« Le placement, c'est le plus important » : Vauquelin, un nouveau statut qui lui ouvre des portes sur ce Tour de France 2025
Le nouveau statut de Kévin Vauquelin peut parfois ressembler à un fardeau, puisqu'il lui est désormais impossible de s'échapper sans allumer mille warnings dans le peloton. Il est donc très difficile de répéter le coup de Bologne, quand il s'était extrait d'un relatif anonymat pour remporter la deuxième étape du Tour 2024, mais le Français trouve aussi que sa vie est plus facile qu'à l'époque.
Il l'a constaté vendredi, à l'approche de Mûr-de-Bretagne, lorsque tous les leaders voulaient aborder le final dans les meilleures conditions, c'est-à-dire à l'avant. Il fallait frotter, se battre pour exister, et tout est plus aisé quand les concurrents savent qui vous êtes. « La notoriété dans le peloton me permet de me placer un peu plus à l'avant, d'être au contact des meilleurs, confiait-il après l'arrivée franchie en septième position, un quatrième top 10 en sept étapes. L'année dernière, je n'aurais pas pu être là parce que c'était plus difficile de se placer. Et dans un peloton, le placement, c'est le plus important. »
C'est ce qui permet d'économiser des efforts pour mieux les produire quand le tri se fait entre costauds, et Arkéa-B & B Hotels n'est a priori pas l'équipe la mieux armée pour s'imposer. Mais la première semaine du Tour a dessiné de nouveaux rapports de force, et la crédibilité gagnée par Vauquelin rejaillit sur ses partenaires, ravis de travailler pour un leader aussi fort. « C'est une évidence, dès lors que tu te bats avec eux et que tu joues des coudes dans un final, tu as ta place tout au long de l'étape parmi les grands quand ça bataille, apprécie Emmanuel Hubert, le patron de l'équipe. Autant de tops 10 en une semaine, ça classe son homme. Il se fait sa place, il se fait un nom, et il se fait surtout plaisir. C'est l'ADN de l'équipe, et le plaisir n'empêche pas le sérieux. Kévin a été éduqué avec cette philosophie. »
Une rivalité naissante avec Evenepoel pour le maillot blanc
Il n'a pas égaré cette fraîcheur au sommet de Mûr-de-Bretagne, où son équipier Raul Garcia Pierna l'a vite rejoint pour lui demander sa place. « Top 10 mais je ne sais pas, répondait Vauquelin, préoccupé par autre chose. La chute, il y a eu des dégâts ? Wah, le bruit ! C'est tombé tellement fort... » À ses côtés, Hubert cherchait aussi des infos plus précises, en vain, faute de réseau. Le manager général voulait connaître la place de son coureur mais il s'intéressait également aux écarts, à une éventuelle cassure, preuve que le classement général n'est pas accessoire.
C'est aussi ça, un nouveau statut : Vauquelin est ce matin troisième du général, à dix-sept secondes du maillot blanc de Remco Evenepoel, et cette concurrence planait sur l'aire d'arrivée. « Remco finit devant toi ? », l'interrogeait spontanément son équipier Amaury Capiot, et Vauquelin a bien senti que cette rivalité n'existait pas que dans un sens. Alors qu'il voulait suivre la roue de Jonas Vingegaard, il a été victime d'une cassure provoquée par Ilan Van Wilder, complice du champion olympique chez Soudal-Quick Step, et a transpiré pour combler l'écart : « J'ai remarqué que Remco n'avait pas envie que je sois là. Il avait peur parce qu'il a roulé toute la bosse. Pas pour la victoire d'étape, mais pour faire des écarts au général. À cause de la cassure, on a dû sprinter dès le pied. Ça ne m'a pas avantagé, surtout quand (Jhonatan) Narvaez (UAE) est revenu en tête. Je n'ai pas réussi à me replacer, je me suis fait un peu déborder. J'avais fait un effort tellement dur au pied que c'était encore un peu loin. »
« J'ai encore de la marge sur pas mal de points, et il faut que ce début de Tour me serve vraiment pour l'avenir. »
Kévin Vauquelin
Il a quand même fini au plus près d'Evenepoel, sixième et content d'avoir roulé en tête, comme s'il avait acté que ses concurrents directs n'étaient plus Vingegaard et Tadej Pogacar. « Tom (Steels, son directeur sportif) m'a dit à l'oreillette qu'il y avait une cassure derrière Jonas, donc j'ai roulé le plus vite possible », racontait le Belge, ce qu'on peut interpréter comme une volonté de distancer Vauquelin. « Je ne sais pas vraiment si c'est ça, mais c'est sûr que Kévin est en bataille pour le maillot blanc, analysait Hubert. Avoir un maillot distinctif sur le Tour, c'est toujours très bien. »
S'agit-il de le porter maintenant, ou à Paris ? « À chaque jour suffit sa peine, poursuit-il. Il n'y a pas de plan sur la comète. On est toujours dans la même philosophie de ne pas faire le général. » Et la philosophie de Vauquelin, à l'aise dans son nouveau costume, n'est pas non plus de faire des complexes. Quand Vingegaard et Pogacar sont désignés comme des extraterrestres, il grimace : « Je n'aime pas ce mot. Ce sont juste des mecs qui ont des capacités de base très élevées, et qui les exploitent à 100 %. J'ai encore de la marge sur pas mal de points, et il faut que ce début de Tour me serve vraiment pour l'avenir. En jouant les premiers rôles à chaque fois, le corps s'améliore. » En une semaine, le corps du Normand a donc dû autant changer que les regards portés sur lui.
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