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Loups, lynx, ours: vers un permis de tuer en Suisse?

Loups, lynx, ours: vers un permis de tuer en Suisse?

24 Heures22-07-2025
Le peuple pourrait trancher

Vers un permis de tuer pour les loups, les lynx et les ours?
Une initiative exige une régulation plus efficace face la «propagation incontrôlée» des prédateurs. Le délai pour récolter les paraphes est imminent.
Florent Quiquerez
Deux jeunes loups, âgés de 4 mois environ, abattus légalement en septembre 2023 en terres vaudoises.
État de Vaud
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En bref : Une initiative populaire propose d'assouplir la protection du loup, du lynx et de l'ours.
Le délai pour la récolte des signatures échoit à la fin juillet.
La Suisse compte actuellement 210 loups et 335 lynx sur son territoire.
Les opposants dénoncent une nouvelle attaque contre la protection des espèces sauvages.
Le compte à rebours est lancé. Les quelques jours restant jusqu'au délai fixé pour la récolte des signatures s'égrainent d'ailleurs en une du site des partisans de cette initiative, qui promet de susciter la polémique. Elle veut en effet rétrograder le statut de protection des grands prédateurs. Les initiants ont jusqu'au 30 juillet pour déposer 100'000 paraphes à la Chancellerie fédérale. Sont-ils à bout touchant? «Nous allons communiquer ces prochains jours», répond l'un des responsables.
Si le suspense reste entier, le contenu de l'initiative, lui, est bien connu. Il s'agit d'ajouter dans la Constitution un nouvel article, qui ressemble en quelque sorte à un permis de tuer. Voici ce qu'il dit: «Le loup, le lynx, l'ours et les rapaces peuvent être chassés dans le but de réguler efficacement leurs populations et d'empêcher une propagation incontrôlée.» Le parlement aurait deux ans après l'acceptation du texte pour le mettre en œuvre.
Pourquoi vouloir sabrer dans le statut de protection de ces différentes espèces? Les initiants ont un argumentaire en cinq points. Le premier touche à l'agriculture. Grâce à leur proposition, on pourrait limiter les attaques contre les animaux d'élevage. Le second point concerne la «surpopulation de loups, de lynx et d'ours», qui mettrait en danger d'autres espèces sauvages.
Trois quarts des lynx vivent dans l'arc alpin, le dernier quart dans l'arc jurassien.
Patrick Martin
Le troisième aspect porte sur la sécurité des personnes. «Dans plusieurs régions, des rencontres dangereuses entre humains et grands prédateurs ont déjà eu lieu.» Le quatrième, sur la sécurité juridique. «Actuellement, les interventions sur les populations de prédateurs sont fortement limitées par des lois strictes, l'initiative vise à établir une base légale claire pour permettre une élimination rapide et efficace des animaux problématiques.»
Et les initiants de conclure: qu'«une régulation durable protège non seulement l'élevage, mais aussi le paysage culturel et le tourisme». Pour eux, «la simple protection des prédateurs sans mesures de contrôle efficaces n'est pas viable».
Plus de 300 lynx, quelque 200 loups, mais aucun ours
Mais combien de ces grands prédateurs se trouvent sur le territoire suisse? Pour le savoir, nous avons consulté les chiffres de Kora. Cette fondation a en effet pour mission d'œuvrer à la conservation de la faune sauvage, en particulier des carnivores. Et elle tient un registre actualisé régulièrement.
Commençons par le loup. Trois cent vingt individus ont été observés en 2024. Après régulation, il en restait 210. Mais la tendance est clairement à la hausse. Pour le lynx aussi le nombre d'animaux est en augmentation. On parle désormais d'une population de 335 individus sur la période 2023-2024, dont les trois quarts environ (261) se trouvent dans les Alpes, les individus restants (82) sont situés dans l'arc jurassien.
Enfin, des ours sont détectés presque chaque année en Engadine et dans la région du Parc national. Ils viennent de l'Italie voisine, «mais il n'y a pas encore de population résidente en Suisse», est-il bien précisé sur le site de Kora.
L'ours M13 s'était aventuré dans les Grisons depuis l'Italie voisine. Son comportement «à risque» avait conduit les autorités à l'abattre en 2013.
Office de la chasse et de la pêche des Grisons/Livio Costa
Si ces trois prédateurs sont protégés, il existe aujourd'hui déjà des possibilités pour les tuer.
Pour l'ours, l'abattage est autorisé lorsqu'il est considéré par les autorités fédérales comme un animal «à risque». Selon un rapport de 2021, il s'agit «d'un ours qui n'est pas intimidé par les mesures d'effarouchement, qui ne craint plus l'homme et est difficile à chasser, ou qui se montre agressif vis-à-vis de l'homme, blesse ou tue une personne». C'était le cas de M13, ours emblématique qui a dû être tiré en 2013, après s'être régulièrement aventuré dans des zones d'habitation.
Pour le lynx, les tirs sont autorisés lorsqu'un individu cause «d'importants dégâts aux animaux de rente, qu'aucune autre solution satisfaisante n'est trouvée, que cette dérogation ne porte pas préjudice à la population en question et que les mesures de protection raisonnables ont été prises auparavant». Le plan lynx évoque un minimum de quinze animaux attaqués dans un périmètre de 5 km sur un an.
Le loup, lui, est encore moins protégé. Depuis la révision partielle de la loi sur la chasse en 2023, ce dernier peut être régulé de manière proactive, même sans attaque majeure contre le bétail. L'an dernie, un individu sur trois a ainsi été tué.
Une attaque de plus contre la protection des prédateurs
Cette initiative n'est toutefois pas la première attaque contre la protection des espèces. Qu'elles viennent du parlement ou de la société civile, ces dernières sont même en augmentation. Une situation qui inquiète les milieux de protection de la nature.
«Ces attaques émanent le plus souvent de milieux qui voient la protection de tel ou tel animal comme un obstacle pour une activité, économique ou non», réagit Léo Richard, porte-parole de Pro Natura. Il poursuit. «En ce qui concerne les grands prédateurs, le peu de moyens alloués aux éleveurs et aux éleveuses pour la protection de leurs troupeaux peut pousser à imaginer le tir comme la solution.» Selon lui, ce contexte rend possible de capitaliser sur ces tensions au niveau politique, ce qui n'arrange rien à une situation déjà tendue sur le terrain.
«Même si Pro Natura n'est pas franchement convaincue par son contenu, l'ordonnance sur la chasse définit le cadre de la régulation depuis le début de l'année 2025, ajoute-t-il. Nous avons désormais besoin de recul sur son application par les cantons dans un cadre légal stable, même si l'actualité nous montre que les méthodes appliquées sont très hétéroclites et, parfois, discutables dans le cas des loups.» Il fait ici référence à des révélations de la presse dominicale, montrant que la moitié des loups tués en Valais n'étaient pas les bons.
Selon Léo Richard, il faudrait également redonner la parole et écouter les recommandations des scientifiques spécialistes de la faune sauvage. «Cela pourrait justement être l'occasion d'ouvrir un dialogue que ce genre d'initiative contribue à rendre plus difficile.»
Le peuple aura-t-il le dernier mot dans ce débat émotionnel? On le saura dans quelques jours.
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Florent Quiquerez est journaliste à la rubrique Suisse depuis 2015. Spécialisé en politique, il couvre avant tout l'actualité fédérale. Auparavant, il a travaillé comme correspondant parlementaire pour les Radios Régionales Romandes. Plus d'infos
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Les chances restent minces d'obtenir un accord par consensus entre les représentants de 180 pays allant de la Suisse à une puissance de la pétrochimie comme l'Arabie saoudite. À moins que la complexité de la négociation – plus de 300 points à régler dans un projet de traité, d'ici au 15 août – ne laisse apparaître une porte de sortie. «Il est très possible de quitter Genève avec un traité», voulait croire la semaine dernière la Danoise Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE, l'agence des Nations Unies pour l'environnement qui pilote les négociations depuis plus de trois ans. «Toxic Inaction» Les chiffres sont connus. En 2020, la planète a utilisé 460 millions de tonnes de plastique, alors que la consommation ne dépassait pas les 2 millions de tonnes au début des années 50. À ce rythme, les projections dessinent des besoins de 1,2 milliard de tonnes en 2060 – dont les huit dixièmes finiront dans des décharges ou directement dans la nature avant de se décomposer en fines particules. Un traité est donc en discussion depuis trois ans . Mais quel traité exactement? Peut-être pas celui en faveur duquel se sont mobilisées plusieurs centaines de militants ce lundi sur la place des Nations autour de la sculpture de 6 mètres de haut baptisée «Toxic Inaction». Elle fera concurrence jusqu'à la fin de la conférence à une «Broken Chair» installée en 1997, à l'occasion de la négociation d'un autre accord – contre les mines antipersonnel. Dans le vif dès mardi Les négociations entreront dans le cœur du sujet dès ce mardi, au sein de groupes de pays se répartissant les différents articles du projet d'accord. 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Valais: le patron d'un réseau de trafiquant face à la justice
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Valais: le patron d'un réseau de trafiquant face à la justice

Trafic de drogue à Sierre – Jugé après avoir «fait régner la terreur» et «inondé» le Valais de haschich C'est l'une des deux têtes du réseau de trafiquants démantelé à Sierre. Face à la justice, ce Tunisien de 22 ans risque 4 ans de prison et l'expulsion. Dimitri Mathey Le trafic a pris racine dans la Cité Aldrin, à Sierre, entre 2020 et 2023. Chantal Dervey Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : Un réseau de trafic de drogue à Sierre a généré 2,7 millions de francs sur trois ans. Le leader tunisien de 22 ans risque 4 ans de prison ferme et l'expulsion. Les trafiquants ont utilisé des méthodes violentes inspirées des banlieues françaises. L'accusé reconnaît partiellement les faits, mais conteste l'ampleur du trafic. Pendant trois ans, entre 2020 et 2023, la Cité Aldrin, aux portes de Sierre, a été le berceau d'un vaste réseau de trafiquants de drogue. C'est même «le plus gros trafic de haschich découvert en Valais depuis Bernard Rappaz (ndlr: qui avait écoulé près de 4 tonnes de chanvre entre 1997 et 2001)», appuie Olivier Elsig, le procureur chargé de l'affaire. Sur le banc des accusés, ce lundi, un homme en détention préventive depuis novembre 2023. Né à Sion, ce Tunisien de 22 ans dirigeait le réseau avec un autre prévenu, jugé prochainement. Selon le Ministère public, en l'espace de trente-six mois, ils auraient acheté et revendu au moins 540 kilos de haschich pour un chiffre d'affaires de 2,7 millions de francs. Les bénéfices sont estimés à quelque 540'000 francs. Mais au-delà de l'ampleur du trafic, ce sont surtout les pratiques violentes – calquées sur les méthodes des banlieues françaises – qui ont interpellé les enquêteurs et la justice. «C'est la première fois, en Valais, que des dealers ont recours à un tel degré de violence. Ils ont fait régner une véritable terreur», souligne Olivier Elsig. 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