Une marge immense, un 33e concours victorieux d'affilée et un 13e record du monde pour Duplantis à un mois des Championnats du monde
Pour le grand public, Armand Duplantis est ce perchiste cool, surdoué et aussi un peu malin, qui bat son record du monde centimètre par centimètre pour toucher un petit jackpot à chaque fois, pratique assumée dans le temps par son prédécesseur, Sergueï Bubka. Il est vrai que son compte en banque sera un peu plus garni mercredi matin. Et si la barre a tremblé, histoire d'entretenir le suspense dans le feuilleton à la fois le plus impressionnant et confortable de l'athlétisme actuel, sa marge reste immense.
Impressionnant, parce que, mardi, dans la touffeur du stade national de Budapest (Hongrie), où était délocalisé le Mémorial Gyulai Istvan, d'ordinaire organisé à Székesfehérvar, « Mondo » Duplantis (25 ans) a écrit une nouvelle ligne de sa légende. Pourtant, il a dû s'y reprendre à plusieurs reprises. Il avait déjà essuyé un échec à son entrée, à 5,62 m, puis un autre à 6,11 m. La première tentative de record n'était pas non plus fructueuse.
Les records tombent sur un rythme de croisière
Au deuxième essai, l'obstacle placé à 6,29 m a oscillé mais est bien resté sur les taquets. Ses cuisses ont touché, mais son bassin, lui, était largement au-dessus. Au final, c'est un centimètre de mieux que son précédent record, établi le 15 juin à Stockholm, chez lui, et qui avait un goût si particulier. Celui-là est le treizième de sa collection, commencée en février 2020, à 6,17 m. Douze centimètres en six saisons, un rythme de croisière qui ancre le sauteur dans la durée, dans un sport qui se cherche des stars grand public.
Dans une célébration plus mesurée qu'à Stockholm, le double champion olympique (2021, 2024) croisait les bras face au public, avant d'être soulevé par le perchiste grec Emmanouil Karalis puis d'aller, comme à son habitude, embrasser sa fiancée, et poser fièrement avec ses parents et entraîneurs. Petite nouveauté, il a cette fois enlacé sa soeur cadette, Johanna. Après une saison de NCAA, où elle a porté son record à 4,39 m, l'étudiante de l'université de l'État de Louisiane (23 ans) était engagée dans le concours féminin, où elle a pris la 8e place (4,16 m).
Karalis, deuxième avec 6,02 m, voyait son pote battre le record pour la troisième fois de l'année. Il était son dauphin cet hiver, au All Star Perche de Clermont-Ferrand, quand il avait franchi 6,27 m. Lui avait battu son record national avec 6,02 m. En Suède, il y a deux mois, le Grec s'était loupé (5e avec 5,60 m) quand Duplantis s'était envolé à 6,28 m devant les siens. Mardi, il a de nouveau fini deuxième, à la bagarre jusqu'à 6,11 m, une barre 3 centimètres au-dessus de son record actuel (6,08 m le 2 août). « Manolo », avec un premier saut réussi à 6,02 m, son huitième concours à plus de 6 mètres, a confirmé qu'il est le meilleur adversaire du prodige né en Louisiane.
« J'ai l'impression qu'il y a toujours de petites façons de s'améliorer et de continuer à progresser. »
Armand Duplantis, après son 13e record du monde
« Que vous faut-il pour aller encore plus haut ? », l'interrogeait-on l'hiver dernier, peu de temps après ses 6,27 m. « C'est surtout la vitesse. C'est probablement là que je travaille le plus, mais c'est un tout : la vitesse, la force, la technique, tous ces petits détails qui contribuent aux grands résultats. C'est comme ça qu'on découvre de nouvelles informations, qu'on trouve différentes façons de gagner. C'est tellement complexe, avec tant de subtilités, ce qui rend la tâche très difficile, mais ça offre aussi des possibilités infinies de s'améliorer. J'ai l'impression qu'il y a toujours de petites façons de s'améliorer et de continuer à progresser. »
Son 33e concours victorieux d'affilée
Duplantis, qui n'a plus été battu depuis sa quatrième place à Monaco, le 21 juillet 2023, aligne son 33e concours victorieux. C'est le côté confortable du scénario. Une fois l'intrigue posée, on peut compter sur cette valeur sûre, parce qu'on sait que quand les conditions sont réunies, comme c'était le cas mardi avec un temps chaud et pas de vent, le Suédois a toutes les chances de faire mouche.
En plein coeur de l'été, dans une période où tout tourne au ralenti, la perf du quintuple champion du monde est comme un cocktail éternellement frais, que l'on siroterait au bord de la piscine au coeur d'un été qui n'en finit jamais. Il vient rappeler que les Mondiaux approchent enfin (13-21 septembre, à Tokyo). Et donc que la saison est loin d'être finie. Avec huit concours dans les jambes depuis le printemps, le perchiste a gardé de la fraîcheur pour l'épisode final. Il a prévu de resauter dès samedi au meeting Ligue de diamant de Silésie (Pologne, 16 août), et disputera la finale de la Ligue de diamant, à Zurich (27-28 août).
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10 hours ago
- Le Figaro
Saut à la perche : pourquoi Duplantis bat son record du monde d'un centimètre à chaque fois ?
Mondo Duplantis a battu le record du monde de saut à la perche pour la 13e fois mardi, grimpant à 6,29 m. Le Suédois grappille centimètre par centimètre, pour des raisons à la fois sportives et financières. À force de creuser, on peut trouver du pétrole. Mais à force de monter ? Armand «Mondo» Duplantis se rapproche de la réponse à chacun de ses meetings. Le Suédois a battu, mardi à Budapest (Hongrie), le record du monde de saut à la perche pour la 13e fois de sa carrière. Il n'a plus lâché ce record sur lequel il a fait main basse en février 2020 (6,17 m) et qu'il vient d'établir à 6,29 m. À chaque fois, Duplantis ne bat le record que d'un petit centimètre. Pourquoi ? La première raison qui vient à l'esprit du grand public est celle de l'argent. Pour chaque record du monde, Duplantis, comme tous les athlètes, bénéficie d'une prime. Elle varie en fonction des meetings. À Torun (Pologne) lors de son premier record, le Suédois avait empoché 6.000 euros. À Glasgow (Écosse) où il avait sauté 6,18 m la semaine suivante, c'était environ 27.000 euros. Publicité Prime de 50.000 dollars en Ligue de diamant Lorsqu'il le bat en Ligue de diamant, compétition qui compte une quinzaine d'étapes par an, on monte à 50.000 dollars, jauge fixée par la fédération internationale World Athletics. Le montant était le même lors des Jeux olympiques de Paris 2024, où Duplantis avait atteint les 6,25 m. Mais penser que seul l'appât du gain motive son choix d'avancer centimètre par centimètre serait «un faux procès», estimait Gérald Baudouin, entraîneur national du saut à la perche à l'INSEP, pour Eurosport en 2020. «Un procès qu'on ne ferait pas à un athlète de niveau moyen qui bat son record d'un centimètre, ajoutait Baudouin. Quand on connaît la difficulté d'avoir cette motivation, tout le temps, chaque jour à l'entraînement…» On en vient à l'autre raison derrière cette approche minimaliste : prendre le temps de se surpasser et garder un objectif en ligne de mire. Laisser retomber l'adrénaline «N'importe quel athlète ferait la même chose, ça lui permet de rester dans le 'game', de conserver une motivation sur le long cours. Car on sait à peu près tous qu'il peut faire 6,30 m, il les vaut dès maintenant», déclarait Philippe Collet, ancien perchiste français, dans les colonnes du Parisien en septembre 2023, lorsque Duplantis venait de sauter 6,23 m à Eugene (États-Unis). Enfin, cette méthode évite de s'enflammer, enivré par l'adrénaline d'un record du monde, et de se blesser. C'est ce qui est arrivé à Renaud Lavillenie, tombeur du record le 15 février 2014 à Donetsk (Ukraine). Le Français avait franchi une barre à 6,16 m, un centimètre plus haut que l'illustre Sergueï Bubka en 1994. À peine l'émotion retombée, Lavillenie a tenté 6,21 m. Mais, renvoyé par sa perche, le Charentais s'est mal réceptionné et s'est blessé au pied gauche. Résultat : 16 points de suture et plus de deux mois sur la touche. Il a beau se rapprocher des étoiles, Duplantis, 25 ans, s'efforce de garder les pieds sur terre.


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