Position, matériel, motivation... du Dauphiné au Tour, Tadej Pogacar a retrouvé la maîtrise du temps
On peut préparer un contre-la-montre au cordeau, plonger ses pensées dans un ordinateur qui compulse toutes les données des coureurs et n'écarter aucune superstition, ne froisser aucune croyance. Deux heures avant que Tadej Pogacar s'élance, David Herrero, technicien en charge de la biomécanique chez UAE Emirates-XRG, a vu une coccinelle se poser sur sa main et il s'est empressé, sous les yeux des parents du Slovène, de la transférer dans la paume de Fernandez Matxin, le manager sportif : « cela porte chance ».
Un peu plus tard, le leader de la formation émirienne, sans jeu de mot, remettait les pendules à l'heure un mois après avoir déraillé lors de l'exercice solitaire au Critérium du Dauphiné. Entre Charmes-sur-Rhône et Saint-Péray, il avait concédé 48 secondes sur Remco Evenepoel, 28 sur Jonas Vingegaard et même Matteo Jorgenson lui était passé devant. Mercredi, sur les 33 kilomètres des routes caennaises, le champion du monde, (avec un mono-plateau de 62 et 11-30 à l'arrière) a réduit sa marge sur le champion du monde de la discipline belge (16 secondes perdues seulement) et relégué le Danois à plus d'une minute (1'05), tout ça donc en un petit mois.
« Tadej a également beaucoup amélioré sa souplesse, le gainage, ce qui est crucial car la position de contre-la-montre est plus agressive »
David Herrero, technicien en charge de la biomécanique chez UAE Emirates-XRG
Pour Herrero, pourtant, rien n'a vraiment changé depuis Saint-Péray : « la position était la même, le travail plus ou moins le même. Le Dauphiné était trop proche pour tout changer ». Sur les routes ardéchoises, « Pogi » avait simplement débranché selon Mauro Gianetti, le manager général : « C'est vrai, on s'est posé des questions et la vraie interrogation du Dauphiné était le rythme car Tadej avait perdu trente secondes en 7 km et il n'avait plus été en capacité de refaire son retard. »
Rapidement, tout le monde dans le staff, et le coureur lui-même, ont reconnu un déficit d'attention, de concentration selon David Herrero : « Il avait débuté son chrono pas assez rapidement, un peu trop relax et il avait perdu du temps avant la montée. Ensuite, il n'avait rien perdu. » Fidèle à ses standards passés. Car la mue était déjà enclenchée depuis un an, depuis Combloux même, en 2023, quand Vingegaard l'avait broyé et laissé à 1'38''.
À l'époque, sa chute lors de Liège-Bastogne-Liège avait déréglé la machine, il n'avait pu s'entraîner sur le chrono qu'à partir de la mi-mai, contrairement à ces deux dernières années où il enchaîne « en moyenne trois séances de chrono par semaine, parfois deux, parfois quatre, estime David Herrero. Selon les plans de son entraîneur Javier Sola, il alterne entre le vélo de contre-la-montre et celui de route lors d'une même sortie. On a aussi beaucoup travaillé sur piste. »
En labo, il a revu sa position (« on l'a ajusté pour qu'il mette sa tête plus bas et sur un chrono si long, cela fait la différence », constate Gianetti) et en dehors du vélo, le triple vainqueur du Tour a changé de casque, de roues (« plus étroites à l'avant, des 25, car nous pensons que c'est plus aérodynamique, et nous avons également une nouvelle roue pleine, plus légère » confirme Herrero), de tenue, poussant l'exigence jusqu'aux surchaussures revisitées. « Tadej a également beaucoup amélioré sa souplesse, le gainage, ce qui est crucial car la position de contre-la-montre est plus agressive (pour le corps) », observe Herrero.
Vainqueur du premier chrono du Giro il y a un an (2e du second, derrière Filippo Ganna), idem sur la Grand Boucle deux mois plus tard mais dans le sens inverse (2e à Gevrey-Chambertin derrière Evenepoel, 1er à Nice), l'homme aux neuf Monuments est redevenu un spécialiste et le Dauphiné n'a semblé qu'un accident, ce qu'il a reconnu, mercredi : « mon rythme avait été très mauvais, je m'étais trompé et je n'avais pas assez faim. »
Mercredi, la marge ténue avec son copain Evenepoel après cinq kilomètres lui « a donné une motivation encore plus grande. Je m'attendais à ce que Remco me prenne plus de temps. Ça m'a donné de l'énergie pour pousser jusqu'au bout ». Avant de féliciter David Herrero (« c'est une machine, il est capable de calculer le rythme à la seconde près »), Mauro Gianetti n'a pu que saluer la « très belle performance » de son leader qui a fait coup double : délaisser sa tenue varicelle de meilleur grimpeur pour retrouver le maillot jaune et s'offrir « un bel avantage sur Vingegaard ».
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