
Le football bouffe tout, à commencer par nos préjugés
Grâce à cet Euro en Suisse, le football a conquis de nouveaux territoires. À commencer par nos foyers. Éditorial Publié aujourd'hui à 10h05
Qui de mieux que Smilla Vallotto pour résumer en quelques mots cet Euro?
AFP
C'est un ogre qui dévore tout ce qui lui passe sous la dent. Jusque-là, le football s'était contenté de mastiquer à peu près la moitié de la population mondiale – environ 5 milliards de personnes ont suivi la dernière Coupe du monde.
N'écoutant que son insatiable appétit, il est en passe de croquer un nouveau public, recalé sinon rebuté jusque-là par l'entre-soi viriliste du sport roi: les femmes.
Sur ce dernier Euro, le ballon a roulé sur les gazons jadis maudits, écrasant au passage les préjugés et forçant la faune établie à reconsidérer ses codes séculaires: des supporters qui défilent et trinquent ensemble dans l'adversité, des figures d'identification qui n'ont que faire de rouler en Lamborghini, des pissoirs sans file d'attente. Une certaine idée du bonheur? Assurément.
Quoique, les vieux réflexes ont la vie dure. Les matches décisifs verrouillés par la peur de perdre, les secondes tuées sur l'autel du dieu antisportif, les arbitres qui sont accusés de tous les maux, à croire que l'instinct de compétition est tellement humain qu'il s'en «balek» du genre, pour reprendre l'expression consacrée par Smilla Vallotto .
Il en va de même pour le pouvoir d'attraction du football: il embrasse et embrase dans le même mouvement. Jusqu'à désintégrer toutes les formes de concurrence.
Le foot permet de partager si simplement et si follement des émotions cristallines qu'il est difficile de se satisfaire ensuite d'un autre divertissement. À croire que cela explique pourquoi les hommes s'étaient bien gardés d'élargir leur chasse gardée aux femmes jusque-là. Il va bien falloir.
Car oui, cet Euro en Suisse a marqué un tournant. Pas seulement en tribunes ou sur le terrain, mais aussi dans nos vies conjugales, familiales, professionnelles: cette fois, les garçons et les filles vont être obligés d'admettre que c'est quand même beaucoup plus sympa de jouer dans la même équipe.
À lire également sur l'Euro 2025 Florian Müller est journaliste et chef de la rubrique sports de 24 Heures, de la Tribune de Genève et du Matin Dimanche. Après des études de Lettres à l'Université de Genève, il rejoint les rédactions du groupe Tamedia en 2010. Plus d'infos @FloMul
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