
Amanda Schurtz: la Genevoise qui règne sur le jiu-jitsu brésilien
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Amanda Schurtz, la Genevoise qui règne sur le jiu-jitsu brésilien
Première Suissesse titrée dans ce sport, elle veut l'ouvrir aux femmes. À 35 ans, la championne polyglotte bouscule aussi les codes du milieu.
Marc Bretton
Rencontre avec Amanda Schurtz, championne de jiu-jitsu.
LAURENT GUIRAUD/TAMEDIA
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En bref : Amanda Schurtz est la première Suissesse à avoir remporté un grand tournoi de jiu-jitsu brésilien.
L'athlète genevoise excelle dans les compétitions internationales avec plusieurs podiums prestigieux.
La championne lance des cours réservés aux femmes dans son club des Pâquis.
Formée entre Genève et l'étranger, elle souhaite développer des structures compétitives locales.
L'échauffement est tout simple et les élèves l'observent attentivement: les deux mains sont placées sur les épaules de l'adversaire, tête contre tête. L'instructeur relève le bras gauche du partenaire au niveau du coude, plie le genou gauche, passe dans son dos sans se redresser. Puis, il poursuit son mouvement circulaire et accroche la jambe droite de son adversaire, qui tombe vers l'avant.
Le travail au sol peut commencer. Très technique, très précis, il aboutit à une clé de genou que les élèves s'efforcent de reproduire avec plus ou moins de succès sur les tatamis du LMNT jiu-jitsu des Pâquis.
Supers résultats
Amanda Schurtz glisse avec fluidité d'un mouvement à un autre. Fin juin, cette femme de 35 ans s'est légèrement blessée aux ligaments au Brésil, à Rio de Janeiro, lors de la finale des moins de 66 kg, ce qui ne l'a pas empêchée de la remporter.
C'est la première Suissesse, toutes catégories confondues (hommes et femmes), à avoir remporté un des quatre grands tournois de JJB (jiu-jitsu brésilien ou grappling), une discipline proche du judo, en pleine expansion, qui s'est popularisée ces dernières années en lien avec l'essor du Mixed Martial Arts.
En janvier, aux Championnats d'Europe, en ceinture violette, elle a terminé 3e, elle a aussi fini 2e aux Panaméricains et aux Worlds (ndlr: elle a déjà remporté les championnats Panaméricains et d'Europe).
Passion du combat
D'où vient cette passion du combat? De loin! En mars 2007, La «Tribune de Genève» lui consacrait un portrait sous la plume de Jean-Antoine Calcio. C'est qu'à 15 ans, «la princesse qui se transforme en tigresse», comme l'avait surnommée le journaliste, montait sur un ring au Palladium. «À l'époque, se souvient-elle, je faisais de la boxe aux Pâquis. Mais plus tard, en quittant Genève pour poursuivre mes études d'arts visuels à Jérusalem, je n'ai pas retrouvé là-bas ce que m'apportait la boxe.»
Et c'est ainsi qu'Amanda Schurtz est tombée dans la marmite du JJB, qu'elle veut ouvrir davantage aux femmes. Mais c'est un sport de brutes, non? La combattante s'explique: «Pour une femme, c'est un art martial qui pose évidemment toute une série de questions, comme la proximité physique des partenaires, les différences de poids, les positions scabreuses….» Mais la passionnée de JJB a transcendé ces difficultés «parce que j'aime la compétition. Mais pour en tenir compte, nous avons récemment lancé au club un cours réservé aux femmes. C'est une étape qui peut permettre de prendre confiance en soi, mais qu'il faut dépasser ensuite.»
Son autre défi? Démontrer qu'un combattant peut continuer à avoir d'excellents résultats sportifs après 35 ans. «C'est mon cas, dit-elle. Mes résultats sont bien meilleurs qu'à mes 18 ans. Je suis moins volatile, plus expérimentée. Mais évidemment, il faut éviter les blessures, faire du renforcement musculaire, beaucoup travailler pour protéger ses articulations.» Seule ombre au tableau, la jeune femme ne vit pas du JJB: elle travaille une partie de la journée pour la marque de vêtements de sport lululemon.
Vaincre le provincialisme genevois
Amanda Schurtz est tombée dans la marmite du JJB, qu'elle veut ouvrir davantage aux femmes.
LAURENT GUIRAUD/TAMEDIA
Amanda Schurtz est née à Genève. À 13 ans, elle suit sa mère à Londres, puis revient vers 17 ans s'installer dans le quartier des Pâquis. Elle se lance dans des études d'arts visuels à la Head et part dans ce cadre à Jérusalem où elle reste quatre ans.
Puis retour à Londres, toujours en poursuivant ses entraînements de JJB: c'est sur les tatamis (where else?) qu'elle rencontre son mari, d'origine irlandaise, qui est aussi devenu conseiller et stratège. Après quelques années à Dublin où Amanda s'entraîne au sein de l'East Coast Jiu Jitsu Academy, le couple pose ses bagages à Genève. Pour combien de temps? «On verra. Mon objectif est de participer ici au développement de structures vraiment axées sur la compétition.» Elle fourmille de projets.
C'est qu'il y a apparemment à faire à Genève où la situation des arts martiaux semble nettement plus compliquée que dans l'espace anglophone. «À la différence de ce qui se passe aux États-Unis ou en Angleterre, on ne pousse pas ici les jeunes à faire du sport au-delà de 18 ans. Du coup, c'est compliqué de devenir un professionnel. Autre différence, le caractère encore un peu paroissial des clubs locaux: on s'observe, on ne se mélange pas. Ailleurs, c'est beaucoup plus ouvert.»
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Marc Bretton est journaliste à la Tribune de Genève. Il a travaillé au sein de la rubrique nationale et suit les questions politiques et économiques pour la rubrique genevoise depuis 2004. Plus d'infos
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Le recrutement kazakh est moins clinquant, misant sur un alliage de mercenaires peu connus mais aguerris: venant d'Afrique, comme le Nigérian Geoffrey Chinedu (onze buts cette saison) ou d'Europe de l'Est à l'image de l'ailier croate Marin Tomasov (douze réussites en 28 matches) ou de l'international bosnien Ivan Bashic. Bien que plus âgé, le Lausanne-Sport ne pourra pas prendre de haut son ambitieux et riche cadet. La Ligue Conférence Ugo Imsand est journaliste à la rubrique sportive de 24 Heures, de la Tribune de Genève et du Matin Dimanche. Ce trentenaire lausannois couvre en particulier le football suisse et international depuis une douzaine d'années. Il réalise aussi des articles plus magazine sur le sport en général et ses liens étroits avec le reste de la société. Plus d'infos @UgoCurty Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


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Le LS reçoit le FC Astana ce jeudi à la Tuilière. Peter Zeidler veut tourner la page de la défaite à Thoune et se projette déjà dans le prochain tour. Publié aujourd'hui à 18h59 Après avoir offert une soirée de rêve au public de la Tuilière contre Vardar jeudi dernier, le LS espère rééditer pareil exploit ce jeudi. Pascal Muller/freshfocus Tombé pour la première fois de la saison dimanche à Thoune, le Lausanne-Sport n'a pas le temps de ressasser. Jeudi (coup d'envoi à 20 h 15), le LS affrontera le FC Astana en match aller du troisième tour des qualifications pour la prochaine Conference League. Histoire d'enchaîner avec un cinquième match en quatorze jours, et poursuivre ce début de saison intense. «Ce match à Thoune a été une déception. Plus qu'une déception, une frustration, explique Peter Zeidler en conférence de presse avant la rencontre de jeudi. On a bien analysé le match, et j'ai dit à mes joueurs que l'on doit surtout apprendre à passer à autre chose.» L'entraîneur lausannois reconnaît que ses joueurs avaient encore un peu la tête à leur étincelant succès contre le Vardar quelques jours plus tôt: «Après le match contre Skopje, c'était évident: on n'était pas à 100% concentrés sur Thoune, une équipe supermotivée. On a une nouvelle chance demain.» Peter Zeidler attend Besiktas Lausanne doit donc oublier Thoune et se concentrer sur la venue d'Astana, actuel deuxième du championnat du Kazakhstan. Au tour précédent, le club de la capitale est venu à bout des Moldaves de Zimbru Chisinau. Tenu en échec à domicile (1-1), Astana est allé s'imposer 2-0 en Moldavie. «On a regardé leurs deux matches: c'est une équipe plus forte que Skopje, c'est clair», annonce Peter Zeidler. Surtout, le LS affronte cette fois une équipe bien rodée physiquement. Le championnat kazakh se dispute en effet sur l'année civile, et le FC Astana a donc 19 matches de championnat dans les pattes. Une crainte pour l'entraîneur du LS? «Non, coupe-t-il. On est déjà dans le rythme avec ces quatre matches joués. La question est plutôt mentale: on doit apprendre à se concentrer rapidement sur le match suivant.» Avant d'ajouter: «On veut absolument jouer Besiktas au prochain tour, c'est l'objectif. On respecte beaucoup Astana, mais on veut arriver au tour suivant. Besiktas, c'est une motivation.» La même ferveur à la Tuilière? Au tour précédant, le LS avait profité de la présence de plus de 9000 spectateurs pour atomiser Skopje. «On espère voir la même ferveur, tonne Peter Zeidler. Les spectateurs ont vraiment une influence sur nos joueurs. C'est une bonne chose, on aimerait bien revivre ça.» Le LS attend toutefois un peu moins de monde ce jeudi: environ 8000 spectateurs devraient être présents, dont une cinquantaine de Kazakhs. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Pour cette rencontre, le LS pourra d'ailleurs compter sur sa dernière recrue, Muhanad Al-Saad . «Il est qualifié et sera dans le groupe. Il a aussi un visa pour le vol de la semaine prochaine à Astana», s'est amusé Peter Zeidler, qui se réjouit d'avoir à disposition «un joueur intéressant, avec une bonne technique et un bon pied gauche». Assez pour déstabiliser la défense kazakhe? Réponse jeudi soir. LIRE AUSSI SUR LE LAUSANNE-SPORT Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


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Autres newsletters Sabrina Bundi travaille depuis 2023 à la rubrique Zurich Politique & Economie. La journaliste grisonne a étudié la germanistique et le romanche aux universités de Berne et de Fribourg. Plus d'infos @sabrina_bundi Philipp Muschg ist Blattmacher im Ressort Sport. Er arbeitet seit 2008 bei Tamedia und ist Redaktor mit langjährigem Schwerpunkt Schweizer Eishockey. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.