Martin Couvra, le meilleur golfeur français actuel, paré pour son premier Grand Chelem
Tout va si vite dans la vie de Martin Couvra qu'essayer de brosser le personnage en suivant ce rythme échevelé relève de la gageure. Alors mieux vaut commencer par la fin, c'est-à-dire par ce jeudi matin. À 10 h 03, heure française, le rookie du DP World Tour plantera son tee sur le parcours du British Open, au Royal Portrush (Irlande du Nord), pour la première fois en Grand Chelem. Et sûrement pas la dernière.
Certains s'inquiéteront sûrement de la loupe médiatique braquée sur ce gamin de 22 ans qu'il faudrait laisser grandir à l'ombre des projecteurs. Mais les faits sont là : le Varois, 6e de la Race to Dubaï, est le meilleur golfeur français actuel. Depuis sa 7e place à Leopard Creek en Afrique du Sud, dès l'ouverture de sa première saison pleine sur le circuit européen, il cumule les top 10 (7 en 17 tournois), a soulevé son premier trophée en mai, succédant au palmarès du Turkish Open à l'icône Victor Dubuisson (2013 et 2015), et rayonne dans un clan tricolore assoupi par l'absence de résultat du trio Pavon-Perez-Rozner sur le PGA Tour que la pépite aux boucles d'or devrait rejoindre dès l'an prochain s'il maintient le cap.
Avec ses allures de Petit Prince aux yeux remplis d'étoiles, Couvra s'immerge avec l'aisance d'un Nord-irlandais sous la drache dans le grand monde qu'il admirait à la télé il n'y a pas si longtemps encore. Mardi, en reco avec Julien Guerrier, Antoine Rozner et Romain Langasque, 34 ans de moyenne d'âge, on l'a vu tripoter la balle autour des greens en addict du petit jeu et de défis improbables, comme cette tentative de putt à 100 m du green, sur le fairway en descente du 17, ou se mettre à l'adresse sur un départ sans ôter le capuchon de son driver. « Martin va jouer 27 trous ! Il est comme un ouf... », chambre Langasque au moment de décider si la séance collective se prolonge sur la totalité du parcours.
« Il est sur un parcours comme dans la vie, souriant, enthousiaste, passionné de golf »
Mathieu Santerre, son coach
Une averse sifflera la fin de cette récrée studieuse, mais le cadet de la bande poursuivra l'effort au practice, sous une pluie fine et sans se départir de son humeur solaire. « C'est sa signature, ce qui le distingue des autres, pointe son coach Mathieu Santerre. En fait, il est sur un parcours comme dans la vie, souriant, enthousiaste, passionné de golf. Là, il vit son rêve, parmi tous les meilleurs joueurs de la planète mais il arrive à bien faire la part des choses, à s'émerveiller tout en faisant le job, en étant intense sur chaque coup. »
La semaine dernière, au Scottish Open, celui qui talonnait encore Rory McIlroy et Tyrrell Hatton à la Race to Dubaï a été projeté dans un draw cinq étoiles, s'élançant jeudi et vendredi aux côtés de Collin Morikawa (6e mondial) et de Ludvig Äberg (9e). Ce n'est évidemment pas un hasard si la dernière merveille européenne apparaît en pleine lumière. « Il a certainement une belle carrière devant lui, juge le cyborg suédois. Pour qu'il continue à bien jouer, il faut qu'il reste ce gamin qui veut vraiment apprendre des autres et s'amuser sur un parcours, c'est très important. »
Pas de risque d'égarement si l'on en croit Tom Vaillant (23 ans), inséparable pote de chambrée depuis les premiers rassemblements de ligue dès l'âge de 10 ans et éternel rival sur Nintendo Switch à Mario Kart ou NBA 2K lors de « méchantes soirées » en tournoi. « Ce que je trouve exemplaire chez lui, c'est sa joie de vivre communicative au quotidien, souligne le Cannois qui l'a devancé d'un an sur le Tour. On a tous la banane quand on est avec lui. Bien au-delà de tout ce qu'il peut faire dans le jeu de golf, il a une énergie folle, il veut faire comme tous ceux qu'il a vus à la télé depuis tout petit, ce qui l'aide à se dépasser, à s'entraîner très dur même après des mauvaises journées, à se dire sans cesse « je suis là où j'ai toujours voulu être, donc je profite à fond, j'y vais à fond. »
« Il a cette capacité à régler les problèmes rapidement. Son jeu est complet, sinon il ne serait pas là »
Olivier Elissondo, son caddie
D'où cette précocité inédite dans le golf tricolore mais qui ne surprend personne de son entourage. « Martin apprend très, très vite donc je ne suis pas étonné, assure Olivier Elissondo, vingt années de circuit au compteur, qui le caddeye depuis sa dernière saison en amateur en 2023. À la base, c'est un fougueux, un jeune impatient qui tend à le devenir de moins en moins. Sa personnalité, il l'embarque sur le parcours. C'est pour ça que je l'appelle Bouddha car il a un peu plus de sagesse maintenant. Avec l'expérience, il sait quand il peut attaquer, quand il faut lever le pied ou faire le dos rond. Il a cette capacité à régler les problèmes rapidement. Son jeu est complet, sinon il ne serait pas là. Quand je dis ça, il ne faut pas croire que tout est acquis. Mais il n'y a pas de secteur faible. »
On objectera que son gabarit de coureur cycliste (1,77 m pour 68 kg) le dessert encore pour répondre aux exigences du golf moderne. L'intéressé préfère se donner du temps pour acquérir cinq à six kilos de masse musculaire et gagner de la vitesse de swing, sous la houlette de David Baudrier, ancien combattant de MMA reconverti dans la préparation physique de nombreux golfeurs.
Un lien indéfectible avec Romain Langasque
Dans le staff étoffé de Couvra, mis en place depuis cinq ans avec l'aide de la Fédération, Makis Chamalidis gère la partie mentale. « C'est un joueur qui transmet de la fraîcheur, résume le psychologue de performance. Il a une identité forte parce qu'en dehors de son look, c'est un golfeur qui s'engage dans tous ses coups. Mais qui sait aussi bien ''mal jouer'' comme on dit dans notre jargon. Quand ça ne vient pas, retour aux fondamentaux. Faire les choses simples, accepter que ça ne vienne pas, et hop, c'est reparti. Et puis Martin, c'est quelqu'un qui s'intéresse à la vie, aux autres, qui ne fait pas que consommer ou prendre. Il sait s'investir dans une relation. »
Celle qui l'unit à Langasque est forte, malgré leurs huit ans d'écart. Sous la houlette de Santerre, entraîneur fédéral 2.0 à la pointe de la technologie, qu'ils partagent depuis deux ans, les Azuréens ont noué une fraternité indéfectible. « Entre être très bon et réussir ce qu'il a fait cette année, il y a une différence, juge l'aîné (30 ans). Être aussi fort sous pression, c'est impressionnant. Mais c'est surtout un super gamin de base dont la plus grande qualité est d'être à l'écoute et de s'inspirer des meilleurs. » En Écosse, Couvra a bombardé de questions ses partenaires de jeu, après s'être payé le luxe d'une partie amicale avec Justin Thomas contacté via Instagram. Histoire d'apprendre encore et toujours plus vite. Et de laisser toute forme de complexe au club-house avant son premier tee-shot en Majeur.
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