
Pertes plus de 50 millions chacun en un an
C'est ce que révèlent des chiffres rendus publics le mois dernier par le CRTC pour l'exercice financier qui a pris fin le 31 août 2024. Au cours de celui-ci, TVA a rapporté une perte, avant intérêts et impôts, de 59,7 millions. En 2022-2023, le réseau de télé le plus écouté au Québec avait déclaré des pertes record de 65,1 millions.
Si TVA a réussi à amoindrir son manque à gagner dans la dernière année, c'est grâce à une réduction de ses dépenses. Rappelons que l'entreprise, propriété de Québecor, a annoncé en 2023 d'importantes compressions, qui ne se reflètent qu'en partie dans les chiffres du dernier exercice.
La chaîne, qui tire une bonne partie de ses revenus de la publicité, continue d'être plombée par l'exode des annonceurs vers les plateformes numériques étrangères. Même qu'en 2023-2024, les recettes de TVA ont atteint un nouveau plancher. Elles sont passées sous la barre des 160 millions. C'est encore moins que le seuil qui avait été atteint durant la première année de la pandémie, lorsqu'une partie de l'économie était à l'arrêt.
« Notre entreprise a posé plusieurs gestes difficiles pour réduire ses frais opérationnels, notamment l'abolition de plus de 680 emplois en moins de deux ans. Ce n'est pas assez. Une aide d'urgence est nécessaire à divers niveaux, sinon la situation ne fera que se détériorer si aucune action n'est effectuée », déplore par courriel la direction du Groupe TVA.
De nouveaux revenus insuffisants
Les pertes de près de 60 millions en 2023-2024 ne concernent que les activités du réseau TVA, et non celles des chaînes spécialisées du groupe. Malgré la baisse des abonnements au câble et les pertes engendrées par TVA Sports, les chaînes spécialisées demeurent rentables, en grande partie grâce aux bons résultats de la chaîne d'information LCN.
À noter aussi que les chiffres du CRTC ne tiennent pas compte des nouvelles sources de revenus que tirent les grands empires médiatiques des abonnements et de la publicité sur leurs plateformes en ligne.
Chez Québecor, on précise cependant que les bénéfices provenant d'Ilico+ et TVA+ « sont loin de compenser les pertes en revenus publicitaires encourues par TVA ».
Le Groupe TVA interpelle une fois de plus les deux ordres de gouvernement et réclame différents changements réglementaires pour permettre à la télé privée de sortir la tête de l'eau. Le diffuseur accuse également de nouveau Radio-Canada de « concurrence commerciale directe et déloyale » en occupant une partie du marché publicitaire.
« La publicité, principale source de revenus des diffuseurs privés, devrait être retirée de toutes ses plateformes, comme c'est déjà le cas pour sa radio », plaide-t-on chez TVA.
Noovo rattrapée par la baisse des revenus
L'autre grand réseau de télévision privé, Noovo, a pour sa part enregistré en 2023-2024 une perte, avant intérêts et impôt, de près de 50,3 millions. Comme pour TVA, les pertes de Noovo sont moindres que celles de l'année précédente parce que la chaîne a réduit ses dépenses. Les recettes, elles, fléchissent depuis deux ans.
Dans une déclaration écrite, Bell Média précise que sa stratégie est orientée vers différentes plateformes, et non pas uniquement sur sa chaîne généraliste. L'entreprise milite elle aussi, ceci dit, pour des allégements réglementaires devant le CRTC.
« Ces mesures sont un levier fondamental pour assurer la pérennité financière des chaînes linéaires dans un paysage médiatique en changement », insiste Suzane Landry, vice-présidente, développement de contenu, programmation et information pour Bell Média au Québec.
Explosion des dépenses
Jusqu'en 2021, les recettes et les dépenses suivaient sensiblement les mêmes courbes au sein des deux grandes chaînes privées. L'acquisition d'un réseau généraliste par Bell a changé la donne. Les dépenses associées à TVA et à Bell ont alors explosé, tandis que les recettes n'ont pas suivi.
« Il y avait un nouveau joueur qui faisait peur. On ne peut pas reprocher à TVA d'avoir réagi en investissant beaucoup pour défendre sa position. Et on ne peut non plus reprocher à Bell d'avoir investi pour se faire une place », explique Denis Dubois, qui était vice-président aux contenus originaux chez Québecor à cette époque.
Cette guerre-là a amené la production québécoise à un niveau jamais égalé. On commence maintenant à voir une baisse de la production.
Denis Dubois, alors vice-président aux contenus originaux chez Québecor
Celui qui a quitté son poste en 2023 s'attend maintenant à ce que Québecor et Bell Média continuent de réduire considérablement leurs investissements en production pour revenir à l'équilibre. Il s'en désole pour la culture québécoise, mais comprend que le privé ne peut se permettre de perdre de l'argent.
Chercheuse associée au Pôle Médias de HEC Montréal, Louise-Hélène Paquette rappelle que les investissements de Bell Média n'ont pas été vains. Noovo a vu ses cotes d'écoute augmenter sur plusieurs créneaux par rapport à l'époque où la chaîne s'appelait V. Que cela ne se soit pas traduit par des hausses importantes des revenus publicitaires démontre, selon elle, que le modèle d'affaires de la télévision privée est aujourd'hui à revoir.
« De tous les médias, la télévision est encore celui qui rejoint le plus de monde. On entend souvent que les gens ont déserté la télé pour les plateformes étrangères, mais dans les faits, les revenus ont baissé beaucoup plus vite que l'auditoire. Au Québec, notre télé demeure très dynamique. Maintenant, il faudrait qu'on trouve le moyen qu'elle soit rentable », note la chercheuse.
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