
Le Camp Mystic, une institution texane centenaire dévastée par les inondations où 11 enfants et un moniteur restent portés disparus
Des peluches, des couettes roses et des matelas trempés jonchent les sols des baraquements qui ont tenu le coup. Le Camp Mystic, une institution texane centenaire et chrétienne dédiée aux petites filles, est un amas de débris. En moins d'une heure dans la nuit de jeudi à vendredi, le niveau du fleuve voisin, le Guadalupe est monté de six à huit mètres. L'eau a emporté les cyprès, une partie des cabanes. Les quelques photos diffusées montrent des voitures empilées les unes sur les autres, des chiens fouillant des gravats, des membres des secours réduits parfois à soulever des branches en quête d'un signe, d'un corps.
Au moment des faits, 750 jeunes filles de 8 à 17 ans étaient accueillies pour un séjour sur place, dédié aux activités en plein air - tir à l'arc, équitation, danse - et au renforcement de l'estime de soi. Les plus jeunes étaient logées en contrebas, plus près du cours d'eau donc. Suite aux pluies torrentielles, l'équivalent de plusieurs mois de précipitations, il a débordé à toute allure. Le comté du Kerr où se situait le Camp Mystic a été le plus touché. Les autorités locales y ont déjà retrouvé les corps de 43 victimes, 28 adultes et 15 enfants.
les secours continuent de s'activer, avec l'espoir (notamment) de trouver des enfants perchés dans des arbres
Sergio Flores / REUTERS
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Janie, Sarah, Lila, Renee... Les hommages aux fillettes qui ont perdu la vie s'égrènent sur les réseaux. «Nous nous sentirons toujours bénis d'avoir eu ce magnifique rayon de lumière courageux dans nos vies. Elle vivra dans nos cœurs pour toujours !» a écrit la grand-mère de la petite Sarah, huit ans. Une trentaine de personnes restent portées disparues dont plusieurs jeunes femmes qui encadraient les activités. Sur les réseaux sociaux, les Américains se partagent les images des sauvetages par hélicoptère en s'exhortant à «continuer de prier» pour un miracle.
Le camp Mystic est une institution au Texas, il existe depuis 1926
Sergio Flores / REUTERS
Près de quarante-huit heures après la crue soudaine, les secours continuent de s'activer, avec l'espoir (notamment) de trouver des enfants dans les arbres. Dans une vidéo de la Daily Tribune, Michael, 40 ans, retourne des couettes entassées sur l'herbe, les larmes aux yeux. Il cherche sa fille de huit ans, explique avoir reçu un message vendredi matin l'informant des inondations et du fait qu'elle manquait à l'appel. La fillette qui dormait à côté de la sienne dans le dortoir a été trouvée morte. Sans équipement, Michael explique ne pas pouvoir en faire plus pour aider les secours. Il marche, en quête d'objets appartenant à son enfant. Parmi les victimes confirmées figurent Richard Eastland, propriétaire de l'endroit fondé en 1926 depuis 1974. Quand l'eau a commencé à monter, l'homme, dont la maison est en dehors du camp, s'est dépêché de se rendre sur place. Selon le New York Post, celui que ses amis nommaient «Dick» est mort en essayant de sauver deux fillettes.
Ce dimanche, le gouverneur du Texas, Greg Abbott, s'est rendu au Camp Mystic. Dans un message sur X, le républicain a déclaré que ce dernier avait été «horriblement ravagé», d'une manière qu'il n'avait «jamais vue lors d'une catastrophe naturelle», et que les eaux tumultueuses avaient atteint le toit des cabanes. Il a affirmé : «Nous ne nous arrêterons pas tant que nous n'aurons pas retrouvé toutes les filles». Situé huit kilomètres plus loin, le camp La Junta, destiné aux garçons et bâti dans le même esprit que son voisin - sport, spiritualité, pas de téléphones - a déclaré que ses jeunes campeurs étaient tous sains et saufs.

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Le Parisien
15 hours ago
- Le Parisien
Irlande : début de l'exhumation des 796 enfants morts dans un foyer religieux
Ils étaient les enfants du péché, les bébés du diable tentateur. Les premières exhumations des 796 enfants enterrés sans sépulture entre 1925 et 1960 dans un foyer religieux en République d'Irlande débutent ce lundi, plus de dix ans après la découverte du site. Après avoir bouclé mi-juin de clôtures de chantier le périmètre de l'ancienne fosse septique du foyer St Mary des sœurs du Bon Secours à Tuam (prononcer Chewm), dans le comté de Galway (ouest), les experts vont officiellement débuter l'excavation. Onze ans après l'onde de choc qui a saisi l'Irlande. En 2014, une historienne amateure, Catherine Corless, découvre des certificats de décès pour 796 bébés et enfants jusqu'à 9 ans mais aucun registre d'inhumation au foyer où les sœurs du Bon Secours - ordre religieux d'origine française - recueillaient les femmes « déshonorées ». L'institution a laissé place à un lotissement en 1972 mais sa fosse commune est restée intacte. Des restes humains avaient déjà été découverts sur ce site en 1975, les autorités avaient considéré qu'il s'agissait probablement de cadavres datant de la Grande famine qui a touché l'île entre 1845 et 1852. Une autre grande souffrance endurée par l'Irlande. Il faudra le travail acharné de Catherine Corless pour permettre l'ouverture d'une commission d'enquête nationale sur les maltraitances infligées dans ces foyers pour mères et enfants, qui a démontré la cruauté d'une époque et l'hypocrisie des institutions. Dans ses conclusions rendues en 2021, la commission a apporté la preuve que 56 000 femmes célibataires et 57 000 enfants avaient été recueillis dans 18 foyers de ce type entre 1922 et 1998. Et que 9 000 enfants y étaient morts. Les femmes enceintes hors mariage étaient enfermées dans ces foyers sous l'impulsion de l'État irlandais et de la puissante Église catholique. Le premier finançait, la seconde « gérait » avec toute la dureté due à son œuvre d'expiation. Qu'importe qu'il s'agisse de jeunes filles victimes d'agression ou d'inceste, elles étaient « grosses » et couvertes du voile noir du stupre. Les religieuses gardaient les pécheresses pendant un an. Souvent, elles étaient ensuite envoyées dans une autre institution . Le film « The Magdalene sisters » a raconté en 2002 comment certaines de ces jeunes mères, ou les trop jolies jugées indociles, étaient retenues et employées gratuitement jusqu'à l'épuisement dans des blanchisseries tenues par des religieuses. Au Home de Tuam, comme ailleurs, les plus beaux et les plus gaillards des bébés étaient donnés à l'adoption. Les autres bâtards étaient peu nourris, mal soignés, envoyés dans les deux écoles du village où on les reléguait au fond de la classe . Certains habitants, ces dernières années, se sont souvenus qu'on les menaçait de les asseoir à côté d'eux s'ils n'étaient pas sages. Si les enfants du diable venaient à mourir, de malnutrition, de tuberculose, on les déposait dans cet égout désaffecté. Les fouilles auraient dû y commencer en 2019 . Il a fallu attendre 2022 pour qu'une loi les permettant soit votée. La lenteur du processus a été dénoncée à plusieurs reprises par des proches des victimes. Environ 80 personnes se sont jusqu'à présent présentées pour fournir des échantillons d'ADN, dans l'espoir que les corps de leurs proches puissent être retrouvés parmi les restes mélangés de la fosse commune. Les travaux d'excavation devraient durer deux ans. Selon le Tuam Herald , la parcelle de 5 000 m2 a été isolée « comme une scène de crime de la Guarda », la police irlandaise. Le projet est piloté par un « directeur des interventions autorisées de Tuam ». Un nom bien compliqué qui ne dit pas grand-chose, sauf peut-être la honte.


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Le Parisien
a day ago
- Le Parisien
Fosse commune de 796 enfants : l'Irlande entame des fouilles pour identifier les victimes d'un ancien foyer catholique
Aucun hommage, aucune reconnaissance. Pendant 35 ans, 796 bébés et jeunes enfants ont trouvé la mort au sein d'une institution pour jeunes mères à Tuam, dans l'ouest de l'Irlande. Onze ans après la mise en évidence d'une fosse commune par un historien amateur, des fouilles vont commencer ce lundi 14 juillet pour rendre justice à ces centaines d'enfants décédés dans l'anonymat, rapporte la BBC . Tout commence en 1925, au sein de la maison d'enfants St Mary, une institution gérée par l'Eglise. Elle accueillait de jeunes femmes tombées enceintes hors mariage, des filles-mères, et leurs enfants. La plupart du temps, les femmes étaient séparées de leurs enfants après la naissance. Et le sort qui était réservé à ces derniers est effroyable : lorsqu'ils ne survivaient pas, ils étaient enterrés dans une fosse commune, sans aucune tombe. Patrick Derrane, 5 mois, est le premier bébé à être décédé au sein de l'institution, en 1925. Mary Carty, du même âge, a été la dernière en 1960, quelques mois avant la fermeture des lieux en 1961. Entre-temps, 794 autres enfants ont Le voile a été levé en 2014, grâce au combat de Catherine Corless , une amatrice d'histoire. En classe avec des enfants issus de ce foyer, elle voulait comprendre pourquoi ils n'avaient pas le droit de fréquenter leurs camarades de classe. En réalité, les enfants étaient volontairement maintenus à l'écart, considérés comme des rebuts de la société dans un pays dirigé d'une main de fer par l'Église catholique à l'époque. « Je n'avais aucune idée de ce que j'allais découvrir », se souvient-elle auprès de la BBC. Pourtant c'est elle qui a mis au jour des preuves attestant du décès de 796 enfants - des nouveau-nés jusqu'à l'âge de neuf ans - dans ce foyer situé à 220 km de Dublin, et de l'existence d'une fosse commune, vraisemblablement située dans une ancienne fosse septique. « Il n'y avait aucun registre d'enterrement, pas de cimetière, pas de statue, pas de croix, absolument rien », se rappelle-t-elle. L'institution a été rasée en 1972 et a laissé place à un lotissement. La fosse septique, elle, est restée intacte. À la suite des révélations de Catherine Corless, des enquêtes ont été lancées dans le pays . Elles ont établi que 56 000 femmes célibataires et 57 000 enfants sont passés par 18 foyers de ce type entre 1922 et 1998. Parmi eux, environ 9 000 enfants sont morts. Les recherches menées par l'Irlandaise ont également permis de prouver que les autorités avaient été alertées dans les années 1970 après que des enfants ont retrouvé des os dans un jardin à proximité. Elles s'étaient contentées d'étouffer l'affaire. Lors d'un début d'excavation en 2017 ordonné par le gouvernement irlandais, « des quantités significatives de restes humains » ont été retrouvées sur le site. Des restes de bébés ont été découverts dans 20 chambres individuelles à l'intérieur d'une crypte apparemment improvisée à 2 m sous terre. Après une loi votée en 2022 en Irlande , ce lundi marque le début d'opérations de fouilles colossales, qui pourraient durer près de deux ans. Des experts internationaux, originaires de Colombie, d'Espagne, du Royaume-Uni, du Canada et des États-Unis, se joindront à l'équipe locale, a confirmé le 7 juillet Daniel MacSweeney, directeur en charge des opérations d'excavation, qui a par le passé exercé dans des zones de conflit. Des échantillons d'ADN ont été collectés auprès d'une trentaine de proches de femmes ou enfants passés par l'institution, et ce processus sera élargi dans les mois à venir afin de rassembler autant de preuves génétiques que possible, a-t-il précisé. Niamh McCullagh, consultante médico-légale principale de l'équipe, a déclaré au même moment que le caractère aléatoire de l'enfouissement des restes ajoutait à la difficulté. La complexité de la tâche « est unique car nous avons affaire à un grand nombre de restes de bébés », a-t-elle déploré.