
Repensons l'avenir du tennis professionnel au parc Jarry
L'annonce de nouveaux agrandissements de Tennis Canada au parc Jarry incite une coalition de citoyens à se demander si celui-ci est le meilleur endroit pour un événement d'une telle envergure.
Michel Lafleur
Président, Coalition des ami·es du parc Jarry
Alors que la folie Vicky s'est emparée du stade de Tennis Canada à Montréal, avec raison on ne peut que se réjouir de ses victoires exceptionnelles. On aime le tennis professionnel à Montréal !
Dans la foulée de célébrations de l'édition 2025, on aime moins qu'encore une fois, Tennis Canada annonce une nouvelle phase d'agrandissement de ses installations au parc Jarry : ajout de nouveaux courts extérieurs, construction d'un deuxième court secondaire et installation d'un toit sur le court central.
Ces ambitieux et coûteux projets d'agrandissement suscitent des inquiétudes légitimes chez de nombreux usagers et usagères du parc ainsi que des résidants et résidantes des quartiers voisins.
Ils nous forcent à réfléchir à une question importante : ne serait-il pas temps de repenser l'avenir du tournoi de tennis professionnel à Montréal, à l'échelle du parc… et de la ville ?
La pression des autres
Rappelons que depuis son implantation au parc Jarry en 1981, Tennis Canada n'a cessé d'augmenter son emprise avec des phases de développement en 1995, 2001, 2004 et 2010. Après chaque nouvelle phase, les autorités assuraient que les installations avaient atteint leur « maturité ». Et pourtant, encore une fois en 2025, de nouveaux arguments surgissent : le tournoi grandissant, il faut faire face aux pressions des autres villes hôtes et des riches pays pétroliers qui veulent se doter d'un tournoi.
PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE
Le parc Jarry « est un joyau vert situé en plein cœur de certains des quartiers les plus densément peuplés de Montréal », écrit l'auteur.
Or le parc Jarry n'est pas un terrain vague ; ce parc est un joyau vert situé en plein cœur de certains des quartiers les plus densément peuplés de Montréal, parmi les plus vulnérables et les plus affectés par les îlots de chaleur. Chaque nouvelle phase d'expansion de Tennis Canada gruge un peu plus le parc : occupation de l'espace public, tant en durée qu'en superficie et en hauteur, augmentation de la bétonisation et de l'ampleur du bâti, augmentation de la circulation automobile, pression négative sur la qualité du parc, sur la vie de quartier et sur le contact avec la nature pour une population qui souffre déjà d'iniquité environnementale. Il faut le dire : le calme et le libre usage du parc fréquenté annuellement par plus d'un million d'usagers doivent être sauvegardés !
Bref, l'acceptabilité sociale n'y est plus pour continuer d'adapter le parc à un tournoi toujours plus gros ; il est venu le temps de penser autrement !
Plutôt que de tenter de tasser un tournoi de plus en plus ambitieux dans un site trop exigu, pourquoi ne pas envisager une relocalisation – partielle (avec un site satellite) ou complète – vers un lieu plus adapté ? Le Parc olympique, par exemple, dispose déjà d'infrastructures de calibre international, d'un grand stade, bientôt muni d'un toit, d'un bon accès en transports en commun et de la capacité d'accueil nécessaire. Des exemples ailleurs dans le monde, comme celui du tournoi de Miami qui a quitté Crandon Park pour un site mieux adapté, montrent qu'il est possible de protéger nos parcs tout en faisant rayonner le sport de haut niveau.
Et si on décidait de miser strictement sur des installations au parc Jarry, il faudrait alors penser à un tournoi à échelle plus humaine comme un Master 500 comme à Rio, Vienne, Barcelone et Munich.
Cette réflexion dépasse le tennis professionnel et les retombées économiques des grands évènements internationaux. Elle concerne la vision que nous avons de nos espaces verts publics, de leur accessibilité, de leur vocation et de leur avenir. Elle concerne le type de ville dans laquelle nous voulons vivre et faire grandir nos enfants.
Ensemble, il est possible de bâtir un projet porteur, équitable et respectueux de l'environnement et de la collectivité. Nous invitons Tennis Canada, les élues et élus de Montréal, de Québec et d'Ottawa, ainsi que les citoyennes et citoyens à se joindre à une réflexion ouverte et ambitieuse, pour que nous puissions transmettre aux générations futures un parc Jarry dont nous serons fiers.
Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


La Presse
2 hours ago
- La Presse
Coco Gauff accède aux quarts de finale
(Cincinnati) L'Américaine Coco Gauff a aisément disposé de l'Italienne Lucia Bronzetti 6-2, 6-4 en huitièmes de finale de l'Omnium de tennis de Cincinnati, jeudi. La Presse Canadienne Gauff, la deuxième tête de série, a ainsi porté sa fiche en carrière à 3-0 contre la 61e raquette mondiale sur le circuit de la WTA. Elle a mis une heure et 19 minutes pour en venir à bout cette fois-ci sur le ciment du court central. Elle affrontera en quarts de finale la gagnante du duel entre l'Italienne Jasmine Paolini, septième tête de série, et la Tchèque Barbora Krejcikova, qui aura lieu un peu plus tard aujourd'hui. Dans les autres matchs de simple féminin à l'affiche jeudi, l'Allemande Ella Seidel sera opposée à la Française Varvara Gracheva, alors que la Russe Veronika Kudermetova sera confrontée à la Polonaise Magda Linette (no 31). Du côté masculin, trois matchs de simple auront lieu jeudi. Après le duel des quarts de finale entre le no 1 mondial, Jannik Sinner, et le Canadien Félix Auger-Aliassime (no 23), l'Américain Benjamin Shelton (no 5) — qui a remporté l'Omnium Banque Nationale de Toronto plus tôt ce mois-ci — aura rendez-vous en huitièmes de finale avec le Tchèque Jiri Lehecka (no 22). Le programme masculin sera couronné par un affrontement en quarts de finale entre le Danois Holger Rune (no 7) et le Français Térance Atmane, 136e joueur mondial. Le tournoi de Cincinnati est la dernière épreuve préparatoire sur le ciment avant la présentation des Internationaux des États-Unis, le dernier tournoi majeur de la saison, à compter du 24 août.


La Presse
3 hours ago
- La Presse
Le plan de partage des revenus a généré 18 millions de plus en bourses
Les joueurs de l'ATP se sont partagé un record de 261 millions en 2024. Le plan de partage des revenus a généré 18 millions de plus en bourses (Londres) Le circuit professionnel de tennis masculin a indiqué que son plan de partage des revenus, qui a été adopté en 2022, a permis aux joueurs d'empocher 18,3 millions de dollars américains supplémentaires en bourses pour ses neuf tournois de la série Masters 1000 l'an dernier. Associated Press L'ATP a mentionné jeudi que ce montant est en hausse par rapport à celui de 6,6 millions obtenu pour les tournois Masters – parmi lesquels se retrouve l'Omnium Banque Nationale – de 2023. En ajoutant ce montant au plan de partage des revenus, les joueurs de l'ATP se sont donc partagé un record de 261 millions en 2024, a précisé le circuit professionnel de tennis masculin. Les escales révisées de la série Masters – l'ATP et la WTA jouent parfois au même endroit, les tableaux principaux sont plus imposants, et le calendrier des tournois est maintenant plus long – ont toutefois suscité la grogne des joueurs, qui les considèrent trop longs. En toile de fond se trouvent les demandes des athlètes pour des bourses plus généreuses et plus d'influence dans les décisions des dirigeants de la discipline. L'Association des joueurs professionnels de tennis, un groupe cofondé par le Serbe Novak Djokovic, a déposé un recours collectif en mars contre l'ATP, la WTA, la Fédération internationale de tennis (ITF) et l'Agence internationale pour l'intégrité du tennis (ITIA), qualifiant ces organisations de « cartel ».


La Presse
5 hours ago
- La Presse
L'autre chemin d'Emrick Fotsing
« Le jour où j'ai marqué mon premier but chez les pros, Jesse Marsch était au stade », nous raconte le jeune Emrick Fotsing. Et juste comme ça, l'aventure de la pépite québécoise avec le Vancouver FC, en Première Ligue canadienne (PLC), a pris tout son sens. Fotsing, qui a grandi à Mascouche, est un ancien de l'Académie du CF Montréal. Il a été l'un de ses joueurs les plus prometteurs, allant jusqu'à participer à l'un de ses stages à Bologne, l'autre club de Joey Saputo. « On mangeait avec [Riccardo] Calafiori, Thiago Motta, ils nous parlaient ! En termes d'expérience, c'était vraiment top. » Malheureusement, sans contrat professionnel avec la première équipe du CFM – comme son ancien coéquipier Alessandro Biello, par exemple –, sa route avec le Bleu-blanc-noir s'est arrêtée en tant que capitaine chez les U18. Une fin qui s'explique entre autres par la dissolution de l'équipe réserve des moins de 23 ans du CF Montréal, qui évoluait en Ligue1 Québec jusqu'en 2024. PHOTO MICHAEL CHISHOLM, VANCOUVER FC, PREMIÈRE LIGUE CANADIENNE Emrick Fotsing « Quand ils ont enlevé l'équipe réserve, il y avait deux côtés », explique Fotsing en entrevue virtuelle avec La Presse. Il nous parle après l'entraînement du VFC à Langley, en banlieue de Vancouver. « Tu peux te dire que tu manques peut-être un peu d'années de développement avant d'arriver chez les pros. Mais aussi, si tu es prêt, c'est un accès plus rapide pour aller en première équipe. » Moi, j'ai vu ça comme un défi. Je me suis dit : 'Je n'ai pas le temps de me développer plus tard, je dois être prêt maintenant pour aller en équipe pro.' Emrick Fotsing C'est là toute l'ironie de l'état actuel de la structure du développement chez le CF Montréal, une organisation qui veut s'établir comme club formateur. L'absence d'une équipe réserve signifie que ses jeunes talents doivent soit s'en aller vers d'autres cieux avant d'avoir atteint leur plein potentiel, soit se contenter de maigres minutes avec les pros. Ces minutes auront beau être en MLS, tous les formateurs au monde vous le diront : un jeune doit jouer régulièrement pour progresser. « Quand j'ai quitté l'Académie, je me suis dit que j'avais fait un peu tout ça pour rien, souligne Fotsing. Mais après, Vancouver est venu et m'a donné cette opportunité. Au final, je suis content de mon choix parce que j'ai plus d'expérience. J'ai plus de temps de jeu et je peux m'améliorer. […] C'est dommage au début, mais chacun a son parcours. Plusieurs chemins mènent à Rome, comme on dit. » De refusé à capitaine Emrick Fotsing est né à Montréal, avant de déménager à Laval. C'est dans une garderie, avec les enfants du propriétaire de la maison, qu'il a découvert le soccer. « Ils jouaient beaucoup avec moi ! […] Du matin au soir, je jouais tout le temps. » Sa famille prend ensuite racine à Mascouche. Il rejoint successivement l'AS Mascouche, puis l'AS Blainville. Entre-temps, Fotsing tente une première fois de rejoindre l'Académie de l'Impact chez les U11, sans succès. « Je n'avais jamais été refusé par une équipe [jusque-là], j'étais habitué à être dans les meilleurs joueurs de mon âge. Au début, c'était un choc, mais après, je me suis dit qu'il me manquait sûrement quelque chose. Ce n'était pas un hasard. » Il se remet au travail et intègre finalement le club à 14 ans, chez les U15. « Petit à petit, je suis monté en puissance et j'ai pu m'imposer. » Jusqu'à devenir le capitaine des U18, « une fierté ». Ascension rapide à Vancouver Emrick Fotsing se décrit comme un milieu central de type numéro 8, qui fait la navette entre les deux surfaces. C'est ce profil qu'est allé chercher le Vancouver FC lorsque les Britanno-Colombiens lui ont offert un contrat d'Exceptional Young Talent (EYT), ou « jeune talent exceptionnel », en février dernier. Il s'agit d'un mécanisme de la PLC visant à offrir du temps de jeu conséquent et compétitif à des jeunes de moins de 18 ans. Chaque club peut en avoir deux, qui ne sont pas comptabilisés dans l'effectif standard de 23 joueurs. Ce qui a déjà mené, pour le VFC, à un transfert du jeune de 16 ans Grady McDonnell vers le Club Bruges, en Belgique. « Je suis arrivé ici sans aucune attente, dit Fotsing. Je me suis dit que j'allais faire mon maximum, et donner tout ce que je peux. Petit à petit, j'ai commencé à avoir un plus gros statut dans l'équipe. » PHOTO COURTOISIE VANCOUVER FC, PREMIÈRE LIGUE CANADIENNE Emrick Fotsing Un plus gros statut ? Fotsing est déjà un titulaire indiscutable à Vancouver, ayant cumulé 988 minutes en PLC et en Championnat canadien. Ses deux buts en deux matchs, le 30 mai et le 4 juin, ont été les faits saillants d'une première saison en voie d'être très réussie. Cela dit, il n'a pas joué depuis sa sortie du match du 5 juillet, sur civière, après avoir subi une commotion cérébrale qui l'a rendu inconscient pendant quelques instants. Notre discussion, jeudi dernier, a eu lieu après son premier entraînement complet avec l'équipe suivant sa blessure à la tête. Il tenait d'ailleurs à jouer le « gros match important » de son club en demi-finales du Championnat canadien contre l'Atlético Ottawa, mercredi soir, premier de deux qui se jouait en soirée à Vancouver. Il est finalement entré à quelques minutes de la fin du match, alors que son équipe menait 2-1. Le match s'est terminé 3-1. Fotsing garde le cap sur ses objectifs. Dont le premier est « d'aller en Europe ». Et de faire son chemin jusqu'en équipe nationale. Et avec Jesse Marsch, sélectionneur du Canada qui a assisté à son premier but chez les pros le 30 mai, il sait d'ores et déjà que son nom est connu. « Je suis très reconnaissant parce que c'est Vancouver qui m'a permis d'avoir ce genre d'opportunité. »