
Un Top 10 qui change tout pour l'athlétisme suisse
La Fribourgeoise Audrey Werro incarne toutes les promesses de l'athlétisme suisse.
SÉBASTIEN BOUE/PRESSE SPORTS/FRE
En bref:
Dixième. Ce classement pourrait sembler modeste dans l'univers ultracompétitif du sport international. Mais pour l' athlétisme suisse , ce top 10 conquis la semaine passée aux Championnats d'Europe par équipes à Madrid, en première division continentale, a une tout autre portée: il confirme le tournant amorcé ces dernières années et appuie l'ascension d'un «petit pays» devenu un acteur qui compte sur la scène internationale.
«Les Européens par équipes (ndlr: un athlète par discipline) sont un excellent indicateur de la santé de notre athlétisme, et ce 10e rang est un très bon résultat pour une nation comme la Suisse», analyse Kenny Guex, entraîneur national en chef des sprints, haies et relais. Le constat est limpide, l'athlétisme helvétique n'a jamais été aussi compétitif: des leaders solides, des talents en pleine éclosion et une densité qui progresse dans la plupart des disciplines.
Là où la Suisse peinait, il y a encore une décennie, à s'inviter en finale des grands championnats, elle rivalise aujourd'hui avec des références européennes comme l'Italie, la Pologne, l'Allemagne – le podium madrilène –, mais aussi la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, l'Espagne, pour n'en citer que quelques-unes.
Ce résultat est le fruit d'une stratégie ambitieuse et cohérente mise en place par Swiss Athletics: structuration des cadres, accompagnement individualisé, montée en professionnalisation, et diffusion d'une culture de la performance à tous les niveaux. L'athlétisme suisse, un vivier en ébullition
Madrid a également servi de rampe de lancement à la nouvelle génération. «Ce championnat est important parce qu'il permet à nos jeunes athlètes de vivre une première sélection dans une compétition d'envergure», souligne François Chiron, entraîneur national de demi-fond et de fond. Une étape essentielle pour gagner en maturité et bâtir une carrière internationale.
C'est le cas de Jenice Koller, 19 ans, qui a battu son record personnel au javelot pour sa première apparition en équipe nationale, ou du néophyte fribourgeois Vincent Gendre, désormais huitième performeur suisse de l'histoire sur 400 m. Autant de promesses solides dans un vivier en pleine effervescence.
Madrid a aussi offert un terrain d'expression à des athlètes en transition vers le très haut niveau. «Certains sont à la porte d'un Championnat du monde mais manquent encore d'expérience. Ces compétitions leur permettent de se situer face aux meilleurs», ajoute François Chiron.
Le 800 m féminin en est un exemple parlant: la Suisse y voit émerger une génération ambitieuse, symbolisée par sa cheffe de file, la Fribourgeoise Audrey Werro (2e à Madrid). «Cela augure de très belles choses pour les prochains Championnats du monde et les Jeux olympiques», estime Chiron.
Ce bond en avant (12e rang aux CE par équipes de 2023) place désormais la fédération face à une responsabilité encore plus grande: pérenniser les acquis et élargir la base. «Nous avons aujourd'hui des leaders forts, mais notre mission est d'augmenter la densité d'athlètes présents au plus haut niveau», insiste Kenny Guex.
Des figures comme Ditaji Kambundji et Jason Joseph, tous deux vainqueurs sur les haies à Madrid, Dominic Lobalu, 2e sur 5000 m, ou Angelica Moser, 3e à la perche, incarnent l'excellence actuelle et tirent l'athlétisme suisse vers le haut. Mais l'enjeu est désormais de faire émerger d'autres têtes d'affiche, dans toutes les disciplines, et notamment dans les épreuves techniques, historiquement moins porteuses et encore en retrait.
Derrière ce 10e rang se cache aussi une dynamique de fond. Un virage structurel que peu de fédérations européennes ont su négocier avec autant de constance et de clarté. La Suisse n'est plus une nation que l'on observe avec curiosité. Elle est devenue une rivale crédible et ambitieuse.
Prochains jalons: les Mondiaux de Tokyo en septembre, où les meilleurs athlètes suisses tenteront de bousculer les meilleurs athlètes de la planète, mais aussi les Championnats d'Europe des moins de 20 et 23 ans cet été, où des résultats sont attendus. «Nous y allons avec de grandes ambitions», annonce Guex. Puis, en 2027, la Suisse disputera pour la troisième fois consécutive les Européens par équipes en première division. Une régularité désormais acquise parmi les seize meilleures nations du continent.
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Autres newsletters Cyrill Pasche est journaliste à la rubrique sportive de 24 Heures, La Tribune de Genève et Le Matin Dimanche. Il couvre en particulier l'actualité du hockey sur glace suisse et international, l'athlétisme ainsi que les Jeux olympiques d'été et d'hiver. Plus d'infos @c9pasche
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Grand Chelem: Un quatrième huitième de finale à Wimbledon pour Belinda Bencic
La Saint-Galloise s'est finalement imposée 6-4 3-6 7-6 face à Elisabetta Cocciaretto, après un match à suspens. Publié aujourd'hui à 20h57 La Suissesse Belinda Bencic sert face à l'Italienne Elisabetta Cocciaretto lors de leur match de troisième tour en simple féminin, le sixième jour du tournoi de Wimbledon 2025, au All England Lawn Tennis and Croquet Club de Wimbledon, au sud-ouest de Londres, le 5 juillet 2025. AFP/KIRILL KUDRYAVTSEV Belinda Bencic (WTA 35) trace toujours sa route à Wimbledon. La Saint-Galloise disputera ce lundi les huitièmes de finale du tournoi londonien pour la quatrième fois. Elle est sortie victorieuse d'un long bras de fer de 2h58' face à Elisabetta Cocciaretto (WTA 116), la gagnante du Ladies Open 2023 de Lausanne. Belinda Bencic s'est imposée 6-4 3-6 7-6 (10/7) dans une rencontre interrompue à deux reprises par la pluie. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Menée 4-2 dans la dernière manche, la maman de Bella a eu l'immense mérite de ne jamais renoncer pour cueillir un succès qui récompense sa résilience. Dans le super tie-break, elle a su pleinement exploiter une double faute sur le deuxième point de l'Italienne pour mener avec une très grande autorité les débats. Elle a notamment armé un revers de toute beauté pour mener 5/2 avec deux services à suivre. Qualifiée pour la onzième fois en huitième de finale d'un tournoi du Grand Chelem, Belinda Bencic espère conjurer le sort lundi pour voir enfin les quarts de finale à Church Road. Eliminée par Victoria Azarenka en 2015, par Angelique Kerber en 2018 et par Iga Swiatek en 2023, elle affrontera Ekaterina Alexandrova (WTA 17) qui a mis un terme à la belle aventure de la Turque Zeynep Sonmez (WTA 88). Belinda Bencic a une revanche à prendre contre la Russe. Il y a deux semaines au WTA 500 de Bad Homburg, la Championne olympique de Tokyo s'était inclinée 6-1 6-2 devant Ekaterina Alexandrova. Souvent flamboyante, la native de Tcheliabinsk peut toutefois être parfois victime de sacrées sorties de route, comme lors de sa récente demi-finale à Bois-le-Duc perdue devant la Belge Elise Mertens malgré… 11 balles de match dans sa raquette. Belinda Bencic Newsletter «Euro 2025» Vous ne voulez rien rater de l'Euro? En vous inscrivant à cette newsletter, vous serez informé·e à temps des performances de l'équipe de Suisse et des grands moments de cette compétition. Autres newsletters ATS Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


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5 hours ago
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Ce que la Suisse joue vraiment dans l'affaire Semenya
Le 10 juillet, la Cour européenne des droits de l'homme livrera un verdict historique dans l'affaire qui oppose la Suisse à l'athlète sud-africaine. Décryptage de la spécialiste Madalina Diaconu. Publié aujourd'hui à 18h31 L'athlète sud-africaine Caster Semenya se bat depuis des années dans les méandres de la justice sportive pour faire valoir ses droits. Le dernier round de son combat l'oppose à la Suisse. IMAGO/BEAUTIFUL SPORTS En bref: Août 2009. Caster Semenya, jeune athlète sud-africaine, remporte le 800 mètres des Championnats du monde d'athlétisme à Berne. Mais sa victoire inattendue et son apparence physique déclenchent une controverse qui ne cessera jamais vraiment. Tests de genre, réduction artificielle de son taux de testostérone: les instances dirigeantes vont mettre en place une batterie de mesures pour limiter les avantages présumés des athlètes dites «intersexes» comme elle. Une intrusion dans son intimité que Caster Semenya ne va pas accepter. La défense de ses droits devient le combat de sa vie. Jeudi, le dernier round de sa bataille qui dure depuis plusieurs années se terminera par le verdict de la Grande Chambre de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). Un moment historique pour le sport et les catégories de genre, mais également pour la Suisse et la justice sportive mondiale que le pays abrite. Spécialiste du droit du sport et professeur à l'Université de Neuchâtel, Madalina Diaconu décortique les enjeux d'une sentence qui, si elle était défavorable à la Suisse, pourrait être prise pour une nouvelle ingérence européenne. Pour Madalina Diaconu, professeure de droit du sport à l'Université de Neuchâtel et spécialiste de l'arbitrage, le verdict de la CEDH pourrait bouleverser la justice sportive, dont le Tribunal arbitral du sport à Lausanne est l'organe suprême. MARIE-LOU DUMAUTHIOZ Le sport binaire remis en question? «Cet arrêt a déjà et aura des implications bien plus larges que la question des personnes intersexes ou hyperandrogènes. Il y a deux enjeux. D'abord, l'enjeu direct, soit l'éligibilité dans les compétitions féminines des athlètes qui présentent des différences de développement sexuel ou au niveau hormonal. »Ces personnes n'entrent pas dans la catégorie des femmes dans le sens «traditionnel», ni dans celle des hommes. Le sport a toujours été emprunté avec ces personnes, qu'on appelait avant «hermaphrodites», et désormais «intersexes» ou «DSD» (Différences du développement sexuel). Le défi fondamental est de trouver le bon équilibre entre leur droit de participer aux compétitions – ce qui est évident – et le droit des femmes sans différences de développement sexuel, pour assurer des conditions équitables. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. »La question enflamme le débat public. Il suffit de se souvenir de la polémique qui a entouré la boxeuse Imane Khelif aux Jeux olympiques de Paris. Le sujet est sensible, il interpelle. La décision sur la réglementation de World Athletics, qui contraint les athlètes intersexes à prendre des hormones féminines pour participer à des compétitions, est la partie la plus visible de la décision à venir de la Grande Cour de la Cour européenne des droits de l'homme.» Vie privée violée «En 2023, la Cour européenne de Strasbourg avait admis la requête de Caster Semenya sur plusieurs points très importants, comme le droit à la vie privée (art. 8, en conjoncture avec l'art. 14, qui interdit les discriminations) qui a été violé par le fait qu'on lui impose de prendre des hormones féminines pour baisser son taux de testostérone naturel, si elle souhaite participer aux compétitions. »Si le verdict de jeudi confirme cette violation, les fédérations vont probablement devoir repenser leur réglementation (limites, etc.) ou offrir des garanties supplémentaires à ces athlètes, en créant, par exemple, de nouvelles catégories.» À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Le Tribunal fédéral suisse contesté «Le deuxième enjeu concerne absolument l'entier du monde sportif, c'est-à-dire les athlètes, les fédérations, le Tribunal arbitral du sport, qui est l'organe suprême de la pyramide de la justice sportive situé à Lausanne, mais aussi le Tribunal fédéral suisse! »En effet, le jugement de 2023 a également déclaré que la Suisse avait violé l'article 13 de la convention , qui stipule que chacun a le droit à un recours effectif, soit à une analyse complète, par une instance supérieure, d'une décision antérieure. C'est le cœur du problème. La Cour de Strasbourg a estimé que Caster Semenya n'avait pas bénéficié d'un recours effectif en Suisse dans le cadre de la justice sportive. Certes, elle a eu la possibilité de saisir le Tribunal fédéral contre la décision du TAS qui l'avait écartée des compétitions. Mais le système arbitral sportif, mis en place en Suisse, qui oblige un grand nombre d'athlètes du monde à venir à Lausanne en cas de problèmes juridiques, n'est pas satisfaisant.» Justice sportive incomplète «L'arbitrage a été créé pour soustraire certains litiges au système étatique et à ses procédures très longues et parfois peu adaptées. Le TF en est la dernière instance, y compris dans le monde du sport international. En ce qui concerne les décisions du TAS, les pouvoirs d'examen du TF sont très limités par la loi fédérale sur le droit international privé. Concrètement, le TF ne peut procéder qu'à un examen essentiellement procédural, sans pouvoir réexaminer les aspects de fond. »Or la Cour a estimé que cette logique, créée pour l'arbitrage commercial, n'était pas adaptée pour les litiges concernant les droits des athlètes. En quelque sorte, les athlètes sont privés d'un étage de la justice. Ce que les faits semblent confirmer. En quarante-cinq ans, le TF n'a admis qu'un seul recours contre une sentence du TAS, hors vices de procédure (ndlr: la décision du TAS contre le footballeur brésilien Matuzalém) ! Pour que ce soit le cas, il faut que la sentence du TAS viole l'ordre public; en d'autres termes, qu'elle soit tellement choquante ou absurde qu'elle heurte tout sentiment de justice.» Le TAS devra-t-il déménager à l'étranger? «Le TAS est entre le marteau et l'enclume, menacé dans son rôle, mais ce n'est pas la première fois. Le problème du monopole détenu par Tribunal fédéral sur l'examen des décisions du TAS avait déjà été identifié. Des propositions ont été faites pour y remédier. L'objectif était que la justice sportive s'adapte avant que l'Union européenne ou une autre instance ne lui tape sur les doigts. »Si, le 10 juillet, le verdict est favorable à la Suisse, qui a porté l'affaire devant la Grande Chambre , cela va probablement limiter les velléités d'une adaptation du système. En revanche, si elle perd, la justice sportive devra trouver une solution, car même si les décisions de Strasbourg n'obligent pas directement, elles montrent que le système viole les droits fondamentaux.» Suisse contrainte à changer sa loi «Plusieurs pistes existent pour corriger la situation. La plus «locale» serait de modifier la loi fédérale sur le droit international privé (ndlr: ce qui est du ressort du parlement) en élargissant le pouvoir d'examen du TF lorsque cela concerne le TAS et les contentieux disciplinaires des athlètes. »Il y aurait aussi la possibilité de prévoir des fors alternatifs hors de Suisse, comme l'a prévu partiellement, par exemple, l'UEFA, qui laisse le choix aux parties, dans certaines conditions, de contester une sentence arbitrale en Suisse ou à Dublin. Cet exemple pourrait être élargi à tout le mouvement sportif, du CIO à la FIFA en passant par toutes les autres fédérations. Le for alternatif permettrait d'éviter que le TAS ne déménage à l'étranger. »La troisième option serait que la Suisse conclue un accord international avec l'Union européenne qui, sans bouger quoi que ce soit, permettrait aux parties d'attaquer les sentences du TAS devant la Cour de justice de l'UE ou devant un autre tribunal européen. »Enfin, il y a l'option plus drastique du déménagement complet du Tribunal arbitral du sport à l'étranger. Cela me paraît toutefois difficile et ce serait dommage. Car le monde du sport a aussi choisi de s'installer en Suisse parce que son droit est flexible, pragmatique et simple. Je ne pense pas qu'un déménagement serait une bonne solution. Nous ferions un bond de quarante-cinq ans en arrière.» Souveraineté suisse attaquée? «Lorsqu'une décision externe critique notre système, il est naturel d'avoir un réflexe de défense. Il varie toutefois en fonction de la coloration politique. Alors oui, certains pourraient y voir une ingérence. Reste que jusqu'à présent, à chaque fois que la Cour européenne a critiqué la Suisse, cette dernière a réagi de manière positive en corrigeant ce qui était reproché. »Après, si l'on ne veut plus de ce système, la seule voie serait de sortir du système de la Convention européenne des droits de l'homme, ce qui, à mes yeux, serait un très mauvais message à l'international. Ceux qui en sortent, en ce moment, sont des pays comme la Russie. Et est-ce que l'on veut faire partie des pays qui ne reconnaissent pas les droits de l'homme sur leur territoire, dans leur dimension européenne? »Le public entend souvent parler négativement de la Cour européenne. Mais il ne mesure pas toujours ses avantages. La Cour est là pour tenter de corriger ce qui est réellement problématique au niveau des droits fondamentaux. »Reste que si la Suisse perd contre Caster Semenya, cela va faire du bruit. Ce sera peut-être présenté comme une volonté de s'en prendre à la souveraineté de notre pays, ce qui, à mon avis, est réducteur et faux.» La justice sportive et les athlètes intersexes, une polémique sans fin Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Patrick Oberli est journaliste à la cellule enquête de Tamedia depuis juin 2023. Auparavant, il était rédacteur en chef adjoint de Sport Center à Lausanne, fonction qu'il a également occupée à L'Express/L'impartial, L'Hebdo et PME Magazine. Il est lauréat du Prix Dumur 2016. En 2021, il a reçu un Special Awards for Investigation de l'Association de l'Association internationale de la presse sportive. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
7 hours ago
- 24 Heures
Pourquoi, dans le football féminin, plus de 90% des coachs sont des hommes?
Accueil | Sports | Euro 2025 | Le nombre de joueuses ne cesse d'augmenter, mais les équipes encadrantes restent largement masculines. Clubs, fédérations et cantons cherchent à inverser la tendance. Bathsheba Huruy , Elia Sottas Publié aujourd'hui à 16h26 La sélectionneuse suédoise de l'équipe de Suisse Pia Sundhage (à gauche) et son homologue tchèque Jitka Klimková restent des exceptions dans le football. FRESHFOCUS En bref: Le football féminin progresse en Suisse et l'Euro 2025 est un formidable tremplin. Mais les staffs techniques peinent pourtant à se féminiser. À l'exception du niveau élite – où on peut compter sur des figures comme Pia Sundhage , sélectionneuse de l'équipe nationale depuis janvier 2024 –, les entraîneures restent rares, surtout dans les clubs amateurs. Pia Sundhage estime que les clubs et les fédérations ont une part de responsabilité dans ce manque de représentation. «Il y a tellement de choses qui peuvent être mises en place pour faciliter l'accès des femmes aux postes d'entraîneurs. On entend souvent que la mixité entre hommes et femmes est une bonne chose dans le football, y compris concernant le coaching. Mais il faut des actions en plus des mots.» À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. «En Suisse, au maximum 10% des entraîneurs actifs sont des femmes, regrette Reto Gertschen, responsable de la formation à l'Association suisse de football (ASF). Ce nombre devrait augmenter à l'avenir. Nous proposons désormais des formations spécifiques aux femmes, notamment aux deux premiers niveaux de la filière.» Parmi elles: des cours Jeunesse et Sport (J+S), pensés pour encourager davantage de femmes à s'engager dans l'encadrement. Une réponse à la pénurie d'entraîneures, mais aussi un levier pour diversifier les profils et les approches sur les bancs techniques. Une diversité cruciale dès la formation La présence de femmes dans les staffs techniques ne relève pas seulement d'une volonté de parité. Elle peut aussi améliorer concrètement le bien-être des joueuses, en facilitant certains échanges, notamment autour du corps et de la santé. «C'est plus confortable d'avoir des entraîneures, surtout quand on a nos règles», confie Soraya, joueuse M16 au centre de formation national. Sa coéquipière Elynn ajoute que dans son ancien club de quartier, où le staff était exclusivement masculin, ces sujets étaient plus difficiles à aborder. Pour Reto Gertschen, responsable de la formation des entraîneurs à l'ASF, la diversité des profils dans l'encadrement peut enrichir la dynamique d'équipe: «Elles apportent des méthodes, des expériences et des perspectives différentes qui enrichissent les entraînements et l'équipe.» Ce bénéfice se traduit aussi sur le plan physique. Anna Blässe, préparatrice physique au centre de l'ASF et elle-même ancienne joueuse de l'équipe d'Allemagne, insiste sur l'importance d'adapter les séances: «Le corps des femmes ne réagit pas de la même manière que celui des hommes. Il faut en tenir compte dans les programmes d'entraînement et de récupération.» Des séances adaptées dans le football féminin Lio Keizer , ancien gardien en Ligue nationale B et aujourd'hui entraîneur des gardiennes à Étoile Carouge, partage ce constat. Transgenre, il estime que son parcours influence sa manière de coacher. «Quand mes joueuses ont leurs règles, je modifie mes entraînements: je réduis les répétitions et j'évite certains mouvements pour limiter les blessures. On ne peut pas s'imaginer ce que c'est d'être une femme sans l'avoir expérimenté. On n'entraîne pas de la même manière des femmes et des hommes. Les joueuses posent plus de questions, cherchent à comprendre le sens des consignes.» Il plaide enfin pour une meilleure représentativité sur les bancs: «Dans notre club, à part les physiothérapeutes, le staff est quasi exclusivement masculin. Ça ne reflète pas toujours ce que vivent les filles. Une entraîneure apporte souvent une forme de proximité, une autre manière d'aborder les choses. Elles sont souvent plus proches des joueuses, que ce soit dans la manière de ressentir l'effort ou de communiquer.» Des bancs à rééquilibrer, même à l'Euro 2025 Du côté de l'Association suisse de football, on affirme que la dynamique est en train de changer, y compris dans la perspective d'une plus grande mixité… dans les deux sens. «On peut imaginer qu'à l'avenir, des entraîneures encadrent aussi des équipes masculines. Il ne s'agit pas de barrières, mais de défis à relever, estime Reto Gertschen. Il faut que les clubs fassent confiance aux femmes pour franchir ce pas. Et que les femmes aient confiance en elles pour se l'autoriser.» Pia Sundhage est particulièrement sollicitée durant cet Euro 2025 en Suisse. FRESHFOCUS Un constat que partage Pia Sundhage. Celle qui mènera l'équipe de Suisse à l'Euro 2025 estime en outre que les femmes doivent oser prendre davantage de place dans l'espace public et médiatique: «Les femmes dans le football ont le droit à la lumière, elles doivent aller parler aux médias, montrer que leur place est légitime et importante», déclare-t-elle. Des programmes pour encourager les entraîneures L'ASF propose des formations de base réservées aux femmes dans toute la Suisse. Celles qui souhaitent aller plus loin peuvent suivre des modules certifiés par l'Union des associations européennes de football (UEFA), l'organisation qui régule ce sport en Europe. «Le parcours est le même pour toutes et tous, précise Reto Gertschen, responsable de la formation à l'ASF. Mais certains contenus sont adaptés au contexte du foot féminin.» Pour soutenir cette montée en puissance, l'UEFA a lancé le Coach Development Programme for Women , un programme de mentorat qui accompagne actuellement onze entraîneures dans leur développement professionnel, dont la Suissesse Veronica Maglia, sélectionneuse de l'équipe nationale féminine M19. Alors que la Suisse accueille l'Euro 2025, plusieurs cantons comptent profiter de cette dynamique pour renforcer la formation et améliorer la représentativité sur les bancs. Dans le canton de Vaud, une session Jeunesse et Sport destinée aux femmes entraîneures a eu lieu en mars. Une autre formation pour entraîner des équipes féminines est prévue . Ouverte aux jeunes hommes et femmes, elle débutera en juin. D'autres mesures, comme des modules de formation pour les dirigeantes de clubs, viennent compléter le dispositif. L'objectif: encourager une plus grande diversité dans l'équipe encadrante. Le canton de Berne suit une logique similaire. La parité à l'Euro 2025 À l'Euro 2025, les seize équipes affichent une forme de parité sur le banc, avec huit femmes et huit hommes parmi les sélectionneurs. Et à quand une entraîneure à la tête d'une grande équipe masculine? Certaines trajectoires laissent entrevoir un espoir dans un avenir proche, à l'image d'Emma Hayes. La Londonienne de 48 ans a dirigé les joueuses de Chelsea durant plus d'une décennie, a mené l'équipe à six titres de championne d'Angleterre et s'est imposée comme l'une des coaches les plus respectées du monde dans le football. En 2023, son nom a circulé pour devenir la première femme nommée par une équipe masculine de premier plan en Grande-Bretagne, avant d'être finalement choisie par la sélection féminine des États-Unis, quadruple championne du monde. Des parcours encore exceptionnels, mais qui esquissent les contours d'un football plus ouvert sur le terrain comme sur les bancs. En Suisse et dans le monde. À lire sur l'Euro 2025 en Suisse Newsletter «Euro 2025» Vous ne voulez rien rater de l'Euro? En vous inscrivant à cette newsletter, vous serez informé·e à temps des performances de l'équipe de Suisse et des grands moments de cette compétition. Autres newsletters Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.