
Notre critique de Don Giovanni à Aix-en-Provence: le piège de la confusion
Signée par le Britannique Robert Icke, cette version noire du chef-d'œuvre de Mozart ne parvient pas à tisser un récit lisible. Une production copieusement huée à l'ouverture du Festival.
Il n'y avait plus eu de nouveau Don Giovanni à Aix-en-Provence depuis 2017. Pour le retour de ce titre phare du Festival, Pierre Audi, dont personne n'imaginait que la soirée d'ouverture aurait lieu sans lui - le directeur artistique est décédé prématurément le 3 mai dernier -, avait choisi un homme de théâtre bien de son temps. Une sorte d'héritier, le Britannique Robert Icke étant associé à l'Almeida Theatre de Londres, dont Audi fit un haut lieu de l'avant-garde dans les années 1980. Pour son premier opéra, Icke s'attaque à forte partie : par son aura comme par sa complexité, Don Giovanni est un des opéras les plus difficiles à réussir. À en juger par les huées, une bonne partie du public de la première a pensé qu'il avait manqué son coup. On sera plus nuancé, tout en ayant de sérieuses réserves.
À découvrir TV ce soir : retrouver notre sélection du jour
Les amorces sont plus qu'intéressantes. Quand l'action commence, Don Giovanni est mourant. Ce qui éclaire la question de Leporello : « Qui est mort, vous ou le vieux ? » Jusqu'à…
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