du Mile-Ex, des sacs à dos sont disposés sur le sol en rang d'oignons, des classeurs à anneaux sont empilés le long d'un mur et des étuis à crayons s'accumulent sur les tables. Lorsque sonnera la vraie rentrée, environ 3200 élèves du primaire et du secondaire étrenneront les sacs à dos que la fondatrice du projet Marraine Étoilée et sa petite armée de bénévoles auront remplis de fournitures scolaires. Francine Laplante dégote les aubaines, mais elle ne fait pas de magie : les ressources ne sont tout simplement pas suffisantes pour répondre aux besoins, qui sont en croissance constante. PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE Des bénévoles s'activent afin de préparer les fournitures scolaires des enfants qui auront besoin du projet Marraine Étoilée pour commencer l'année scolaire. « Cette année [étant donné la demande], on aurait pu se rendre à 5000 sacs », laisse-t-elle tomber. En 2022-2023, on en a fait 500, la deuxième, 1350, et la troisième, 2395. Francine Laplante, fondatrice du projet Marraine Étoilée Le constat est le même chez Hop ! la rentrée, où la directrice générale, Caroline Bernier, a dû se résigner cette année à imposer des quotas. « On ne fournit pas du tout à la demande, tranche-t-elle sans hésitation. Ça m'a déchiré le cœur de refuser, parce qu'évidemment, on est limités par le budget. » « Tout a augmenté » Depuis les balbutiements de l'organisme, en 2018, la demande a grimpé de façon vertigineuse. Sans être le seul facteur en cause, la hausse de l'immigration n'est pas étrangère à ce phénomène. « Ça joue quand même beaucoup », souligne Caroline Bernier, se fondant sur les échos de ses partenaires sur le terrain. Mais cela n'explique pas tout. Il y a aussi « les nouveaux pauvres », dit Francine Laplante. Les nouveaux pauvres, c'est ceux qui travaillent à des salaires à 23 $ l'heure et qui n'arrivent plus. Francine Laplante, fondatrice du projet Marraine Étoilée « Les passes de transport en commun, le panier d'épicerie, tout a augmenté de façon exponentielle », se désole-t-elle. Et si la pandémie a parfois « le dos large », ses dommages collatéraux se font tout de même encore sentir, ajoute Audrey Renaud, directrice générale du Regroupement Partage. Les hausses répétées du taux directeur, par exemple, ont plongé certains ménages dans des situations de précarité. « On a des propriétaires de maisons qui sont maintenant des bénéficiaires de l'Opération sac à dos, explique-t-elle. Quelqu'un qui est passé de 2 % à 6 % au renouvellement du prêt hypothécaire, son paiement a plus que doublé. Ce n'est pas tout le monde qui a ce 'lousse' dans son budget mensuel. Ça a eu un impact majeur. » Deux fois plus de sacs Au Regroupement Partage non plus, on ne chôme pas en prévision de la rentrée des classes. « La demande a explosé depuis trois ans », illustre Mme Renaud. Cette année, on donne 11 000 sacs, et en 2022, on était à 5400. Historiquement, c'était juste à Montréal, mais là, on s'est étendus un peu partout dans la province. Audrey Renaud, directrice générale du Regroupement Partage Les demandes d'aide devraient continuer à se multiplier au cours des prochaines années, s'inquiète-t-elle, en renvoyant à une étude publiée en janvier 2025 par Banques alimentaires Québec1 : la trajectoire est liée dans la mesure où payer l'épicerie passe avant l'achat de crayons ou de gommes à effacer. PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE Ce sont environ 3200 enfants qui auront besoin d'un sac à dos préparé par l'équipe de Francine Laplante. « Si la tendance se maintient, on sait qu'en 2027, il faut qu'on commence à rationner », prévient-elle. Rationner, c'est ce que tous veulent éviter à tout prix. Distribuer 5000 sacs à dos dégarnis au lieu des 3200 en cours d'assemblage, très peu pour Francine Laplante. « Je veux que les enfants aient des étincelles dans les yeux, s'anime-t-elle. Qu'est-ce qu'il y a de plus beau que ça, trois boîtes de crayons à colorier neufs ? Qu'est-ce qu'il y a de plus beau que ça, un sac à dos de Spider-Man ou de la Petite Sirène ? » 1. Lisez l'article « La demande d'aide alimentaire ne fera qu'augmenter »