
Nouvelle-Calédonie : pourquoi l'accord signé est « historique », même si « tout reste à faire »
avenir de la Nouvelle-Calédonie
s'est ainsi noué au lever du jour, samedi 12 juillet, dans une salle épuisée d'un hôtel sans âme de Bougival (Yvelines).
À 17 000 km de Nouméa, c'est là que les représentants politiques de l'archipel et de l'État ont écrit un nouvel épisode de cette histoire tourmentée, plus d'
un an après les violences insurrectionnelles de mai 2024
qui ont mis l'économie à terre sur le Caillou.
Sous les yeux du ministre des Outre-mer,
Manuel Valls
, accompagné de conseillers de l'exécutif, les forces politiques calédoniennes ont toutes signé
un accord « historique »
, salué par
Emmanuel Macron
, qui a reçu les acteurs de cette folle nuit de tractations samedi en fin de journée à l'Élysée. C'est
sous son impulsion que le dialogue avait repris
depuis une semaine et demie, après l'échec d'une séquence de négociations au mois de mai.
Au terme d'une ultime nuit tendue, au cours de laquelle la négociation a failli capoter, les rédacteurs ont acté la création d'un « État de la Nouvelle-Calédonie » inscrit dans la Constitution, selon une organisation institutionnelle « sui generis » (« de son propre genre »). Autrement dit : une trouvaille juridique et sémantique inédite, suffisamment floue et originale pour que chacun des camps y trouve son compte.
D'un côté, elle donne aux indépendantistes plus d'autonomie, mais maintient, de l'autre, le lien avec la France chère aux loyalistes. Le Caillou pourra donc être reconnu par la communauté internationale sans bénéficier automatiquement d'un siège à l'ONU.
Intitulé le « pari de la confiance », ce projet de 13 pages crée également une nationalité calédonienne, les habitants répondant aux critères de citoyenneté bénéficiant de la double nationalité française et calédonienne.
Il offre aussi la possibilité au Congrès de Nouvelle-Calédonie de demander quand il le veut, à la majorité des trois cinquièmes, un transfert des compétences régaliennes suivantes : la défense, la monnaie, la sécurité et l'ordre public, la justice et le contrôle de légalité, qui demeurent, pour l'heure, dans le giron de l'État.
Dans un autre point clé, l'accord ouvre le corps électoral local aux résidents de Nouvelle-Calédonie depuis au moins dix ans à partir des élections provinciales de 2031. C'est précisément
le projet de « dégel » de ce corps électoral
qui avait mis le feu aux poudres et déclenché les violences des soutiens des indépendantistes.
Il s'accompagne d'un futur « pacte de refondation économique et financière » qui prévoit un « plan stratégique » pour le nickel, et une trajectoire pour la « relance et la diversification économique », sans aucun chiffrage.
S'il offre un horizon de sortie à la grave crise qui touche l'archipel, cet accord doit encore passer de multiples étapes risquées. Le texte prévoit d'abord l'adoption cet automne d'une loi organique reportant les élections provinciales à juin 2026, avant un projet de loi constitutionnelle, modifiant le titre XIII de la Constitution, qui devra être adopté par le Parlement réuni en Congrès. Les Calédoniens seront ensuite appelés à se prononcer sur l'accord lors d'un référendum, prévu en février 2026.
Ses signataires ont désormais la lourde charge de le faire adopter par leurs « bases », chauffées à blanc. Une gageure, d'autant plus qu'une bonne partie de la population, usée par des années d'affrontement de la classe politique calédonienne, exprime de plus en plus son rejet, tous bords confondus. « Là, on se fait déchirer à Nouméa », soufflait l'une des parties, après la conclusion de l'accord.
« Avec un accord politique, tout reste à faire », convenait un Manuel Valls aux yeux tirés, dans son bureau de la rue Oudinot, samedi à la mi-journée. « Maintenant, il faut le défendre. Aux délégations calédoniennes de convaincre, avec conviction. On connaît les risques, poursuit le ministre, qui veut rester « confiant », mais aussi « prudent », car la Nouvelle-Calédonie peut nous réserver de bonnes et de mauvaises surprises… »
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


Le Parisien
3 hours ago
- Le Parisien
Mayenne : un homme de 25 ans soupçonné de féminicide
Un homme a été mis en examen et écroué dimanche pour le meurtre de sa conjointe à Cossé-le-Vivien (Mayenne), a-t-on appris mardi auprès de la procureure du Mans. Selon la radio Ici Mayenne , le corps de la victime âgée de 30 ans a été découvert vendredi à son domicile et son conjoint 25 ans, a été interpellé le même jour. La trentenaire était mère de trois enfants, a précisé la magistrate. « L'intéressé a été placé en détention conformément aux réquisitions du parquet », a indiqué la procureure de la République du Mans, Carine Halley. Selon les derniers chiffres officiels publiés fin novembre, quelque 271 000 victimes de violences conjugales , à 85 % des femmes, ont été enregistrées par les forces de sécurité en 2023. Sur la même année, 96 féminicides conjugaux ont été recensés. Le collectif Féminicides Par Compagnons ou Ex compte ce mardi 48 féminicides depuis le début de l'année.


Le Parisien
4 hours ago
- Le Parisien
Haut-Rhin : un sexagénaire mis en examen pour le meurtre d'un homme retrouvé dans une cave
Le corps avait été retrouvé dans une cave , à Soultz (Haut-Rhin), il y a environ trois mois. Un homme suspecté d'avoir commis le crime a été mis en examen pour homicide, a indiqué ce mardi Jean Richert, le procureur de Colmar. « Interpellé et mis en examen le 8 juillet pour homicide volontaire, un homme a été écroué conformément aux réquisitions », fait savoir l'intéressé, précisant que l'homme de 66 ans « conteste les faits ». Le mis en examen, un retraité, habite dans la même commune que la victime, un père de famille âgé de 42 ans. Ce dernier avait été découvert le 23 mars dans un box de cave situé dans son immeuble. Il était parti quelques heures plus tôt faire des courses et ses proches, inquiets de ne pas le voir rentrer, avaient alerté les gendarmes. Il présentait « plusieurs plaies au niveau du thorax, du bras et du cou », avait indiqué en mars le procureur de Colmar.


Le Parisien
4 hours ago
- Le Parisien
Budget 2026 : vent debout, les oppositions brandissent la menace de censure contre Bayrou
Anticipait-il déjà les réactions indignées ? À la toute fin de son discours, François Bayrou , lucide, a admis qu'il n'avait « que des risques » à courir en présentant ses annonces et que, sans majorité, son gouvernement était « à la merci des oppositions ». Sans surprise et sans tarder, sitôt son allocution achevée, le Premier ministre a été la cible de critiques virulentes de ses opposants , qu'ils soient de gauche ou du Rassemblement national, dont certains ont réclamé sa chute. « Si François Bayrou ne revoit pas sa copie, nous le censurerons », a ainsi riposté d'un tweet Marine Le Pen. Une intransigeance attendue au RN où l'on répétait depuis plusieurs jours que le parti n'accepterait pas l'idée d'une « année blanche » . Autres griefs égrenés par la présidente du groupe RN à l'Assemblée : « Aucune économie sur le coût de l'immigration, des subventions aux énergies intermittentes hors contrôle, 7 milliards de hausses de notre contribution à l'Union européenne, rien sur la bureaucratie à l'hôpital ou dans l'enseignement. Ce gouvernement préfère s'en prendre aux Français, les travailleurs et les retraités, plutôt que de faire la chasse aux gaspillages. » Ces dernières semaines, le RN avait pourtant loué la qualité d'écoute du gouvernement auquel il avait pu exposer ses idées. « Ils ont choisi de toutes les ignorer », grince Jean-Philippe Tanguy, le M. Finances du parti, qui évoque une « purge sociale et fiscale » et tire à boulets rouges sur la suppression de deux jours fériés , « niveau zéro de la politique ». « Une provocation », y va même le président du parti, Jordan Bardella. « Il y a 2 milliards d'économies. Le reste, ce sont des impôts et des spoliations » reprend Tanguy, qui a longtemps surnommé François Bayrou « renard rusé ». « Je ne comprends pas où il veut aller. On est passé du renard rusé au lemming (un rongeur connu pour se jeter tout seul du haut des falaises) ! » ironise-t-il. La gauche aussi est vent debout. Le plan Bayrou ? « Un musée des horreurs néolibérales » dans lequel « tout est ligne rouge », pilonne le président LFI de la commission des finances, Éric Coquerel. « Bayrou déclare la guerre sociale », s'indigne la cheffe des députés LFI Mathilde Panot. Pour Jean-Luc Mélenchon, le plan présenté par le Premier ministre revient à « faire payer le plus grand nombre pour épargner les très riches ». Comme il l'avait déjà annoncé, le mouvement mélenchoniste déposera une motion de censure lors de l'examen du budget. « Attention, nous approchons du point de non-retour. Il est urgent de mettre fin à la macronie. Il faut faire partir Bayrou » exhorte le leader insoumis. Pas en reste, le numéro un du Parti communiste, Fabien Roussel, tacle « un braquage en bande organisée ». « On craignait le pire. Le gouvernement a fait pire encore », dénoncent en écho les députés du groupe écologiste et social. Si François Bayrou espérait plus de mansuétude du côté des socialistes, qui l'avaient épargné en échange de concessions au début d'année, c'est raté. « Ce n'est pas un plan de redressement c'est un plan de démolition de notre modèle français. Ce n'est pas une année blanche qui s'annonce mais une année noire pour les Français », tonne le patron du Parti socialiste, Olivier Faure. Le PS pourrait-il néanmoins de nouveau discuter avec le Premier ministre ? « C'est à lui de nous dire quelles sont les marges de négociation. En l'état, ce budget est inacceptable pour nous », balaye le député Philippe Brun. « Nous ferons nos propores propositions à la rentrée. Sur la base actuelle, la seule perspective possible est la censure », appuie-t-il Olivier Faure quelques heures plus sur le plateau de BFMTV. Mardi soir, le président du parti, Bruno Retailleau, n'a pas commenté le budget de son Premier ministre. Mais le groupe des députés était convié à 20 heures en visioconférence pour en discuter. Et l'équipe dirigeante du parti a encore prévu d'évoquer le sujet ce mercredi à la mi-journée. « Il n'y a rien sur l'immigration. Et au sujet des jours fériés, on ne peut pas demander à des gens qui travaillent tout le temps de travailler plus pour ne pas gagner plus », soupire un cadre du groupe. Le 2 juillet, le patron des députés LR, Laurent Wauquiez, avait prévenu que son groupe ne voterait pas le budget s'il y avait des hausses d'impôts. Selon lui, « l'année blanche » était un « terme pudique pour dire année rouge fiscale ». De quoi voir rouge également pour la droite.