Tadej Pogacar écoeure Jonas Vingegaard sur le chrono et met déjà la main sur le Tour de France
Après sa victoire d'étape mardi à Rouen, Tadej Pogacar avait annoncé que le contre-la-montre de Caen serait le premier véritable test dans la bataille du général, le premier indicateur de l'état de forme de chacun, et c'était presque une invitation à bien observer ce qui allait se dérouler. Le champion du monde a mis du sien pour que la lecture ne puisse être brouillée.
Au bout des 33 km de chrono, la facture est grasse comme un camembert rôti. 1'05'' entre les deux rivaux, soit deux secondes au kilomètre, un gouffre qui est l'addition de deux explications simplissimes : Pogacar a réalisé un très grand chrono et Vingegaard un très mauvais. Le Slovène, puisqu'il échoue à seulement 16 secondes de Remco Evenepoel sur un parcours de spécialiste, tout plat, où il s'est montré agressif, notamment dans les parties techniques en fin de boucle, dans Caen, où on l'a vu prendre des risques dans certains virages qui ont mis en relief la qualité de son pilotage, son agilité sur le vélo mais aussi la grande confiance qui le pousse. Le Danois, puisqu'il n'a terminé qu'à la 13e place, devancé par tout un essaim de coureurs très forts, certes, dont son équipier Matteo Jorgenson, mais que d'ordinaire il domine avec facilité.
Les Visma étaient devenus des orfèvres dans la préparation d'un tel rendez-vous, tout le monde se souvient du chrono du Combloux sur le Tour 2023, et il n'y a aucune raison de penser qu'ils avaient mis moins d'attention cette fois-ci. Mais leur leader est passé complètement au travers, ce qui est une rareté. Évidemment, cette contre-performance a de grandes conséquences sur la suite du Tour, dont le suspense pour la victoire finale était déjà placé sous assistance respiratoire, et le nouveau Maillot Jaune a débranché la machine mercredi pour tuer (presque) tout espoir.
Parce que l'écart est déjà grand au bout de cinq jours de course (1'13'' au général entre les deux), mais surtout qu'on ne voit aucune raison qu'il ne continue pas à gonfler, que ce soit dans les étapes de puncheurs, jeudi et vendredi si Pogacar y est poussé par les circonstances, en moyenne montagne lundi dans le Massif central et en haute altitude dans les Pyrénées et ailleurs.
Pogacar semble au-dessus dans tous les domaines
On pensait que l'exercice solitaire était un terrain sur lequel Vingegaard (28 ans) pouvait un peu rivaliser, même si son adversaire l'y a plus souvent battu que l'inverse, mais on s'est bien gourés. Il faut croire qu'il n'y a plus un domaine où le leader des frelons peut encore jouer avec un Pogacar (26 ans) à son meilleur, une nouvelle donne entrevue l'été dernier et qui n'a fait que s'accentuer au fil du temps. Le Critérium du Dauphiné l'avait un peu préparé à ce choc, mais c'est une réalité qui ne doit pas être évidente à digérer pour le double vainqueur du Tour de France. On ne doute pas qu'il vendra chèrement sa peau en montagne, mais le reste de sa course sera également une épreuve mentale redoutable, où il ne faudra pas fissurer face à la supériorité de son bourreau.
Vingegaard demeure un méchant coureur, mais le duel n'existe plus et cela fait bientôt deux ans. À l'ombre du maillot arc-en-ciel, lui et les autres vont bien sûr poursuivre le combat, et Evenepoel n'a pas manqué la journée la plus importante de sa Grande Boucle. Le Belge de 25 ans était débarrassé de la menace de Filippo Ganna depuis l'abandon de l'Italien lors de la 1re étape, et en dehors d'Edoardo Affini (3e) et d'un exceptionnel Bruno Armirail (4e), maillot bleu-blanc-rouge sur le dos, il a surtout eu à repousser les assauts des coureurs du général.
Vauquelin troisième du chrono parmi les coureurs du général
Le champion du monde du chrono n'a pas tremblé, avec sa position aérodynamique parfaite, sa danse sublime. C'est à peine s'il relevait de temps à autre le nez de ses avant-bras pour jeter un regard à la route, moins souvent qu'un crawler sort la tête de l'eau pour reprendre sa respiration. Evenepoel avait en tête de réaliser une opération double et de revêtir le maillot jaune, mais il était impossible de reprendre près d'une minute, pas à ce Pogacar-là en tout cas, et ce n'est pas mercredi mais samedi, dans la bordure vers Lille, que ce rêve s'est évaporé. Il remonte tout de même à la 2e place du général, à 42 secondes de la tête, mais c'est un mirage créé par son résultat dans le chrono, qui ne va pas dissiper par magie ses limites en haute montagne ni l'impression des premiers jours, où il a été plusieurs fois à la limite.
C'est un peu la même situation pour Kévin Vauquelin, 5e mercredi - au passage, avec Armirail, deux Français à ce niveau dans un chrono du Tour, c'est aussi inhabituel que réjouissant. Le Normand réalise un début de Tour très solide, seulement battu mercredi, parmi les coureurs intéressés par le général, par Evenepoel et Pogacar, il répond présent tous les jours, mais quelque part, il confirme dans le plus grand théâtre ce qu'on savait déjà, qu'il est un excellent puncheur et rouleur. Troisième au général ce jeudi matin, les questions sur sa capacité à tenir trois semaines et à voltiger en haute montagne demeurent entières. Mais ce sera pour plus tard. Pour l'heure, il découvre la chaleur du Tour à la maison. L'étape du jour, très vallonnée, avec 3 500 m de dénivelé positif, sur ses terres, est une magnifique occasion d'y regoûter.
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