
Droits de douane: voici ce que veut faire le Conseil fédéral
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Voici ce que veut faire le Conseil fédéral après le fiasco des 39%
Le gouvernement souhaite aider les entreprises touchées à passer le cap grâce au chômage partiel. Des contre-mesures douanières contre Washington ne sont toujours pas exclues.
Delphine Gasche
- Berne
,
Arthur Grosjean
- Berne
Le directeur du SECO Eric Scheidegger, le ministre de l'Économie Guy Parmelin, la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter et le chef de la communication du Département fédéral des finances Pascal Hollenstein, jeudi à Berne.
AFP
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En bref : La délégation suisse rentre bredouille après des négociations infructueuses avec les États-Unis.
Le chômage partiel pourrait être étendu à vingt-quatre mois pour éviter des fermetures en cascade d'entreprises.
L'impact économique reste modéré avec une croissance prévue entre 0,5% et 1%.
La Suisse poursuit les négociations tout en refusant des concessions excessives.
Ils avaient une mine des mauvais jours. Et on comprend bien pourquoi. Karin Keller-Sutter et Guy Parmelin viennent d'avaler 13'000 kilomètres en à peine trois jours… pour des prunes. La présidente et le vice-président de la Confédération n'ont pas réussi à décrocher un «deal» de dernière minute avec Donald Trump lors de leur voyage express à Washington.
Une dure réalité s'applique désormais. Quelque 60% des exportations suisses sont frappées de droits de douane additionnels de 39%. Le coup de massue risque bien de plomber le chiffre d'affaires de nombreuses entreprises, notamment celles actives dans l'horlogerie, les machines-outils, les appareils médicaux et les produits alimentaires, comme le fromage et le chocolat. Les secteurs de la pharma, la chimie et l'or sont exemptés pour le moment.
Chômage partiel de 24 mois?
Pour faire face à ce scénario qualifié de catastrophique par les milieux économiques, le Conseil fédéral a tenu jeudi une séance extraordinaire. Objectif: trouver un plan B. Karin Keller-Sutter et Guy Parmelin l'ont relayé en fin d'après-midi devant les médias. Il s'agit principalement de soulager les entreprises. Et sans surprise, le Conseil fédéral mise surtout sur la réduction de l'horaire de travail, autrement dit le chômage partiel. Normalement d'une durée de douze mois, le chômage partiel a déjà été étendu à dix-huit mois. Il pourrait encore être prolongé à vingt-quatre mois.
Les deux commissions compétentes du parlement ont validé un projet en ce sens. Elles veulent même en faire une loi urgente. Guy Parmelin s'est dit favorable. «Le Conseil fédéral va certainement y donner suite.» Le ministre de l'Économie précise même que des travaux préparatoires ont déjà été lancés pour que tous les instruments soient à disposition rapidement.
«Le chômage partiel donnera une certaine souplesse et flexibilité aux entreprises pour passer le cap, précise le Vaudois. Il permettra d'amortir temporairement l'impact des droits de douane et de préserver les emplois.» Tout une série d'autres mesures est également en train d'être examinée. Ça va de l'allègement des charges pour les entreprises à la promotion des exportations. «On n'exclut rien.»
La présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter, et le ministre de l'Économie, Guy Parmelin, ont présenté le plan B du gouvernement devant les médias.
AFP
Rien à voir avec la crise du Covid
On sent toutefois le spectre des programmes d'économie planer. Le Conseil fédéral ne semble pas prêt à ouvrir toutes les vannes pour soutenir les yeux fermés les entreprises. «Chaque mesure a son revers. L'argent ne tombe pas du ciel», a pointé Guy Parmelin à propos notamment de la prolongation du chômage partiel. C'est pourquoi le gouvernement examinera chaque option attentivement. D'autant plus qu'une crise macroéconomique comparable à la pandémie ne devrait pas pointer le bout de son nez, a relevé le conseiller fédéral, appelant le numéro du Secrétariat d'État à l'économie, Eric Scheidegger, à partager «ses lumières» sur la question.
«Pendant la pandémie, des dizaines de milliers d'entreprises ont dû fermer, a rappelé l'ambassadeur. Elles n'avaient plus le droit de produire. C'était quand même une autre forme de crise. Le PIB a alors chuté de plus de 2%.» Un scénario, calculé en juin avec des droits de douane de 31% pour la plupart des exportations, de 25% pour la pharma et une escalade de la guerre commerciale au niveau international, prédisait une croissance plus faible du PIB que prévu initialement. «Mais on tablait quand même sur une croissance positive de 0,8% pour cette année et de 0,2% pour la suivante. Avec la situation actuelle, on prévoit une croissance économique entre 0,5% et 1%.»
La crise n'est-elle donc pas si grave? «Globalement, on n'est pas dans un scénario du style Covid, reprend Guy Parmelin. Mais pour certaines entreprises, qui exportent jusqu'à 50% vers les États-Unis, la période va être extrêmement difficile.»
Excès de confiance du gouvernement
Reste que certains secteurs de l'économie, notamment dans l'arc jurassien, vont au-devant d'une période difficile. Peut-on parler d'un fiasco du Conseil fédéral dans ses négociations avec Trump? Quand on pose frontalement la question au gouvernement ce jeudi après-midi, ce n'est pas la présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter, qui répond, mais son vice-président, Guy Parmelin. Ce dernier va d'ailleurs à plusieurs reprises, lors de la conférence de presse, «protéger» sa présidente en disant notamment des phrases comme: «Le Conseil fédéral gagne ensemble et perd ensemble.»
Alors fiasco de l'Exécutif dans ces négociations? Guy Parmelin esquive en reconnaissant seulement un «fiasco des 39%». Et d'ajouter: «Bien sûr, on est toujours plus intelligent après. Mais nous avions toutes les assurances des différents départements américains que notre proposition était bonne. Alors, certes, ils nous ont bien dit que le président Trump trancherait au final. Peut-être avons-nous sous-estimé ce point. Nous avons été trop confiants.»
Ce qui est sûr, c'est que la Suisse ne va pas promettre n'importe quoi à Donald Trump pour sortir la tête de l'étau. «Nous voulons des relations normalisées avec les USA, mais pas à n'importe quel prix, avertit Karin Keller-Sutter. Nous avons élaboré une nouvelle offre attractive qui est en négociation. Mais nous n'allons pas faire des promesses que nous ne pouvons pas tenir. Il faut garder nos valeurs et rester un pays fiable.»
Le Conseil fédéral, en tout cas, n'a pas fait une croix définitive sur les négociations. Il a laissé à Washington sa secrétaire d'État à l'économie pour vendre à l'administration américaine sa nouvelle proposition «encore plus attractive». En quoi consiste-t-elle? Motus et bouche cousue. On comprend cependant entre les lignes que le gouvernement a dû augmenter les promesses d'investissements aux États-Unis et fait miroiter des achats d'énergie. Il a aussi réaffirmé qu'il tenait à s'équiper américain pour sa défense aérienne, que ce soient avec les F-35 ou les missiles Patriot.
Si rien ne se débloque, le Conseil fédéral pourrait-il adopter des contre-mesures douanières frappant les importations des produits américains en Suisse? Le gouvernement ne l'exclut pas. Mais Guy Parmelin se hâte de dire que l'escalade n'est pas dans l'intérêt d'une Suisse de 9 millions d'habitants tournée vers l'exportation face à un marché de 341 millions d'habitants.
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Delphine Gasche est correspondante parlementaire à Berne depuis mai 2023. Spécialisée en politique, elle couvre avant tout l'actualité fédérale. Auparavant, elle a travaillé pendant sept ans pour l'agence de presse nationale (Keystone-ATS) au sein des rubriques internationale, nationale et politique. Plus d'infos
Arthur Grosjean est correspondant politique au Palais fédéral depuis août 2011. Il exerce la profession de journaliste depuis plus de 35 ans. Il a occupé diverses fonctions comme chef de rubrique (Suisse, Genève) et rédacteur en chef adjoint de la Tribune de Genève. Il a commencé sa carrière comme responsable des communes genevoises avant de s'occuper successivement de la politique de la Ville de Genève et celle du canton de Genève. Il écrit pour la Tribune de Genève, 24 Heures et le Matin Dimanche. Plus d'infos
@arthurflash
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Le Conseil fédéral ne semble pas prêt à ouvrir toutes les vannes pour soutenir les yeux fermés les entreprises. «Chaque mesure a son revers. L'argent ne tombe pas du ciel», a pointé Guy Parmelin à propos notamment de la prolongation du chômage partiel. C'est pourquoi le gouvernement examinera chaque option attentivement. D'autant plus qu'une crise macroéconomique comparable à la pandémie ne devrait pas pointer le bout de son nez, a relevé le conseiller fédéral, appelant le numéro du Secrétariat d'État à l'économie, Eric Scheidegger, à partager «ses lumières» sur la question. «Pendant la pandémie, des dizaines de milliers d'entreprises ont dû fermer, a rappelé l'ambassadeur. Elles n'avaient plus le droit de produire. C'était quand même une autre forme de crise. Le PIB a alors chuté de plus de 2%.» Un scénario, calculé en juin avec des droits de douane de 31% pour la plupart des exportations, de 25% pour la pharma et une escalade de la guerre commerciale au niveau international, prédisait une croissance plus faible du PIB que prévu initialement. «Mais on tablait quand même sur une croissance positive de 0,8% pour cette année et de 0,2% pour la suivante. Avec la situation actuelle, on prévoit une croissance économique entre 0,5% et 1%.» La crise n'est-elle donc pas si grave? «Globalement, on n'est pas dans un scénario du style Covid, reprend Guy Parmelin. Mais pour certaines entreprises, qui exportent jusqu'à 50% vers les États-Unis, la période va être extrêmement difficile.» Excès de confiance du gouvernement Reste que certains secteurs de l'économie, notamment dans l'arc jurassien, vont au-devant d'une période difficile. Peut-on parler d'un fiasco du Conseil fédéral dans ses négociations avec Trump? 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«L'allongement du chômage technique est notre bouée de sauvetage»
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Un Conseil fédéral sonné après les droits de douane de 39%
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