« On se bat avec nos armes » : les équipes françaises impuissantes et toujours sevrées de victoire sur le Tour de France 2025
La brume qui est tombée de Superbagnères jusqu'à Luchon, samedi soir, a ramené avec elle des particules de résignation et de fatalisme, des gouttelettes de sourires déterminés mais avant tout incertains. Le Tour de France n'est pas un lieu d'exaltation pour les formations françaises, de Decathlon-AG2R La Mondiale à Cofidis, en passant par TotalEnergies et surtout Groupama-FDJ (la seule exception étant Arkéa-B & B Hotels, qui surfe sur la grande forme de Kévin Vauquelin). Zéro victoire, zéro podium et des coups manqués lorsque les échappées faisaient mouche, ce qui est arrivé à quatre reprises.
L'ancienneté de Groupama-FDJ, ses résultats et son aura biaisent peut-être le jugement. Mais c'est sur elle que les regards sévères sont braqués. « Quand tu fais des tops 5 avec Romain Grégoire (4e de la 2e étape et 5e de la 4e étape), sur des arrivées où le premier c'est Pogacar, le deuxième c'est Van der Poel, le troisième c'est Vingegaard, qu'est-ce que tu veux dire ? On a fait ce qu'il fallait, c'est tout. Je me situe dans ce modèle-là », réfute Marc Madiot. Le patron de l'équipe tricolore repousse aussi un fatalisme, qui se serait emparé de lui et de ses protégés : « On est là pour faire une course, notre course et essayer de gagner une étape. Il n'y a rien de frustrant, on sait avant de commencer le Tour que ce n'est pas facile, que tout sera compliqué. On se bat avec nos moyens, avec nos armes. »
« Il y a forcément moins d'opportunités quand un mec gagne un tiers des étapes à lui tout seul »
Marc Madiot, manager de Groupama-FDJ
Des armes financières qui ne soutiennent pas la comparaison avec l'étranger, où les charges sociales sont bien moins élevées (plus de trois fois moins) et donc plus avantageuses au moment de construire un effectif. Huit équipes sur 21 se partagent pour l'instant les 14 premières étapes, et la domination de Tadej Pogacar et UAE Emirates-XRG n'incitent pas à l'optimisme d'ici Paris. « Il y a forcément moins d'opportunités quand un mec gagne un tiers des étapes à lui tout seul. Derrière, il y a cinq ou six opportunités à se partager entre les 18 ou 20 autres équipes », cadre Madiot.
« Ce n'est pas facile d'exister, on l'a vu avec Romain (Grégoire) qui évolue à un excellent niveau et qui termine deux fois derrière les grands favoris. Cela passe presque inaperçu. Mais c'est le jeu du Tour. Quand les gros veulent aller chercher des résultats, il n'y a plus beaucoup de place et les fenêtres pour exister sont minces », relance Thierry Bricaud, un des directeurs sportifs de Groupama-FDJ. Même son de cloche chez son collègue Benoît Vaugrenard : « On essaie de cibler mais ce n'est jamais évident de savoir quelles étapes une grosse équipe a ciblées. Les étapes de montagne, on s'en doute quand même, comme à Hautacam. Il y a beaucoup d'enjeux qu'on ne maîtrise pas mais qui influent sur notre stratégie. Si on voit que ça en vaut vraiment la peine, on essaie. Sinon, on a tendance à attendre une étape qui nous convient un peu plus... »
« C'est très dur de prendre les échappées et en montagne, tu ne peux pas exister »
Benjamin Thomas, coureur de Cofidis
Comme celle de ce dimanche, sur la route de Carcassonne, promise aux baroudeurs-puncheurs, que Groupama-FDJ a ciblée, notamment pour Grégoire. « Ce n'est jamais facile quand tu te mets la pression, que tu te dis qu'il ne faut surtout pas louper l'échappée, c'est là que tu te mets à courir de travers. Toulouse par exemple, on est passés à travers, on a de gros regrets », rappelle Vaugrenard, qui pointe une étape avec une échappée de dix coureurs qui est allée au bout sans aucun membre de sa formation. 8e ce jour-là, Mathieu Burgaudeau (TotalEnergies) était le seul représentant d'une équipe française.
« Demain (ce dimanche), on va faire ce qu'on a fait d'autres fois : on va être à l'arrache pour être dans les coups. Mais le destin ne dépendra pas que de nous, certifie Madiot. Il faut qu'on soit présents, dans le bon mouvement, mais ce n'est pas moi qui constitue l'échappée ni quelle équipe sera dedans. Ce n'est pas moi qui ferai que Pogacar décidera de rouler ou pas. Mon boulot, c'est de faire en sorte que mes mecs aillent dans les coups, qu'ils se bougent et que les meilleurs possibles par rapport au parcours proposé soient devant. Ce qui dépend nous, on essaie de bien le faire. Le reste, il faut un brin de chance et de réussite, car il n'y en aura pas pour tout le monde. »
Samedi soir, au sommet de Superbagnères, Benjamin Thomas, qui roule pour Cofidis et connaît les mêmes difficultés, soupirait : « On s'accroche dans la tête, on finit comme on peut. Là, je suis mort. Oui, c'est dur d'exister. C'est très dur de prendre les échappées et en montagne, tu ne peux pas exister. C'est le vélo, c'est comme ça, on ne peut pas gagner tout le temps. Il suffit d'une fois et s'il y a 1 % de chance, il faut la saisir. On ne se résigne jamais, sinon on ne fait pas ce métier. »
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