
Visiter ou pas les États-Unis ?
Le pays des Bleuets au lieu de la Grosse Pomme, le parlement canadien plutôt que la Maison-Blanche : des centres de services scolaires et directions d'école expriment le souhait que les voyages éducatifs qui formeront la jeunesse pendant l'année scolaire 2025-2026 ne se fassent pas aux États-Unis.
Au centre de services scolaire des Patriotes (CSSP), sur la Rive-Sud de Montréal, les directions d'écoles secondaires « ont demandé aux équipes-écoles de ne pas organiser des voyages aux États-Unis pour l'année scolaire », et ce, « le temps de voir l'évolution de la situation politique générale », signale dans un courriel la porte-parole Marie-Pierre Laflamme.
Il ne s'agit pas d'une directive officielle, mais bien d'un alignement commun qui a été décidé lors d'une rencontre où toutes les directions du secondaire participent ainsi que la directrice générale adjointe.
Marie-Pierre Laflamme, porte-parole du centre de services scolaire des Patriotes
Elle précise que cette orientation remonte au printemps dernier, en réaction aux salves douanières lancées contre le Canada par l'administration Trump.
Du côté du centre de services scolaire de la Pointe-de-l'Île (CSSPI), à Montréal, on a lancé « une mise en garde aux établissements concernant les voyages scolaires aux États-Unis », et « dans le contexte politique actuel », on « encourage les écoles à privilégier des destinations situées dans d'autres provinces canadiennes lorsque la nature du voyage s'y prête », indique la directrice des communications, Valérie Biron.
D'autres encore s'en remettent aux écoles. C'est notamment le cas du centre de services scolaire de Montréal (CSSDM). Car la décision devrait être « prise localement, en tenant compte de divers facteurs, tels que les échanges avec le milieu et leurs réalités sociales et économiques », écrit dans un courriel Quentin Parisis, du service des communications.
Le dernier mot sur les voyages pédagogiques revient aux conseils d'établissement, composés de membres du personnel de l'école et de parents d'élèves. En fait, non : « il revient bien sûr à chaque parent de décider s'il souhaite ou non que son enfant participe au voyage », prend la peine de souligner Quentin Parisis dans le même message.
Des « questions morales » à se poser
Sans prendre position de manière officielle, la présidente de la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ), Mélanie Laviolette, argue que les voyages scolaires au sud de la frontière soulèvent « des questions morales » dans le contexte actuel.
On voit une montée d'intolérance vis-à-vis certains groupes comme les personnes racisées, les personnes homosexuelles et transgenres.
Mélanie Laviolette, présidente de la Fédération des comités de parents du Québec
Or, « on a des élèves qui sont issus de ces minorités, et qui se sentent moins en sécurité, qui sont inquiets, et nous, ce qu'on veut, c'est que ces jeunes se sentent en sécurité » – sans compter qu'on « ne veut pas ajouter une pression indue sur le personnel qui accompagne les groupes scolaires et qui pourrait se retrouver en gestion de crise », ajoute Mme Laviolette à l'autre bout du fil.
La Fédération autonome de l'enseignement (FAE), qui représente 65 000 enseignantes et enseignants, invite ses membres à « considérer sérieusement » l'enjeu de la sécurité des élèves, de même que la leur, durant la planification d'un voyage aux États-Unis « en raison du contexte actuel », dit sa présidente, Mélanie Hubert.
Les agences de voyages suivent la situation… et s'adaptent
Le mouvement de boycottage se fait d'ores et déjà ressentir chez Classe trotteur, qui se consacre aux voyages organisés éducatifs. « C'est majeur : en termes de diminution des voyages prévus aux États-Unis, on parle d'environ 60 % par rapport à la même période l'an dernier », laisse tomber en entrevue son directeur général, Stéphan Mathieu.
Mais l'agence a fait ses devoirs. De nouveaux itinéraires ont été concoctés. « Au lieu d'aller à New York, des écoles ont opté pour des villes comme Toronto, Ottawa ou Kingston. Et on a fait des nouveaux circuits, dans les Cantons-de-l'Est, la Mauricie, le Bas-du-Fleuve, ou encore le Saguenay–Lac-Saint-Jean, pour répondre à leurs besoins », explique-t-il.
PHOTO CHRIS YOUNG, LA PRESSE CANADIENNE
Touristes prenant une photo avec la ville de Toronto en arrière-plan
N'empêche, il demeure tout à fait sûr pour des groupes scolaires de traverser la frontière, insiste-t-il, en regrettant une certaine « enflure » entourant les cas de citoyens canadiens détenus par l'agence américaine de contrôle de l'immigration (Immigration and Customs Enforcement, ou ICE).
Au printemps dernier, des milliers de jeunes ont traversé les douanes, et on n'a pas eu de problèmes.
Stéphan Mathieu, directeur général de Classe trotteur
C'est même tout le contraire, confirme le voyagiste Éducatours. « Il est important de noter que les groupes scolaires sont souvent traités différemment aux frontières, ce qui facilite grandement le passage lorsqu'ils sont bien organisés et disposent des formulaires de consentement et documents nécessaires préparés à l'avance », fait valoir Vanessa Kingsland-Lavoie, gestionnaire du marketing.
Le ministère de l'Éducation du Québec n'a acheminé aucune directive aux établissements scolaires en ce qui a trait aux voyages scolaires. « Nous continuons d'évaluer la situation », soutient la responsable des relations de presse, Esther Chouinard.
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