
Un homme fugue d'une unité fermée
La Presse a révélé jeudi que la moitié des résidences pour aînés (RPA) nouvellement assujetties à un règlement leur imposant d'installer un système de sécurité n'en ont toujours pas. Qu'en est-il des CHSLD ? Même s'ils sont tous, en théorie, munis de tels systèmes, un résidant du Centre d'hébergement du Manoir-Trinité à Longueuil a réussi à les déjouer en juin dernier.
Ce qu'il faut savoir Un homme de 77 ans a fugué de son unité fermée le 21 juin dernier dans un CHSLD de Longueuil.
Santé Québec affirme que tous les CHSLD et maisons des aînés sont équipés de systèmes de sécurité.
Les circonstances de l'évènement demeurent floues comme deux versions différentes ont été transmises à La Presse. Une par le syndicat et l'autre par le CHSLD.
À 5 h 11, le 21 juin dernier, Serge Dumas, un homme de 77 ans atteint de démence, a fugué du Manoir-Trinité, où il réside dans une unité fermée. Le centre d'hébergement, comme tous les CHSLD et les Maisons des aînés, est pourtant équipé de systèmes de sécurité.
« Si on veut sortir de l'unité de mon père, ça prend un code pour ouvrir la porte. Ensuite, ça prend un code dans l'ascenseur, et pour sortir dehors, c'est quelqu'un qui doit ouvrir la porte », explique Mélanie Dumas, la fille du résidant.
À Mme Dumas, la direction du CHSLD a affirmé que le résidant était passé par une sortie non surveillée et s'était retrouvé dans le stationnement de l'établissement, où il a fait une chute. À noter que le centre d'hébergement se situe en bordure du boulevard Jacques-Cartier, une artère passante.
Une demi-heure plus tard, une employée arrivant sur son lieu de travail l'aurait trouvé étendu sur le sol du stationnement.
Une personne du CHSLD aurait dit à Mme Dumas qu'en raison du petit nombre d'employés la nuit, les portes restent déverrouillées et ouvertes.
« Je n'étais pas au courant de ça, on m'en a informée, a affirmé Mme Dumas en entrevue. J'avais la perception que la porte était barrée en tout temps parce que c'est des patients à risque d'errance. »
Son père a toujours porté son bracelet de sécurité, a précisé à La Presse le CISSS Montérégie-Est, responsable de l'établissement. C'est en raison d'une défectuosité mécanique de la porte que l'alarme ne s'est pas déclenchée. Le mécanisme a été réparé dans les 24 heures suivant l'incident, a-t-on indiqué à La Presse.
Le bracelet en question active une alarme si la personne franchit une porte ou l'ascenseur alors qu'elle n'y est pas autorisée.
Une seconde version des faits
Le président du Syndicat des travailleurs du CISSS, affilié à la CSN, Luc Michaudville, a offert une version complètement différente des faits après avoir consulté ses membres au sujet de l'incident.
Selon lui, l'équipe de soins a retiré le bracelet de sécurité du résidant « parce qu'il n'était plus nécessaire ».
PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE
Le Manoir-Trinité, à Longueuil
M. Dumas aurait quitté l'établissement par une sortie non surveillée sans se faire remarquer. Sans un bracelet de sécurité, aucune porte ne l'empêchait de sortir.
Il aurait ensuite poursuivi sa route jusqu'à l'hôpital Pierre-Boucher, situé à environ 200 mètres. À ce moment-là, la sécurité de l'hôpital aurait appelé le CHSLD pour l'informer de la présence de M. Dumas.
Les employés du CHSLD auraient essayé de joindre la direction de l'établissement au même moment, mais elle aurait mis 15 minutes pour donner des directives : « Pour moi, 15 minutes d'attente en cas de problème, c'est inacceptable », déplore M. Michaudville. L'homme aurait trébuché dans le stationnement sur le chemin du retour, accompagné du personnel.
Ce n'est que quatre heures après l'évènement que Mme Dumas a reçu l'appel téléphonique d'une infirmière pour l'en informer.
« Personne n'avait accès aux caméras et ne pouvait me confirmer de quelle manière mon père s'était retrouvé dehors et surtout combien de temps. La réponse était : 'Ça va aller à lundi' », déplore Mme Dumas.
Le 23 juin, elle a reçu un appel de Kossounou Kouadio Kra, chef d'unité au Manoir-Trinité. Celui-ci lui a exposé la chronologie des évènements avec les heures enregistrées aux caméras de surveillance et les mesures mises en place par la direction.
Perte de confiance
En 2023, le père de Mme Dumas résidait dans une RPA sur la Rive-Sud de Montréal. À la suite de plusieurs sorties non supervisées, il a été déplacé en CHSLD pour obtenir un niveau de soins plus grand. Après l'évènement de juin, Mme Dumas n'est pas sûre que son père est plus en sécurité en centre d'hébergement.
« Toute la gestion de cette situation-là m'a fait complètement perdre confiance en ce système », dit-elle. Selon elle, les protocoles sont appliqués avec peu d'empathie et d'écoute.
La situation vécue par M. Dumas est un cas isolé, selon le CISSS Montérégie-Est et le syndicat. Il n'y avait pas de manque de personnel cette nuit-là, même si l'effectif de nuit était réduit.
Au Québec, « 85 % des personnes hébergées en CHSLD ont un trouble neurocognitif majeur, ce qui rend ces personnes à risque d'égarement », a indiqué le ministère de la Santé et des Services sociaux par courriel lundi.
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