
Menace de droits de douane, fillette abandonnée et Régis Labeaume égratigne la CAQ
Menace de droits de douane, fillette abandonnée et Régis Labeaume égratigne la CAQ
La journée passe vite. Voici les trois nouvelles qui ont marqué l'actualité jusqu'ici.
La Presse
Droits de douane : Mark Carney convoquera son Cabinet mardi
Le premier ministre Mark Carney a annoncé vendredi qu'il convoquera son Cabinet mardi prochain face à la nouvelle menace de droits de douane de Donald Trump. Le président américain a menacé d'imposer une surtaxe de 35 % sur les produits canadiens à compter du 1er août.
PHOTO BLAIR GABLE, REUTERS
Le premier ministre canadien Mark Carney
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Fillette de LaSalle : la mère restera détenue pendant le processus judiciaire
La mère accusée d'avoir abandonné sa fille de trois ans en juin était dans un état mental « éminemment perturbé » après son arrestation. Elle restera détenue jusqu'à la fin de son procès et devra se soumettre à une évaluation psychiatrique, a tranché un juge vendredi.
PHOTO DENIS GERMAIN, LA PRESSE
Le dossier est en cour au palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield.
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La Presse
3 hours ago
- La Presse
L3Harris s'active pour avoir sa plaque tournante à Mirabel
Acheter ou pas des F-35 ? Pendant que le gouvernement Carney tergiverse, L3Harris s'active dans les coulisses afin de mettre en place le financement pour transformer son site de Mirabel en centre nord-américain d'entretien pour cet avion de combat, ce qui lui permettrait d'être un incontournable pour l'armée américaine. Sans ce projet, la province ne récolterait que des miettes sur les milliards promis en retombées économiques grâce au renouvellement de la flotte de l'Aviation royale canadienne (ARC). Autant à Québec qu'à Ottawa, des représentants de L3Harris ainsi que ses lobbyistes ont multiplié les rencontres à ce sujet avec des ministres, députés, sénateurs et hauts fonctionnaires, au cours des dernières semaines, a pu constater La Presse en consultant les rapports d'activités de lobbyisme. « Le projet est très intéressant pour l'économie du Québec, affirme le cabinet de la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Christine Fréchette. La ministre a rencontré l'entreprise et d'autres rencontres sont prévues. » Cet entretien a eu lieu au Salon du Bourget, grand-messe de l'industrie aéronautique, qui s'est déroulé à Paris le mois dernier. Les ambitions de L3Harris cadrent dans les projets que le gouvernement Legault souhaite financer dans le créneau de la défense – où d'importants investissements fédéraux sont attendus. Le géant de la défense a confirmé que ce dossier fait partie de ses priorités, sans toutefois le commenter publiquement. Selon nos informations, ce dernier s'affaire actuellement à peaufiner l'évaluation de l'investissement nécessaire pour mettre ses installations québécoises à niveau. Bien enraciné Dans les Basses-Laurentides, les activités de L3Harris sont diversifiées. Sa liste de clients est longue : elle assure l'entretien des F-18 de l'Australie, de l'Espagne, de la Finlande et des États-Unis, en plus d'effectuer de la maintenance sur d'autres types d'appareils, comme des hélicoptères. C'est aussi l'entreprise qui doit être responsable de la maintenance des F-35 construits par Lockheed Martin qui doivent être livrés au Canada. Voici où le dossier se complique. L3Harris est actuellement responsable de l'entretien des vieux CF-18 de l'ARC jusqu'à la fin de leur vie utile, prévue en 2032. Ces avions de combat commenceront progressivement à se retrouver au rancart, ce qui pourrait engendrer une baisse de volume de travail à Mirabel. PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE Le site de L3Harris à Mirabel effectue déjà la maintenance des vieux CF-18 de l'Aviation royale canadienne. Le projet de plaque tournante nord-américaine permettrait à L3Harris d'effectuer l'entretien lourd (démontage partiel de l'appareil, réparation, ingénierie et soutien en service) des avions de combat canadiens lorsque le temps sera venu, mais aussi d'ouvrir ses portes au marché américain. « Si on ne parvient pas à combler le vide entre les deux contrats [les CF-18 et le F-35], notre industrie pourrait voir disparaître de nombreux emplois dans l'entretien et la réparation et la révision d'aéronefs militaires », souligne l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA), qui représente quelque 630 syndiqués de L3Harris, dans un document de travail que La Presse a pu consulter. Dans ce dossier, autant l'AIMTA que l'entreprise souhaitent que les hangars québécois de L3Harris puissent servir d'atelier pour les F-35 américains. Ottawa et Washington devront s'entendre sur la question. Point d'interrogation Mais avant d'en arriver là, le gouvernement Carney devra décider s'il remplacera ou non les F-35. En raison de la guerre commerciale de l'administration Trump, le ministère de la Défense nationale réévalue le contrat d'achat initial de 88 appareils signé en 2022 – une facture qui est passée de 19 à 27,7 milliards uniquement pour le coût d'acquisition des avions. Le résultat du travail d'analyse est attendu dans le courant de l'été. Néanmoins, l'ARC est assurée de recevoir les 16 premiers appareils F-35 du contrat. La cheffe d'état-major de la Défense du Canada, la générale Jennie Carignan, a déjà indiqué à La Presse que de remplacer les F-35 était une idée discutable. Bombardier, qui brasse des affaires avec la défense américaine, a aussi prévenu que de renoncer à acheter ces avions de chasse pour répliquer à la Maison-Blanche pourrait être un jeu dangereux et mettre la table à d'autres représailles. Une plaque tournante nord-américaine de maintenance pour les F-35 à Mirabel permettrait au Québec d'obtenir sa part du gâteau des retombées économiques promises par Lockheed Martin. Autrement, la province risque de se retrouver en queue de peloton, d'après une étude publiée en 2020 par OMX Data Analytics. La firme calcule que d'ici 2058, la province ne récoltera que 346 millions US en retombées, loin de l'Ontario (7,4 milliards US) et des provinces de l'Ouest (3,2 milliards US). Ces calculs ne tiennent toutefois pas compte du projet envisagé par L3Harris à Mirabel. L3Harris en bref : Créneaux : avionique commerciale et militaire, sécurité, technologies Siège social : Floride Revenus annuels : 21 milliards US (2024) Présence géographique : plus de 100 pays Au Canada : plus de 3000 employés, dont 650 à Mirabel


La Presse
3 hours ago
- La Presse
Des options de répit « rares » et « inadéquates »
Diane Gendron veille sur son mari atteint de la maladie de Parkinson depuis 2015. Exténuée, l'aidante naturelle souhaite pouvoir prendre une ou deux semaines de vacances par année. Pour refaire le plein d'énergie. « Mais les options de répit décentes sont quasi inexistantes », déplore-t-elle. Mme Gendron est aidante naturelle à temps plein. Un rapport du CLSC visant à évaluer les besoins de son mari mentionne que ce dernier est « autonome grâce à la présence constante de sa conjointe ». Tout cela a un prix : « je suis extrêmement fatiguée », souffle Mme Gendron, qui ne peut retenir ses larmes. En ce lundi matin où elle reçoit La Presse dans sa maison de Rosemont, les pluies diluviennes de la veille ont inondé son sous-sol. Une autre tuile sur la tête de la Montréalaise, qui se dit « au bout du rouleau ». L'état de son mari Mohamed*, avec qui elle est mariée depuis 33 ans, se dégrade tranquillement. Son corps est de plus en plus rigide. Ses tremblements, de plus en plus prononcés. Les pertes cognitives s'accentuent. Mme Gendron peut parfois s'absenter de la maison, mais jamais plus d'une heure. Et pas tout le temps. « La maladie est fluctuante. Ça dépend des jours », précise-t-elle. Une fois par semaine, Mohamed, ingénieur de formation, se rend dans un centre de jour pour faire des activités pendant quelques heures. Et une intervenante du CLSC vient les mercredis après-midi pour s'occuper de lui. Mme Gendron en profite pour faire des courses ou aller à ses rendez-vous médicaux. Mais la charge reste immense. En mai dernier, complètement au bout de ses forces, Mme Gendron s'est tournée vers le CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal pour tenter d'obtenir un répit d'une semaine. Elle voulait prendre des vacances avec ses filles de 18 et 22 ans. On a offert à Mohamed une place au CHSLD Champlain–Marie-Victorin, un établissement de près de 270 lits dans l'est de la métropole. Mais une visite des lieux l'a refroidie. Mme Gendron décrit des chambres minuscules et sans toilette, des unités sales et vétustes. Elle ne peut se résigner à y envoyer son mari. Elle craint qu'il n'y perde tous ses acquis. Choquée, Mme Gendron a écrit une lettre ouverte en mai pour réclamer plus de lieux de répit au Québec1. Plusieurs lacunes Le plus récent rapport de visite du ministère de la Santé au CHSLD Champlain–Marie-Victorin, daté de mai 2024, a relevé plusieurs lacunes dans cet établissement. On peut y lire que « certains membres du personnel ne présentent pas une approche chaleureuse », que les lieux « ne sont pas propres » et « ne sont pas bien entretenus » et que « les activités individuelles et de groupe ne sont pas offertes sur une base quotidienne ». « Je n'y confierais même pas mon chien », lance Mme Gendron. Le porte-parole du CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal, Luc Fortin, assure « que les soins et services offerts dans cet établissement sont sécuritaires, adéquats et bien adaptés aux besoins des usagers hébergés ». Un « plan d'amélioration » du Ministère montre que des travaux d'entretien ont été réalisés dans les derniers mois et que d'autres démarches sont en cours. PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE Diane Gendron s'occupe de son mari à temps plein et dénonce le manque d'options de répit décentes. Le Groupe Champlain, qui exploite le CHSLD privé-conventionné Champlain–Marie-Victorin, reconnaît que l'établissement a besoin d'importantes rénovations. « La situation est connue du Ministère », indique la porte-parole, Annie Gauthier, qui assure que le manque de chaleur de certains employés, relevé dans le rapport de visite ministériel, est un évènement isolé. Le CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal, qui s'occupe du dossier de Mohamed, ajoute que les 14 lits de répit offerts sur son territoire « permettent de répondre pleinement à la demande ». « Aucune demande de répit provenant d'usagers admissibles n'a été refusée cette année », indique par courriel Luc Fortin. 1,5 million C'est le nombre d'aidants naturels et d'aidantes naturelles au Québec. SOURCE : Institut de la statistique du Québec Mme Gendron s'est fait offrir une autre option de répit pour son mari à Montréal, le 11 juillet, plus de huit semaines après sa première demande. Nathalie Déziel, directrice du Regroupement des aidantes et aidants naturels de Montréal, estime que les places de répit à long terme sont « rares » dans la métropole. Et que trop souvent, les lieux sont inadéquats. « Tu veux avoir la tête tranquille quand tu envoies un proche en répit. Mais les CHSLD de répit sont souvent malpropres, vétustes, il manque d'activités… Les gens refusent d'y envoyer leurs proches », dit-elle. D'aidée à aidante Mme Gendron a regardé d'autres options de répit pour son mari. Du côté du privé, les coûts sont prohibitifs. Il faut dire que les dernières années ont été très difficiles pour l'enseignante de philosophie au cégep : elle a dû mettre sa carrière sur pause, en 2014, quand on lui a dépisté un cancer du sein agressif avec métastases. Elle s'en est remise en déjouant tous les pronostics. Mais en 2015, c'était au tour de son mari d'avoir un diagnostic de parkinson. « Depuis le début de mon cancer, Mohamed était mon aidant naturel. Il était super bon. Mais petit à petit, les rôles se sont inversés », raconte-t-elle. Mme Gendron s'est aussi tournée vers les Maisons Gilles-Carle. Mais la seule maison de ce type à Montréal est actuellement fermée. L'option la plus proche est à… Cowansville. Sans répit adéquat, je vais devoir envisager de placer mon mari en CHSLD de façon permanente. Ça coûte 13 000 $ par mois à l'État. Il me semble que ce serait plus économique de m'offrir deux semaines de répit par année que de devoir veiller à temps plein sur mon mari. Diane Gendron, proche aidante Fondatrice des Maisons Gilles-Carle, Chloé Ste-Marie affirme qu'il est « totalement faux » de dire que le nombre de places de répit est suffisant au Québec. Mme Ste-Marie rappelle qu'en 2018, le gouvernement s'était engagé à ouvrir 20 Maisons Gilles-Carle au Québec. La province en a déjà compté 11. Mais quatre ont dû fermer leurs portes ces dernières années, faute de financement. En 2024-2025, de nouveaux fonds de 30 000 $ par lit ont été accordés aux Maisons Gilles-Carle, indique Santé Québec. Une maison de huit places doit aussi ouvrir prochainement à Montréal. Santé Québec mentionne que plusieurs autres investissements ont été faits ces dernières années pour améliorer le répit aux proches aidants, notamment dans les centres de jour et pour le service de répit à long terme Baluchon. Et d'autres sont à venir. Selon Mme Ste-Marie, le développement de maisons de répit doit s'accélérer dès maintenant. « Les aidantes n'en peuvent plus d'aider. Ça prend plus de maisons de répit. Et ce n'est pas juste de la quantité. Ça prend de la qualité aussi. Qui veut aller en répit en CHSLD ? », demande-t-elle. Mme Ste-Marie rappelle que beaucoup d'aidants naturels n'ont pas l'énergie ni le temps pour réclamer plus de places de répit. Un avis partagé par Diane Gendron « Les gens qui ont besoin de répit, mais qui sont moins à l'aise avec les dédales du réseau ou qui n'ont juste pas l'énergie pour contester, ils font quoi ? », s'interroge-t-elle. * Mohamed a préféré taire son nom de famille par crainte de représailles. 1. Lisez la lettre ouverte de Diane Gendron


La Presse
3 hours ago
- La Presse
La féministe, le journaliste et une amitié longue d'un quart de siècle
D'une certaine façon, Françoise David était l'un des personnages de l'univers de Pierre Foglia. Il se mesurait parfois à l'ancienne politicienne, se disant « pratiquement de gauche » comme elle, sauf qu'il n'était « pas un militant* ». Il l'a critiquée, il l'a taquinée, il l'a aussi encensée. Et au soir de sa vie, il a voulu qu'elle soit à ses côtés. Leur amitié est née à l'autre bout du monde, en 2000. Foglia avait suivi à Bagdad une délégation québécoise qui s'y rendait pour témoigner de l'effet des sanctions américaines en Irak. Françoise David était du voyage. Jusque-là, ils s'étaient parlé à quelques reprises, mais ne s'étaient jamais rencontrés. Les premières heures du voyage ont été plutôt tendues. « Pierre et les féministes… disons que ça n'a jamais été l'amour fou », raconte Françoise David, jointe mercredi dans le Kamouraska. « Alors, la première journée, il m'a testée, et je le savais. Il disait des niaiseries, il faisait le drôle, il ne l'était pas toujours, drôle… Clairement, il voulait voir si j'allais me fâcher. » Françoise David est restée imperturbable. « Et puis, tout d'un coup lors du souper, il me dit : 'Coudonc ! T'es féministe, mais t'es fine, toi !' Et ça a été le début de notre amitié. » PHOTO ARCHIVES LA PRESSE Pierre Foglia en reportage à Bagdad, en 2013, où il avait rencontré Françoise David 13 ans plus tôt Sur les bords du Tigre, bras dessus, bras dessous, les deux nouveaux amis ont fait connaissance. « On parlait de nos amours, de nos enfants, de nos vies. Du Vermont, qu'on adorait tous les deux. Du vélo. De politique. » De Louise à Québec solidaire C'est avec « l'histoire de Louise » que Françoise David et Foglia ont fait connaissance. L'histoire de Louise ? Une série de chroniques publiées en mars 1989 sur une femme accusée d'agression sexuelle sur sa fille, dont elle risquait de perdre la garde. Une affaire qui avait fait les manchettes à l'époque. Françoise David, à ce moment, était coordonnatrice du Regroupement des centres de femmes du Québec. « Pierre avait fait sa propre enquête, et il a écrit ces chroniques pour dire qu'à son avis, le père de l'enfant était en train d'utiliser quelque chose de profondément anodin pour arracher une enfant à sa mère », se souvient-elle. « Alors là, quand je lis ça, mon cœur ne fait qu'un tour. Je téléphone à Pierre Foglia et je lui demande si Louise accepterait de me rencontrer pour qu'on puisse mobiliser des femmes pour l'appuyer. Elle a accepté. » Louise sera finalement acquittée. Quelques années plus tard, Françoise David l'a croisée par hasard. « Elle avait un bon métier, sa fille grandissait bien. Et elle m'a dit qu'elle en devait toute une à Foglia. » Tant d'autres, dit Mme David, lui en doivent une. Comme ces immigrants menacés d'expulsion dont elle soumettait le cas à Foglia à l'époque où elle était à la tête de la Fédération des femmes du Québec. « À l'occasion, il acceptait d'en parler. Une fois, il a refusé parce qu'après avoir fait son enquête, il avait du mal à croire l'histoire de la personne. Ça montre à quel point il était perfectionniste. » En 2004, Françoise David a publié Bien commun recherché, un essai qui sera un prélude à la naissance d'Option citoyenne, puis de Québec solidaire. Dans La Presse du 19 juin, Foglia vante « la limpidité des arguments exposés » dans le livre de Mme David et lui rend hommage… à sa façon : « Soit dit en passant, Françoise David est une des rares personnes publiques qui peut dire les femmes et les hommes, citoyens, citoyennes, militants, militantes dans la même phrase, sans que l'envie me prenne de murmurer tout bas : va donc chier, Chose. Son féminin n'a pas qu'un sexe, il a le poids des inégalités. » À ce moment de notre conversation, Françoise David s'interrompt un moment. « Bon là, ça y est, c'est là que je me mets à pleurer… » Je ne m'attendais pas à cette chronique, je ne lui avais rien demandé. Et comme vous le savez, quand Pierre faisait des éloges sur un livre, mon Dieu… le livre se vendait ! Françoise David Mais il n'a pas toujours été tendre envers elle, rappelle-t-elle. Il a aussi écrit qu'elle « aurait de la misère à se faire élire » députée parce qu'elle n'était « pas aussi flamboyante qu'Amir Khadir », l'autre porte-parole de Québec solidaire… « Quand j'ai finalement été élue en 2012, je l'ai appelé. Pas assez flamboyante, hein ? Il était d'une franchise redoutable, c'était à prendre ou à laisser. Moi, j'ai décidé de prendre. » Deux amis loin des projecteurs Leur amitié ne fleurira véritablement que plus tard, quand l'un et l'autre auront quitté la vie publique. Elle s'étendra au conjoint de Mme David, ancien prof d'histoire dont le père était typographe. Le couple lui rendait visite chez lui, apportant des pâtisseries. « Sur une carte du Vermont, il nous avait tracé son trajet préféré. Je l'ai encore. » La maladie progressait, « mais son cerveau était intact, brillant, jusqu'à la fin. Mais physiquement, tout devenait plus difficile ». Françoise David est restée, jusqu'à la fin, dans le cercle restreint des personnes avec qui Foglia a gardé contact. « Je ne peux pas vous l'expliquer, je me demande encore pourquoi il a accepté qu'on vienne le visiter. » « Il m'avait prêté la collection complète des livres d'Annie Ernaux. Une autre féministe, c'est intéressant quand on y pense… » Elle partage sa passion pour l'écrivaine dont il a souvent vanté l'œuvre. « La dernière fois que je lui ai parlé longuement, c'était le printemps dernier », dit-elle. Il y a quelques semaines, elle a appris qu'il était hospitalisé. Samedi dernier, elle est allée le visiter. « On lui a apporté deux tiramisus. Il était content… Je savais, je sentais que c'était la dernière fois que je le voyais. » Il me faisait encore bénéficier de ses idées, de ses analyses. On ne se chicanait jamais. On pouvait avoir, parfois, des points de vue différents, mais il discutait avec une telle intelligence, c'était un bonheur d'avoir le privilège de parler avec quelqu'un comme lui. Françoise David Mardi soir, trop bouleversée à l'annonce de son décès, elle a préféré ne pas accorder d'entrevue. Le lendemain, elle nous a rappelé pour nous parler longuement de son ami – et ce sera la seule entrevue qu'elle accordera, a-t-elle précisé. Elle a tenu à saluer « le courage et la dignité » de son ami face à la maladie, et à offrir ses pensées à Manuel et Aube, ses enfants, ainsi qu'à Suzanne, sa « fiancée ». « Je veux rendre hommage à son amour, son courage, son soutien pour Pierre. Et puis, je devine le grand vide que ça laisse pour elle. » « Maintenant, je m'en vais faire du vélo », a-t-elle dit avant de raccrocher. « Une vingtaine de kilomètres en pensant à lui, en me disant qu'il aurait aimé ça. Peut-être qu'il ne voudrait pas qu'on ait de la peine trop longtemps… Mais là-dessus, il n'a pas de pouvoir. » * Lisez la chronique « Pro domo, pour ma maison »