logo
Petite fille, grande ninja

Petite fille, grande ninja

La Presse19-07-2025
Justine B Simard, 9 ans, a été l'athlète la plus décorée lors des finales mondiales de la World Ninja League.
À 9 ans, Justine B Simard possède une endurance, une agilité ainsi qu'une force physique et mentale impressionnante. Sur les parcours ninja québécois, canadiens et même américains, elle domine dans son groupe d'âge. À tel point qu'elle a été l'athlète la plus décorée lors des finales mondiales de la World Ninja League, en Caroline du Nord, au début du mois de juillet.
La photo prise par la maman de Justine B après les finales mondiales à Greensboro est assez comique : autour du cou de la petite ninja, les médailles sont tellement nombreuses qu'elles ressemblent à un épais (et lourd !) foulard.
PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE
Justine B avec ses 11 médailles aux finales mondiales de la World Ninja League
Ces médailles s'ajoutent à toutes celles que la petite fille possède déjà. « J'ai genre 40 médailles d'or », nous lancera-t-elle au cours de notre entretien sur la terrasse d'un café de Saint-Sauveur, par une bouillante journée d'été.
Justine B, JuB de son surnom, ne pratique pourtant la discipline que depuis quelques années. Elle l'a découverte par pur hasard, en allant visiter ses grands-parents à Granby. « À côté, il y avait un centre de ninja. On est passés devant et on a dit : on va aller essayer ça ! », raconte-t-elle avec entrain.
Il faut savoir que la jeune athlète originaire de Saint-Jean-sur-Richelieu, ses parents et son grand-père paternel avaient déjà l'habitude, tous les dimanches, d'écouter l'émission télévisée Ninja Warrior. Ainsi, quand JuB a mis les pieds dans le Motion Parc Évolutif de Granby, du haut de ses 5 ans, « elle était comme un poisson dans l'eau », dixit sa maman Anne St-Pierre. « Elle faisait des affaires que les jeunes de 9 ans ne faisaient pas encore. »
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE
Anne St-Pierre et Dominic Simard, parents de Justine B Simard
La Johannaise avait déjà pratiqué d'autres sports par le passé : gymnastique, cirque aérien, soccer et BMX. Elle avait d'ailleurs adoré le BMX, mais ses parents jugeaient le sport trop dangereux pour son avenir. « Il y avait plein de jeunes qui n'avaient plus de dents, qui avaient des clavicules cassées… […] Il était hors de question qu'on lui offre un avenir pas de dents », se souvient son père, Dominic Simard.
Elle est donc devenue une ninja. Et une très douée qui plus est.
« Encore ! »
Les parcours ninja sont créés à partir de toutes sortes d'obstacles conçus pour tester les capacités, tant physiques que mentales, des athlètes. À titre d'exemple, JuB nous parle de la flying bar, qui consiste à « amener une barre d'un crochet à un autre ».
« Ça a l'air épouvantablement difficile », lance-t-on.
« C'est épouvantablement difficile ! », répond-elle du tac au tac.
Il y a des obstacles qui sont durs, mais quand tu te pratiques, ça devient moins dur. Tu réussis. Quand tu réussis, tu peux passer à un autre obstacle. C'est sûr que s'il y a des gens qui se pratiquent moins, ils vont être moins bons.
Justine B
Au départ, JuB suivait des cours à raison d'une fois par semaine, les vendredis soir. Elle avait 6 ans. « Elle ne voulait pas partir ; on partait à la fermeture, relate M. Simard. À un moment donné, le propriétaire est venu nous voir et a dit : vous devriez suivre des cours un peu plus avancés parce qu'elle a certaines habiletés… »
PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE
Justine B Simard en action à la finale canadienne de la World Ninja League
Rapidement, les parents ont inscrit JuB dans une première compétition au Québec, qui s'est bien déroulée. De fil en aiguille, la famille est entrée dans un monde duquel elle ne compte plus sortir. « C'est vraiment le fun, parce que c'étaient plein de jeunes de son âge. Tous des jeunes qui aiment bouger, de dire le paternel. Nous, on cherchait vraiment des activités pour qu'elle bouge. »
Comme JuB performait bien au Québec, elle a rapidement été invitée dans la Ligue canadienne, la Canadian Ninja League. En 2024, elle a fini au premier rang québécois et canadien chez les filles de 6 à 8 ans.
Cette année-là, JuB a aussi été invitée à participer aux deux grandes ligues américaines : la World Ninja League (WNL) et la Ultimate Ninja Athlete Association (UNAA). Elle a tenté le coup, pour voir.
« On a tripé solide à la World. C'est professionnel. Tous les pros qu'on voit à la télévision sont là », raconte M. Simard.
En 2025, la famille a ainsi pris la décision de se concentrer sur les ligues québécoise, canadienne et la WNL. JuB a pris part à 12 compétitions américaines au cours des derniers mois afin d'« avoir le niveau là-bas ». Elle a fini première dans chacune d'elles et s'est qualifiée pour les finales mondiales, où elle a raflé onze médailles et deux trophées, dont celui du « ninja le plus fort », qui comptabilise les résultats de tous les parcours de la compétition.
PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE
Justine B Simard
Quelle que soit la compétition à laquelle elle prend part, JuB arrive à entrer dans sa bulle sans difficulté. C'est une de ses forces. « Je n'entends rien », dit-elle.
Stressée ? « Comment dire ? Oui, je suis stressée, mais pas au point de boguer », laisse entendre la petite fille.
Quand on lui demande ce que ça lui fait que de gagner toutes ces médailles, elle hésite : « Rien », répond-elle. « Je suis fière quand ce sont des courses importantes. Sinon, je suis comme : encore ! »
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE
Les mains de la jeune ninja portent les traces d'une pratique soutenue de son sport.
Un message
De toute évidence, Anne St-Pierre et Dominic Simard sont fiers de leur fille. On les sent aussi, et surtout, heureux de la voir s'épanouir. Ils ont d'ailleurs installé dans la demeure familiale toutes sortes d'obstacles pour leur fille, qui ne se lasse jamais.
Quand les amis viennent, ils sont tout le temps là-dedans au lieu d'être devant la télé. Ils se challengent. Tu vois que ça a vraiment un effet bénéfique chez les jeunes.
Dominic Simard, père de Justine B
Les parents souhaitent justement profiter de cette tribune pour lancer un message : les petites filles peuvent bouger autant que les garçons.
PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE
Justine B Simard
« On trouve ça important d'avoir des modèles féminins, insiste le papa. Ce ne sont pas que les gars qui sont capables. Quand un garçon fait des activités à l'extérieur, le monde dit : t'es donc bien fort, capable… Ma fille, les seuls adjectifs qu'on lui donne, c'est : t'es donc bien belle ou t'es donc bien bonne. C'est hyper réducteur. Je ne suis plus capable. »
Grâce au parcours ninja, leur fille a amélioré ses résultats à l'école, a développé une concentration « incroyable » et une bonne « gestion de risque ».
Tout ça, dans le plaisir absolu.
Orange background

Essayez nos fonctionnalités IA

Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :

Commentaires

Aucun commentaire pour le moment...

Articles connexes

Des jeunes pousses en défense qui s'épanouissent
Des jeunes pousses en défense qui s'épanouissent

La Presse

timean hour ago

  • La Presse

Des jeunes pousses en défense qui s'épanouissent

Le CF Montréal a actuellement des allures de grand chantier, avec un effectif parsemé de cônes orange, de nids-de-poule et de trous bouchés. Mais contre toute attente, dans les derniers matchs, à l'image d'un piéton qui trouve son chemin dans le chaos urbain malgré tout, ça fonctionne. Et dans ce grand chantier, une zone se démarque par son rapiéçage : la défense. George Campbell est parti. Joel Waterman, monté d'un cran au poste de milieu défensif, aide à pallier le départ de Nathan Saliba. Jalen Neal est (encore) blessé. On attend toujours les débuts du nouveau venu Efraín Morales avec le club – ça ne devrait pas tarder. Cette situation permet aux jeunes Brandan Craig, Fernando Álvarez et Dawid Bugaj d'obtenir du temps de jeu aux côtés de Luca Petrasso, pilier des remparts depuis le début de la saison. Les trois premiers joueurs susmentionnés ont tous 21 ans, tandis que Petrasso en a 25. Ces jeunes pousses contribuent à faire du CFM l'équipe la plus verte en MLS (moyenne de 23,7 ans), ainsi qu'en Coupe des ligues, tableau sur lequel il évolue cette semaine. PHOTO DAVID KIROUAC, ARCHIVES IMAGN IMAGES Luca Petrasso est un pilier de la défense montréalaise cette saison. Mais lors des deux dernières rencontres – deux victoires, contre la Nouvelle-Angleterre (3-1), puis contre Club León (1-1, 7-6 aux tirs au but) –, cette jeune défense a su tirer son épingle du jeu. Non sans heurts, certes : Craig a laissé Rogelio Funes Mori fin seul dans la surface lorsque celui-ci a ouvert la marque pour León, mardi. Mais dans l'ensemble, et surtout compte tenu des circonstances difficiles actuelles, ça a tenu. Tout le monde sait que nous sommes de jeunes joueurs. Mais on obtient l'expérience dont on a besoin. Et la seule façon de l'obtenir, c'est en jouant. Ce n'est pas en étant assis sur le sofa à la maison à regarder le match qu'on gagne de l'expérience. Fernando Álvarez Celui que les membres du club surnomment « Fercho » souligne également que la « communication » avec ses coéquipiers est « très importante ». « Ce n'est pas seulement que nous sommes jeunes, dit-il. C'est de savoir que peu importe qui joue, tout le monde va donner son 100 % et tenter de donner le meilleur de soi-même. » De son côté, l'entraîneur-chef par intérim Marco Donadel estime que ces « situations d'urgence » liées à l'effectif sont des « occasions de grandir », de « s'adapter tactiquement », et de « permettre à des joueurs de montrer leur qualité ». « Brandan et Fercho sautent sur le terrain et sont prêts à performer parce qu'ils se sont bien entraînés, ils connaissent nos principes de jeu, croit le technicien. Je ne pense pas qu'ils sont particulièrement jeunes. Les joueurs qui évoluent à ce niveau sont prêts. » PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE Fernando Álvarez George Campbell s'était imposé, dans la dernière année, comme un rouage important des remparts montréalais. Waterman est capitaine de cette équipe lorsque Samuel Piette n'est pas sur le terrain. Bien que l'international canadien soit sur la pelouse, juste devant la défense, celle-ci se retrouve temporairement sans ses leaders habituels. « Avec moi, tous les défenseurs centraux doivent être des leaders, soumet Donadel. Ils doivent tous bien communiquer avec tout le monde. On aime monter et presser haut sur le terrain. Ils ont fait du bon travail, mais on doit encore s'améliorer dans les détails. […] Ils doivent être concentrés pendant 95 minutes. C'est ce qu'ils ont fait. Je suis très content. » Ces deux bonnes performances n'excuseront certainement pas le reste de cette terrible saison. Mais au moins, elles démontrent que le grand chantier montréalais n'est pas dénué de bonnes assises sur lesquelles construire. Toluca, « une équipe incroyable » Cela dit, tout cela sera mis à rude épreuve à 21 h ce vendredi soir, au New Jersey. Le CF Montréal se rend à Harrison pour y affronter le puissant Deportivo Toluca, dans son deuxième match de Coupe des ligues. Toluca, c'est le tenant du titre du championnat de clôture en Liga MX, l'an dernier. Sa campagne d'ouverture, après trois matchs, est déjà bien entamée. PHOTO JOSEPH MAIORANA, ARCHIVES IMAGN IMAGES Toluca FC l'a emporté aux tirs au but contre le Crew à Columbus, mardi. « C'est une équipe incroyable, a décrit Marco Donadel, jeudi matin. Elle est très complète dans tous les aspects. Ils aiment attaquer, et ils ont plusieurs joueurs avec de grandes qualités. […] Ils ont marqué presque trois buts par match l'an dernier. » Avec ses deux points en banque après Club León, le Bleu-blanc-noir doit s'assurer d'aller chercher un bon résultat vendredi, avant d'accueillir Puebla mardi prochain au stade Saputo. Sinon, ce troisième match à Montréal pourrait ne plus vouloir dire grand-chose : seules les 4 premières formations MLS, sur les 18 engagées dans ce tournoi, passent en quarts de finale. Si Toluca représente son défi le plus grand de cette année en Coupe des ligues, le fait que ce soit un match à l'extérieur pour les deux équipes amène un aspect de neutralité qui pourrait aider le CF Montréal. « Ce sera un match difficile, croit Donadel. Mais pour eux aussi, puisque nous sommes dans un bon moment. »

Une défense encore plus redoutable avec Lemon et Wynn
Une défense encore plus redoutable avec Lemon et Wynn

La Presse

timean hour ago

  • La Presse

Une défense encore plus redoutable avec Lemon et Wynn

(Montréal) Les Alouettes de Montréal comptent déjà sur la meilleure unité défensive de la LCF et elle sera encore plus redoutable cette semaine, quand l'entraîneur-chef Jason Maas pourra compter sur les joueurs de ligne défensive Dylan Wynn et Shawn Lemon. Alexis Bélanger-Champagne La Presse Canadienne Wynn a été limité à trois matchs jusqu'ici cette saison, mais il sera à son poste samedi, quand les Alouettes (5-2) accueilleront les Roughriders de la Saskatchewan (6-1) au stade Percival-Molson. Lemon devrait aussi être déployé à quelques reprises, alors qu'il est admissible à un retour au jeu après une longue suspension pour avoir parié sur des matchs de la LCF. « Il a raté plus d'un an d'action et n'a pas participé au camp, a rappelé Maas au sujet de Lemon, plus tôt cette semaine. Ce n'est pas facile de retrouver la forme pour jouer dans un match, mais il a été un vrai pro et il est déjà passé par là avec nous. » Les Alouettes ont réussi 16 sacs du quart jusqu'ici cette saison. Les Roughriders sont les seuls à en avoir réussi plus dans la LCF, avec 20. Le groupe du coordonnateur Noel Thorpe se classe premier pour les verges concédées à l'adversaire et deuxième pour les points accordés. L'ajout de Wynn et Lemon ne fera qu'améliorer un groupe déjà aguerri, a reconnu Maas. Ils sont deux vétérans qui excellent dans leur domaine et nous avons hâte de les voir sur le terrain. Je crois que nous nous en sommes bien tirés sans eux, mais leur expérience ajoute quelque chose d'immensurable à notre groupe. l'entraîneur-chef des Alouettes, Jason Maas À sa huitième saison dans la LCF, Wynn a 30 sacs à sa fiche. Lemon, lui, en a 102 en 13 campagnes. « Le soleil va se lever, puis se coucher et Shawn Lemon aura réussi un sac », a imagé Wynn. « Je trouvais que nous comptions déjà sur plusieurs éléments avant que Shawn se joigne à nous, a ajouté Wynn. Ça ne peut pas faire de mal d'ajouter quelqu'un qui a réussi plus de 100 sacs en carrière. Shawn est aussi un gars incroyable dans le vestiaire. » PHOTO JUSTIN TANG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE Shawn Lemon (0) La défense des Alouettes sera mise à l'épreuve par l'attaque des Roughriders, menée par le vétéran quart Trevor Harris, le receveur KeeSean Johnson et le porteur de ballon A. J. Ouellette. « Nous devrons suivre le vieil adage qui dit qu'il faut briser leur synchronisme, a mentionné Maas. Vous devez appliquer de la pression que vous le pouvez. » Maas a ajouté que sa tertiaire devra accepter qu'elle concèdera des passes courtes si elle opte pour des couvertures de zone et que ses joueurs devront briller au niveau des plaqués pour éviter de permettre aux receveurs adverses d'augmenter les gains. Du côté de l'attaque des Alouettes, Maas croit que la victoire de 23-21 de la semaine dernière face aux Stampeders de Calgary a fait du bien au quart réserviste McLeod Bethel-Thompson, qui avait subi la défaite à ses deux premiers départs en relève à Davis Alexander cette saison. Dans cette rencontre, Bethel-Thompson a complété 30 de ses 40 passes pour 280 verges de gains. Il a lancé une passe de touché et a été victime d'une interception. « Ça donne confiance et on pouvait le ressentir même à l'entraînement cette semaine dans la façon qu'il dirigeait le caucus, qu'il lançait le ballon et qu'il communiquait avec tout le monde, a dit Maas. C'est un poids en moins sur ses épaules. » Les quarts reçoivent une grosse part du crédit, mais aussi du blâme et ça peut devenir lourd. Mais il est quelqu'un qui est fort mentalement. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il nous aide à gagner un match. l'entraîneur-chef des Alouettes, Jason Maas, à propos du quart réserviste McLeod Bethel-Thompson Bethel-Thompson a aidé les Alouettes à vaincre les Stampeders de manière in extremis avec un botté de précision de 58 verges de Jose Maltos tard au quatrième quart. Les Alouettes auront l'occasion de renverser l'autre équipe dominante dans la section Ouest de la LCF cette saison. « Je n'ai pas peur de dire que nous devons être conscients de l'identité de notre adversaire, a dit Maas. Nous en avons parlé au début de la semaine, du fait que nous affrontons une bonne équipe. Nous nous attendons à ce que tous les matchs soient gros, mais c'est plus vrai contre certains adversaires que d'autres, je crois. C'est le cas cette fois-ci, car ils [les Roughriders] ont une excellente fiche. » « Oui, ce serait une victoire importante, mais ce ne serait que ça : une victoire. Mais nous aimons faire monter la sauce et laisser nos gars s'éclater sur le terrain », a conclu Maas.

Victoria Mboko refuse de perdre et passe au quatrième tour
Victoria Mboko refuse de perdre et passe au quatrième tour

La Presse

time10 hours ago

  • La Presse

Victoria Mboko refuse de perdre et passe au quatrième tour

Mieux vaut mal commencer un match et le finir en beauté que l'inverse. Une notion assez élémentaire. Mais la victoire de Victoria Mboko, jeudi, n'avait rien d'ordinaire. Dans les faits, la Canadienne de 18 ans continue d'avancer et de repousser ses propres limites. Et elle-même peine à y croire. Revenons en 1995, 11 ans avant que naisse Mboko. Le réalisateur David Fincher présente son film Seven, mettant en vedette Brad Pitt et Morgan Freeman. Fincher a prouvé son génie avec la manière dont il a fait évoluer l'ambiance et les couleurs perceptibles à l'écran. Au début du long métrage, aucune teinte n'est saturée, l'image est sombre et la température est froide. Puis à la fin du film, les couleurs reviennent, l'éclat des contrastes détonne et les reflets de lumière apparaissent. Ni Pitt ni Freeman n'ont assisté au match le plus attendu de la journée sur le central. Ils auraient été de trop. Mboko a brillé dans le rôle principal et la qualité de sa performance lui a permis de disposer de Marie Bouzkova en trois manches 1-6, 6-3, 6-0. Pour la première fois de sa carrière, la Canadienne atteint le quatrième tour d'un tournoi WTA 1000. PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE La Tchèque Marie Bouzková À la manière de Fincher, Mboko a montré des parts d'ombre en début de rencontre. Contre Bouzkova, 39e raquette mondiale et gagnante à Prague samedi dernier, la Canadienne n'était pas de taille. Brisée quatre fois à ses quatre présences au service, la favorite locale a été déclassée par une joueuse meilleure qu'elle à tous points de vue. Au service, en retour, au filet et dans les longs échanges, la Tchèque avait le dessus invariablement. Je ne comprends pas ce qui s'est passé. Je me sentais éteinte. Rien ne fonctionnait. Victoria Mboko Puis, la lumière fut. Les couleurs, les éclats et les différentes teintes du jeu de Mboko sont réapparus. Elle a brisé Bouzkova au premier jeu de la deuxième manche. À partir de cet instant, l'Ontarienne a pu rivaliser à armes égales avec son adversaire. Par sa puissance, sa régularité et sa précision, elle a réussi à bousculer la Tchèque en visant les lignes. Elle a retrouvé son flair au service et elle a été brillante en situation de bris. En deux manches, son pourcentage de points au premier service est passé de 40 % à 63 %. Son taux d'efficacité sur les points gagnés en deuxième balle est passé de 9 % à 36 %. Et son ratio de points gagnés en retour de premier service est passé de 29 % à 42 %. Mboko n'avait d'autres choix que de s'adapter et de revenir plus forte contre la quatrième joueuse la plus efficace au monde en retour de service. PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE Victoria Mboko « Elle joue du gros tennis. Elle retourne tout. Je devais être patiente et ne pas paniquer. C'était une bataille mentale. Je devais rester avec elle », a-t-elle ajouté. Épuisée, Bouzkova a demandé des traitements entre la deuxième et la troisième manche. Fragilisée, elle n'a plus été l'ombre d'elle-même dans la manche ultime. Mboko l'a emporté par blanchissage contre une adversaire visiblement au bout du rouleau. Le cœur à l'ouvrage Avant son match, sept rencontres de Mboko avaient nécessité une manche ultime cette saison sur le circuit de la WTA. Elle avait gagné quatre de ces rencontres. On ne saura jamais ce qui serait arrivé si Bouzkova avait pu jouer la dernière manche sans son bandage à la cuisse droite. Néanmoins, si Mboko est la seule Canadienne toujours en lice, c'est parce qu'elle s'est battue jusqu'au bout. On la croyait larguée en première manche, puis elle a marché sur les eaux pour le reste du match. « Quand je joue une troisième manche, je suis un peu relâchée, parce que j'ai gagné la deuxième. J'ai plus confiance en mon jeu. Vous avez pu le voir avec le pointage », a-t-elle dit en riant nerveusement dans la langue de Gilles Vigneault. Lorsque Mboko frappait en fond de terrain, on entendait l'écho de ses claques jusqu'au niveau 300 dans les gradins. Les pieds bien plantés dans le ciment, son coup droit peut rivaliser avec celui des meilleures joueuses au monde. Elle a 18 ans seulement, mais déjà son nom résonne. Lorsqu'elle a été révélée à Miami, en mars, elle gagnait parce qu'elle n'avait rien à perdre. La plupart des amateurs canadiens ne savaient même pas comment épeler son nom de famille et elle n'avait pas encore fait son entrée dans le top 100 mondial. Aujourd'hui, les partisans scandent son nom. Et elle est maintenant assurée de faire un bond d'au moins 20 places au classement pour atterrir en 65e position. Néanmoins, même après sa troisième victoire de suite à domicile, Mboko a encore l'impression de n'avoir rien à perdre. Je ne vois rien de différent. C'est juste un match. Si c'est un ITF ou WTA, je suis encore la plus jeune. Je veux entrer dans le match avec la même mentalité. Je veux jouer mon jeu et j'espère gagner. Victoria Mboko PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE Après son dernier passing gagnant, lorsque la victoire fut acquise, elle a porté ses deux mains à son visage en regardant au ciel. Comme si encore à ce jour, gagner un match sur le meilleur circuit au monde la surprenait. « Ça a été un match vraiment difficile physiquement et mentalement ». C'est pourquoi après son dernier passing gagnant, lorsque la victoire fut acquise, elle a porté ses deux mains à son visage en regardant au ciel. Étonnée et soulagée d'avoir gagné à nouveau. Gare à Gauff Comme au tournoi de Rome, Mboko affrontera Coco Gauff, mais cette fois au quatrième tour. PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE Coco Gauff « C'est excitant, elle est la joueuse la mieux classée ici. Maintenant, au moins, je la connais. » Gauff a battu la Canadienne en trois manches en Italie. L'Américaine a cependant montré ses failles depuis le début de la semaine. Gauff a commis 37 doubles fautes en deux matchs. Et selon les calculs du brillantissime collègue Guillaume Lefrançois, l'Américaine a déjà passé 5 h 27 sur le terrain. Un total inhabituellement élevé pour Gauff dans les premières rondes d'un tournoi. On peut donc en conclure que la deuxième raquette mondiale n'est pas nécessairement au sommet de son art. Il y a probablement là une occasion à saisir pour Mboko qui joue avec du feu dans les yeux. « Je vais jouer à ma manière. Et espérer que ce soit suffisant. »

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store