
En Suisse aussi, les moulins à vent ont un rôle à jouer
Deux initiatives populaires veulent freiner la construction d'éoliennes dans notre pays. Or il est déjà très difficile de faire aboutir les projets. Éditorial Publié aujourd'hui à 17h24
Le 9 février dernier, les citoyens d'Au-Heerbrugg (SG) ont enterré un projet éolien prometteur et inédit (image prétexte).
KEYSTONE
Pas question de construire une éolienne à moins de 500 mètres des habitations! Le 9 février dernier, les citoyens d'Au-Heerbrugg (SG) ont enterré un projet prometteur et inédit. Pour la première fois en Suisse, un groupe industriel voulait ériger une grande turbine dont l'électricité aurait été directement injectée dans sa propre production. Ce fut non à 50,1% des voix. Craintes pour la santé des riverains, atteinte irréversible au paysage, bruit, mise en danger des oiseaux: la liste des griefs était longue. Elle a fini par l'emporter face aux arguments évoquant la durabilité et un renforcement de l'autonomie énergétique locale.
Cet échec fait écho à d'autres projets mort-nés aux quatre coins du pays. Et quand le feu vert est donné, c'est au terme de longues années de procédures administratives. De quoi freiner les appétits, malgré les subventions offertes aux promoteurs. Résultat, la Suisse ne compte à ce jour que 47 grandes éoliennes . Elles fournissent un très maigre 0,3% de notre consommation annuelle d'électricité. Bien loin des 10% de couverture des besoins que l'on mesure à l'échelle mondiale.
Jusqu'ici, le débat s'est déroulé aux niveaux communal et cantonal. Il devrait bientôt gagner la scène nationale, deux initiatives populaires étant sur le point d'aboutir . Elles ont été lancées par les plus farouches adversaires de l'énergie éolienne. Objectifs déclarés: interdire toute construction de mât aux abords des forêts et garantir un processus démocratique dans toutes les localités concernées par un projet. On devine cependant qu'il s'agit de remettre en question le principe même de l'éolien. Veut-on réellement de ces hélices géantes chez nous?
Le peuple suisse a partiellement répondu, en 2017, en approuvant la Stratégie énergétique 2050 , qui signait la fin du nucléaire et la primauté des énergies renouvelables. Plus récemment, la nette approbation dans les urnes de la loi «pour un approvisionnement énergétique sûr» , en juin 2024, contenait aussi une forme de soutien aux éoliennes: ce texte doit faciliter les conditions de planification des futurs parcs. Avec les deux initiatives des opposants, on entre dans le vif du sujet.
Si elle se confirme, la première campagne spécifique sur ces moulins à vent tant décriés sera émotionnelle. Comme à Au-Heerbrugg et partout où des votes ont déjà eu lieu. On devrait ainsi pouvoir cerner le degré d'acceptation des éoliennes, alors que certaines voix réclament plutôt le retour en grâce de l'atome .
Quel que soit le verdict populaire, la construction effective de parcs éoliens restera difficile dans notre pays. C'est regrettable, car ils ont un rôle à jouer dans la transition énergétique en cours. On le voit à l'étranger, leur production s'avère particulièrement efficace et précieuse en hiver, à l'image des ouvrages hydroélectriques. Un complément idéal à l'énergie solaire , dont la contribution est, elle, en pleine croissance.
L'ambition, rappelons-le, est de réduire notre dépendance aux énergies fossiles et de parvenir à la neutralité carbone dans un quart de siècle seulement. Éole peut nous y aider. Reste à savoir si c'est ici ou en mer du Nord.
Davantage sur l'électricité et l'éolien en Suisse Patrick Monay est rédacteur en chef du Matin Dimanche et membre de la rédaction en chef romande de Tamedia. Il a dirigé la rubrique Suisse de 2018 à 2023, après avoir couvert l'actualité des cantons romands dès 2012. Plus d'infos @PatrickMonay
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5 hours ago
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Le plus long pont routier de Suisse va produire de l'électricité verte
Le viaduc autoroutier d'Yverdon est au centre de la volonté de l'Office fédéral des routes d'utiliser ses infrastructures pour accroître sa production d'énergie. Publié aujourd'hui à 18h52 Grâce à une collaboration avec l'Office fédéral des routes, la filiale du Groupe AMAG Helion Energy installe plus de 2400 panneaux solaires le long du viaduc de l'A5 qui contourne Yverdon. Yvain Genevay En bref: L'Office fédéral des routes (Ofrou) avait clairement affiché en 2021 son intention d'utiliser ses infrastructures pour produire de l'énergie. De l'énergie «verte», comme ses panneaux autoroutiers, il va sans dire. Quatre ans plus tard, le plan a été mis à exécution: 41 projets ont été mis en service et 62 sont soit financés, soit en cours de réalisation. C'est le cas de celui qui est en phase de concrétisation du côté d'Yverdon-les-Bains. Ce dernier est même l'un des projets phares de l'Administration fédérale, qui investit ainsi 3,5 millions de francs pour cette infrastructure. Construit en ce moment même par la société soleuroise Helion, qui a remporté ce marché face à quatre concurrents, il prend place le long du viaduc autoroutier qui contourne le chef-lieu nord-vaudois et relie les autoroutes A1 à A5. Pour atteindre l'objectif qu'il s'est fixé de produire 35 gigawattheures (GWh) à horizon 2030, l'Ofrou compte d'abord sur les nombreux murs antibruit qu'il entend tapisser de panneaux photovoltaïques. Un support dont il estime le potentiel électrique à 100 GWh. Premier projet privé en Suisse Fin 2023, après avoir validé l'installation de panneaux solaires le long des autoroutes et sur les aires de repos, il lançait du reste un appel d'offres public pour 350 de ces murs antibruit. Découlant de cette volonté, deux installations photovoltaïques seront fonctionnelles d'ici à quelques semaines sur l'A15, près de Wangen-Brüttisellen (ZH). Il s'agira tout simplement des deux premières centrales solaires privées construites dans le cadre du programme de l'Ofrou de valorisation des espaces utilisables sur les autoroutes. Leur constructeur s'est heurté à un défi technique d'ordre sécuritaire: éviter à tout prix que leur réverbération n'éblouisse les conducteurs. Un paramètre pour le moins contraignant auquel le projet yverdonnois n'a pas échappé, quand bien même il ne prend pas appui sur des murs antibruit directement exposés à la vue des automobilistes. Après avoir été assemblés au pied du viaduc, les panneaux sont montés à l'aide d'un camion-grue à la hauteur du parapet sur lequel ils sont ensuite posés. Yvain Genevay Dans le Nord vaudois, Helion pose en effet ses panneaux sur l'extérieur du plus long pont routier du pays. «Quand nous avons assaini ce viaduc, nous avons ajouté tout au long de ses 3,15 kilomètres une deuxième batterie de tubes que nous devions recouvrir. Il nous est apparu opportun de le faire à l'aide de panneaux photovoltaïques plutôt que de simples tôles de protection», explique Laurent Brugger, chef de projet à l'Ofrou. Panneaux solaires plus grands Mais lors du premier test, réalisé il y a quelques mois, il est apparu que le haut des panneaux dépassait le parapet d'une vingtaine de centimètres, créant de fait un risque de réverbération. «Leur redimensionnement a pris un peu de temps et engendré un léger retard dans la réalisation du projet», reprend Laurent Brugger. Il faut comprendre que ces panneaux – leur pose a commencé en mai dernier et doit s'achever avant la fin de l'année – ne sont pas vraiment les mêmes que ceux que l'on fixe sur la toiture des villas individuelles. «Ils mesurent 2,16 m par 1,13 et sont un peu plus grands que la moyenne», relève Antoine Choux, chef de projet photovoltaïque chez Helion. Il s'agissait d'exploiter au maximum le potentiel offert par la longueur du viaduc autoroutier idéalement orienté ouest-est, tout en prenant en considération une requête de l'Ofrou. Afin de faciliter les démarches administratives, celui-ci a en effet exigé que leur emprise n'empiète au-delà de son territoire. En tenant compte de leur inclinaison – dont dépendent évidemment leur exposition au soleil et donc leur production énergétique –, ils ne doivent ainsi pas élargir de plus de 2 mètres le gabarit du viaduc. Énergie pour 400 ménages Au total, 2423 panneaux représentant 5400 m² de surface seront treuillés depuis le sol, où ils sont assemblés sur une structure en inox au fur et à mesure de l'avancement du chantier. «À l'exception du surplomb de la voie CFF et des cours d'eau que le viaduc enjambe, toute la longueur du pont est utilisée», précise René Silva, codirecteur d'Helion en Suisse romande. À terme, l'installation doit produire un peu plus de 1 GWh par an. Soit de quoi couvrir la consommation électrique de 400 ménages de quatre personnes. «Partout où nous le pourrons, nous consommerons directement tout ou partie de l'énergie que nous produirons, souligne Olivier Floc'hic, responsable information et communication de l'Ofrou. Dans le cas présent, ce n'est pas le cas, parce que le tunnel de Pomy, qui est notre infrastructure la plus proche, est tout de même trop éloigné du viaduc. L'électricité est donc injectée dans le réseau communal yverdonnois.» Le rail s'est déjà mis aux panneaux solaires L'enjeu climatique titille l'imagination. Longtemps cantonnés aux seuls toits des bâtiments, les panneaux solaires trouvent de plus en plus de nouveaux supports, parfois insolites. C'est le cas de l'installation mise en place ce printemps dans le Val-de-Travers (NE). Le 24 avril, les sociétés vaudoises Scheuchzer (Bussigny) et Sun-Ways (Écublens) ainsi que l'entreprise de transports neuchâteloise TransN ont ainsi inauguré une petite centrale solaire photovoltaïque posée à Buttes… entre les rails de chemin de fer de la ligne R21. Les 48 panneaux qui s'étirent sur une centaine de mètres font partie d'un projet pilote qui dispose de trois ans pour faire ses preuves. Sa particularité réside dans le côté amovible de l'installation. Une première en Suisse sur une voie ferrée. Le jour de la démonstration publique, il n'a ainsi suffi que d'une vingtaine de minutes à la machine spéciale de Scheuchzer pour déposer une dizaine de mètres linéaires de panneaux. La Suisse compte environ 5000 kilomètres de voies. Si leur écartement était intégralement recouvert de panneaux, le rail pourrait «produire» 1 térawattheure (1 milliard de kilowattheures) d'électricité annuellement. Soit de quoi couvrir presque le tiers de la consommation énergétique des transports publics. C'est à la fois beaucoup et peu en regard du potentiel à exploiter des façades et des toits pour l'énergie renouvelable, respectivement 18 et 55 fois plus importants. D'autres sujets sur l'énergie renouvelable Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Frédéric Ravussin est journaliste à 24 heures depuis 2005 pour qui il couvre l'actualité régionale du Nord vaudois. Au-delà de ces frontières géographiques, il a un intérêt marqué pour les sujets touchant au monde des animaux (les oiseaux en particulier) et au domaine du sport. Plus d'infos @fredravussin Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


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13 hours ago
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Euro 2025: et si la VAR de demain se débarrassait de l'arbitre?
La technologie contre l'humain – Et si la VAR remplaçait définitivement l'arbitre sur le terrain? Dès mars 2026, l'assistance technologique pourrait prendre plus d'importance encore. Anthologie d'une disparition de l'homme. Daniel Visentini L'arbitre Tess Olofsson, sur appel de la VAR, vérifie un but de la France lors de l'Euro 2025. Bientôt, la VAR décidera peut-être toute seule… KEYSTONE Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : L'IFAB, garant des lois du jeu, réfléchit à élargir le champ d'action de la VAR dans le football. L'évolution va vers plus d'équité sportive et… moins de décision purement humaines. Les juges de ligne bientôt évincés des terrains et remplacés par la technologie? Mouillée de nostalgie, l'image est déjà jaunie. Avant, quand l'arbitre prenait une décision compliquée, une grappe de joueurs l'encerclait pour lui crier son incompréhension. Moche, mais humain. Trop humain. Cela existe encore, c'est combattu avec des lois qui protègent le directeur de jeu, mais tout a déjà changé. Il suffit que l'arbitre mette la main à l'oreille pour que la contestation se dissipe: transfert des responsabilités, inanité des colères ciblées, la VAR (l'assistance vidéo à l'arbitrage) prend le relais, elle existe en marge de l'événement, informelle, encore pilotée par une espèce biologique, oui. Mais demain, pour le football professionnel, elle se débarrassera de l'homme. Il y aura peut-être toujours quelqu'un en noir au milieu du terrain, symbole charnel d'une autorité supérieure, mais il n'aura plus qu'un rôle de plus en plus subalterne. La VAR verra tout, entendra tout (grâce au micro-relais placé sur l'arbitre). Le futur en marche Dans quelques années, lors d'un derby endiablé entre Servette et Lausanne, Stevanovic, 40 ans et encore vaillant, prendra le meilleur sur Noë Dussenne, 38 ans et encore vaillant, pour adresser un centre à Varela. Instantanément, un bip retentira: une puce électronique présente dans le ballon aura mesuré l'instant T de la frappe de Stevanovic pour relever, avec la puce intégrée au maillot et aux chaussures de Varela et de tous les joueurs, que celui-ci est hors-jeu. Les caméras en feront la démonstration. En cas de deuxième carton jaune, synonyme d'expulsion, la VAR devrait avoir dès l'été 2026 le droit d'intervenir pour corriger la décision de l'arbitre, si elle est estimée trop sévère. AFP Quelques minutes plus tard, alors que l'arbitre allait désigner un dégagement aux 6 mètres pour les Grenat – l'une de ses dernières prérogatives –, la VAR corrigera aussitôt l'erreur pour donner un corner au LS. Sur cette vilaine faute, elle dira aussi s'il y a carton jaune ou rouge immédiatement, en consultant avec son intelligence artificielle et dans la seconde des centaines de milliers d'images du même type de faute. Elle dit déjà si un ballon a franchi la ligne de but (goal-line technology), elle dira aussi s'il est sorti en touche: fin du rôle des juges de ligne. Comme au tennis. Un champ d'action élargi La VAR sera à même de tout juger. Et qu'on le veuille ou non, elle commet moins d'erreurs que l'œil humain. Que ses contempteurs se rassurent: il y aura encore des failles, des maladresses, la VAR n'a pas pour vocation d'être infaillible et l'arbitre pourrait alors se substituer à la machine, dans un dernier souffle avant disparition. Mais la question de fond est ailleurs: plus de VAR, est-ce vraiment un problème, puisque cela diminue les erreurs humaines? Vertige sans fin: la VAR qui décide de tout, c'est encore aujourd'hui de la science-fiction. Mais son rôle prend de l'ampleur et l'IFAB, le conseil international du football qui régit les lois du jeu, étudie précisément un élargissement de son champ d'action. Jusqu'à présent, la VAR ne peut intervenir que dans quatre domaines bien précis: pour valider un but inscrit en vérifiant s'il est entaché d'une faute au préalable ou d'un hors-jeu; sur une situation de penalty, oublié, ou validé à tort; sur un carton rouge direct, pour l'évaluer; sur une erreur d'attribution d'un carton. Nouvelles lois au Mondial 2026? En mars 2026, après des débats dès la fin de l'automne, l'IFAB va voter pour donner à la VAR la possibilité d'intervenir plus souvent, sur des faits objectifs. Comme un corner faussement accordé. Ou autre. Bien sûr, cela peut faire peur. On entend déjà les cris d'orfraie, sur fond de déshumanisation du sport roi. Les mêmes mélopées qu'en 2018, quand la VAR est apparue. Elles se fracasseront sur le mur légitime d'une équité plus grande. Les trois nouvelles lois du football à l'étude L'IFAB va voter en mars 2026 sur trois nouvelles lois, qui pourraient être appliquées dès le Mondial 2026. - La VAR pourrait intervenir pour des erreurs manifestes dans le jeu, par exemple un corner faussement attribué à une équipe. - La VAR pourrait aussi intervenir si un deuxième carton jaune – synonyme d'expulsion – est brandi à un joueur qui ne le mérite pas. - Un penalty raté lors d'un match (ballon repoussé par le gardien ou le poteau) ne pourra plus être repris. L'action s'arrête et il y a un renvoi aux 6 mètres. Par-delà le souci moral d'une décision de plus en plus artificielle, il y a des craintes, fondées, sur un jeu qui serait dénaturé par le temps nécessaire pour prendre une décision. Plus de décisions de la VAR, c'est plus d'interruptions plus ou moins longues. Pas bon pour la fluidité du jeu, c'est vrai. Mais dans le futur, les outils technologiques gommeront cette latence, avec des techniciens VAR uniquement formés à cet exercice dans un premier temps, avec l'aide de l'IA ensuite. Aucun angélisme ici, ni de fuite en avant. La «main de Dieu», celle de Maradona en l'occurrence au Mondial 1986, est un moment inoubliable de l'histoire du football, fort d'un romantisme éternel, mais lourd d'une injustice inouïe. Sauf à se persuader, dans un passéisme malsain, que cela est encore admissible, il faut vivre avec son temps. «La VAR, c'est efficace» Patron des arbitres suisses de 2019 à 2023, Christophe Girard a un regard aigu sur l'évolution de l'assistance à l'arbitrage. Un regard moderne. «J'entends bien certains puristes s'insurger contre plus de VAR dans le foot, relève le Vaudois. Mais plus de VAR, c'est une bonne chose. Parce que cela va vers plus de justice sur le terrain et plus de justesse pour les arbitres.» Cette révolution, en marche depuis sept ans, ne s'arrêtera pas en chemin. «Parce que c'est efficace, tranche Christophe Girard. On le voit avec les hors-jeux semi-automatiques. Cela marche.» Il y en aura toujours pour s'exclamer que tel ou tel joueur n'était hors-jeu que de 2 centimètres: 2 centimètres, 2 décimètres ou 2 mètres, il y a hors-jeu ou pas hors-jeu, le reste est du blabla. Il y en aura toujours pour assurer que l'arrêt sur image – et donc la position de hors-jeu ou pas – peut induire, en une fraction de seconde, une erreur de 2 ou 3 centimètres: sauf à croire là aussi que l'œil humain est plus précis qu'une image arrêtée et une ligne tracée, l'argument tombe. Et avec lui, bientôt, le rôle de l'arbitre assistant. La fin des assistants, d'abord «La suppression des assistants, c'est la prochaine grande révolution, assure Girard. Leur rôle le plus compliqué, c'est justement l'évaluation du hors-jeu. La VAR de demain permettra de fonctionner sans eux, je pense.» C'est presque déjà le cas, puisqu'on leur demande le plus souvent de laisser l'action se dérouler pour vérifier ensuite à la vidéo. Stéphanie Frappart qui s'exerce au rôle d'assistante, avant l'Euro. Un poste qui pourrait disparaître, replacé par la VAR pour juger des touches (comme pour la «goal-line technology») et par la vidéo pour les hors-jeux. AFP Bientôt, il ne devrait rester qu'un arbitre. Sur le terrain. Assisté ou piloté par la VAR? «Je crois que pendant un moment encore, l'arbitre central gardera son autorité, assisté par la technologie. Mais on le voit aujourd'hui déjà: son rôle s'inscrit davantage dans la gestion des joueurs, une sorte de management. Cela restera nécessaire. Un effacement formel devant la VAR qui deviendrait No 1 des décisions ne sera peut-être que la dernière étape.» Cet article vous a plu? 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24 Heures
a day ago
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La Confédération dépense 600 millions pour des chars à ciel ouvert
Le mortier Cobra, nouvelle acquisition controversée de l'armée suisse, présente une faille majeure: sa trappe ouverte expose les soldats aux drones. Publié aujourd'hui à 13h40 Pour utiliser le nouveau mortier 16, les soldats doivent ouvrir le toit du véhicule, ce qui les expose aux attaques de drones. VIDÉO DDPS En bref: L'arme porte le nom de Cobra . Elle est présentée comme un «système de mortier ultramoderne» et séduit par sa «puissance de feu maximale». C'est ce qu'indique sur internet le concepteur, l'entreprise d'armement Ruag qui appartient à la Confédération. Berne a commandé au total 48 «mortiers 16», nom officiel du projet, pour 600 millions de francs. Les Cobras seront montés sur des chars de grenadiers à roues Piranha. Les premiers mortiers blindés sont arrivés il y a quelques semaines, avec sept ans de retard sur le calendrier initial. En observant l'arme de plus près, on s'interroge sur sa performance. Pour faire feu, il faut ouvrir une lucarne. Canons, soldats et munitions ne sont pas seulement exposés au vent et aux intempéries. Ils deviennent aussi une cible facile pour les drones équipés d'explosifs. Les drones bon marché sont devenus un moyen de combat incontournable, notamment dans le conflit entre l'Ukraine et la Russie . Les soldats qui manœuvrent le mortier blindé sont exposés aux attaques aériennes. DDPS/PHILIPP SCHMIDLI «Très dangereux pour les soldats» L'acquisition interroge. «Nous devons sérieusement reconsidérer l'introduction du mortier 16», déclare le conseiller aux États du Centre Peter Hegglin (ZG). La guerre en Ukraine et l'utilisation massive de drones ont révélé la vulnérabilité des pièces d'artillerie à ciel ouvert, qui représentent désormais un risque majeur. «J'ai de sérieuses réserves sur l'adaptation de ce système à l'ensemble des troupes et sur sa capacité à protéger suffisamment nos soldats.» Le projet suscite des controverses non seulement dans le monde politique, mais aussi dans les milieux proches de l'armée. Rudolf P. Schaub, ancien lieutenant-colonel et avocat à la retraite, avait déjà dénoncé il y a plusieurs années les défauts du mortier antichar . Il qualifiait sa conception de mauvaise. «Ce qui se passe en Ukraine confirme mes doutes», avait-il confié. Le mortier 16 n'est pas approprié. En cas d'urgence, il ne resterait que des tas de ferraille après une attaque de drone. Le Contrôle fédéral des finances critique l'achat Il y a une dizaine d'années, le système Nemo du groupe d'armement finlandais Patria figurait lui aussi dans la sélection, au même titre que le mortier antichar helvétique. Nemo a l'avantage d'avoir une tourelle de combat fermée. Selon le fabricant, le char peut changer de position en seulement dix secondes après avoir tiré. «Le conseiller fédéral Ueli Maurer (UDC/ZH) a stoppé l'acquisition de Nemo alors que les contrats étaient prêts à être signés», explique l'expert. «Ce fut une grave erreur.» À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Il y a cinq ans, le Contrôle fédéral des finances avait déjà formulé de sévères critiques. Selon le rapport, l'acquisition du mortier 16 était «difficile à comprendre» et la procédure comportait des lacunes. Il n'y a pas eu de véritable mise en concurrence et le choix des fournisseurs a été «influencé politiquement», selon plusieurs sources. En 2015, au moment de choisir le type de mortier, seul le système finlandais était prêt pour une production en série. Le mortier blindé suisse en était encore aux premiers stades de son développement. Selon un rapport interne de l'armée de 2020, le mortier 16 n'a satisfait qu'à la moitié des critères lors d'un essai, les remplissant partiellement ou pas du tout. L'espace ouvert près du canon a posé divers problèmes, notamment la nuit et par mauvais temps. Un tir possible par tous les temps selon l'armée L'Office fédéral de l'armement tente de se redorer le blason: «Contrairement à ce qui a été rapporté, le mortier 16 a toujours été en mesure d'effectuer son activité de tir par tous les temps, de jour comme de nuit.» Les défauts identifiés ont été corrigés pour la production en série. L'équipement reste adapté à l'usage militaire. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. L'armée reconnaît toutefois que le mortier 16 n'est pas équipé d'une défense antidrones intégrée. Lorsque la trappe du canon est ouverte, le mortier blindé devient plus vulnérable aux attaques. Mais cela ne vaut que pendant la phase de tir, qui est de courte durée. Lorsque la trappe est fermée, le système dispose d'une «protection balistique adéquate». Lors de l'acquisition, le choix d'un poste de tir ouvert s'est fait «en connaissance de cause, avec ses avantages et ses inconvénients». La Confédération ne voit aucune raison d'interrompre la mise en circulation du nouveau matériel. Environ 460 millions de francs ont déjà été dépensés pour le mortier antichar. L'armée reconnaît que le mortier 16 est «plus vulnérable aux attaques de drones» lorsque la trappe du canon est ouverte. DDPS/PHILIPP SCHMIDLI On essaie d'en rire dans l'armée. Si des drones bourdonnent aux alentours, les soldats peuvent rapidement évacuer le véhicule par la trappe et se mettre à l'abri. Traduit de l'allemand par Emmanuelle Stevan À propos de l'armée suisse Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Adrian Schmid est journaliste au Palais fédéral. Auparavant, il travaillait au «Bund». Historien de formation, il travaille comme journaliste depuis la fin des années 1990. Plus d'infos @adschmid Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.