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«Il est temps de faire du vieillissement une politique stratégique»

«Il est temps de faire du vieillissement une politique stratégique»

Le Figaro12 hours ago
FIGAROVOX/TRIBUNE - La députée (non inscrite) de Vendée Véronique Besse invite à reconsidérer notre approche du vieillissement de la société, et propose une série de solutions concrètes en ce sens. Elle plaide notamment pour flécher la formation professionnelle vers les métiers du bien vieillir.
Véronique Besse est députée NI de la Vendée, présidente du groupe d'étude «longévité et adaptation de la société au vieillissement».
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Ils sont plus de 20 millions, discrets, trop souvent oubliés. Pourtant, ils ont bâti notre pays, transmis nos valeurs, relevé les défis d'après-guerre, créé nos entreprises, fait tourner nos hôpitaux ou enseigné dans nos écoles. Ce sont nos aînés. Mais dans le budget 2026 que prépare le gouvernement, ils n'existent presque pas ou alors pour être pointés du doigt comme une charge.
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Je le dis avec gravité : le vieillissement n'est pas une charge comptable, c'est un défi civilisationnel. Il ne s'agit pas d'un problème à corriger en bas de tableau Excel, mais d'un basculement silencieux qui interroge le sens même de nos politiques publiques. Dans une France où un tiers de la population aura plus de 60 ans d'ici 2030, continuer à penser nos villes, nos institutions et nos priorités comme si cette mutation n'existait pas est une faute politique et morale. Je ne viens pas ici pour polémiquer. Mais ce que j'attends, comme députée et présidente du groupe d'étude «longévité et adaptation de la société au vieillissement» à l'Assemblée nationale, c'est que le prochain projet de loi de finances ne reconduise pas l'aveuglement budgétaire des années passées. Il est temps de cesser de considérer les politiques du grand âge comme une ligne de dépenses sociales qu'on repousse indéfiniment. Il faut au contraire en faire un levier d'action, de cohésion et de croissance. Je suis convaincue que l'on peut faire mieux sans dépenser davantage. Mieux, parce que plus intelligent. Plus humain. Plus enraciné dans nos territoires. Voici quatre propositions concrètes, réalistes, transpartisanes, prêtes à être intégrées au débat budgétaire.
D'abord, créer un statut de réserviste civique senior pour remettre nos anciens au cœur de la cité. Pourquoi faut-il attendre une catastrophe pour faire appel à nos retraités ? Ils sont là, prêts à servir, disponibles, compétents. Je propose que nous reconnaissions officiellement leur engagement potentiel en créant un statut de «réserviste civique senior». Ce n'est pas un gadget. C'est un levier de mobilisation nationale. Dans les écoles, les mairies, les hôpitaux, ces retraités pourraient transmettre, accompagner, soutenir. Sans rémunération, mais avec une reconnaissance publique, une carte, une formation, un réseau. Le Canada le fait déjà. Pourquoi pas nous ? Nous avons su activer la réserve militaire, sanitaire, étudiante. Il est temps d'activer la réserve citoyenne du bon sens.
Cette cause nous dépasse. Elle engage notre responsabilité morale collective concernant l'identité, la famille, nos territoires ou la transmission
Deuxièmement, flécher la formation professionnelle vers les métiers du bien vieillir : ce serait un pari gagnant. Il y a aujourd'hui des millions de personnes âgées qui manquent d'accompagnement, et des milliers de jeunes qui cherchent un métier utile. Entre les deux, un vide. C'est ce vide que je propose de combler en réorientant une part des crédits du CPF et de France Travail vers les métiers de la longévité : aide à domicile, soins de proximité, habitat adapté, ergothérapie, innovation senior. Ce n'est pas une dépense nouvelle, il s'agit d'une réallocation stratégique de fonds déjà mobilisés. Le Danemark l'a fait. Et cela fonctionne. En France, cela créerait des emplois non délocalisables, dans nos communes, au service d'un tissu social qui s'effiloche.
Ensuite, imposer une clause vieillissement dans tous les projets publics, pour anticiper plutôt que réparer. Un gymnase sans bancs, une gare sans ascenseur ou un square sans ombre : combien de projets publics sont – encore - pensés pour les jeunes urbains pressés, sans se demander si une personne âgée pourra s'y rendre, s'y asseoir, s'y repérer ? Je propose une mesure simple : imposer une clause vieillissement dans tous les projets publics. Cela signifie : évaluer l'impact sur les personnes âgées dès la conception, pas à la fin du chantier. C'est du bon sens. C'est moins cher que de réaménager après coup. C'est plus respectueux aussi. Car une société qui oublie ses aînés dans ses plans d'urbanisme est une société qui oublie d'où elle vient.
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Enfin, créer un adjoint au vieillissement dans chaque commune volontaire pour agir localement, efficacement. La réponse au vieillissement ne viendra pas uniquement de Paris. Elle viendra de Saint-Flour, de Valenciennes, de Quimperlé, des Herbiers. Je propose que chaque commune puisse nommer un «adjoint au vieillissement», élu référent chargé de penser la ville avec et pour les seniors. Ce n'est pas une nouvelle strate. C'est une boussole locale. Le Royaume-Uni l'a fait avec ses Older People Champions. Pourquoi pas nous ? Avec un kit fourni par l'État, un réseau d'élus engagés et un relais vers les caisses de retraite et ARS, ce serait un levier territorial puissant pour l'adaptation démographique.
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Je m'adresse ici à tous les élus, de droite, du centre, de gauche. Cette cause nous dépasse. Elle engage notre responsabilité morale collective concernant l'identité, la famille, nos territoires ou la transmission. Nous avons su faire de la sécurité une priorité. De l'écologie, une urgence. Il est temps de faire du vieillissement une politique stratégique. Pas par pitié ni par condescendance. Mais par cohérence, par anticipation et pour que notre société mette au cœur de son projet de vie la vulnérabilité. Le budget 2026 peut être, doit être, le début d'un basculement historique.
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Mort d'Olivier Marleix : piste du suicide privilégiée, aucun écrit retrouvé… Ce que l'on sait du décès du député
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Le Parisien

timean hour ago

  • Le Parisien

Mort d'Olivier Marleix : piste du suicide privilégiée, aucun écrit retrouvé… Ce que l'on sait du décès du député

La découverte de son corps, ce lundi après-midi, a laissé la classe politique française sous le choc . Un hommage sera rendu ce mardi après-midi à Olivier Marleix, député d'Eure-et-Loir, figure des Républicains (LR), qui semble s'être donné la mort à son domicile où, selon les premiers éléments de l'enquête, il n'aurait laissé aucun écrit. Une enquête a été ouverte afin de déterminer ce qui l'a conduit à passer à l'acte. Né en 1971, Olivier Marleix était le fils d'Alain Marleix, secrétaire d'État sous Nicolas Sarkozy et ancien député du Cantal. Sa première élection survient en 2008. Il devient successivement maire d'Anet, la commune où se trouve son domicile, et vice-président du conseil général d'Eure-et-Loir. Symbole du gaullisme, spécialiste des questions industrielles et d'énergie, il rejoint les rangs de l'Assemblée nationale en 2012 en tant que député de la 2e circonscription d'Eure-et-Loir. Olivier Marleix porte alors les couleurs de l'UMP, l'ancien nom de LR. Au fur et à mesure des années, celui qui a également occupé le rôle de conseiller à l'Élysée du temps de Nicolas Sarkozy, gravit les échelons au sein de sa famille politique. Au point d'occuper le siège de président du groupe LR dans l'Hémicycle, entre 2022 et 2024. Le souverainiste, pourfendeur du macronisme, a un temps hésité à briguer la présidence du parti, avant d'appuyer la candidature de Bruno Retailleau , l'actuel ministre de l'Intérieur. Il était surtout proche de Michel Barnier, éphémère Premier ministre avant l'arrivée de François Bayrou à Matignon. Selon nos informations, Olivier Marleix travaillait à la rédaction déjà très avancée d'un ouvrage à paraître cet automne, au mois de novembre, chez Robert-Laffont. Le titre provisoire du livre, « Dissolution française », devait raconter son expérience d'homme politique et revenir sur les soubresauts récents de l'actualité. Il avait envoyé, il y a peu, une deuxième version corrigée à son éditeur. Les gendarmes se sont rendus au domicile d'Olivier Marleix peu avant 15 heures, ce lundi. Ils avaient été prévenus par l'assistante parlementaire du député ainsi que par la maire d'Anet, « toutes les deux inquiètes de l'absence de ce dernier à des rendez-vous prévus le matin en Eure-et-Loir et de son absence ensuite à l'Assemblée nationale », relate le procureur de la République de Chartres, Frédéric Chevallier, dans un communiqué. « Olivier Marleix ne s'est pas présenté à la permanence de la mairie d'Anet. Je l'ai appelé plusieurs fois, mais je pensais qu'il faisait autre chose ou qu'il avait oublié. Et en début d'après-midi, il ne s'est pas présenté à l'Assemblée nationale », confirme la maire d'Anet, Aliette Le Bihan, auprès de L'Écho Républicain . C'est donc chez lui que les gendarmes ont découvert le corps du député, « inanimé, pendu par une corde attachée à une poutre, dans une chambre à l'étage », a précisé Frédéric Chevallier, qui s'est rendu sur les lieux. Une enquête en recherches des causes de la mort a été immédiatement ouverte par ce dernier, ce qui est généralement la norme en cas de découverte d'un corps. « Au terme de ces premières investigations et constatations médico-légales, il peut être exclu l'intervention d'un tiers dans la survenance de la mort du député, la piste du suicide étant par conséquent privilégiée », écrit encore Frédéric Chevallier par voie de communiqué. Une autopsie doit être pratiquée mercredi matin afin de le confirmer. Depuis la découverte du corps, les enquêteurs cherchent à déterminer ce qui a pu pousser le parlementaire à, vraisemblablement, mettre fin à ses jours. Dans ce cadre, des perquisitions au domicile de l'élu, et dans son véhicule, ont été menées. Un téléphone et des ordinateurs ont été saisis par les enquêteurs « afin de pouvoir retracer les dernières conversations ou échanges » de l'ex-maire d'Anet et « de comprendre le ou les motifs de ce passage à l'acte dramatique », relève le parquet. Aucun écrit « pouvant intéresser l'enquête » n'a été retrouvé, précise en outre le procureur de la République. « Samedi 5 juillet, il était dans comme d'habitude tel que je le connaissais, sans problème », raconte encore Aliette Le Bihan, qui lui avait succédé à la mairie d'Anet. Et dimanche, il publiait encore, photos à l'appui, des photos d'événements dans sa circonscription.

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En préparation pour la suite de la Ligue des nations (16-20 juillet), l'équipe de France de volley, championne olympique, a ressorti les costumes de la cérémonie d'ouverture des Jeux pour un crochet par l'Elysée. Ils ont été décorés et félicités par Emmanuel Macron, onze mois après leur médaille d'or à Paris. « Quand le président aura terminé son discours, je vais vous inviter à me suivre en file indienne ». Si le chemin des podiums internationaux n'a plus de secret pour les Bleus du volley, le podium de l'Elysée valait bien un briefing des responsables du protocole lundi. Près d'un an après avoir cassé les compteurs de décibels dans l'Arena Paris Sud en finale olympique (3-0 contre la Pologne), l'équipe dirigée par Andrea Giani a quitté Tours et son stage de préparation pour une fin d'après-midi sous les dorures du palais présidentiel. Earvin Ngapeth et ses onze coéquipiers - Quentin Jouffroy, en rééducation à Capbreton (genou), était absent - étaient attendus par Emmanuel Macron, décorations en main, pour saluer leur deuxième titre olympique consécutif. Une session de rattrapage puisqu'ils étaient tous retenus par leurs clubs - sauf Trévor Clévenot - lors de la parade olympique et paralympique le 14 septembre dernier. Pour le dress code, pas besoin de retourner son dressing : le costume bleu roi de la cérémonie d'ouverture sur la Seine attendait son heure. « Ça fait du bien de le mettre sans être mouillé », glissait le réceptionneur-attaquant Yacine Louati en souvenir des trombes d'eau reçues lors du défilé en bateau-mouche amélioré. « C'est la première fois que je le remets, complète le central Barthélémy Chinenyeze. Quand on s'est préparés, on s'est dit que ça rappelait la cérémonie d'ouverture, qu'on repartait tous ensemble comme on était partis en mission à Paris. » Des mots pour chaque champion olympique Souvent potaches, les champions olympiques sont restés sages à l'Elysée. « C'est trop sérieux, tout est carré, il y a les familles, les dirigeants », confiait Chinenyeze. Assis au premier rang devant l'estrade, les douze volleyeurs ont été salués par le président dans un discours d'une vingtaine de minutes avec un préambule sur leur « génération soudée » qui a « crevé le plafond du volley français en mettant fin à 67 ans sans trophée majeur (avec l'Euro et la Ligue des nations 2015). Une incroyable séquence de victoires qui a culminé à Paris 2024. » Après la causerie collective, Emmanuel Macron est entré dans le détail avec des mots pour chaque médaillé d'or. Le pointu et benjamin Théo Faure, « la force tranquille », pour commencer. Puis le réceptionneur-attaquant star Earvin Ngapeth, « enfant terrible mais terriblement doué ». Un hommage ensuite au passeur Antoine Brizard et sa « technique signature : votre 'quéquette' (balle première main) qui a foudroyé les Russes (à 13-12 dans le tie-break en finale olympique 2021). » Dans le lot, quelques références à l'humour potache dans le vestiaire des Bleus. Au sujet du libéro Jenia Grebennikov ? « Avec vos origines kazakhes, on vous surnomme donc... l'Ouzbek. » Une bulle d'air avant la suite de la préparation Dernier récipiendaire des mots présidentiels, le 13e homme à Paris, Timothée Carle : « joker, mais bien plus que ça ». Privé de médaille puisqu'il n'était pas entré en jeu de la compétition, le réceptionneur-attaquant n'a pas reçu de décoration, tout comme Clévenot, déjà décoré le 14 septembre dernier lors de la parade. Faure (absent en 2021) et Ngapeth (*) ont été faits chevaliers de la Légion d'honneur. Le reste de l'escouade, déjà décoré du même titre après Tokyo, a reçu les insignes d'officier de l'Ordre national du mérite. « J'ai été quatre fois au palais du président italien, après mes trois titres mondiaux et une médaille olympique. C'est spécial d'être dans la même situation dans un autre pays », observait en arrière-plan Andrea Giani. Magnanime, le sélectionneur a prévu une reprise en douceur mardi matin avec une séance de musculation. « Ça nous a fait une belle coupure de quitter le stage, de venir ici se rappeler les moments extraordinaires qu'on a vécus », approuve Louati. Avec la fin de la Ligue des nations (16-20 juillet à Gdansk puis Final 8 du 30 juillet au 3 août en Chine) et le Mondial (12-28 septembre) à l'horizon, les costumes vont vite retrouver leurs cintres. « Est-ce que je vais le remettre pour des soirées ? Je trouve que ça lui enlèverait de la valeur, se marre Chinenyeze. Peut-être qu'un jour, si je suis invité quelque part... genre la Maison-Blanche. » Pas prévu au programme, à moins peut-être de signer un fabuleux triplé olympique à Los Angeles en 2028.

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