logo
Un mois après la signature de la promesse de vente, son notaire découvre un détail qui va lui coûter très cher

Un mois après la signature de la promesse de vente, son notaire découvre un détail qui va lui coûter très cher

Le Figaroa day ago
Pensez à être le plus clair possible sur vos intentions avant de signer la promesse !
Condamné pour avoir pensé que c'était à son notaire de tout vérifier ! C'est la mésaventure inattendue qui est arrivée à l'acheteur d'une maison de 153 m² (habitables) à 300.000 euros. Tout a commencé le 23 août 2012 par une banale promesse de vente (synallagmatique c'est-à-dire qui engage le vendeur et l'acheteur, NDLR). Les deux parties signent le document notarié, sans se douter qu'un bras de fer de 13 ans va bientôt les opposer. Un mois plus tard, le notaire découvre un détail qui va coûter très cher à l'acheteur : le terrain se trouve en zone agricole. Dit autrement, il ne pourra pas agrandir sa maison, bâtie dans les années 70, ni construire d'autres bâtiments, comme il l'entend.
Pour l'acheteur, l'opération est moins intéressante. Mécontent, il ne se rend pas à la signature de l'acte de vente. Une absence qui lui coûte 30.000 euros, soit les 10% qu'un vendeur peut exiger à un acheteur qui se rétracte, dans le cadre d'un compromis. Par deux fois (en novembre 2014 et en mai 2017), l'acheteur a en effet été condamné par la justice à indemniser les vendeurs. Mais il n'en reste pas là et entame une seconde procédure judiciaire. L'acheteur estime que le fautif, ce n'est pas lui mais son notaire qui aurait dû, selon lui, l'informer en amont que le terrain était en zone agricole.
Une clause «classique» qui change tout
Le 5 mars 2020, le Tribunal judiciaire de Blois (41) donne raison à l'acheteur et condamne le notaire pour avoir «manqué à son devoir de conseil». Il aurait dû, selon lui, informer l'acheteur sur la classification du terrain en zone agricole, lors de la signature du compromis de vente. Le 17 mars 2023, soit trois ans plus tard, coup de théâtre en appel (voir la décision ci-dessous) : c'est, cette fois-ci, le notaire qui obtient gain de cause. Pour la raison inverse. «Aucune disposition légale n'impose au notaire de solliciter, avant la signature d'une promesse de vente, un certificat d'urbanisme», tranche la cour d'appel d'Orléans.
Pire : la cour reproche à l'acheteur de ne pas avoir mentionné, lors de la signature du compromis, qu'il envisageait un «projet de construction ou d'extension sur la parcelle litigieuse». Si tel était le cas, l'acheteur aurait dû insérer une condition suspensive - clause de constructibilité (réalisation de travaux et obtention d'une autorisation d'urbanisme) - l'autorisant à annuler la vente si le terrain n'était pas constructible. Ce qu'il n'a pas fait. «Cette clause est classique dans les promesses, on la voit presque toujours dans les compromis de vente, estime Me Stéphanie Dujardin, avocate en droit immobilier. Si l'acheteur ne précise pas ses intentions, il ne peut pas reprocher au notaire son défaut de conseil». Par ailleurs, le classement en zone agricole ne rend pas la maison «impropre à son usage d'habitation», a jugé la cour d'appel, contredisant l'acheteur qui s'est, malgré tout, pourvu en cassation. Pour le même résultat.
Le 9 juillet, la cour de cassation a confirmé le jugement précédent et retenu les mêmes conclusions : le notaire n'a pas fauté et l'acheteur n'a pas été assez clair. «Les gens croient que les notaires sont des conseillers juridiques dédiés à leur projet spécifique mais leur mission première est de garantir la légalité de l'acte. Le notaire assure la sécurité juridique en s'assurant que rien ne peut remettre en question le droit de propriété du vendeur et la consistance du bien, rappelle Me Stéphanie Dujardin. Le notaire n'a pas à deviner la stratégie immobilière de son client et à l'alerter sur la clause qui peut le sauver». Un avis partagé par un notaire icaunais qui pointe du doigt la responsabilité de l'avocat de l'acheteur. «Demander à son client ce qu'il veut faire, c'est la base. Pourquoi l'avocat ne s'est-il pas engagé sur cette voie plutôt que de rechercher d'abord la responsabilité du notaire ?»
Me Dujardin alerte les particuliers : «Une promesse de vente (ou un compromis) n'est pas une formalité mais un contrat qui engage, parfois lourdement. Faites-le relire avant, pas après ! J'ai réglé un nombre impressionnant de contentieux qui auraient pu être évités, si l'acquéreur avait été conseillé avant de signer». La morale de cette histoire : soyez plus clair dans vos intentions avant de signer un compromis ou optez plutôt pour une promesse. Car, contrairement au compromis, la promesse n'engage que le vendeur.
Orange background

Essayez nos fonctionnalités IA

Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :

Commentaires

Aucun commentaire pour le moment...

Articles connexes

« Pacte PMU 2030 » : la nouvelle mission d'Éric Woerth pour redresser le PMU et la filière hippique
« Pacte PMU 2030 » : la nouvelle mission d'Éric Woerth pour redresser le PMU et la filière hippique

Le Parisien

time3 hours ago

  • Le Parisien

« Pacte PMU 2030 » : la nouvelle mission d'Éric Woerth pour redresser le PMU et la filière hippique

Le PMU tousse et c'est toute une filière qui tombe malade. Alors que les chiffres de l'opérateur de paris sont inquiétants depuis le début de l'année, l'État avait assuré qu'il reprendrait les choses en main, pour éviter une poursuite durable du déclin des paris hippiques, en s'appuyant sur le rapport de l'Inspection Générale des Finances relatif à la gouvernance et au financement de la filière hippique, remis en juin 2025.

Faut-il craindre une hausse des usurpations de plaques d'immatriculation avec les péages en flux libre ?
Faut-il craindre une hausse des usurpations de plaques d'immatriculation avec les péages en flux libre ?

Le Figaro

time8 hours ago

  • Le Figaro

Faut-il craindre une hausse des usurpations de plaques d'immatriculation avec les péages en flux libre ?

À l'heure où l'usurpation de plaque est en augmentation, les autoroutes en flux libre créent de nouvelles vulnérabilités. Mais les concessionnaires autoroutiers se veulent rassurants. C'est désormais de notoriété publique : le phénomène d'usurpation de plaques d'immatriculation prend de l'ampleur en France. Selon l'association 40 millions d'automobilistes, entre 400.000 et 1 million d'automobilistes français auraient déjà victimes de cette fraude. Les chiffres officiels confirment une augmentation constante des cas d'usurpations. En 2023, 23.072 cas ont été recensés (+4,8 % en un an) et en l'espace de 6 ans (de 2017 à 2023), nous pouvons même parler d'explosion de ces fraudes : +45,8 %. Les conséquences pour les victimes sont lourdes : amendes injustifiées s'accumulant parfois sur plusieurs mois, perte de points sur le permis de conduire et démarches administratives longues et complexes pour prouver leur innocence. Il faut dire la facilité avec laquelle les fraudeurs peuvent reproduire une plaque d'immatriculation. Il suffit de photographier discrètement un véhicule pour commander une «doublette» identique, permettant de circuler aux frais d'un autre automobiliste. Publicité Un risque accru avec les péages en flux libre ? Dans ce contexte, si l'arrivée des autoroutes avec les péages «en flux libre» comme l'A13 et l'A14 révolutionne l'expérience autoroutière, elle crée de nouvelles vulnérabilités. Ces systèmes sans barrière reposent exclusivement sur la lecture automatique des plaques d'immatriculation pour identifier chaque usager et lui adresser ultérieurement un avis de paiement. Cette dépendance à l'identification par plaque offre aux fraudeurs une opportunité : une simple doublette suffit pour faire porter à une victime innocente les frais de péage d'un trajet qu'elle n'a jamais effectué. Les escrocs savent aussi faire preuve d'une autre malice : profitant de la transition numérique et de la possible méconnaissance du public concernant ces nouveaux systèmes, ces arnaqueurs envoient massivement de faux messages réclamant le paiement d'un trajet autoroutier fictif. Ce concessionnaire autoroutier se veut rassurant Face à ces menaces grandissantes, la société d'autoroutes Sanef - celle qui exploite le plus de portions en flux libre dans le pays - déploie un arsenal pour prévenir ces escroqueries. Son service client traite les contestations : en cas de réception d'un avis de paiement pour un trajet non effectué, la victime doit impérativement porter plainte auprès des forces de l'ordre, prévient la Sanef. Sur présentation du récépissé de dépôt de plainte, le gestionnaire d'autoroute peut ensuite revenir sur l'avis de paiement litigieux. Il n'existe pas de chiffres concertant de fraude à la plaque usurpée sur des péages en flux libre, mais le taux de paiement global est estimé à environ 97 % . Ce qui montre que les litiges dont les éventuels dus aux usurpations sont marginaux. Il n'y a pas rien à craindre, mais en adoptant des bons gestes de prévention (ne jamais publier de photos de son véhicule avec la plaque visible sur les réseaux sociaux, conserver des justificatifs de déplacement : tickets, photos géolocalisées, données GPS), il ne faut pas s'inquiéter outre mesure.

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store