
«Un symbole d'espoir» : dans un monastère israélien, des vignes replantées malgré les incendies et les craintes de bombardements
Troquant son habit de moine contre une salopette et un chapeau, le père Christian-Marie s'agenouille aux côtés des bénévoles dans la terre fraîchement retournée, plantant de nouvelles vignes pour remplacer celles détruites par un incendie en avril. La culture des raisins et la production de vin au monastère de Latroun remontent à l'arrivée des moines français il y a 135 ans et constituent depuis un pilier de leur vie spirituelle ainsi qu'un important moyen de subsistance. Les moines expliquent que les incendies de fin avril ont détruit près d'un tiers de leurs vignes, soit environ cinq hectares.
À découvrir Découvrez toutes les dates des foires aux vins d'automne 2025
Face à la destruction, ils ont lancé un appel à l'aide pour replanter les vignes, mobilisant une poignée de bénévoles venus creuser et planter sous un soleil de plomb. Pour le père Christian-Marie, qui vit au monastère depuis près de 28 ans, planter de nouvelles vignes est «un symbole d'espoir». «Parce que si nous pensions que demain, la terre serait bombardée et réduite à néant, nous n'entreprendrions rien.»
Publicité
«Pour moi, c'est très important de prier pour la paix quand je vis dans ce monastère», confie-t-il. Dans le silence, les bénévoles transportent des plateaux de jeunes plants qu'ils alignent soigneusement en longues rangées sur une parcelle du monastère épargnée par les flammes. Les moines en robe distribuent des piquets et pressent délicatement les plants dans la terre.
«Entre les mains de Dieu»
Pour Noga Eshed, 74 ans, bénévole venue de Tel-Aviv, l'exercice représente une reconnexion avec la nature. «Je vois des gens toucher la terre, le sol. Et ce n'est pas très courant. Nous sommes très déconnectés de cela de nos jours», dit-elle, une truelle à la main. Mme Eshed, qui a déjà été bénévole au monastère à plusieurs reprises, affirme que les «frères» sont de «bons amis». Les moines de Latroun appartiennent à l'ordre des trappistes, une branche du catholicisme romain centrée sur la prière contemplative et une vie de simplicité. Attisés par la canicule et des vents violents, des incendies de forêt avaient fait rage en avril dans les zones bordant l'autoroute entre Jérusalem et Tel-Aviv.
À lire aussi Sur une île au large de Cannes, des vins d'exception produits en toute discrétion par des moines
Les flammes ont atteint les abords du monastère de Latroun, entraînant l'évacuation de la vingtaine de ses occupants. «Cela a été très difficile parce que nous n'avons pas l'habitude de quitter notre monastère et certains frères sont très âgés», a dit à l'AFP le frère Athanase. Au départ, les moines redoutaient que le monastère ait été détruit par les flammes, a-t-il indiqué. L'édifice a toutefois été épargné, bien que de vastes portions des terres agricoles aient été ravagées.
Outre les vignobles, le domaine de Latroun comptait environ 5.000 oliviers, dont un millier a entièrement brûlé lors de l'incendie. Selon le frère Athanase, 70% des oliviers ont souffert des flammes et il faudra environ quatre ans pour retrouver une production normale. L'année dernière, le monastère a produit trois tonnes d'huile d'olive, mais «il n'y aura pas de production cette année», déplore-t-il. «C'est difficile pour nous car nous vivons de notre production.» Debout dans le vignoble nouvellement replanté, le père Aloïs espère que le monastère sera épargné à l'avenir par un incendie aussi destructeur, tout en assurant que les moines sont désormais mieux préparés. «En fin de compte, nous sommes entre les mains de Dieu», lance-t-il.
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


Le Parisien
18 minutes ago
- Le Parisien
Mégafeu dans l'Aude : auprès des habitants des Corbières, où « la solidarité, c'est ancré dans le terroir »
Évacués in extremis de leur maison en flammes, ils ont dormi depuis chez la tante de l'adolescente qui s'escrime depuis à leur trouver de quoi se vêtir. « On leur a récupéré quelques habits car ils n'avaient pris que le strict minimum dans la précipitation et le monsieur cherche un jean de taille 44 », explique la jeune femme.


Le Figaro
an hour ago
- Le Figaro
« Un mur de flammes de 10 mètres de haut » : Jonquières, un petit village audois défiguré par l'incendie
Réservé aux abonnés REPORTAGE - Deux jours après le passage du mégafeu dans le hameau, les habitants sous le choc constatent les dégâts. « On nous a dit 'la maison est détruite', puis 'elle est à moitié détruite' puis 'elle n'a rien'. On a stressé pendant quarante-huit heures. » Dès qu'il a entendu parler du mégafeu dans les Corbières, David Taillefer, un chef d'entreprise qui vit en Guadeloupe, a écourté ses vacances en Suisse pour rallier au plus vite, avec sa femme Céline et leurs filles Inès et Elisa, leur résidence secondaire située dans le village de Jonquières. Une petite oasis de vieilles maisons de pierres et de quelques villas neuves, au milieu de collines verdoyantes, plantées de pins et de garrigue. Un hameau isolé de 46 habitants, selon le dernier recensement, où tout le monde se connaît et où les anciens se mélangent avec quelques néo-Jonquiérois, tombés amoureux du village. « On avait une maison de famille ici et on a décidé d'acheter une résidence secondaire il y a sept ans », raconte David, qui y revient en famille deux fois par an. David et Céline aiment tellement ce hameau des Corbières qu'ils…


Le Parisien
2 hours ago
- Le Parisien
« En cinq minutes c'était l'embrasement » : cette habitante a filmé le tout début de l'incendie dans l'Aude, elle témoigne
« Je sentais la chaleur du feu à 800 m », témoigne Églantine Charbonnier, une habitante de Ribaute à l'origine d'une des premières vidéo de l'incendie qui s'est déclaré mardi après-midi dans le massif des Corbières. Il est déjà le plus important des sept dernières décennies en ayant parcouru, à ce stade, au moins 17 000 ha dont 13 000 brûlés. Des « flammes énormes » au bout de quelques minutes Vers 16 heures, Églantine Charbonnier descend dans sa cuisine, après avoir été alertée par son mari. À sa fenêtre elle voit à 800 m « deux mètres de fumée et très vite on a commencé à voir les flammes ». L'habitante de Ribaute réagit rapidement en contactant le maire, qui a ensuite prévenu les autorités compétentes et s'est rendu sur le lieu. En à peine « cinq minutes c'était l'embrasement ». « J'ai appelé à 16h17 le maire, puis à 16h18 et 16h19 j'ai enregistré deux vidéos avant de lancer un live sur Instagram. À 16h22, c'était déjà des flammes énormes en hauteur et en largeur », détaille-t-elle encore. [2/4] Cécile Vallin, les secrets d'une disparition Crime story raconte chaque semaine les grandes affaires criminelles. Écouter Les autorités estiment que le feu s'est déplacé au rythme d'environ 5 km/h, soit la vitesse moyenne de marche pour un humain. « J'ai eu peur pour mon habitation » Face au feu dévastateur qui a brûlé en quelques heures plusieurs milliers d'hectares, Églantine Charbonnier affirme avoir « senti une panique immédiate », notamment en raison « du vent absolument énorme de l'Aude » qui faisait craindre une propagation du feu rapide. Mardi soir, les rafales de tramontane atteignaient 50 voire 60 km/h en provenance du nord. En sachant qu'on considère qu'un feu de forêt se propage à une vitesse variant de 3 % à 10 % de celle du vent. « J'ai eu peur pour mon habitation surtout que je n'ai pas de volet à mes fenêtres » et que si le feu s'était rapproché, elles auraient pu « éclater », confie l'Audois encore traumatisé. « On est resté de 16 heures à 19 heures à regarder les interventions ». Consciente que les vidéos qu'elle a enregistrées pouvaient permettre de retrouver l'auteur des faits, elle s'est déclarée aux policiers devant sa maison. « Un gendarme a directement filmé avec son téléphone les vidéos qui étaient sur le mien et ils ont pris ma déposition ». Un feu qui ne « progresse plus » À l'heure actuelle, selon le ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur François-Noël Buffet, l'origine du sinistre a « été déterminée », reste à savoir « si cela a été volontaire ou nous ». Une enquête a été ouverte à ce sujet par le parquet de Carcassonne. « Le feu, pas fixé, ne progresse plus » a indiqué le préfet de l'Aude. L'habitante de Ribaute affirme que « ça a été un gros stress » et ça continue de l'être. « Mardi soir, à une heure du matin il brûlait toujours dans les hauteurs du village. J'avais dormi trois, quatre heures, et cette nuit je me suis réveillé vers 4 heures ». Elle confirme néanmoins que « petit à petit on se calme ». VidéoIncendie dans l'Aude : un espoir de fixer le feu « dans la journée » À l'heure actuelle, environ 2 000 pompiers sont à pied d'œuvre, épaulés par un important appui aérien, pour combattre l'incendie historique.